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coon (1). Nous voyons encore moins que M. C.-L. Visconti quelle difficulté il peut y avoir à ce qu'Athénodore eut fait une statue d'Isis. Il est également possible que celle de Rome fût l'original lui-même, comme le Supplice de Dircé (2), de la même école, ou qu'elle fût une copie.

Mais, par Isis Athénodoria, faut-il entendre un temple, ou seulement une statue exposée en plein air? Les régionnaires, en effet, au lieu de dire Isium, comme plus haut, disent cette fois Isis. Les images de divinités dressées au coin des carrefours ou le long des voies publiques n'étaient pas rares dans Rome; on cite la Fortuna Mammosa, l'Hercules cubans et d'autres encore. Une inscription (3), que l'on prétendait avoir été trouvée entre l'église de Saint-Sixte et les Thermes de Caracalla, a longtemps servi d'indice à ceux qui cherchaient la position d'un Isium dans la douzième région (4). Cette inscription est fausse (5).

M. C.-L. Visconti croit reconnaître dans un fragment de pied colossal, déterré près de l'église de Saint-Césaire, un reste de l'Isis Athénodoria. Il exprime d'ailleurs son opinion avec réserve, et nous n'avons garde de nous montrer plus affirmatif que lui. Dans les sujets représentés sur le bord de la sandale dont ce pied est chaussé, il n'y a rien qui ait trait spécialement au culte d'Isis.

Nous rappellerons que « dans le jardin contigu à l'église des SS. Prisca et Priscilla,» sur la pente de l'Aventin qui regarde l'E., fut trouvée, en 1709, la table isiaque à laquelle le nom de Ficoroni est resté attaché (6). Cet endroit n'est pas éloigné sans doute de celui d'où provient le planisphère égypto-grec de Bianchini (7). Peut-être pourrait-on étendre jusque-là le tracé de la XIIe région, qui n'est pas bien déterminé de ce côté, et placer dans le voisinage de Santa Prisca l'Isis Athénodoria; à moins que l'on ne voie un indice plus important dans la mosaïque polychrome du musée Kircher, qui représente une chasse à l'hippopotame sur les bords du Nil. Elle a été exhumée dans la vigna Mac

(1) V. Overbeck, Antike Schriftquellen für Gesch. der K., no 2031, 2037, et Gesch. d. griech. plastik, t. II, p. 204 et suiv.

(2) Le Taureau Farnèse, trouvé aux Thermes de Caracalla.

(3) Gruter, LXXXIII, 15.

(4) Entre autres à M. Visconti, l. c.

(5) Orelli, 2494, et la note d'Henzen, p. 219, C. I. L., VI, fals., p. 9*, 7, et p. 11, 18.

(6) Ficoroni, Vestigie e rarità di Roma antica, p. 80. V. notre Catalogue, n° 231.

(7) Fröhner, Sculpture antique du Louvre, p. 15. V. notre Catalogue, no 232.

carani, au pied du premier olivier que l'on rencontre en montant la colline, le long du mur de Servius, contre l'église de Santa Saba (1). >>

Les temples que nous venons de décrire n'étaient sûrement pas les seuls que l'on eût élevés dans Rome aux divinités alexandrines. Nous avons du passer sous silence des monuments importants, soit parce qu'aucun texte écrit ne signale un édifice sacré à l'endroit où ils ont été trouvés, soit parce qu'on en ignore la pro-* venance exacte. Tels sont, entre autres :

Un autel isiaque rond, en basalte, qui faisait autrefois partie. de la collection de la villa Médicis et qui a été transporté au musée des Uffizi, à Florence (2);

Un buste colossal d'Isis, en marbre, auquel le vulgaire a donné le nom de Madama Lucrezia, et qui, depuis 1465 environ, est dressé près du palais de Saint-Marc, à Rome (3).

Des morceaux qui ont de telles proportions n'ont pu trouver place que dans de grands sanctuaires. Mais proviennent-ils de ceux que nous avons énumérés? Le lieu où ils ont été vus par le premier auteur qui les ait mentionnés est-il bien celui qu'ils occupaient dans l'antiquité? Autant de questions insolubles.

