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s'y mêlent, presque tous chaussés de la ciocia à grosses courroies. Quant aux femmes, les variétés de costumes, partant de pays, atteindraient bien cinquante, depuis la Sonninaise au jupon noir bordé de bandes rouges, jusqu'à la femme de Lenola avec ses jupes écarlates, sans compter l'alerte Terellane dans son costume presque oriental, qui porte comme robe de dessus une pièce devant, une autre derrière, et se couvre la tête, quand il pleut ou que le vent souffle de bise, avec une étoffe à grandes raies comme celles des femmes arabes. Types, costumes, patois, intérêts viennent se rencontrer, et de loin. Certaines gens ont à faire de vrais voyages d'émigrants, trois, quatre, cinq et six jours de marche, pour retourner d'où ils sont venus.

Cependant quelques-uns demeurent. La population fixe de Terracine contient beaucoup de non-Terracinais. Dans les exploitations rurales il y a des services, des hommes, qui sont forcément attachés au sol; en ville il y a des métiers qui veulent l'artisan sédentaire; quelques personnes ont de petites affaires, de grandes souvent, qui les font demeurer; beaucoup restent comme coloni, la Valle en est toute pleine. Une moitié des habitants recensés est ainsi native d'autre part. Tous les pêcheurs sont d'Ischia, de Procida, de Sperlonga, de Gaëte; tous les jardiniers, les cultivateurs de légumes, de fruits, de volailles, sont des ciociari qui n'émigrent plus. En dehors donc des transhumants, il y a une population d'étrangers sédentaires. Les uns retournent au pays, ou vont ailleurs, n'ayant pas de racines; les autres font famille et ne s'en vont plus. Mais il faut encore quelque temps pour que ces familles soient Terracinaises, et, quand elles le deviennent, elles s'éteignent. Il n'y a pas de Terracinais. Toutes les familles sont récentes, il n'y en a pas dix qui aient trois cents ans. Celles qui arrivent ont pris au sol natal l'énergie des meilleures races italiques. Mais en quelques générations elles perdent ces qualités vigoureuses, et la première de toutes, le courage. Elles acquièrent des vices, des faiblesses inconnues à leurs pères montagnards, puis elles traînent quelque temps et finissent. Le Terracinais est un étranger, presque toujours un méridional de race rurale ou maritime, modifié par de longues influences. La vie sédentaire, la petite ville, d'antiques habitudes de nonchalance et d'oisiveté, les tentations pernicieuses qu'a données pendant tant d'années une frontière mal gardée si voisine: tout cela y entre, et, comme dernier facteur, le climat et le mauvais air.

A Terracine, l'air est bon, comparé à celui de la palude; il est mauvais, si on le compare à celui d'un pays vraiment sain; mais,

dans la province romaine, on n'a pas le droit d'être exigeant. Un des effets de l'aria grossa est de donner des digestions lentes et de conseiller les longs sommeils. Le système musculaire s'affaiblit, le système nerveux se déprave. La rate est engorgée, le foie gonfle tout cela ne porte pas à devenir meilleur. On a comme une secrète tendance aux vices des faibles méchants, la jalousie, l'avidité, la lâcheté, l'astuce. La diminution des forces donne le dégoût du travail. Des chaleurs dignes de la Sicile, des coups de sirocco vraiment africains énervent, rendent indifférent. La beauté même d'un site perfide a quelque chose d'alanguissant. Le ciel, la mer, les montagnes et les grands horizons pontins portent à un calme contemplatif. Tout invite plutôt à jouir qu'à peiner. Il y a quelque chose de voluptueux jusque dans les nuits étoilées, les effets de lune sur les rocs, tout ce cortège de séductions communes à beaucoup de pays de même genre, que l'étranger seul analyse, que l'indigène subit encore plus. On dit souvent, et cela est vrai, que les pays de mauvais air ont de plus belles nuits que les autres. Que de fièvres les imprudents touristes doivent à l'attrait des beaux soirs! Il est certain qu'un homme robuste, vivant en ville, logé sur la plage ou dans les maisons donnant sur la mer, se traitant bien, n'allant pas en campagne et prenant les mille précautions que la prudence et l'hygiène commandent, peut échapper longtemps au fléau. Mais qui, sauf quelques fonctionnaires, peut se faire cette vie étroite et réunir ces conditions? Il suffit d'un imprévu quelconque, d'une nuit à la belle étoile ou dans un lieu moins bien choisi, d'un froid, d'un chaud, d'une fatigue, moins que rien : l'équilibre chavire, la fièvre vient et ne s'en va plus. D'ailleurs un homme encore indemne épouse une femme qui ne l'est pas, ou qui ne l'a pas toujours été ; si ce n'est elle, ce sont les ascendants; les descendants apporteront une disposition malheureuse. Le peuple n'y saurait échapper. Que faire dans une région pareille, où le bacillus malariæ s'absorbe dans chaque bouffée d'air, où la cachexie palustre, plus ou moins marquée et profonde, se transmet avec le sang? Il n'est pas possible qu'une pareille influence n'agisse à la longue puissamment sur les races. Elle les transforme, puis les détruit.

