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naos; c'est là que le maître des Arvales donne lecture de son rapport aux frères sur les prières qu'ils doivent décréter pour la santé de l'Empereur; c'est là que le collège les vote. Le pronaos du temple de Jupiter Optimus Maximus au Capitole, ou celui du temple de la Concorde, servent à la fois de chaire et de salle de délibération (1). Dans les mystères grecs, il n'y avait pas d'enseignement à proprement parler, si l'on entend par là celui qui se transmet oralement (2). On ne saurait affirmer qu'il y eût à Eleusis un uz, d'où la voix du prêtre expliquait aux fidèles réunis les dogmes de la religion, comme il y en avait un sur la place publique, où l'orateur discutait devant le peuple les principes de la politique. Voici cependant qu'apparaît dans le temple alexandrin un suggestus! Ce fait capital révèle à lui seul qu'une révolution s'accomplit. Ce n'est pas ici le lieu d'en étudier les causes, la nature et les effets; le mot suggestus nous en apprend assez par lui-même. Il désigne la tribune d'où l'on domine la multitude; c'est de là que l'orateur harangue le peuple, et le général ses soldats; c'est de là que les empereurs assistent au jeux publics (3). Il y a maintenant un suggestus dans le temple où nous introduit Apulée, et il est si vrai que le mot prend un sens tout à fait inusité que l'auteur l'emploie presque par comparaison et en l'expliquant par une périphrase: « Cœtu.... « Cœtu.... velut in concionem » vocato, indidem de sublimi suggestu.... vota præfatus. » C'est toujours, lorsqu'il s'agit d'exprimer une innovation introduite. dans le culte de la race latine, ce même embarras que nous avons déjà constaté; la langue n'a pas encore de terme spécial pour rendre une idée à peine éclose. La pensée cependant n'a rien d'obscur. Lorsque les traducteurs disent: « Ensuite le prêtre monta dans une chaire élevée (4) », ils ajoutent peut-être un peu au texte; le suggestus n'a dù être dans le temple, à l'origine, que ce qu'il était au milieu du Forum, une plateforme sur laquelle on se tenait debout, à moins qu'on n'y plaçât pour l'orateur un siège mobile (5). Mais ce qu'Apulée signale en passant c'est bien,

(1) V. Henzen, Acta fratr. Arval., p. 91 et 151. Il est probable que lorsque les actes portent « in æde Concordiæ,» il faut entendre « in pronao ædis Conc.» qui s'y trouve en d'autres endroits. La première expression est moins explicite que la seconde, mais a le même sens.

(2) Maury, Relig. de la Grèce antique, t. II, p. 339-40.

(3) V. de Vit, Lexicon Suggestus.

(4) Trad. Bétolaud, t. I, p. 385.

(5) Rich, Dict. d. antiq. : suggestus. Cf. Garrucci, Vetri in oro, tav. XVIII, 4, le Christ au milieu de ses disciples.

en effet, ce qui sera plus tard la chaire, ou, pour mieux dire, l'ambon, et la preuve en est que les chrétiens ont d'abord appelé suggestus la tribune disposée entre le sanctuaire et la nef pour la lecture de l'évangile, de l'épître et, en général, des livres saints, pour la promulgation des mandements épiscopaux et, enfin, pour la prédication (1).

