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inévitable d'un édifice que ses mains paternelles avaient relevé.

Ma lecture finit là. Quoique très longue, elle avait été écoutée avec la plus grande attention. Je remis mon écrit à M. Bazin, supérieur du séminaire, en lui disant : « Vous « êtes jusqu'à présent le seul ecclésiastique ouvertement << prononcé contre mes pouvoirs. Relisez ce que je viens « de lire. Je vous donne quinze jours pour y répondre. « Ce temps écoulé, je rassemblerai ici les mêmes audi«teurs. Vous exposerez devant eux vos difficultés, et je << suis si assuré d'avance de leur faiblesse, que je m'en«gage à les résoudre sur-le-champ. » J'exigeai, et il me donna sa parole d'honneur que ma réponse ne sortirait point de ses mains; mais il paraît que sa délicatesse a cru pouvoir se dispenser d'être fidèle à ce contrat, ou qu'il l'a éludé par quelque distinction bien subtile, s'il est vrai que le principal agent de la cabale ait une copie de ce que j'ai lu, comme il s'en est vanté. Quoi qu'il en soit, l'assemblée fut contente de mes raisons. Personne ne proposa d'objection contre elles. Plusieurs me témoignèrent franchement leur satisfaction de ce nombre furent M. Maillard, chanoine, et M. le secrétaire Pichon, qui depuis...., mais qui alors m'avouèrent qu'ils avaient eu des doutes et que je les avais victorieusement dissipés. On exhorta le supérieur à se rendre, à reconnaître la vérité que j'avais mise dans un si grand jour; il ne se rendit pas. Il crut même me bien embarrasser par un argument ad hominem. « Vous, Monseigneur, tout le premier, me dit-il, vous ne croyez pas à vos pouvoirs de vicaire général. » Dans les termes, c'était une grossièreté impardonnable. Le silence reparut. On attendit avec anxiété la preuve de cette révoltante et malhonnête proposition. Je la demandai. « La voici, continua-t-il d'un ton très élevé :

c'est que, dans vos cartes d'invitation pour vos dîners, même pour cette assemblée, vous ne prenez pas la qualité de vicaire général. » Les assistants partirent d'un éclat de rire. Je haussai les épaules; mais cette excellente preuve me donna la mesure de l'homme, et je m'écriai intérieurement : Pauvre séminaire!

Les quinze jours étant expirés, M. le supérieur me rapporta mon mémoire et me dit qu'il n'y répondrait pas. Je savais pourtant que l'envie de le faire ne lui avait pas manqué; qu'il avait mis à contribution ses doctes associés; mais qu'en les comprimant, rien n'était sorti. J'essayai de le faire parler. Il passa condamnation sur quelques endroits des Observations; m'objecta savamment que j'avais cité le P. Alexandre, dominicain, dont les ouvrages sont à l'index; et sentant lui-même qu'une minutie de cette nature ne valait pas la peine qu'on s'y arrêtât, il me dit, la larme aux yeux, « qu'il n'était pas le maître de << sa conscience, mais que si le pape m'instituait canoni<< quement, je n'aurais pas de prêtre plus dévoué, plus << soumis que lui. » Son affliction me toucha, et, pour lui prouver que si je le jugeais un mince théologien, je ne l'en estimais pas moins comme un honnête homme, je le retins à dîner.

Si la réponse à laquelle je m'attendais ne vint point, il m'arriva par la poste plusieurs lettres anonymes, auxquelles je n'avais pas lieu de m'attendre. Une seule méritait quelque attention, quoique le ton n'en fût pas honnête et que les idées qu'elle contenait fussent d'une pauvreté qui m'aurait causé de la joie, si, en recherchant la vérité, je me cherchais avec elle. Je vais donner le précis de cette pièce : elle contribuera à faire connaître de plus en plus les talents et les qualités morales de mes adversaires. «< Monsieur (c'est le début), vous vous êtes ÉPOUMÉMOIRES DE L'ABBÉ BASTON. - T. III.

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« MONÉ, il y a quinze jours, pour prouver que le chapitre de Séez avait droit de vous communiquer ses pou« voirs, pour régir le diocèse dans la vacance du siège. « Temps perdu, Monsieur; PERSONNE NE VOUS NIERA « CELA. » Que l'anonyme eût dit : « On ne le nie plus ; << vous avez si bien démontré la faiblesse des moyens sur << quoi s'appuient ceux qui l'ont nié jusqu'à présent, qu'on << les abandonne, eux et leurs prétentions, » j'aurais compris ce langage; il y eût eu du bon sens. Mais dire que je me suis époumoné mal à propos et sans motif, que j'ai perdu mon temps à combattre une chimère, c'est, en vérité, passer toutes les bornes. N'avais-je pas à discuter les Observations du soi-disant canoniste italien? ces lumineuses, ces incomparables Observations qui avaient subjugué M. le supérieur; que lui, ses associés, ses séminaristes, portaient de maison en maison pour me faire des ennemis. Et le but de ces Observations n'était-il pas de prouver en général que les pouvoirs délégués par les chapitres aux évêques nommés sont ILLICITES de droit, NULS de droit, et que, par conséquent, les chapitres sont dans l'impuissance de les leur communiquer? J'avais donc utilement employé ma voix et mon temps à mettre à bas ce vain échafaudage de doctrine, qu'il était aussi nécessaire que facile de renverser. Est-ce ma faute si, ne considérant que le projet de me nuire et de me tourmenter avec persévérance, mes doctes antagonistes avaient abandonné leurs premiers retranchements, ou si, écrasés par la force irrésistible de la vérité qu'ils avaient eu l'étourderie d'attaquer, ils faisaient semblant, pour sauver leur honneur, de n'avoir jamais été en opposition avec elle? Suivons. Mais voici la question : le souverain pontife peut-il, pour de bonnes raisons, paralyser ces pouvoirs dans votre personne ? C'est bien une question, mais ce

