Sayfadaki görseller
PDF
ePub

pose;

rattache à l'avenir; elle s'élance à travers le temps et l'espace, pour embrasser l'infini; l'homme a des destinées immortelles auxquelles il est appelé par sa qualité d'être spirituel, créé pour un bonheur sans bornes, dans une vie future; or, pour atteindre cette fin surnaturelle, objet de ses plus ardents désirs, il lui faut des moyens porportionnés au but qu'il se proici apparaît la nécessité d'une société religieuse qui offre à l'homme, dans l'intérêt de son développement surnaturel, les mêmes secours que la société temporelle a mis à sa disposition pour son perfectionnement naturel. La religion comprend l'ensemble des connaissances et des moyens indispensables à l'homme qui veut réaliser sa fin surnaturelle. Nier cette proposition, ce serait tomber dans le plus grossier matérialisme en prétendant que l'homme rentre dans le néant par la mort, et que rien ne survit en lui après le trépas; ou bien, ce serait embrasser le plus aveugle scepticisme, en soutenant que la vertu et le vice ne sont que de vains mots, et que le sort futur de l'homme est complétement indépendant de sa conduite dans la vie présente; double système également désespérant pour l'homme vertueux qui, en obéissant aux instincts de sa nature morale, et en sacrifiant son intérêt à son devoir, ne serait plus que le jouet d'une funeste illusion! système désespérant, ajouterons-nous, pour la société elle-même, dont l'existence repose sur la croyance générale qu'il existe une distinction entre le vice et la vertu, et qui serait menacée d'une dissolution prochaine le jour où viendrait à triompher cette désolante doctrine, qui nie la justice de Dieu, en refusant d'admettre la réalité des châtiments et des récompenses de la vie future! La conscience du genre humain tout entier proteste contre une pareille théorie; elle refuse de croire que l'homme soit un être jeté sur cette terre par une sorte de destin aveugle, et que son existence soit vouée au hasard; elle préfère admettre que tout être raisonnable doit atteindre une double fin: d'une part le perfectionnement de ses facultés

naturelles, en suivant l'impulsion de la société au milieu de laquelle se développe son existence; par là, il atteint sa fin temporelle; d'autre part, le perfectionnement de ses facultés surnaturelles, en demandant à la société religieuse les secours qui lui sont nécessaires pour accomplir la volonté divine, et atteindre ainsi sa fin spirituelle. Ainsi, arrivons-nous à reconnaître l'existence simultanée de deux sociétés, l'une civile, l'autre religieuse, qui tendent, par des moyens différents, à un seul et même but, le bonheur de l'homme soit en cette vie, soit dans la vie future. Chacune d'elles existe en vertu de certaines lois fondamentales, et parmi ces lois, la plus ancienne et la plus indestructible est, sans contredit, celle qui préside au gouvernement des êtres raisonnables; ainsi, établissonsnous en même temps l'origine et la nécessité des deux pouvoirs, temporel et spirituel, qui président aux destinées de l'humanité en ce monde.

Voilà donc deux sociétés existant l'une à côté de l'autre, et chargées de gouverner les mêmes hommes; chacune exerce un pouvoir souverain, fait des lois obligatoires pour les sujets qu'elle gouverne, choisit une magistrature pour les appliquer, et s'appuie sur une force imposante pour en assurer l'exécution.

Quelles seront les relations entre ces deux pouvoirs? Il faut nécessairement qu'en marchant d'accord, et en tendant à un but commun, ils restent distincts et indépendants l'un de l'autre; sans cette distinction et cette indépendance, l'un sera nécessairement absorbé par l'autre; en effet, sous prétexte de faire triompher les droits et les intérêts qu'il a pour mission de protéger, le pouvoir prépondérant sacrifiera d'autres droits et d'autres intérêts qui lui sembleront moins respectables; ainsi, supposons que la société religieuse obtienne une supériorité marquée sur le pouvoir rival; alors la toute-puissance étant dévolue au corps sacerdotal, les fonctions les plus étrangères à la religion, telles que la guerre, l'administration de la justice, revêtiront une forme hiérocra

tique, et deviendront des magistratures sacrées; toute distinction entre l'ordre religieux et l'ordre profane cessera, et bientôt le pouvoir religieux arrivera à sacrifier les intérêts temporels des peuples, sous prétexte de sauvegarder leurs intérêts spirituels! Au contraire, si le pouvoir temporel obtient la suprématie, il n'accomplira qu'en partie sa mission, en donnant aux intérêts temporels une trop grande importance, au préjudice d'autres intérêts méconnus et dédaignés; alors la religion, asservie à la puissance temporelle, ne sera bientôt plus entre ses mains qu'un instrument docile, dont il se servira dans l'intérêt de sa conservation; le prêtre deviendra simplement un officier civil, obligé de prêter son concours aux mesures d'administration et de police; dans l'un et l'autre cas, la religion aura perdu son caractère divin; les deux sociétés, absorbées l'une par l'autre, seront impuissantes à faire parvenir l'homme à sa double fin!

