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l'accompagne; les mains du Christ sont également liées, et sa tête est couronnée d'épines. Il prête l'oreille, ainsi que Pilate, qui trône sur un tribunal élevé, à la sentence que lit le scribe sur un volumen déployé.

Voilà les modèles, tant anciens que modernes, qui devaient attirer et fixer notre attention. Il importe d'en grouper maintenant les traits principaux pour en former un type unique que compléteront encore les données évangéliques.

L'aurore éclaire le ciel de ses premiers feux. Les quatre évangélistes sont unanimes à préciser le moment où commence le grand drame de la crucifixion. C'est le matin, alors qu'il fait déjà jour : « Mane autem facto» (S. Matth., xxvii, 1). Et confestim mane » (S. MARC., XV, 1). <<< Et ut factus est dies» (S. Luc., xxI, 66). - «Erat autem mane » (S. JOANN., XVIII, 28).

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La scène qui nous occupe va se passer au prétoire : « Tunc milites præsidis suscipientes Jesum in prætorium » (S. MATTH., XXVII, 27). « Milites autem duxerunt eum in atrium prætorii» (S. MARC., XV, 16). « Adducunt ergo Jesum a Caipha in prætorium» (S. JOANN., XVIII, 28). Saint Jean affirme donc qu'au sortir du palais de Caïphe Jésus est conduit au prétoire; non moins explicites, saint Mathieu et saint Marc racontent que c'est au prétoire que le prennent les soldats, qui, après sa condamnation, le conduisent dans l'atrium ou cour intérieure du prétoire, pour le livrer à la curiosité, au mépris et aux insultes de la populace.

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Je n'ai point visité les saints lieux; cependant, d'après le texte de l'Évangile, il est facile de se figurer la disposition intérieure du prétoire. Le premier interrogatoire se fait dans la salle du prétoire; mais, comme la foule augmente graduellement et que l'espace devient insuffisant pour contenir ce flot sans cesse grossissant, Pilate sort dehors, c'est-à-dire qu'il va siéger en avant de cette même salle, sur une terrasse ou portique ouvert, à laquelle mène un large escalier qui part de l'atrium.

« Pilatus autem, quum audisset hos sermones, adduxit foras

Jesum ; et sedit pro tribunali, in loco qui dicitur Lithostrotos, hebraice autem Gabbatha» (S. JOANN., XIX, 13).

L'aire de ce portique est pavée, à la manière romaine, de morceaux de marbre de différentes couleurs, coupés symétriquement et combinés selon les figures les plus gracieuses de la géométrie. Tels sont encore à Rome les dallages découverts au Forum et sur la voie Nomentane, à cet oratoire qu'on a si pompeusement nommé « basilique de Saint-Alexandre ». Le lithostrotos, ou « pavé de pierre », a précédé l'«< opus alexandrinum », qui, comme lui, est formé de pièces de rapport, plus petites toutefois, mais que l'on confond à tort, à Rome même, avec la mosaïque du moyen-âge.

L'existence de l'escalier est incontestable, car elle est attestée par un texte et par un monument. Saint Marc dit positivement que la foule « monte » au palais pour y porter ses réclamations d'usage: « Et quum ascendisset turba, cœpit rogare, sicut semper faciebat illis» (S. MARC., XV, 8). L'escalier est à Rome, depuis des siècles, l'objet de la vénération et du culte. Par respect pour Jésus, qui le foula de ses pieds et l'arrosa de son sang, les fidèles ne le montent qu'à genoux et en priant. Cet escalier se compose de vingt-huit marches de marbre blanc que, pour en empêcher l'usure, le pape Clément XII a fait recouvrir de bois'. Placé en avant du << Saint des Saints », près de la basilique de Latran, il est couronné à son sommet par deux portes provenant du prétoire; portes carrées et en marbre blanc, dont les linteaux seuls sont moulurés et sculptés.

Une partie de ces circonstances se trouve exprimée sur l'ivoire de Milan 2. En effet, le prétoire est un palais, dont la salle

Mazzuconi,

1 V. mon « Année liturgique à Rome », 2e édition, p. 289. « Memorie storiche della Scala santa » Rome, 1840, in-8°. Au xvIe siècle, cet escalier portait encore le nom d'« Escalier de Pilate, » désignation dont se sert dans son « Diario » Paris de Grassis, évêque de Pesaro et maître des cérémonies du pape : « Ipse (Papa) apud Lateranum pernoctavit cum suis; non tamen nunc ingressus est ecclesiam, sed per scalas sacras, quæ vulgo Pilati dicuntur, ingressus est palatium. »

2 Voir la planche dans les Annales Archéologiques, vol. xxi, page 18.

principale, bâtie en forme de donjon, est coiffée d'un toit conique. En avant, sous une arcade qui n'est pas la porte, mais un portique ouvert, comme le Lithostrotos, Pilate assis, les pieds sur un escabeau ou une épaisse marche d'escalier, se lave les mains dans le bassin concave que tient son serviteur.

Pilate a la figure soucieuse. Le rêve de sa femme le préoccupe, sa conscience lui reproche un acte que rien ne justifie'; sa main même est portée à sa tête pour la soutenir, car elle penche inclinée par l'ennui qui l'oppresse. Néanmoins il prend son parti, quoique timidement, et le geste, auquel il se décide de la main droite, trahit son émotion et son embarras.

Son front, comme sur le diptyque de Milan, peut être ceint d'un bandeau perlé; et, sur l'épaule droite, s'agrafera la chlamyde qui couvre en partie sa tunique.