En quel endroit du temple alexandrin s'élevait le suggestus? On n'en trouve pas trace à Pompéi. En l'an 79, l'autorité romaine était encore trop défiante pour laisser une tribune s'établir entre quatre murs. Nous en sommes donc réduits aux conjectures. D'après le passage d'Apulée, il semble bien que le prêtre s'adresse aux fidèles dans l'area même; car c'est un véritable office que décrit notre auteur. Les ministres d'Isis ont disposé les images sacrées dans la cella « intra cubiculum deæ »; le scribe, debout sur le seuil de la porte, pro foribus assistens, a convoqué les pastophores. C'est alors que les prières commencent. Si l'on a placé en ordre les statues des dieux dans le sanctuaire, c'est évidemment parce qu'on va les offrir à la vue de l'assemblée; c'est donc que les différents actes qui sont énumérés ensuite se passent tous devant elles. La cérémonie se compose d'un ensemble de pratiques bien net; elle débute par l'exposition des images et par l'ouverture des portes, elle se termine lorsque le prêtre a congédié les assistants et lorsqu'ils ont tous défilé devant Isis en lui baisant les pieds. C'est elle que l'on salue en entrant et en sortant; il est bien probable que c'est devant elle que l'on récite les prières pour l'empereur. Lorsque les fidèles changent de place, Apulée ne manque pas de le dire; après s'être prosternés, ils s'en retournent chacun chez soi « ad suos discedunt lares. » Si le suggestus se trouvait dans une pièce voisine de l'area nous serions sûrement avertis que l'assemblée s'y est transportée. Nous pouvons conclure de là que la tribune affectée aux harangues religieuses était bien dans l'area, et comme elle ne pouvait faire face au sanctuaire, puisque les auditeurs auraient dù tourner le dos à la déesse, il s'ensuit qu'elle était sur l'un des côtés.

On sait que les temples alexandrins en Egypte comprenaient, outre le sanctuaire, les portiques et les salles consacrées au culte, des logements pour les prêtres, des cellules pour les reclus et des chambres, où pouvaient être hébergés, moyennant salaire, les fidèles qui venaient du dehors demander aux dieux un ordre ou

(1) Martigny, Dict. des antiq. chrét.: Ambon, chaire, prédication, IV, 2, et suggestus.

un conseil, chercher près d'eux une guérison ou se préparer par la retraite aux épreuves de l'initiation. Les Grecs, au temps de leur grandeur, avaient construit autour de leurs temples les plus fréquentés des bâtiments dont l'étendue n'était pas moindre. Aussi, lorsque plus tard les Ptolémées envoyèrent Isis et Sérapis à la métropole, on n'eut pas, pour bâtir à ces nouveaux dieux des demeures appropriées aux besoins de leur culte, à faire violence aux traditions de l'architecture nationale. On emprunta seulement aux Alexandrins le nom du pastophorion pour désigner ces vastes annexes qui entouraient les édifices religieux de grande importance. Un habitant de Délos se vante dans une inscription d'avoir fait crépir à ses frais le pastophorion (1). Il y avait un pastophorion à Kenchrées; c'est ce qui ressort clairement du récit d'Apulée « Je louai une demeure, dit Lucius, dans l'enceinte du temple et j'y établis temporairement mes pénates; là je vivais sous le même toit que les prêtres et je pratiquais le culte de la grande déesse sans jamais me séparer d'elle (2). » Apulée ne donne pas à l'édifice son vrai nom. En effet, il est douteux que le mot pastophorion ait jamais été latinisé. Ruffin, au quatrième siècle, ne l'emploie qu'en l'expliquant et on ne le rencontre pas une fois dans les inscriptions latines. Ce n'est pas à dire cependant que l'Occident n'ait pas connu la chose.

(1) C. I. G., 2297.

(2) Métam., II, p. 792, trad. Bétolaud.

CHAPITRE III.

LES MONUMENTS FIGURÉS.

Nous devons exposer brièvement les principes suivant lesquels nous avons rédigé le Catalogue qui termine ce livre.

Il y a d'abord plusieurs catégories importantes de monuments que nous n'avons pas à examiner. Ainsi les représentations figurées du culte alexandrin ne se rencontrent jamais sur les miroirs étrusques; ce fait n'a rien qui doive surprendre, puisque ces monuments sont en très grande majorité antérieurs à l'époque où Isis et Sérapis furent reçus en Italie. Sur ceux mêmes que l'on croit de fabrication plus récente et qui paraissent dater des deux derniers siècles de la république romaine (1), on ne trouve que des scènes d'un goût purement hellénique, qui n'empruntent rien aux mythologies des peuples étrangers.