Il faut donc que la société religieuse reste indépendante de la société civile; il faut que chacune soit gouvernée par un pouvoir spécial et souverain dans sa sphère. Mais cette distinction entre les deux puissances ne doit pas créer de rivalités entre elles; leur accord est nécessaire pour assurer le succès de leur mission, car le pouvoir temporel ne commande pas-seulement au corps, mais à l'âme; il règne sur les consciences par la soumission que tous les sujets doivent aux lois civiles; tandis que, de son côté, le pouvoir spirituel ne commande pas seulement à l'âme, mais au corps; il règle les actes extérieurs aussi bien que les actes intérieurs; la société religieuse n'est donc pas, comme on l'a prétendu quelquefois, une société purement spirituelle, qui n'agit que sur l'homme intérieur et par des moyens immatériels; cette prétention n'irait à rien moins qu'à chasser la religion du monde, qu'à la détruire totalement, puisqu'elle ne pourrait atteindre les hommes pour lesquels Dieu l'a établie. D'autre part, la société temporelle n'est pas, elle non plus, une société purement ma

T. I.

6

térielle, puisqu'elle exerce son action sur les déterminations de la volonté morale de l'homme et qu'elle impose des obligations de conscience; une société où le devoir ne serait réglé que par la force, où les sujets ne se croiraient obligés à l'obéissance que lorsque le bras de la justice serait levé, prêt à frapper, ne serait pas éloignée de sa décadence et de sa ruine!

La société humaine est donc gouvernée par deux pouvoirs dont l'origine remonte à Dieu; lorsqu'ils expliquent cette origine, les auteurs catholiques établissent une distinction qui sert à résoudre bien des difficultés.

Le pouvoir religieux, disent-ils, est de droit divin, parce qu'il émane de Dieu, non-seulement dans un sens général, qui donnerait à l'autorité de l'Eglise une base semblable à celle qui sert de fondement au gouvernement civil, mais dans un sens beaucoup plus rigoureux. Le pouvoir spirituel, en effet, vient directement de Dieu, puisque c'est Jésus-Christ, hommeDieu, qui lui a donné sa forme, et qui a désigné son premier dépositaire; or, comme le souverain pontife est le successeur directet légitime de saint Pierre, il exerce une véritable suprématie sur l'Eglise universelle; il a le pouvoir de la gouverner, comme dépositaire des droits et des prérogatives attribuées par Jésus-Christ au prince de ses apôtres.

Le pouvoir civil, de son côté, vient également de Dieu, mais d'une manière moins immédiate et moins directe sans doute, quoique toujours certaine et réelle. Saint Thomas explique en ces termes cette origine : «< Toute domination vient de Dieu, dit-il, » comme premier maître; ce qui peut se démontrer en trois >> manières : ou en tant que c'est un être, ou en tant que c'est >> un moteur, ou en tant que c'est une fin (1). » Ainsi, d'après le saint docteur, tout pouvoir vient de Dieu, car le pouvoir est un être, et Dieu est le principe de tout ce qui existe ; le pouvoir est une puissance, et Dieu est la source de toute puissance; le pouvoir est un droit, et en Dieu réside la plénitude de tous les (1) De regimine principum, lib. III, c. 1.

droits; le pouvoir imprime une direction à la société, et Dieu gouverne tous les êtres matériels et intelligents; enfin le pouvoir a pour mission de travailler au perfectionnement de la société, et Dieu est le principe de toute perfection; mais le pouvoir civil n'a pas reçu de Dieu une délégation directe et immédiate, comme le pouvoir spirituel; il n'existe aucun État dont le chef puisse se proclamer élu directement de Dieu; tanc'est Dieu lui-même qui, par une action directe, a fondé le pouvoir spirituel, qui lui a donné sa constitution, qui a placé son pontife sur un trône supérieur à tous les trônes; c'est en vertu de l'institution divine que les évêques ont remplacé les apôtres; ils ont été sacrés rois et princes de l'Eglise le jour où ils ont reçu l'Esprit-Saint (1).

dis

que

Pour faire connaître combien est rigoureux le devoir de l'obéissance à l'Eglise, Jésus-Christ a voulu s'identifier avec elle: «< celui qui vous écoute m'écoute (2); » il va plus loin, il veut que tout chrétien qui n'écoute pas l'Eglise, soit traité comme un païen et un publicain (3); aussi l'Apôtre insiste-t-il sur l'obligation d'obéir aux pasteurs de l'Eglise : «Obéissez à ceux » qui sont préposés à votre conduite, parce qu'ils veillent » pour le bien de votre âme, comme devant rendre compte, >> afin qu'ils s'acquittent de ce devoir avec joie, et non en » gémissant, ce qui ne vous serait pas avantageux (4). Ainsi, tous les chrétiens devant être soumis à l'Eglise, les rois eux-mêmes ne sauraient être affranchis de cette obligation s'ils veulent rester chrétiens.

Hatons-nous d'observer que Jésus-Christ, en commandant aux fidèles la soumission à son Eglise, proclame que son royaume n'est pas de ce monde (5); par là, il veut donner aux

(1) Actus apostol., c. XX, v. 23.

(2) Saint Luc, c. X, v. 16.
(3) S. Matth., c. XVIII, v. 17.

(4) Hebr., c. XIII, v. 17.

(5) Joann., c. XVIII, v. 56.

« ÖncekiDevam »