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(Mercredi & juillet 1818.)

(No. 408.)

Coup d'œil sur l'Eglise de France, ou Observations adressées aux catholiques sur l'état présent de la Religion dans ce royaume; par M. l'abbé Clausel de Montals (1).

On pourroit tracer deux tableaux de la situation de la France par rapport à la religion; tableaux tous deux très-différens, et cependant très-vrais. L'un présenteroit les plus puissans motifs de consolation et d'espérance, les exemples d'un Monarque religieux, et de son auguste et pieuse famille, de grands modèles dans toutes les classes, un zèle admirable pour les bonnes œuvres, des établissemens de charité s'élevant de toutes parts, des ouvriers apostoliques ramenant à Dieu des ames égarées, et imprimant un mouvement étonnant à des villes entières, des prodiges.de grâce et de miséricorde opérés par leurs prédications, tout un peuple renouvelé, des écrivains du talent le plus distingue s'honorant de leur attachement à la foi, des livres pleins de force et d'éloquence vengeant la religion des attaques de ses détracteurs, et de beaux traits de vertu la vengeant encore mieux; partout je ne sais quel esprit de vie, je ne sais quelle impulsion généreuse qui attestent l'efficacité de la parole sainte et l'énergie d'une croyance divine; tout cela, sanś

(1) In-8°.; prix, 1 fr. 25 cent. et 1 fr. 50 cent. franc de port. A Paris, chez Egron; et chez Adr. Le Clere, au bureau du Journal.

Tome XVI. LAmi de la Religion et du Ror. R

doute, nous autorise à ne pas désespérer de notre sort; et il nous est permis de penser que Dieu a des vues de clémence sur un peuple auquel il accorde tant de faveurs signalées, et chez lequel il suscite tant d'oeuvres éclatantes, et tant d'hommes animés de l'esprit de zèle et de charité.

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Malheureusement à côté de ce tableau consolant, on pourroit en tracer un autre qui offriroit de bien tristes images. L'état précaire de la religion, la disette toujours croissante des prêtres, la rareté des vocations ecclésiastiques, l'insuffisance des ressources de l'Eglise, l'indigence où languissent encore les pasteurs malgré l'augmentation qu'ils doivent à la sollicitude du Monarque, les traverses que le monde fait éprouver à leur ministère, la nudité des temples, ce dédain pour les prêtres qui va quelquefois jusqu'à la haine, et qui éclate dans les écrits, dans les discous publics, dans les conversations particulières, dans les démarches de tant d'ennemis connus ou cachés ; ces 'attaques tantôt directes, tantôt hardies, ce zèle affecté à réimprimer et à répandre les ouvrages les plus irréli gieux des philosophies du siècle dernier, cette admiration aveugle pour eux, qui s'indigne quand nous relevons leurs écarts, et que nous faisons voir à quel but ils tendoient; ces dérisions insultantes qui percent dans tant de pamphlets contre lesquels la justice sévit sans pouvoir en arrêter entièrement le cours, ces obstacles que rencontrent toujours les mesures les plus nécessaires à la religion, ces alarmes simulées, ces clameurs renaissantes, cette guerre active qui éclate en tant de circonstances, ce soin d'écarter les prêtres de ce qu'on regardoit autrefois comme leur attribution nécessaire, tout cela n'indique-t-il pas le dépérissement

de la foi, et un changement fâcheux dans l'opinion, tout cela ne doit-il pas faire craindre le triomphe complet de l'incrédulité, qui semble s'être animée, dans ces derniers temps, d'une ardeur nouvelle?

Elle a surtout glissé ses poisons chez une jeunesse trop confiante, que séduisent aisément les saillies de l'esprit, le coloris du style, la malice des plaisanteries, et l'éclat d'une réputation brillante; chez une jeunesse qui, élevée au milieu de la révolution et par la révolution, n'a guère connu que les idées nouvelles que la révolution a accréditées, et ne lit que les écrivains qu'elle a mis en honneur. Cet état de la jeunesse, et ces dispositions des générations qui s'élèvent, sont aujourd'hui le plus grand danger qui menace la société. L'éducation publique, qui étoit autrefois religieuse, perdit ce caractère il y a bientôt trente ans. On lui imprima une direction toute opposée. Otée aux ecclésiastiques, qui en étoient pres qué exclusivement chargés, l'instruction publique fut confiée exclusivement aux instituteurs qui donnoient des gages de leur attachement au nouvel ordre de choses. Souvent il arrivoit que leur patriotisme étoit leur seul titre, et qu'ils n'avoient pas plus de connoissances et de talens pour l'éducation, que de mœurs et de religion. Toutefois ce furent de tels hommes qui eurent, pendant plus de vingt ans, le privilége d'élever, ou plutôt de corrompre la jeunesse. Ce furent eux qui, dans les écoles centrales, dans les prytanées, dans les anciens lycées, soufflèrent à la fois la haine de la religion et la haine des Bourbons. Le choix de tels maîtres, s'il a cessé, a du moins laissé des traces bien profondes, et l'état de la société se ressentira long-temps de la protection accordée par

