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(682) SAINT-CLOUD.— IMPRIMERIE DE Me Ve BELIN.

En publiant un ouvrage qui a déjà mérité une distinction honorable, nous devons faire connaître d'abord le but et la pensée de notre travail, et les raisons qui nous font croire à son utilité.

Nous venons, à la suite d'un grand nombre de panégyristes distingués du Christianisme, raconter quelques-uns des bienfaits dont la société est redevable au divin fondateur de la religion chrétienne et aux continuateurs de son œuvre ; nous venons rappeler à une génération oublieuse et indifférente que cette religion, traitée dans quelques écrits avec tant de dédain, a régénéré la société aux époques critiques dont l'histoire a gardé le souvenir; nous venons dire à tous les hommes de cœur et d'intelligence: Vous êtes effrayés en contemplant ces secousses périodiques qui ont ébranlé la société jusque dans ses fondements; vous regardez avec terreur ces abîmes creusés sous vos pieds par des doctrines anarchiques et par les passions grossières qu'elles ont éveillées au sein des masses; et, dans vos justes appréhensions, vous vous demandez comment vous pourrez soutenir les vieilles institutions chancelantes et conjurer la ruine dont semble menacée la société tout entière? Eh bien, tournez vos regards vers cette société religieuse, qui depuis dix-huit siècles a passé sur la terre en faisant le bien; voyez les œuvres admirables accomplies dans tous les temps par le Christianisme! Ce qu'il a fait dans le passé, il peut le continuer dans l'avenir; il le continuera infailliblement si vous favorisez sa libre expansion,

ou même si vous n'entravez pas son action par une mesquine et inintelligente opposition à ses efforts; nous venons dire enfin à tous les hommes de bonne volonté : le Christianisme, voilà l'arche du salut pour les sociétés! voilà le signe de la rédemption pour les peuples comme pour les individus!

Un coup d'œil rapide et général sur les deux grandes situations qu'a traversées la société suffira pour faire pressentir le chemin que nous devons parcourir.

L'humanité a passé par deux phases principales que sépare la croix de Jésus-Christ. Avant le Christianisme, on voit une société fondée sur l'inégalité politique, par une institution qui viole tous les droits individuels : l'esclavage! sur l'inégalité sociale, par une législation qui donne à l'autorité paternelle une puissance absolue dans la famille, au mépris des droits les plus sacrés de la nature! Après Jésus-Christ, la société change de face. L'égalité de tous les hommes devant Dieu, proclamée hautement par la nouvelle doctrine, devient le signe précurseur de l'affranchissement des esclaves, en même temps qu'elle modifie tous les rapports sociaux entre les différents membres de la famille. L'histoire de la société moderne commence donc au Calvaire !

«On sait ce qu'était le monde avant Jésus-Christ; on connaît l'état de corruption dans lequel était tombée la société païenne; ah! c'est que cette société matérialiste ne vivait que par les sens! Elle n'avait qu'un corps; c'est Jésus-Christ qui lui a donné une âme! Une mine précieuse était enfouie dans les entrailles de la terre; c'est JésusChrist qui l'a découverte et qui a choisi les ouvriers chargés de l'exploiter!

Autrefois, le païen civilisé était l'homme du droit strict et rigoureux; or, le droit, sans le Christianisme, savez-vous ce que c'est? c'est la violence substituée à la douceur; c'est l'arbitraire à la place de la justice; le droit strict, c'est la guerre à la place de la paix, c'est la force à la place de la charité ! Le droit, d'après les idées de l'ancien monde, c'est Alexandre écrasant du pied de son cheval les provinces et les empires! Le droit, ce sont ces fiers dictateurs de Rome, dont l'épée à deux tranchants frappait au dedans et au dehors de prétendus ennemis dont le seul crime était leur faiblesse et l'inconstance de la fortune! Le droit, ce sont ces lâches empereurs romains qui partageaient leur temps entre les hontes du palais et les orgies du théâtre, et qui, pour varier les émotions de leur sensibilité émoussée par d'infâmes plaisirs, venaient, après avoir signé des arrêts de mort contre les chrétiens, assister aux jeux sanglants du-cirque, afin de voir comment savaient mourir leurs victimes! Voilà le droit sans la charité!

» Autrefois, le païen civilisé était l'homme de l'égoïsme, qui ne prenait conseil que des appétits grossiers d'une nature corrompue; de là, ces injustices, ces violences, ces cruautés, dont le récit remplit toutes les pages de l'histoire; de là, ce mépris général de l'homme pour ses semblables; ainsi, à Rome, le peuple méprise les esclaves; les soldats méprisent le peuple; les patriciens méprisent les plébéiens! et, au sommet de l'édifice, César méprise le monde entier! De sorte que la situation se résume dans ce seul mot mépris universel de l'homme par l'homme! et, par suite, démoralisation et anarchie dans toutes les classes de la société!

» Voilà cependant la société que Jésus-Christ est venu

réformer! Comment a-t-il réussi dans une pareille œuvre? En substituant deux mots nouveaux, qui portaient avec eux la vie, à deux mots anciens, qui avaient produit la mort; en remplaçant le droit par le devoir, l'égoïsme par la charité!

» Oui, le chrétien devint, par excellence, l'homme du devoir; fidèle imitateur de l'Homme-Dieu, qui avait donné sa vie pour l'humanité, il fit de ses exemples et de ses préceptes l'unique règle de ses actions; et voilà pourquoi sa conduite fut toujours en contradiction directe avec les leçons de la sagesse humaine! Ne soyons donc pas étonnés si, dans tous les temps, les véritables disciples de Jésus-Christ ont estimé ce que le monde poursuit de ses mépris, s'ils ont méprisé ce que les hommes estiment davantage; ne soyons pas étonnés s'ils ont foulé aux pieds les richesses et les dignités humaines, s'ils ont regardé avec le sourire du dédain et de la pitié toutes les vanités de la terre, pour embrasser les humiliations et les souffrances, pour embrasser la croix de Jésus-Christ! Ah, c'est qu'ils avaient entendu la parole du divin maître : « Vous savez que les princes des nations >> dominent sur elles et que ceux qui sont les plus puissants » parmi eux les traitent avec empire; il ne doit pas être » de même parmi vous; mais celui qui voudra être le plus >> grand parmi vous devra être votre serviteur, et celui >> qui voudra être le premier parmi vous devra être votre » esclave, à l'exemple du Fils de l'homme, qui n'est pas >> venu pour être servi, mais pour servir, et pour donner >> sa vie pour la rédemption de plusieurs (1). » Ils avaient entendu cette autre leçon: « Quiconque veut être mon dis>>ciple doit renoncer à soi-même, porter sa croix chaque (1) S. Matth., cap. xx, v. 25-28.

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