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plus fort que ne le faisaient les isiaques en cette circonstance (1); on en était d'autant plus assourdi, qu'ils paraissaient jusque sur la voie publique pour annoncer à tous l'heureuse nouvelle (2). C'était le signal de grandes réjouissances (3). A l'intérieur du temple, outre les offices prescrits par les livres saints, il y avait un banquet auquel assistaient les initiés (4). Au quatrième siècle, on donna même des jeux dans le cirque (5); il est probable, du reste, que cette coutume s'établit aussitôt que le culte égyptien fut officiellement reconnu par l'Etat; car, à cette époque déjà, il y avait longtemps que les fêtes de Sérapis se célébraient en pays grecs et qu'elles donnaient lieu à des banquets et à des jeux publics. Ainsi, nous avons conservé les actes d'un collège de sarapiastes de l'île de Naxos, que l'on croit pouvoir dater à peu près de l'an 40 avant Jésus-Christ. Ils mentionnent les noms de plusieurs personnages qui avaient présidé les fêtes de Sérapis, fait des sacrifices de bœufs, distribué du vin à toutes les personnes présentes, supporté toutes les dépenses et affranchi de toute redevance » les étrangers venus pour le marché (6).

Pausanias (7) mentionne deux fêtes qui avaient lieu annuellement, l'une au printemps, l'autre en automne, dans le temple d'Isis, près de Tithorée, en Phocide (8). Cet édifice était, au second siècle, le plus vénéré de ceux que les Grecs avaient élevés à la déesse alexandrine. Il était éloigné de toute habitation et on ne pouvait franchir l'enceinte qui l'entourait que si on y avait été invité expressément par un songe. Trois jours avant la fête, les initiés s'y enfermaient, et, après les purifications d'usage, ils portaient en un lieu consacré les restes des victimes immolées dans la fête précédente. Là, ils les enterraient. Les jours suivants, on tenait une grande foire sous des baraques construites pour la circonstance. L'après-midi, on s'occupait des sacrifices; les gens

(1) VIII, 29.

(2) Serv., Ad En., IV, 609.

(3) HILARIA. Philocal. Comm. diurn., p. 406, col. 2.

(4) « Cœna Serapiaca, » Tertull., I, 474.

(5) C(ircenses) M(issus) XXIV, Philocal.. 1. c.

(6) C. 1. G., 2416 b. Les inscriptions mentionnent encore des Xapμóouva "Toidos, à Cius, en Bithynie (Foucart, Associations religieuses, p. 118, inscript. 66. ligne 12), et une procession accompagnée d'une quête, ayepuós, à Samos (Bulletin de correspondance hellénique, 1881, p. 484).

(7) X, xxxII, 13.

(8) Sur ce temple, v. Le Bas et Waddington, III partie, inscript., no• 822 à 826, et ici, pag. 37, n. 1.

riches offraient des bœufs et des cerfs (1), les autres des oies (2) et des pintades; mais les prêtres ne voulaient ni porcs, ni moutons, ni chèvres. On brûlait les victimes dans le sanctuaire, après les avoir enveloppées dans des bandelettes de lin ou de byssus, suivant la coutume égyptienne. On portait en procession tout ce qu'on avait sacrifié, et tandis que les uns jetaient les victimes dans le sanctuaire, les autres mettaient le feu aux baraques qui étaient devant et se retiraient en toute hâte.

En somme, comme on le voit par le récit de Pausanias aussi bien que par le témoignage des calendriers (3), le culte alexandrin avait, dans tout l'empire, deux grandes fêtes, qui coïncidaient avec les changements de saisons. Mais ce n'étaient sans doute pas les seules occasions où les isiaques se montraient à la multitude. A Rome, ils sortaient quelquefois en procession; car ils avaient élevé sur le chemin qu'ils devaient parcourir de petites chapelles où ils faisaient des stations (4). Il en était de même à Arles (5). C'était un prétexte de plus pour donner au peuple le spectacle toujours bienvenu d'une pompe religieuse.

§ 4.

Le culte alexandrin, libre et vénéré dans ses temples, respecté sur la voie publique, réussit à se glisser dans la famille. Ses dieux sont identifiés avec les Lares. Comme tels, ils prennent en Occident le titre d'Augustes, qui depuis le premier des empereurs désigne les divinités du foyer (6). A Pompéi (7), à Rome (8), leurs images se voient sous des niches, dans des édicules qui ont servi de laraires. Ils y recevaient les hommages qui s'adressaient d'ordinaire aux protecteurs de la vie domestique. Sur une peinture d'Herculanum, à côté d'une figure d'Harpocrate, on lit cette inscription: « « Le génie de ces lieux (9). » Le grand nombre

(1) V. Preller, Berichte der k. Sächs. Ges. d. W. z. Leipzig, 1854, p. 197, taf. IX et X.

(2) V. notre Catal., no 13.

(3) V. encore, C. I. Att., t. III, no 77, ligne 4.

(4) « Pausæ. ▾ C. 1. L., VI, 348, et Add., 3692. V. ici, chap. VIII.

(5) Orelli, 5835.

(6) V. les index du Corpus, l'Ephemeris epigraphica, vol. IV, no 486; la Revue épigraphique du midi de la France, 1880, no 167.

(7) V. notre Catalogue, no 216, 217, 220.

(8) Ibid., no 229.

(9) Ibid., no 224.

d'amulettes (1) qui nous sont parvenues est encore une preuve que les dieux alexandrins accompagnent partout ceux qui ont foi en leur puissance.

