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d'une petite plage, la route, portée sur un soubassement en fort belle maçonnerie, munie d'un parapet réticulé et pavée en une belle lave grise, se borda rapidement de tombeaux. Comme la route moderne est plus haute et plus adossée contre le mont, on voit tous les détails de l'ancienne. De beaux égoûts la traversaient en dessous, emportant les eaux de la montagne. Sur les dernières pentes de celle-ci, dès que l'espace devient un peu plus large, des habitations se retrouvent; on voit des ruines jusqu'aux Lautulæ. La route entre dans ce défilé au pied de la Piazza dei Paladini, juste au-dessous, en bas de la pente. Elle continue ensuite, parallèle à l'émissaire du Canneto, qui sort du lac de Fondi, environné, bien entendu, de ruines. Au Canneto, par exemple, existait un magasin de poteries on y a trouvé récemment plusieurs centaines d'amphores neuves, classées par catégories dans le sable même de la dune; un bâtiment existait tout auprès et aussi quelques sépultures. Mais la plus importante de ces ruines est au Casino Sanguigni ce sont les restes d'une grande maison avec de fort belles citernes. D'autres encore concourent à montrer que les excellentes terres situées entre la vieille route et la neuve, au pied des monts, étaient, sous l'Empire, habitées et mises sérieusement en valeur. Un temple, à gauche de l'Appia, a laissé son plan sur le terrain; des constructions assez nombreuses flanquent à droite la route d'en haut.

C'est aux environs de la Torre del Pesce que les deux routes se réunissent. A 75 mètres du point précis de jonction, on avait construit un siège circulaire, dont la moitié est encore presque intacte, et qui l'était tout il y a trente ans. Tout entier en belles pierres de taille, il présentait, à droite et à gauche de la route, deux parties en arc de cercle de 20 mètres de corde environ. Un gradin et au-dessus un banc étaient ménagés dans chacune; la hauteur du mur atteignait 4 mètres. C'était un ouvrage fort beau. Ainsi ceux qui, venant de Fondi, voulaient passer par la route supérieure, avaient là un lieu de repos avant d'attaquer la longue rampe; celle-ci finie, ils en trouvaient un autre à la Piazza dei Paladini. Ceux qui suivaient la route d'en bas passaient au Canneto di Campagna, et, côtoyant le golfe d'Amycle, faisaient le tour du S. Angelo. Dans les parties rocheuses où la route avait dû se tailler un passage, sa corniche était creusée dans le roc de manière qu'un parapet naturel la défendît des coups de mer. Une maçonnerie très massive suppléait aux irrégularités, aux interruptions de ce rempart.

Ainsi, à l'époque impériale, on put, sans grimper à Anxur,

sans gravir le S. Angelo, aller à Fundi par l'Appia, et ne pas rencontrer de fortes rampes. La voie nouvelle, partie du carrefour des Thermes, qui devint alors une belle place pavée en dalles comme celles de la route, contourna la colline d'Anxur, passant au pied. On l'y retrouve sous l'église d'en bas, sous le palais Lepri, sous le bâtiment Pellegrini. Elle gagnait ainsi le Pesco Montano. La tranchée de ce rocher bizarre est une belle œuvre, bien exécutée. Outre la grandeur du travail, on admire sa perfection. Les Romains n'ayant pas de mines, tout a été enlevé au pic. La roche est dure, et tous les coups s'y voient comme s'ils dataient d'hier. Mais la paroi est lisse et unie, toute proportion gardée, comme une pierre de taille parée à la boucharde.

Ce travail du Pesco Montano a fait l'admiration de tous les siècles. Peruzzi, Sangallo l'ont dessiné. Accurse (1) et Mongez (2) ont étudié, au point de vue des mesures romaines, les cotes, d'ailleurs peu exactes, qui sont gravées sur la paroi. Pour nous, il est surtout précieux en ce qu'il date tout l'ouvrage. Les chiffres des cotes, gravés dans de grands cartouches de dix en dix pieds, sont en caractères magnifiques, du premier siècle de l'Empire sûrement. Contemporaines du travail dont elles conservent les mesures, ces cotes ne permettent pas d'admettre, comme l'ont voulu certains auteurs, que la voie nouvelle date de la censure de Caton l'Ancien et de L. Valerius Flaccus,184 avant J.-C. « Valerius Flaccus, dit Tite-Live (3), fit un mole ad Neptunias aquas pour ouvrir un passage au public, et une route per Formianum montem. » On a voulu voir dans le premier travail la route même qui nous occupe, et dans le second le passage par où l'Appia, au sortir de Fondi, gravit le Monte S. Andrea. C'est ailleurs que je discuterai l'identification de ces ouvrages. Il suffit ici de noter que l'Appia a dû, de tout temps, passer par le S. Andrea, parce qu'il n'y a pas d'autre place, et que, la tranchée du Pesco Montano étant de deux siècles postérieure, il faut chercher ailleurs les Neptuniæ aquæ de Tite-Live. L'erreur est venue de ce qu'une source, située en effet dans ces parages, s'appelait Neptunius fons. Elle n'est pas plus les Aquæ Neptuniæ que le Monte S. Andrea, situé entre Fondi et Itri, n'a jamais été le mont de Formies. Suivant toute apparence, la route de Flaccus était une

