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représentation nationale commence, nous n'avons point à nous en occuper. Des auteurs de beaucoup de talent ont traité cette période de notre histoire : nous terminerons donc ici notre récit. Plus tard la constitution rendit quelques prérogatives à Louis XVI. On sait qu'au premier usage qu'il voulut en faire, il fut assiégé dans son palais, fait prisonnier, conduit au Temple et ensuite à l'échafaud.

CONCLUSION.

Louis XVI ne s'abusait pas. Il avait senti glisser de ses mains le pouvoir qui passait dans celles du peuple; cependant un antagonisme s'élève contre ces hommes qui se disent les représentants de la nation. Les clubs, les réunions en plein vent veulent gouverner cette assemblée qui s'est donné le droit de gouverner la France. A la suite de la séance du 23 juin, l'effervescence devient extrême dans la capitale. Les orateurs du Palais-Royal éclatent en menaces; ils n'épargnaient même pas la personne du roi : la faiblesse, en provoquant le mépris, produit bientôt l'insulte.

Ce prince n'avait pas hésité à contredire sa déclaration du 23 juin. Il écrit au clergé et à la noblesse pour les engager à se réunir au troisième ordre. Le duc de Luxembourg, président de la noblesse, accourt au château pour faire des représentations: « Un pouvoir sans bornes, disait-il, existe dans les états généraux; mais la division en trois chambres enchaîne leur action et conserve la vôtre; réunis, ils ne connaissent point de maître; divisés, ils sont vos sujets. Votre fidèle noblesse a,

dans ce moment, le choix d'aller comme Votre Majesté l'y invite, partager avec ses codéputés la puissance législative, ou de mourir pour défendre les prérogatives du trône. Son choix n'est pas douteux; elle mourra : elle n'en demande aucune reconnaissance; c'est son devoir; mais, en mourant, elle sauvera l'indépendance de la couronne, et frappera de nullité les opérations de l'Assemblée nationale, qui certainement ne pourra être réputée complète, lorsqu'un tiers de ses membres aura été livré à la fureur de la populace et au fer des as

sassins. »

Le roi fait une réponse qui le peint tout entier : « Monsieur de Luxembourg, mes réflexions sont faites je suis déterminé à tous les sacrifices ; je ne veux pas qu'il périsse un seul homme pour ma querelle. Dites donc à l'ordre de la noblesse que je le prie de se réunir aux deux autres; si ce n'est pas assez, je le lui ordonne comme son roi, je le

veux. »

Cependant la cour reprend courage. Elle demande au roi d'en appeler à la force: il y consent parce qu'on lui persuade qu'il est plus nécessaire encore d'en imposer que d'agir. Des régiments reçoivent l'ordre de s'approcher de Versailles; mais plusieurs de ces corps marchent au cri de vive la nation! L'Assemblée simule une alarme qu'elle n'éprouve pas. Les meneurs jugent que le moment

de l'explosion est arrivé; ils se sont assurés que le régiment des gardes françaises est à leur disposition. Les émeutes des 12, 13 et 14 juillet ont lieu et restent triomphantes la révolution est consommée.

A la suite de ces événements, le caractère des diverses fractions de la société française subit un changement notable. Dans toutes les âmes s'éveille une énergie jusqu'alors inconnue, belle, grande quand l'honneur la guide, farouche lorsqu'elle emprunte l'expression de la haine, de l'orgueil et de la vengeance.

Quelques hommes, dont l'instinct du crime domine le cœur, ont cherché à exalter la dernière classe du peuple pour s'en faire un instrument. Cette classe, à qui la liberté survient, sans qu'elle connaisse ses véritables prérogatives et les devoirs qu'elle impose, ne voit en elle que le droit de satisfaire ses ressentiments et de consommer ses vengeances. La subite et profonde commotion révolutionnaire qui vient de s'opérer suspend l'action des lois. On avait détruit d'avance le frein de la religion. Dans plusieurs provinces, les paysans, en haine de la féodalité, se ruent sur les châteaux, et les incendient.

La populace des villes, crédule à l'excès, se colérise par toutes les calomnies répandues contre certaines personnes. Elle croit s'élever en se fai

sant juge, elle se dégrade en devenant bourreau. Les meurtres se multiplient; le pavé de la capitale est rougi par le sang, et des têtes sont promenées dans les rues sur des piques: horrible trophée de la puissance de la multitude! A Caen, des femmes, transformées en furies, font un exécrable festin du cœur de Belzunce qu'elles ont égorgé !

Dans le cours de notre récit, nous avons reconnu qu'au milieu de l'exaltation souvent désordonnée de beaucoup d'esprits, un véritable patriotisme s'était développé. La jeunesse française s'élance aux frontières pour repousser l'étranger qui envahit le sol de la patrie. Il sort de la population armée une foule de grands capitaines. L'ennemi est vaincu, et notre drapeau flotte bientôt sur le territoire des princes qui nous combattent. La France victorieuse est agrandie de plusieurs provinces.

Si nous considérons les partis opposés à la révolution, nous y retrouvons cette vigueur de courage, type de l'époque. L'émigration a été blâmée comme une faute politique; mais en même temps on a rendu justice à la résolution de cette foule de Français, naguère si légers et si futiles, abandonnant le pays qui les a vus naître, la fortune qui les nourrit, et renonçant à tous les liens qui attachent le cœur pour courir où ils croient que l'honneur les appelle 1.

'On ne peut disconvenir qu'une impression de terreur n'ait

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