Bref, au second siècle, il n'est rien qui échappe à leur empire. Il est à peine nécessaire de faire remarquer combien leur culte, tel que nous venons de le dépeindre, ressemble peu à celui que les Romains rendaient à leurs divinités nationales. Nous avons tâché que les faits parlassent d'eux-mêmes, grâce à l'ordre dans lequel nous les avons classés et présentés. On peut caractériser le culte alexandrin d'un seul mot, en disant qu'il fait de l'adoration de la divinité la principale ou plutôt la seule occupation de l'homme. Quoiqu'il procède directement des mystères grecs, il exalte beaucoup plus encore le sentiment religieux; il multiplie les occasions où l'imagination, excitée par de pieux spectacles, se transporte d'un bond dans des régions inconnues; il établit entre ce bas monde et les sphères surnaturelles une communication continue, incessante. Il soumet ses adeptes à une telle discipline, que, pour eux, la grande affaire de chaque jour, dans la vie présente, est de se préparer à la vie future.

(1) Ibid., section VIII.

CHAPITRE VII.

LE SACERDOCE.

Montesquieu dit dans une admirable dissertation: « Il est vrai que la religion égyptienne fut toujours proscrite à Rome; c'est qu'elle était intolérante, qu'elle voulait dominer seule et s'établir sur les débris des autres, de manière que l'esprit de douceur et de paix qui régnait chez les Romains fut la véritable cause de la guerre qu'ils lui firent sans relâche..... Chez les Egyptiens, les prêtres faisaient un corps à part, qui était entretenu aux dépens du public de la naissaient plusieurs inconvénients (1). » Ce jugement résume l'impression que Montesquieu avait retirée de la lecture d'Hérodote et de Diodore; il traduit l'opinion que le philosophe s'était formée en compårant les institutions religieuses de l'Egypte, telles que ces historiens les dépeignent, avec celles de la république romaine. Mais la légitimité de cette méthode pourrait être contestée. Est-il certain que le culte des dieux d'Alexandrie, fondé par des princes macédoniens, répandu par des marchands et des marins de race hellénique, eut emprunté à l'Egypte cette puissante hiérarchie sacerdotale qui avait eu dans le royaume des Pharaons une influence si redoutable? Les Grecs, qui n'avaient jamais souffert chez eux qu'un corps de prêtres pút vivre à part, au milieu de l'Etat, se seraient-ils faits les apôtres d'un système contraire, et auraient-ils institué en Italie et dans le monde entier un clergé indépendant? Cette question ne peut être résolue qu'à l'aide des inscriptions et des documents qui montrent ce que fut, depuis l'avènement des Ptolémées, le sacerdoce égyptien hors de l'Egypte (2).

(1) Sur la politique des Romains dans la religion.

(2) Sur le sacerdoce alexandrin en Egypte, v. l'Introduction de Franz au recueil des inscriptions grecques de l'Egypte, dans le C. I. G., t. III, pag. 305.

§ 1.

Parmi le nombreux personnel des temples alexandrins, la première catégorie se compose de tous ceux auxquels s'applique le nom générique de prêtres (1). Ils ont un chef, d'ordinaire un homme âgé, qui porte quelquefois ce même titre, sans autre désignation spéciale, et qui d'autres fois s'appelle le grand prêtre (2). Aussi n'est-il pas toujours facile de distinguer dans les inscriptions s'il s'agit du membre le plus élevé du sacerdoce, ou seulement d'un de ses subordonnés. Il est probable néanmoins que lorsqu'un seul prêtre est mentionné comme ayant présidé à la dédicace d'un monument, c'est du plus haut dignitaire du temple qu'il est question. Dans Apulée, ce personnage est un homme déjà vieux (3), recommandable entre tous (4) par sa gravité (5), célèbre même par l'austérité de ses mœurs (6). C'est lui qui appelle et qui guide les initiés dans la voie du salut; il se fait leur directeur de conscience; excitant et modérant tour à tour avec une pieuse adresse leurs aspirations mystiques, il apporte dans ce rôle délicat la douceur et la bonté d'un père. C'est lui qui répand sur leur tête l'eau sacrée, le jour où il les admet au nombre des isiaques. La bienveillance qu'il témoigne aux néophytes se mêle à une petite pointe de vanité sacerdotale qui perce à l'occasion, par exemple lorsqu'il parle des prêtres soumis à son autorité : il les appelle ses prêtres (7). Il semble craindre que Lucius, découragé par les délais qu'on lui oppose, ne s'adresse à un autre des ministres du temple; il ne serait pas loin de voir là une atteinte portée à ses droits. Ce caractère de vieux pontife à la fois bénin et despotique, n'est pas ce qu'il y a de moins curieux dans le onzième livre (8).

(1)« lepeis. » Sacerdotes.

(2) « άрxieрεúç. » Rome, C. I. G., 6006. « Sacerdos maximus. » Apul., XI, p. 788. « Summus sacerdos. » Ibid., p. 785, 794. « Primarius sacerdos. » Ibid., p. 797. « Sacerdos præcipuus. » Ibid., p. 800. Ce même personnage est appelé ailleurs sacerdos tout court, p. 802, 803, 808.

(3) P. 801.

(4) « Egregius. » P. 784.

(5) « Vir gravis. >> P. 797.

(6) « Sobriæ religionis observatione famosus. » P. 798.

(7) « Suus numerus. » P. 798.

(8) Sur le grand prêtre, cf. Letronne, Inscriptions grecques de l'Egypte, t. I; Inscr. de Rosette, p. 266, note 17.

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