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daigneux combien le ministère sacerdotal peut être utile à la société. Il est vrai qu'il seroit difficile de convaincre, par les plus fortes raisons, ceux que les faits n'auroient pas éclairés à cet égard. Une leçon terribie nous a appris ce que c'est qu'une société sans religion, et ce que devient un peuple qui a secoué ce frein salutaire. Les factieux le savoient bien eux-mêmes; la persécution contre les prêtres et l'abolition du culte public furent les moyens les plus efficaces qu'employèrent ces hommes qui aspiroient à bouleverser la France; ils avoient calculé qu'ils égareroient facilement une multitude dépourvue de toute instruction et de toute pratique religieuse. Aussi des crimes affreux marquerent cette époque. L'humanité ne fat pas moins outragée que la divinité, par des dominateurs d'autant plus barbares qu'ils étoient plus impies; et il est bon de se rappeler que le même parti qui avoit juré la destruction du christianisme, sembloit aussi avoir résolu la destruction du genre humain, et qu'il tendoit avec ardeur à ce double but, en faisant à la fois la guerre et aux doctrines et aux per

sonnes.

Le christianisme, au contraire, et le ministère pastoral, sont les plus puissans moyens de conservation pour les sociétés. Dans un siècle, dit M. l'abbé Bacalon, où l'on ne veut estimer que ce qui a une utilité sensible pour le corps social, et où l'incrédulité, pour mieux avilir la religion, s'efforce d'avilir ses ministres, et les peint comme inutiles ou dangereux pour la société, le bien de cette même société et la justice demandent qu'on venge leur ministère et qu'on publie les services qu'ils rendent. L'auteur s'est borné à deux considérations principales, qui forment la division de son discours. Les prêtres, dit-il, maintiennent dans les particuliers les vertus, qui sont la base de l'ordre, et ils soulagent les malheureux, qui ne sont que trop communs ici-bas. Dans le développement de la première partie, M. Bacalon indique spécialement la justice, la paix et la soumission aux lois, comme les trois vertus dont la pratique importe le plus au bien de la société, et suit le plus immédiatement de l'enseignement des pasteurs. Pour la seconde partie, il montre les prêtres prodiguant des secours à l'indigence, des consolations aux affligés, des soins aux malades, et suivant, en cela, les traces de leur divin modèle. Ce n'est point un portrait de fantaisie qu'il trace, et chacun peut

trouver aisément des exemples à l'appui de ce qu'avance l'auteur. Il nomme plusieurs pontifes ou simples prêtres des derniers siècles, qui ont justifié la notion qu'il présente d'un pasteur dévoué aux besoins de son troupeau; ce célèbre Borromée, qui bravoit la contagion pour assister les mourans ; cet admirable Vincent de Paul, le protecteur de toutes les infortunes; ce Belzunce, qui, plus récemment encore, soutint, par sa présence, Marseille en deuil, et d'autres qui, à la même époque, montrèrent le même courage à Aix et à Toulon. On pourroit, sans doute, grossir cette honorable liste, et citer des prêtres qui, pendant les crises les plus fâcheuses de la révolution, affrontèrent tous les dangers pour porter les secours de la religion aux fidèles persécutés ou condamnés à mort. Et plus récemment encore, lorsque la guerre se faisoit dans nos provinces et aux portes même de la capitale, et que nos hôpitaux étoient encombrés de blessés et de malades, n'avonsnous pas vu des prêtres se consacrer à visiter ces asiles de la douleur et du désespoir, sans être arrêtés par la crainte d'une maladie contagieuse qui s'y étoit déclarée ? Plusieurs, à Paris, furent victimes de leur zèle. J'en pourrois nommer aussi dans les provinces, et je connois une ville où quatre prêtres périrent, dans l'espace de peu de jours, de la même maladie qu'ils avoient contractée auprès du lit des soldats qu'ils exhortoient. Le monde n'a point parlé de leur dévouement, qui a trouvé un plus digne et plus noble prix dans la possession de celui qui a dit qu'il estimoit comme fait à lui-même le bien que nous ferions au moindre de nos semblables,

Le sermon de M. Bacalon, qui fut préché en 1790, et que l'on vient de réimprimer, convient donc aux circonstances actuelles. Il ne parle point des bienfaits spirituels dont les prêtres sont dispensateurs. Il se contente de montrer aux contempteurs du ministere sacerdotal, que ceux qui l'exercent sont encore les membres les plus utiles de la société. Son discours est fort clair, méthodique et bien lié; la compeition en est raisonnable, et les détails sont pleins de vérité. Peutêtre n'y manque-t-il qu'un peu de mouvement et de chaleur. Un tel sujet devoit, ce semble, enflammer l'orateur, et prêtait à des tableaux éloquens dont on ne voit ici que le germe et l'ébauche. Du moins M. Bacalon a fourni un canevas qui n'auroit besoin que d'être revêtu d'un style plus animé.

(Mercredi 15 juillet 1818.)

(No.410.)

Essai sur l'indifférence en matière de religion, avec cette épigraphe: Impius, cùm in profundum venerit, contemnit (1). Seconde édition.