Il est assis sur un pliant, solidement appuyé sur des griffes de lion dont les têtes rugissent aux accoudoirs 2. Sa dignité de président et ses fonctions de juge exigent cette posture, que d'ailleurs réclame expressément la traduction littérale du texte sacré « Sedente autem illo pro tribunali » (S. MATTH., XXVII, 19). << Pilatus autem, quum audisset hos sermones, adduxit foras Jesum et sedit pro tribunali » (S. JOANN., XIX, 13).

Le tribunal est constitué en dehors de la salle des jugements ordinaires. Pilate domine l'assemblée qu'il préside: Tradiderunt Pontio Pilato præsidi» (S. MATTH., XXVII, 2). Sa garde l'entoure et lui fait une escorte d'honneur ; les licteurs se placent en arrière, portant au bras les verges qui dénotent la puissance souveraine au nom de laquelle la justice est rendue et mise à exécution. Plus près de Pilate et à ses

1 Ait autem Pilatus ad principes sacerdotum et turbas : Nihil invenio Causæ in hoc homine. » (S. Joann., xxIII, 4.)

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* Et duo leones stabant juxta manus singulas. » (Lib. Reg., x, 18-19.) — Voir sur les chaises curules, « sella plicatilis, suggestus, faldistorium, trône consulaire, le tome I des Mélanges d'archéologie, p. 167 et suiv.

côtés se groupent ses familiers et les scribes chargés de rédiger l'interrogatoire et la sentence, puis de la promulguer à haute voix en présence du peuple assemblé. La condamnation à mort vient d'être prononcée le scribe, sur l'ordre donné par Pilate, déroule le parchemin sur lequel est enregistrée la sentence qui sera conservée dans les archives du palais, puis il en donne lecture au patient.

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Jésus se tient debout: « Jesus autem stetit ante præsidem (S. MATTH., XXVII, 11). Il est silencieux, car il n'a rien à objecter contre l'injuste arrêt qui le frappe : « Et non respondit ei ad ullum verbum, ita ut miraretur præses vehementer » (S. MATTH., XXVII, 14); « Jesus autem amplius nihil respondit, ita ut miraretur Pilatus » (S. MARC., XV, 5). Il est habillé dérisoirement d'une robe de pourpre, en remplacement de la robe blanche dont Hérode l'avait revêtu: « Sprevit autem illum Herodes cum exercitu suo, et illusit indutum veste alba, et remisit ad Pilatum. » (S. Luc., xxIII, 11). << Exivit ergo Jesus, portans coronam spineam et purpureum vestimentum» (S. JOANN., XIX, 5). Son front ensanglanté est déchiré par une couronne d'épines : « Et milites, plectentes coronam de spinis, imposuerunt capiti ejus, et veste purpurea circumdederunt eum » (S. JOANN., XIX, 2). Ses mains, liées de cordes, sont attachées derrière le dos: « Et vinctum adduxerunt eum »> (S. MATTH., XXVII, 2). - «Vincientes Jesum, duxerunt et tradiderunt Pilato» (S. MARC., xv, 1).

Les mains du Sauveur furent-elles liées en avant ou en arrière? L'ivoire du Louvre adopte la première opinion; je me range à la seconde, car il me revient à la mémoire ces vers du deuxième chant de l' Énéide, qui impliquent, ce me semble, la constatation d'un usage romain:

Ecce manus juvenem interea post terga revinctum
Pastores magno ad regem clamore trahebant

Dardanidæ.

Les soldats, qui ont amené violemment le Christ à Pilate, restent autour de lui, prêts à jeter de nouveau les mains sur

sa personne sacrée pour le conduire au supplice : <«< Milites autem duxerunt eum in atrium prætorii, et convocant totam cohortem » (S. MARC., xv, 16). «Tunc milites præsidis, suscipientes Jesum in prætorium, congregaverunt ad eum universam cohortem » (S. MATTH., XXvu, 27).

Le palais de Pilate est envahi par la foule qui s'y presse, compacte et haletante, muette maintenant, mais le cœur encore plein de vociférations. Il semble que le cri de mort pro féré par toutes ces bouches béantes, comme satisfaction de la solution qu'elles ont provoquée, plane sur cette assemblée coupable, où l'on distingue des vieillards mêlés aux soldats, et où l'on voit des prêtres et des scribes confondus dans une même haine contre celui que tous accusent de s'être proclamé Roi des Juifs : « Summi sacerdotes cum senioribus et scribis et universo concilio» (S. MARC., XV, 1). « Pontifices autem concitaverunt turbam » (ID., 11). << Omnes principes sacerdotum et seniores populi» (S. MATTH., XXVII, 1). Principes autem sacerdotum et seniores persuaserunt populis ut peterent Barabbam, Jesum vero perderent >> (ID., XXVIII, 20). — « Convenerunt seniores plebis et principes sacerdoium et scribæ » (S. Luc., XXII, 66). - « Et surgens omnis multitudo illorum..... Exclamavit autem simul universa turba» (ID., XXII, 1, 18). « Quum ergo vidissent eum pontifices et ministri, clamabunt dicentes: Crucifige» (S. JOANN., XIX, 6).

La sentence réclamée par le peuple, rédigée et lue par le scribe sur l'ordre de Pilate, tel est le point principal que le tableau de la première station doit mettre en évidence. C'est ainsi que trouvera sa réalisation ce verset du chapitre xxIII de l'évangile de saint Luc: « Et Pilatus adjudicavit fieri petitionem eorum », qui pourrait servir d'épigraphe à ce chapitre, dont il est meilleur et le plus substantiel résumé.

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