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(2) Acad. des inscr. et belles-lettres, 1813, Analyse d'un mémoire de Mongez par Ginguené, p. 336.

(3) Liv., XXXIX, 41, 44.

route littorale, et ce sont peut-être ses restes que l'on trouve dans le Salto di Fondi (1).

Le nouveau tracé de l'Appia, si favorable à Terracine, est l'œuvre des premiers empereurs. Quand on visite, à Sperlonga (12 milles à l'Est le long de la plage), les Speluncæ dont une des grottes et le parc entier se reconnaissent, on songe naturellement à Tibère, à qui ses voyages de villégiature devaient faire maudire la vieille route et le passage du S. Angelo. Terracine a de lui des souvenirs (2). Avec la voie nouvelle disparut l'un des inconvénients de l'Appia; c'était encore bien assez des marais Pontins, qu'on franchissait le plus souvent par le canal, non par la chaussée (3).

Nerva commença, Trajan finit sa restauration dans ce parcours (4). Le travail eut pour point de départ l'entrée même dans le bassin Pontin (5). Depuis longtemps, de proche en proche, la voie avait été pavée. Seul le trajet des marins Pontins n'avait que l'antique glarea, les ingénieurs ayant sans doute eu peur de rendre la chaussée trop pesante. Mais on n'eut plus la même crainte, et à partir de Treponti la glarea fit place au silex, c'est-àdire à la lave noire prise aux cratères des monts Albains (6). Au Forum d'Appius commençait ce qu'on appelait le Decennovium, les dix-neuf milles flanqués par le canal. Tout fut refait dans cette section. La route, dominant le marais sur un soubassement massif, laissant passer les fleuves par des ponts de proportions majestueuses, comme le Tripontium, le Ponte Maggiore et le beau pont sur le Nymphæus, reçut un fort dallage en lave et des trottoirs en calcaire blanc. On la voit telle pendant trois milles, de Féronie au carrefour des Thermes. Dans la Palude, elle a fait place à la route nouvelle de Pie VI. Mais presque tous ses milliaires existent et mentionnent les deux empereurs (7). Les travaux d'art, les ponts, portent leurs signatures (8); on voit que Trajan fit tout à ses frais (9). Enfin un dernier souvenir est le

(1) Diego et Pasquale Monetti, Viaggio nell' Ausonia sulle tracce della via Flacca, Gaëte, 1859.

(2) Suet., Tib., 39; Tac., Ann., IV, 59.

(3) Strab., V, 3, § 6.

(4) C. I. L., X, 6826.

(5) C. 1. L., X, 6819, 6820.

(6) C. 1. L., X, 6824.

(7) C. I. L., X, 6825 à 6835.

(8) C. I. L., X, 6846.

(9) C. I. L., X, 6839, 6846, 6835.

tombeau d'un affranchi de Nerva, qui s'était établi à Terracine sans doute à l'occasion des travaux, et y fit faire, de son vivant, un sépulcre pour lui et les siens (1).

La grande voie ainsi rétablie rendit la vie à Terracine. Alors, comme Porphyrion le raconte (2), la ville descendit de son rocher et s'étendit dans les Arene. Un grand quartier se développa dans cette partie plane et commode. Aujourd'hui peu de constructions s'aperçoivent au-dessus du sol; pour élever le Borgo della Marina on a à peu près fait table rase; mais dès qu'on creuse, on trouve leurs débris. Le canal dit de Navigation, qui suit la route faite par Pie VI, a coupé les maisons et les rues de ce quartier antique. Les débris s'en voient le long des berges, lavés par l'eau, et dégagés aussi bien que par une fouille. Presque tout est de l'âge des Antonins. Le plan général se reconnaît en prolongeant les alignements qu'on distingue. Le quartier, traversé par l'Appia et par une grande rue partant d'elle, en présentait d'autres parallèles à la plage. Une place sans doute avoisinait celle-ci, bien en arrière de la présente, et un mur en marquait la limite, passant au milieu de la place d'aujourd'hui.