Les divinités alexandrines avaient une foule de chapelles dont les régionnaires ne parlent pas, parce que l'importance en était secondaire. De ce nombre étaient les mansiones. On donnait ce nom, dans l'ancienne religion romaine, à des espèces de reposoirs permanents où les Saliens faisaient des stations lorsqu'ils parcouraient, les jours de procession, les divers quartiers de la ville (4). Les Isiaques voulurent en avoir aussi; on en connaît un, qu'un collège avait élevé à Isis et à Osiris pour obtenir d'eux la conservation de la maison impériale (5). Ceci s'accorde fort bien avec les textes et montre que le culte alexandrin, à partir d'une certaine époque, jouit de tous les privilèges de la religion nationale, et qu'il donna ses cérémonies en spectacle au peuple jusque dans la rue.

(1) Bullet. inst. arch. R. 1858, p. 51; 1870, p. 80. De Ruggiero, Catal. d. mus. Kircher, p. 265.

(2) Dessin dans Kircher, Edip., t. I, p. 225-226. V. notre Catalogue, no 117. (3) V. notre Catalogue, no 36.

(4) Orelli, 2244, Bull. inst. corr. arch., 1842, p. 134.

(5) C. I. L., VI, 348, et add., 3692.

§ 2.

LES INSCRIPTIONS.

Les temples alexandrins dont il est question dans les inscriptions ressemblent, autant qu'on peut en juger par quelques détails, à celui de Pompéi. Celui d'Asculum Picenum (Ascoli) était entouré d'un péribole construit des deniers d'une affranchie, Valéria Cithéris; cette enceinte est appelée circuitus (1); c'est le mot latin qu'il convient d'employer pour désigner ce que l'usage grec nommait péribole. Sur les bords du lac Benacus (lac de Garde, à Malcésine), un particulier fait élever un pronaos (pronaum) devant un sanctuaire (fanum) où Isis et la Mère des dieux recevaient un cuite commun (2). Nous nous sommes servi des inscriptions de Porto, où il s'agissait d'un megarum et d'une schola, pour nous éclairer sur la destination véritable de certaines parties de l'Isium de Pompéi. Mais l'épigraphie nous apprend encore quelque chose de plus que l'archéologie.

Il y avait à Bénévent un collège d'anciens soldats, les Martenses, qui rendaient un culte à un dieu nommé Verzobius (3), rapporté par eux de Dacie (4), où ils avaient dû servir, peut-être sous Trajan. Un patron de la colonie éleva pour une de leurs compagnies un Canope (5). Qu'est-ce que désigne ce mot? Les commentateurs citent, comme de juste, le Canope qui formait un des lieux de délices de la villa d'Hadrien à Tibur. Mais on ne voit pas trop ce qu'un collège de vétérans avait à faire d'un grand bassin ou canal, bordé de guinguettes, où l'on sacrifiait beaucoup moins à Mars qu'à Vénus. Il s'agit plutôt ici d'un édifice destiné à des réunions; le bienfaiteur du collège l'a élevé à ses frais a solo. Une autre explication paraît nécessaire. Canope n'était pas seulement en Egypte une ville de plaisirs, c'était aussi une ville sainte; la religion était le motif, ou, si l'on veut, le prétexte des divertissements que l'on y prenait. On y priait Sérapis dans un sanctuaire qui était fréquenté presque à l'égal de celui d'Alexandrie; même hors

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(2) C. I. L., V, 4007. V. un embellissement semblable fait à Lambessa (Algérie), dans un temple d'Isis et de Sérapis, par un légat de l'empereur, sa femme et sa fille. Renier, Inscrip. alg., 23.

(3) I. R. N., 1479, 1525 à 1531.

(4) Cf. Verzovia, Verzo, Verzonis, Bersovia, Berzobis, dans C. I. L., III, 1217, 1269, 1271, ibid., C. VI, 1. 4; XVIII, 1. 2 et 4, ibid., p. 247.

(5) 1. R. N., 1529.

de l'Egypte, on adora sous un vocable spécial le dieu de Canope. Il était connu et invoqué à Rome (1). On alla jusqu'à lui dresser des autels qui lui étaient propres; sur l'Acrocorinthe, il y avait, au second siècle, deux temples de Sérapis, dont l'un était affecté spécialement au culte de Sérapis de Canope (2). Il est donc bien possible que dans un cas semblable, pour éviter une confusion, on ait dit tout simplement, par synérèse, le Canope. N'aurions-nous pas ici une chapelle de ce genre, qui aurait servi en même temps aux réunions et au culte d'un collège? Il est vrai que les Martenses ne font pas profession d'adorer une divinité alexandrine; mais nous avons bien vu qu'à Porto on s'assemble dans la même schola pour sacrifier à Isis et à la Mère des dieux. Jusqu'ici, on n'a pas trouvé trace à Bénévent du culte égypto-grec (3). Il serait bien étrange cependant qu'après s'être répandu dans toute la Campanie et à clanum (4), il ne fût pas entré dans une ville où passait la Via Appia. Enfin, on peut admettre tout au moins qu'un Canope, sans lui être nécessairement dédié, était toujours construit sur un certain modèle apporté en Italie par les Alexandrins.

