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croire que, dans la semaine, il n'en soit pas question. Il est même telle petite église, voisine de Saint-Barthélemy en l'île, où le chemin de croix se répète journellement, à la nuit tombante, afin que tous, surtout l'ouvrier après le travail, puissent y prendre part1.

Pourquoi cet empressement, je dirais presque cette spontanéité? Ah! c'est que dans ces églises, ces cimetières, ce Colysée, le fidèle est tenu tout le temps en haleine, et que l'intérêt, loin de diminuer ou de se refroidir, monte toujours croissant. Il gémit aux soupirs lamentables du Stabat, s'avive aux strophes expressives du cantique des masses Evviva la croce, pleure ses fautes aux accents énergiques du franciscain qui prèche et marche plein de componction avec le prêtre, à la suite de la croix, sur la voie douloureuse de la Passion de Jésus-Christ. Il y a certainement là plus qu'une cérémonie ordinaire j'y vois un drame émouvant, à la façon de ces représentations pieuses qui captivaient nos ancêtres du moyenâge sous les porches ou dans les parvis de leurs splendides cathédrales.

En France, nous avons des chemins de croix dans presque toutes les églises, tableaux inutiles, où peut filer l'araignée; car, à part quelques bonnés femmes, trompées souvent sur la valeur de l'indulgence qu'elles gagnent', qui s'en sert, qui

↑ La confrérie qui dessert cet oratoire se nomme « Confrérie des dévots de Jésus an Calvaire et de Notre-Dame des Douleurs pour le secours des saintes âmes du purgatoire. » Elle fut établie en 1760.

* Genéralement, en France, on parle d'une indulgence plénière pour l'exercice complet et même pour chaque station du chemin de la croix. Il n'est donc pas hors de propos de rappeler cet article si explicite des avertissements de Clément XII :

« On ne doit point publier du haut des chaires ni sous une autre forme et encore moins inscrire dans les oratoires ou stations un nombre certain et déterminé des indulgences que l'on gagne; car il a été reconnu en plusieurs occasions que, par inadvertance et méprise, ou parce qu'on transporte à cet exercice les indulgences accordées pour d'autres, on change et l'on confond les vraies indulgences. On doit, par conséquent, se contenter de dire que ceux qui méditent la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ gagnent, par concession des souverains pontifes, les indulgences qu'ils auraient en visitant personnellement les stations de la via crucis de Jérusalem. »

les visite? Je cherche l'exercice public, et je ne le rencontre pas. Je me trompe, je le trouve parfois, mais rare comme ces bornes milliaires plantées sur le bord des voies romaines délaissées.

Quoi qu'en aient écrit des voyageurs superficiels, les basiliques de Rome, Saint-Pierre entre autres, n'ont pas de chemin de croix. Imitons-les, car, franchement ce n'est pas la peine d'ajouter un meuble nouveau, s'il ne doit avoir aucun caractère d'utilité. Or, j'ai le regret de le dire, en beaucoup de localités, les stations appendues aux murs demeurent oubliées, et je suis tenté de croire que leur installation a eu pour principe ce double motif: décorer l'église et la mettre à la mode.

A cela, je répondrai raisonnons mieux et n'employons pas comme décors les représentations les plus saintes, sanctifiées encore par une bénédiction spéciale; n'écoutons pas ces entraînements irréfléchis qui poussent à agir, comme la vague est jetée sur le rivage par le caprice du vent.

Je résume cette première observation esthétique qu'il n'y ait de chemin de croix que là où l'on a l'intention formelle de s'en servir.

2. Lorsqu'en 1642, Urbain VIII s'occupa de proscrire des églises toute image profane, inconvenante ou déshonnête, il motiva sa juste sévérité par cette recommandation des Écritures que la sainteté est nécessaire à la maison de Dieu, cum domum Dei deceat sanctitudo'. Or la sainteté n'est pas seulement la séparation d'un objet de son milieu ordinaire et sa consécration spéciale au culte : j'y vois encore une appropriation ou plutôt une conformation à l'emploi qui doit en être fait, à sa destination convenue. Voilà pourquoi l'art chrétien n'est pas un art banal, dont les produits sont susceptibles d'être placés ici ou ailleurs. Faits en vue de l'église, ils n'ont de

1 L'office de la dédicace, au Bréviaire romain, revient souvent sur cette pensée dans ses antiennes et ses répons: « Vere locus iste sanctus est et ego nesciebam. Domum tuam, Domine, decet sanctitudo in longitudinem dieLocus iste sanctus est in quo orat sacerdos. »>

rum.

place qu'à l'église et, rigoureusement, ils ne sont dignes de cet honneur qu'autant que, par la pensée de leur auteur et leur constitution propre, ils indiquent et leur origine et leur fin.

L'église n'est pas un bazar, où il soit indifférent d'exposer indistinctement toutes sortes d'objets, médiocres ou mauvais, pauvres ou misérables. Si les rubriques ont pu établir que l'office divin est impossible dans telles et telles conditions, pourquoi l'art religieux lui aussi n'apposerait-il pas son veto à telles ou telles exhibitions qu'il condamne et réprouve?

Et certainement, c'est ne pas comprendre la sainteté de nos églises que de les affubler de papiers coloriés, qui rappellent trop, par leur style et leurs enluminures, ces images d'Épinal promenées aux jours de foire dans les campagnes et qui doivent leur succès au bon marché du débit. Le bon marché, on ne peut plus le taire, c'est le faux, le laid, l'inconvenant, l'absurde; c'est la ruine de l'art, l'exaltation du principe humain et, pour tout stigmatiser d'un mot, c'est le culte luimême, pourtant émané de Dieu, diminué, amoindri, rapetissé à nos idées mesquines, modelé sur nos formes exiguës, au lieu de le grandir et de l'élever à ces hauteurs où nous porte la foi.