Des monuments ou privés ou publics s'élevaient dans cette ville nouvelle; c'était le quartier à la mode, celui des belles et luxueuses maisons. Au pied même du S. Angelo, entre le Pesco Montano et la Cava della Catena, se voient des ruines considérables. De grandes bâtisses à plusieurs étages, d'énormes piscines limaires, une vaste cour entourée d'édifices, des jardins, des bâtiments en terrasse s'y reconnaissent au jardin Giansanti. Un aqueduc descend de la montagne avec la pente d'une cascade, portant les eaux on ne sait d'où; cette puissance de chute devait servir à un jet d'eau monumental. Ce coin de terre si tourmenté, en plein midi au pied des rochers blancs, en face de la mer bleue, est une retraite d'une rare beauté. Les alignements du reste du quartier dépassaient le canal actuel et s'allongeaient dans les Arene, pleines d'habitations détachées et de constructions de tout genre. Des bains assez considérables, dont le tepidarium est intact, s'élevaient dans cette région et y couvrent un long espace. Ils recevaient l'eau par une belle conduite, que le canal coupe aujourd'hui. Des temples, un théâtre, un lupanar existaient dans le voisinage; et le quartier se prolongeait encore jusqu'aux environs des Thermes anciennes. La population s'était e là; une ville

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(1) C. I. L., X, 6356; Mél. Ec. fr., t. I, p. 41.

(2) Ad Hor. Sat., I, 5, v. 25,

nouvelle s'y créa dans les deux premiers siècles de l'Empire. Les Césars lui avaient donné une route, les Antonins lui rendirent un port.

Il semblait, en effet, naturel que Terracine, remise en communication rapide et facile avec Rome, redevînt, comme au temps jadis, un des ports de la capitale. Le rétablissement de son bassin était une conséquence naturelle du remaniement de sa route; et pourtant ce fut le dernier des grands travaux que l'on exécuta. Un mot de Capitolin l'attribue à Antonin (1), la tradition locale à Trajan. Il est très certain que Trajan a fait des travaux à la Marina un joli fragment de bas-relief, trouvé dans cette partie de la ville, le représente y présidant (2). Mais ces travaux, dont ce que l'on voit paraît la construction d'une tour, peuvent être autres que ceux du port. C'est bien toutefois aux Antonins qu'appartient l'honneur de l'ouvrage. Le bassin, curé et recreusé, redevint praticable et sûr; les sables qui en furent retirés forment la colline du Montone. Sur le mole ancien retaillé, réparé, s'élevèrent des constructions nouvelles. Les deux têtes sur la passe furent refaites l'une portait un temple, l'autre un phare. Terracine se retrouva dotée du plus grand élément de sa prospérité.

Elle avait, au siècle précédent, couru un danger assez grave. En 69, Lorsque Vitellius, réduit bientôt à combattre dans Rome Sabinus et Domitien, ne possédait plus au dehors que les routes de Narnia à Terracine, cette dernière ville fut occupée par Claudius Apollinaris et Claudius Julianus (3). Le premier, préfet de la flotte de Misène, en amenait les rameurs révoltés; le second avait des gladiateurs que Vitellius lui avait donnés, en même. temps qu'une cohorte urbaine, pour comprimer cette même révolte. En apprenant leur défection, Vitellius envoie contre eux son frère, qui vient camper auprès de Féronie, avec six cohortes et cinq cents cavaliers. La place était tellement forte qu'elle eût pu mépriser ses efforts, bien qu'il menaçât de la détruire, si elle eût été défendue; mais Julianus et Apollinaris ne songeaient qu'à se divertir et laissaient leurs hommes faire de même. On ne se gardait point et les murs n'avaient même pas de sentinelles. Bientôt l'esclave d'un Verginius Capito, qui se trouvait enfermé dans la

(1) Hist. Aug., J. Capit., Ant. P., 8.

(2) Mél. Ec. fr., t. I, pl. XII. Ce bas-relief a été aussi décrit par M. Hübner, en 1856 (I. C. A. Bull., p. 136-138), mais à la hâte et avec peu d'exactitude. Voy. le ch. suiv.

(3) Tac., H., III, 57, 58.

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