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Jes gouvernemens révolutionnaires à des doctrines d'impiété, et à des précepteurs de licence.

Telles sont à peu près les considérations que développe M. l'abbé Clausel. Il expose d'abord les craintes et les dangers de la religion, et insiste particulièrement sur trois points, sur la non-exécution du Concordat, sur l'instruction publique, et sur les nouvelles éditions des livres philosophiques. Nous nous abstiendrons de parler du premier point, sur lequel M. l'abbé Clausel s'est exprimé avec une force mêlée de mesure. Il s'est plus étendu encore sur ce qui concerne l'instruction publique, et nous laissons le lecteur apprécier lui-même la justesse de ses réflexions; mais nous croyons à propos de rapporter ici le morceau où M. Clausel parle des nouvelles éditions des écrivains irréligieux. Ce morceau, qui se recommande à la fois par les pensées et par le style, dounera une idéc de la manière de l'auteur :

« Et si la stérilité d'un siècle superficiel, servant mal la corruption insatiable de tout ce qui peut lui fournir un aliment, ne peut produire assez de monstres d'erreur ou de licence, on donnera une nouvelle vie à ceux qui nous sont restés des temps précédens. On réveillera l'oubli et l'indifférence publique. Des amas de tous les ouvrages les plus fameux et les plus impies du dernier siècle restoient négligés au milieu de nous. Le public, dégoûté de ces déclamations, ou frappé du souvenir récent des maux qu'ils ont produits, en laissoit les énormes recueils languir dans l'obscurité. Mais la haine de la foi, réveillée avec plus de fureur depuis une époque aussi heureuse que récente, laquelle devoit, ce semble, mettre un terme à des excès, a bien su piquer et rallumer la curiosité d'une nation frivole en faveur de ces funestes écrits. Des éditions plus pres

sées, plus commodes et moins dispendieuses, ont été annonées à grand bruit. Toutes les industries du commerce, toutes les voix de la renommée out concouru à la propagation rapide de ces collections déplorables d'impostares et de blasphêmes. La France en a été inondée, on les a offertes à l'étranger; et au moment où nous sommes, la religion voit ces spéculations si affligeantes se renouveler, et après que toutes les insultes et toutes les amertumes sembloient épuisées pour elle, grossir le nombre de ses détracteurs et lui faire de nouvelles blessures.

» Encore un foible reste de circonspection et de décence se faisoit-il souvent remarquer dans ces coupables productions du dernier siècle. Mais des écrits formés sur le modèle des pamphlets les plus exécrables que fit éclore un temps de terreur et de délire, circulent encore aujourd'hui dans nos villes et dans nos campagnes. Tel est le levain d'impiété et de sédition qu'on répand avec une étonnante activité dans toutes les parties de ce royaume, Un homme, dit le Sage, peut-il cacher du feu dans son sein sans qu'il n'en ressente l'impression, et que ses vétemens ne s'enflamment? Et, peut-on le demander aussi, tant de germes d'irréligion, de dépravation et de révolte peuvent-ils fermenter dans le sein d'une nation, sans que les éclats et les commotions les plus sinistres n'accusent à la fin l'aveuglement d'un siècle qui prépare sa propre désolation, et ne respire que sa ruine? C'est ainsi que les intérêts de l'Etat sont exposés par cette licence; bornons-nous à ceux de la religion. Eh! quoi, ses droits, les vertus qu'elle inspire, les vérités dont elle est dépositaire, n'ont-ils pas assez souffert de tant de persécutions sanglantes et de tant de renversemens? Que veulent-ils de plus ceux qui ne cessent de la combattre? La foi n'estelle pas assez avilie? La pudeur n'est-elle pas assez outragée? N'y a-t-il pas assez de vices, de travers, d'extravagances et d'attentats? Et l'irréligion ne sera-t-elle

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