Isis et Sérapis en province n'ont pas eu seulement des sanctuaires sur la voie publique. Il est arrivé quelquefois, au temps de leur plus grande faveur, qu'ils ont envahi même le siège des séances du conseil municipal; dans une petite ville des Æquiculi (à Nesce, Cicolano) (5), sous Marc Aurèle (6), un esclave public, associant dans une œuvre pieuse sa femme et son fils, fait placer à ses frais, dans la schola des décurions, des images d'Isis et de Sérapis avec tous les ornements et une édicule. Les magistrats lui en donnent la permisssion. Il est même à présumer qu'à cette époque de pareilles œuvres étaient vues d'un bon œil et encouragées. L'esclave fait sa cour à l'autorité.

$ 3.

APULÉE.

Le temple de Kenchrées (7), où le Lucius d'Apulée est initié aux

(1) C. 1. G., 5996. V. Creuzer-Guignault, Symbolique : Canobus.

(2) Pausan., II, 4, 7.

(3) Une femme seulement porte le nom d'Isidora. 1. R. N., 1584, 1585. (4) 1. R. N., 1090.

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mystères isiaques, se distingue par quelques détails curieux. Le baptême était la première cérémonie de l'initiation. Lorsque Lucius le reçut, il fut conduit par les prêtres à des bains voisins, « ad proximas balneas, » et là il se plongea dans le bassin affecté à cet usage, sueto lavacro. » Il y avait donc une vasque dans l'enceinte sacrée ; car on ne peut croire que les bains dont parle l'auteur fussent publics, puisqu'il dit qu'ils servaient spécialement au baptême. Il est vrai qu'après la cérémonie, Lucius est reconduit au temple (1), ce qui donne à entendre qu'une certaine distance l'en séparait; mais elle pouvait être très faible. Apulée, dans son onzième livre, emploie une sorte de langue liturgique qui ne ménage pas les mots lorsqu'il faut décrire les marches et contre-marches du rituel ; cette fidélité à énumérer tous les détails fait que chacun d'eux prend une importance exagérée, et que l'expression dépasse quelquefois la pensée. En outre, l'édifice au milieu duquel est placée la scène d'initiation a d'autres proportions que le petit Jsium de Pompéi; c'est une vaste construction (2) où l'on peut aller et venir sans sortir de l'enceinte.

Du même passage il ressort qu'il n'y avait pas en latin de terme spécial s'appliquant à cette partie du temple, puisque Apulée emploie le terme général lavacrum, en le précisant par l'adjectif suetum. Les Romains n'ayant pas la chose n'avaient pas le mot. Sous l'empire même, lorsqu'ils se soumirent aux prescriptions des cultes mystérieux de la Grèce et d'Alexandrie, il ne paraît pas qu'ils aient désigné par un terme particulier ces lieux de purification, où le néophyte recevait de la main du prêtre un caractère sacré. A une religion nouvelle il fallait une langue nouvelle; mais celle-ci n'eut pas le temps de naître ; on peut voir dans le onzième livre des Métamorphoses quel effort on fit pour la créer et comment il avorta. Ainsi elle n'a pas de mot pour désigner l'endroit où l'on baptise. Le christianisme adoptera celui de baptisterium, qui dès le temps de Pline le Jeune (3) était déjà reçu dans un sens profane.

Les Romains, dans leurs temples, n'avaient pas de chaires, par la raison que leur religion ne comportait pas d'enseignement. Alors même que les prêtres avaient à faire une communication, soit au public, soit à leurs confrères, ils se tenaient sous le pro

(1) Ad templum reductum. (2) Edes amplissima, p. 801. (3) Lett., II, 17, 11. baptisterium.

V. 6, 25. V. Rich, Dictionnaire des antiquités :

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