QUATRIÈME ET DERNIER ARTICLE.

Forces, à regret, d'interrompre l'analyse de cet ouvrage, et même de remettre successivement, depuis deux mois, l'article que nous avions, annoncé, nous pourrions craindre, s'il s'agissoit d'un livre or dinaire, que l'on n'eût oublié, et notre article précédent, et le sujet auquel il se rapportoit. Mais l'Essai est à l'abri d'un pareil inconvénient. La réputation de ,cet ouvrage s'accroît de plus en plus; il charme tou jours davantage ceux qui l'ont déjà lu; il étonne ceux mêmes qui en avoient oni parler avec plus d'éloge. Il fortifie ceux qui chanceloient, éclaire ceux qui doutoient, ramène ceux qui s étoient écartés, terrasse les plus décidés dans leur incrédulité. On a inséré dans up journal une lettre d'un baron L. A. M, qui avoue être devenu chrétien par la lecture de ce livre; et nous savons que Essai à produit le même effet sur plu sieurs autres personnes. Comme c'étoit là le désir le plus ardent de l'auteur, ce sera aussi l'avantage dont il se félicitera le plus dans le succès, de son ouvrage. Il n'aspiroit qu'à faire, connoître et aimer la religion,

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(1) Volume in-8°; prix, 6 fr. et 7 fr. 50 cent. franc de port. A Paris, chez Adrien Le Clere, au bureau du Journal. Tome XVI. L'Ami de la Religion et du Ror. T

et les applaudissemens ne le flattent qu'autant qu'ils sont la preuve d'un retour sincère vers elle.

Nous en étions restés, dans notre article précédent, au chapitre x, où l'auteur, pour mieux montrer l'importance de la religion par rapport à la société, avoit d'abord exposé le vide et le néant des doctrines philosophiques. Il arrive, dans le chap. x1, à la thèse qu'il s'étoit proposé d'établir directement ; savoir, que la religion seule conserve les peuples, et les rend heureux en les établissant dans un état con"forme à la nature de la société. Les philosophes mêmes, dit-il, ont reconnu cette vérité. Elle a été proclamée par l'école de Socrate, et avouée, de nos jours, par Hume et Rousseau. La religion est en effet le fondement unique et nécessaire de tout ordre social, puisque l'ordre ne peut venir que de Dieu, et ne peut être que le résultat des rapports qu'il a établis. La philosophie fonde le pouvoir sur la force, qui n'est qu'une source de désordres; la religion met l'ordre dans la société, parce que seule elle donne la raison du pouvoir et des devoirs. L'orgueil, qui réclame la souveraineté de l'homme, rabaisse l'homme en le fai→ sant obéir à l'homme seul; la religion nous élève en nous montrant Dien dans celui qui nous commande. Elle concilie la dignité de l'homme avec sa dépen dance, et ce n'est pas en vain que l'Evangile est appelé par un apôtre une loi parfaite de liberté. La religion lie le pouvoir aux sujets, et les sujets entre eux. C'est le christianisme qui a civilisé l'Europe, et partout où il a pénétré, il a semé des bienfaits. Tandis que la philosophie, armée de la science et de la force et disposant en souveraine de vingt-cinq millions d'hommes et de leurs biens, n'a pu réaliser, dans un

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pays riche et chez une nation déjà formée, que l'indigence, l'anarchie et toutes sortes de crimes et de maux, la religion proscrite maintenoit encore un reste d'ordre. Que de prodiges elle a opérés dans le Nouveau-Monde? Elle avoit établi dans le Paraguay le régime le plus fort et le plus doux. Elle a fini par abolir partout l'esclavage, que les philosophes les plus célèbres de l'antiquité avoient consacré par leurs lois et par leurs exemples. Elle ne déclame point contre la guerre, comme ces philanthropes modernes qui en ont fait le texte bannal de leurs plaintes exagérées. Ceux-ci ont prononcé que toute guerre étoit injuste, et, malgré leurs axiomes, nous avons vu sous eux plus de guerres, et des guerres plus atroces, qu'il n'y en avoit depuis des siècles dans les Etats chrétiens; la religion prêche la paix sans jactance; elle tend à ôter les causes de désordre; elle fait de l'humanité la première loi des combats: ne pouvant retenir le glaive, elle en émousse la pointe, et verse du baume sur les blessures qu'il a faites. Les dévastations et les massacres étoient autrefois censés de l'essence du droit de la guerre; aujourd'hui, ils en sont regardés comme la violation.

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La religion a également donné des notions plus saines sur le droit politique et sur le droit des gens. La loi n'est plus l'expression de la volonté du plus fort; tout pouvoir vient de Dieu, et qui résiste au pouvoir, résiste à Dieu. Les législations antiques opprimoient le foible, les nôtres nous apprennent qu'il faut le protéger. La raison, pendant vingt siècles, a fondé la société sur l'esclavage, et ne s'est pas même douté qu'il fût possible d'abolir la servitude; l'humanité est redevable de ce bienfait au christianisme. La

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