Il faut en dire autant des vases peints. L'année où fut rendu le sénatus-consulte des Bacchanales (186 av. J.-C.) est à peu près, suivant l'opinion généralement adoptée, celle où on a cessé d'en fabriquer et d'en déposer dans les tombeaux (2). Nous avons vu que ce grave événement marque aussi d'une façon approximative le moment où le culte égypto-grec fait son apparition dans l'Italie méridionale. Isis et Sérapis arrivent quand l'usage des vases peints est déjà passé. Il y en a un cependant sur lequel on a cru reconnaître la trace de l'influence qu'exerça la religion alexandrine c'est celui qui représente sous des traits grotesques

:

(1) Sur la chronologie des miroirs étrusques, v. Ed. Gerhard, Gesammelte akademische Abhandlungen und kleine Schriften. Berlin, Reimer, 1866, t. I, p. 140, 141; t. II, p. 258, 261.

(2) F. Lenormant, article Bacchanalia, dans le Dictionnaire des antiquités de Saglio.

Zeus s'apprêtant à escalader la fenêtre d'Alcmène avec l'aide d'Hermès (1). Le maître des dieux porte sur sa tête un objet semblable à un calathos; cet attribut étant le signe distinctif de Sérapis, Winckelmann, Millin et Guigniaut donnent au personnage le nom de la grande divinité alexandrine. Le style de la peinture, l'idée même qui a inspiré l'artiste, tout fait reconnaître dans ce vase un ouvrage de la dernière période; on serait donc autorisé à admettre qu'il date de l'époque où le Zeus des Alexandrins commençait à être connu en Italie. En ce cas, ce serait un échantillon unique. Mais il est plus que probable que l'interprétation de Winckelmann est erronée. Si Zeus et Sérapis ont été identifiés, il ne s'ensuit pas que les aventures mythologiques de l'un aient été attribuées à l'autre; car la religion alexandrine a fondu ensemble des doctrines philosophiques plutôt que des légendes fabuleuses. Nous n'avons trouvé nulle part, dans les monuments que nous avons classés, Sérapis enlevant Europe ou Koré, bien qu'à partir du second siècle avant Jésus-Christ, on ne le distingue plus de Zeus ou d'Hadès. Il serait tout à fait singulier qu'il entrât en rapport avec Alcmène. Ces raisons corroborent une observation très juste de Wieseler; il est d'avis qu'on s'est trompé en prenant pour un calathos l'objet dont Zeus est coiffé; il pense que c'est plutôt une sorte de bonnet (pileus), comme ceux que portent certains personnages de comédie (2). Les reproductions que l'on a données de cette scène bouffonne ne représentent donc pas fidèlement l'original. On peut considérer comme un fait acquis que les sujets empruntés au culte et à la mythologie des Alexandrins ne se rencontrent pas sur les vases peints.

Il est plus surprenant qu'ils ne figurent pas sur les sarcophages. C'est vers le second siècle de notre ère que l'on commence à exécuter ces sortes de monuments, c'est-à-dire précisément lorsque Isis et Sérapis jouissaient de la plus grande faveur dans la mai-son des Césars et dans l'empire tout entier; étant donné en outre le caractère mystérieux de leur culte, et le zèle avec lequel il entretint la croyance à l'immortalité de l'âme, il semble qu'il aurait dù fournir aux sculpteurs de tombeaux des motifs de décoration

(1) Vatican. Musée Grégorien. D'Hancarville, Antiq. étr., IV, 105. CreuzerGuigniaut, pl. CLXXIV, no 652. Millin, Galerie mythologique, pl. CVIII bis, no 428*. Winckelmann, Mon. inéd., no 190. Müller, Denkm. d. A. K., II, 3, 49. Pistolesi, Vaticano descritto, vol. III, t. LXIX. Fr. Wieseler, Denkmäler des Bühnenwesens, taf. IX, 11.

(2) L. c., p. 59, col. 1. Cf. taf. XII, n° 10, et p. 92, col. 2.

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