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Si j'ai atteint le but de ce chapitre, il aura montré Terracine dans les caractères généraux de sa vie. On aura vu avec quels pays elle est toujours en rapport, et comment. On aura noté cet afflux continuel qui la nourrit et la renouvelle. On saura à peu près ce qu'elle est, et cela m'a paru nécessaire pour faire comprendre ce qu'elle a été. Dans les chapitres qui vont suivre, on

saisira de grandes ressemblances avec le tableau que j'ai présenté, et des différences non moins fortes; j'espère qu'on se les expliquera. Comme la description de la ville par laquelle j'ai commencé, ceci n'est pas de l'histoire ancienne, mais c'en est peut-être la clé.

CHAPITRE II.

ANXUR.

La ville primitive. Son
Jupiter Anxur, Féronie.

Anxur. Le site à l'époque primitive. L'origine d'Anxur est ancienne et ses fondateurs inconnus; légendes, les Lestrygons, les Spartiates. Le nom. plan, ses murs, ses constructions, ses portes. Les dieux Le peuple anxurnate habite la Valle en plusieurs pagi; le Monticchio, S. Silviano, Salissano. Le territoire et ses ressources. La grande route circulaire des Volsques traverse le territoire et la ville. Le port est un des plus anciens régulièrement construits en Italie.

Celui qui a vu Terracine, qni a parcouru ses environs, ou qui seulement l'a traversée en allant de Rome à Naples par la route, doit s'imaginer le paysage tout autre au temps des premiers fondateurs. Il faut supprimer par la pensée le bassin ensablé du port, ramener la mer sur ce vaste espace, sur la plage du Lazzaretto, le quartier qui la borde, la place d'Armes, la place VictorEmmanuel. La plage s'étendra en deçà, formant une courbe depuis la place d'Armes jusqu'à la Cava della Catena. Le pied du S. Angelo, aujourd'hui derrière le palais Lepri, la maison Pellegrini, le théâtre, sera battu par la mer, et au bout le Pesco Montano s'avance dans les eaux comme un cap. Jusqu'à lui, à peine une étroite grève; à ses pieds, rien que le flot. La plage tournera au Piegarello, un peu en arrière de sa ligne présente, bordée par le cordon de dunes qui la suit jusqu'au mont de Circé. Derrière la petite anse ouverte entre le Piegarello et le Pesco Montano, le roc d'Anxur se dressera à pic; par ce côté, il n'est point accessible, la rampe de l'Annunziata n'existe pas. Autour de l'oppidum, montagne et vallée sont couvertes de bois.

Tel devait être l'aspect des lieux il y a trois mille ans peut-être. La ville s'éleva où est la ville haute, sur l'éperon du S. Angelo, qui s'allonge et s'abaisse vers la Valle par là il était abordable,

vers la plage il présentait un à-pic de plus de cent pieds. Anxur était, comme les cités anciennes dont parle Thucydide (1), près de la mer, mais non pas dessus. Entre celle-ci et le pied de son rocher il n'y avait pas plus de 500 mètres, mais elle lui tournait le dos, fermée de ce côté, regardant vers la plaine Pontine. Là, en effet, était sa vie. Séparée par les montagnes de la plaine actuelle de Fondi, dont peut-être la mer occupait encore une partie, elle était bien des terres Pontines; elle n'était point, comme elle le devint, le passage entre cette région et les pays de l'Ausonie. Elle en occupait l'extrémité, faisant face, à 18 kil., à Circeii, aujourd'hui S. Felice.

On ignore quel fut le premier peuple qui la construisit et l'habita. Les traditions antiques font passer dans le Latium les Sicanes, les Sicules, d'autres encore dont on ne sait rien. Que sont les Aborigènes de Caton, et peut-on leur attribuer cette ville? Ce seraient les mêmes que les Pélasges. On parle aussi des Osques, qui seraient, suivant quelques-uns, nos Volsques. Il est certain que ces derniers ont occupé la plaine Pontine, dont ils auraient chassé les Ausones ou Aurunces. De tout cela, on ne peut rien tirer. Toutefois il semble que les Volsques ont originairement habité l'Apennin, et que leur domination dans les terres Pontines est due à l'extension que prit à une certaine époque leur empire. Si donc, comme tout le fait croire, Anxur existait auparavant, il faut en attribuer l'origine à l'une de ces populations primitives. qui n'ont pas toutes laissé de nom.

Ce n'est pas que les légendes manquent. Toute cité italique eut plus tard sa généalogie, son histoire primitive, presque toujours d'origine grecque, dans les terres Pontines comme ailleurs. Cora fut troyenne, Setia fondée par Hercule; Circé avait fondé Circeii, et son fils Antius, Antium; Privernum était la capitale de Metabus, père de la Camille du cycle d'Enée. Quant à Anxur, les anciens érudits résument ainsi ses traditions: « Scotti, dit Spedalieri (2), prétend qu'elle fut construite par Janus, roi d'Italie, et les Terracinais croyaient par tradition que Saturne, reçu amicalement par leur fondateur, avait entouré la cité d'une muraille neuve..... Son nom ancien était Anxur, d'où quelquesuns ont voulu rapporter son origine à Anxur, fils de Jupiter Belus; d'autres, toutefois, en attribuent la fondation aux Spartiates, qui non loin de là construisirent dans la plaine le temple

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