Qu'avons-nous gagné au bon marché pour l'ameublement depuis cinquante ans et plus ? Le carton, au lieu de la pierre, pour les tabernacles; le coton, au lieu du lin, pour les aubes; le papier pour les devants d'autels, au lieu des étoffes de soie.

Le papier, cette feuille légère que l'humidité pique, la chaleur ride, la colle boursouffle, la mite dévore, et qui, au bout de quelques années, tombe et disparaît de vétusté. Voilà la substance que nous a préparée le bon marché pour les stations du chemin de la croix, l'idéal qu'il nous réserve et, qu'à force de réclames, il parvient à propager!

Gravé ou lithographié, noir ou en couleur, peu nous importe, ce papier ne nous va pas et nous le repoussons. L'église demande mieux que cela. Non, elle demande moins et

c'est ce moins dont l'église pauvre doit savoir se contenter.

Rome n'attache sa bénédiction qu'aux seules croix. N'ayons que des croix et économisons pour les orner l'argent que nous dépenserions follement à les accompagner d'images que a piété n'approuve pas, que rejette le bon goût et que bannit le respect du lieu saint.

Si vous êtes riche, je vous dirai alors: fabrique, ne regardez pas à la dépense; choisissez des artistes habiles et mettezleur aux mains la pierre, le bois, les métaux, la peinture, toutes substances solides, belles, bonnes, que l'Eglise aime, protége et, dès son berceau, a favorisées; exigez d'eux surtout la fresque, si pleine d'harmonie avec le monument, qui fait corps avec lui et se fond dans sa masse. Je hais les disparates choquantes qu'offrent aux yeux ces tableaux inclinés, briseurs systématiques des grandes lignes architecturales, qu'on ne voit, vernis, que dans un certain jour et dans des conditions de lumière déterminées. Le fidèle a besoin de voir en face et de suite: il n'y a pas de temps d'arrêt dans sa dévotion pour étudier le point où il pourra contempler Jésus en croix ou souffrant et il aura droit de se plaindre si le tableau n'est pas à la hauteur de son regard.

J'aime le bas-relief à l'égal de la fresque et je ne le dédaignerais pas rehaussé par la couleur; mais il demande à être encastré dans la muraille, à la façon de ces admirables vies de la Vierge et de Notre-Seigneur qui tapissent la paroi septentrionale au pourtour du chœur de Notre-Dame de Paris, ou encore ce chef d'oeuvre incomparable de la sculpture gothique qui, à Reims, revêt tout l'intérieur du portail occidental.

J'admets volontiers aussi la peinture sur verre, qui donne tant d'éclat aux églises, mais à la condition toutefois que l'artiste saura placer, ailleurs que dans la verrière, la croix qui doit surmonter chaque station et qu'il n'empruntera pas son existence à une matière fragile, incapable de recevoir et dé garder une bénédiction.

3. Le concile de Trente', reconnaissant que toute image in solite peut être une occasion de scandale pour les fidèles, ne permet à personne de la poser dans une église sans l'autorisation préalable de l'ordinaire du lieu. L'évêque est donc seul juge en cette affaire et c'est lui, éclairé comme il convient, qui admet ou rejette les tableaux, les statues, toute l'imagerie du temple.

Fidèle à cette prescription générale, le pape Urbain VIII alla plus loin encore et spécifia ce qu'il fallait entendre par le mot insolite, lorsque, après mûr examen et sérieuse discussion, de science certaine et avec toute la plénitude du pouvoir apostolique, il enjoignit à tous présents et à venir de n'admettre dans le lieu saint que les images peintes ou sculptées avec les vêtements et la forme que leur attribue, de toute antiquité, l'Église catholique. Ces paroles sont si nettes, si expresses et traduisent si complétement ma manière de voir personnelle, que je me fais un devoir de les reproduire ici textuellement : «Nos abusus hujusmodi tollere pro debito pastoralis officii nostri volentes, re etiam cum venerabilibus fratribus nostris S. R. E. cardinalibus sacris ritibus præpositis communicata, et mature considerata et discussa, inhærendo dictæ dispositioni sacrosanctæ Tridentinæ synodi, motu proprio, et ex certa scientia nostra, deque apostolicæ potestatis plenitudine, ne quis cujuscumque gradus, qualitatis, ordinis... imagines D. N. J.-C. et Deiparæ Virginis Mariæ, ac angelorum, apostolorum, evangelistarum, aliorumque sanctorum et sanctarum quorumcumque sculpere aut pingere, vel sculpi aut pingi facere, aut antehac sculptas, pictas et alias quomodolibet effictas tenere, seu publico aspectui exponere aut vestire cum alio habitu et forma quam in catholica et apostolica Ecclesia ab antiquo tempore consuevit... tenore præsentium pro

1 a Sacrosancta Tridentina synodus, optime agnoscens non leve scandalum afferre posse, si quid inordinatum aut præpostere accommodatum vel profanum in ecclesiis appareat, statuit nemini licere ullo in loco vel ecclesia quomodo libet exempta ullam insolitam imaginem ponere vel ponendam curare, nisi ab episcopo adprobata fuerit. »>

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