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n'est point la question. Pas un mot qui ressemble à cet énoncé dans l'ouvrage auquel j'avais à répondre. Oui,

(le pape le peut), et vous n'oseriez vous-même en disconvenir. Il me rend justice. Je conviens que le pape peut, pour de bonnes raisons, faire ce qu'on dit ici, faire beaucoup davantage; s'il le faisait, je ne me permettrais même pas d'examiner si ses raisons sont bonnes ; je le supposerais, et obéirais. Un ouvrage que j'ai publié il y a douze ans, pour la défense d'un acte pontifical bien autrement important que celui de paralyser mes pouvoirs, est une preuve subsistante et sans réplique de la haute idée que j'ai de l'autorité du souverain pontife. Et je demanderais volontiers à cette troupe d'anonymes qui se réjouissent dans l'obscurité du mal qu'ils me font, s'ils ont d'aussi bonnes preuves à produire de leur attachement et de leur respect pour le saint-siège? Ce qui suit est curieux. L'a-t-il fait? Oui, encore; et s'IL FALLAIT UN SERMENT pour attester cette vérité, vous EN trouveriez qui ne feraient pas difficulté de le faire. Oh! je n'en doute pas; mais j'aimerais beaucoup mieux qu'au lieu de témoigner par un serment, on m'offrit de bons et honnêtes témoins du fait. Des hommes qui tiennent d'un homme, qui tient d'un autre homme, qui prétend tenir du pape (c'est ici le cas), et qui offrent le serment du fait de la décision de Sa Sainteté, sont.... il me vient bien des termes qui les peignent; mais la charité veut que je les supprime, et j'obéis. J'ajouterai seulement qu'en pareille matière, l'homme sage ne jure pas que la chose est; il jure tout au plus qu'on le lui a dit; et que conclure de cette seconde formule? Testis de auditu fidem non facit. L'anonyme continue. Pour soutenir votre sentiment, vous devez dire que le pape ne l'a point fait; mais sur quoi êtesvous appuyé? Pour soutenir mon sentiment, je ne suis

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point obligé de dire que le pape ne l'a point fait, mais seulement qu'ON NE PROUVE PAS que le pape l'ait fait. Et pour tenir ce langage, je suis appuyé sur la maxime: actori incumbit probandum; sur le bon sens, qui défend de croire à une simple assertion, une simple allégation. y a dans le monde tant de menteurs et de dupes!

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Ici c'est une question de fait. Voilà, enfin, une vérité : si inutile qu'elle soit, sachons-en gré à l'anonyme. On vous dit : « Le pape a paralysé vos pouvoirs; » vous dites le contraire: de ce conflit de sentiments doit naître de nécessité un doute; et, dans le doute, que doit-on faire ? prendre le parti le plus sûr.... Et c'est de me conduire comme si mes pouvoirs étaient, en effet, paralysés. Les docteurs de l'opposition n'en savent pas plus long et n'en disent pas davantage. C'est ce pitoyable argument qui les pousse à la révolte. Toute leur théologie, sur la question qui nous divise, est renfermée dans le contour de ce petit sophisme, si même il mérite qu'on lui donne ce nom. Examinons-le, comme s'il avait quelque valeur réelle. On vous DIT que le pape a paralysé vos pouvoirs: on me le dit, mais on ne me le prouve pas, on ne le prouve à personne; et il faudrait me le prouver, le prouver à tout le monde. Vous dites le contraire: je n'ai pas besoin de dire le contraire; il me suffit de remarquer que cette action attribuée au pape est demeurée sans preuve, quoique je ne cesse de la demander. De ce conflit de sentiments doit naître de nécessité un doute pas même un soupçon légitime, et certainement pas un doute pratique, qui n'est produit que par des motifs à peu près égaux. Et dans le doute, il faut prendre le parti le plus sûr: oui, dans le doute pratique, et il n'y en a point ici, et par conséquent, point de choix à faire. Le seul parti sûr est de s'en tenir à l'autorité, qui n'est attaquée que par des paroles. Avec

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