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au delà du Pesco Montano (1). L'inscription de Mesa, avec toute vérité sans doute, affirme que dans la Palude elle était fort détériorée, et que sous tous les règnes précédents elle était sans cesse inondée. Cependant Procope, qui la décrit au temps des successeurs de Théodoric, la montre intacte et meilleure que jamais (2). Seulement, ignorant son histoire, il attribue tout ce qu'il voit au premier fondateur, Appius. C'est lui, dit-il, qui fit cette voie, et qui lui donna son nom. « Elle fait cinq journées de route pour un homme qui marche bien, car elle va de Rome à Capoue. La largeur de cette voie est assez grande pour que deux chars s'y rencontrant puissent passer. Elle est remarquable entre toutes. En effet, tout le pavage, qui est fait de pierre meulière (?) d'une espèce dure, a été apporté sur place par Appius d'un pays éloigné, la contrée n'en présentant nulle part. Il fit polir et aplanir les pierres, les fit tailler en polygones et ajuster les unes aux autres sans attache métallique, ni d'aucune sorte. L'assemblage et l'ajustage sont parfaits on dirait, non que ces pierres ont été arrangées, mais que c'est la nature qui les a mises ainsi. Et, depuis un si long temps, bien qu'elles donnent passage chaque jour à un nombre infini de chars et à toutes sortes de bêtes, cependant il n'est nulle part arrivé que l'ordonnance fût rompue; pas une ne s'est usée, pas une n'a diminué, pas une n'a été déplantée par la trépidation. » Il n'importe pas de répéter ici que, dans le territoire de Terracine (3), le pavage de la voie Appienne datait de Trajan. Il suffit de constater que, sous Justinien, la route était en bon état, et que Théodoric ne se vante pas en vain quand il dit l'avoir restaurée.

Tout le long du Decennovium, il est impossible de voir aucune trace de son travail; la route moderne a fait disparaître l'ancienne en lui empruntant son tracé. Mais, dans la Valle, où l'on foule encore pendant deux milles le dallage de Trajan, on a trouvé, dans la partie où il est recouvert par les terres, les traces de quelques retouches. Près de l'Arco di S. Caterina, un sondage a montré le trottoir restauré avec un morceau de corniche provenant sans doute du temple voisin (4). Ainsi les gens de Théodoric prirent un peu tout ce qu'ils trouvèrent, pour la route comme pour les murs. Le long de celle-là, au-dessus de S. Francesco,

(1) Voy. ch. VIII.

(2) Procop., B. G., I, 14. (3) Voy. ch. V et VI.

(4) Notizie degli Scavi, l. c.

ils ont détruit pour faire ceux-ci tous les sépulcres qui la flanquaient. Plus loin, les retouches au pavage se reconnaissent facilement. Car la route est toute pavée en calcaire blanc, comme aux âges antiques; et, passé Piazza de' Palatini, on trouve en plusieurs endroits des polygones de lave noire employés à la rapiécer. Or il n'existe aucun gisement de lave, ni dans le voisinage, ni dans la contrée, et celle-ci est identique à celle des selci de l'Appia. C'est donc de sa chaussée qu'ils proviennent. Comme elle était rompue et hors d'usage précisément dans cette section, on prit des pierres de son pavage pour raccommoder celui de la route qui servait seule désormais. Prenant donc sans cérémonie les matériaux où ils les trouvaient, les ingénieurs du roi des Goths ne firent sans doute pas une belle œuvre, mais, sur les monts et dans la Palude, ils rétablirent un passage où depuis longtemps on ne passait plus.

On conserve dans l'escalier du palais de la Bonification un gros dé de pierre (1) avec des lettres, qui fut trouvé dans les marais Pontins auprès de l'Appia, au mille LV. Divers autres, tout à fait analogues pour la forme et pour l'inscription, se sont rencontrés à d'autres milles. Ils datent peut-être du roi des Goths. Son nom manque, mais les lettres sont de fort basse époque, et ce que nous avons du texte, la fin, est justement l'un de ses titres : « bono rei publicæ nato. » Théodoric a droit au nom de bienfaiteur de Terracine aussi bien que de l'Italie. Personne, depuis Trajan et Antonin, n'avait autant fait pour la cité. Il rétablit la Via Appia, telle du moins qu'elle pouvait l'être; il encouragea une grande entreprise de bonification des marais Pontins, qui eut sans doute quel· que succès (2); il restaura peut-être et agrandit l'enceinte et les défenses de la ville, projetant de la doubler, d'en faire une grande cité et une grande place militaire; et peut être aussi fonda-t-il le plus ancien de ses monastères, ou du moins celui qui le précéda.

De tout cela, que résulta-t-il pour la prospérité de Terracine? Il est difficile de le dire. Les vestiges de cette époque ne se distinguent pas aisément de ceux de l'âge immédiatement antérieur ou des années qui vinrent après. Toutefois, les constructions de basse et de très basse époque sont nombreuses. Au Nord de la ville, hors de la Porta Nuova, les parties inférieures de grosses maisons, caves, conserves d'eau, existent encore. Bien des tombeaux, sur l'Appia restaurée et sur la route d'en haut, sont aussi de la

(1) C. I. L., 9845.

(2) Voy. Appendice E.

même fabrique: ils sont en général grands, prétendant à l'architecture, et ont dù certainement coûter cher. Au-dessus de la route, avant d'arriver à la Piazza de' Paladini, sont les ruines d'une habitation, grande; et ce n'est pas la seule. Il paraît donc permis de croire à un retour de population et à une prospérité relative.

On connaît, sous Théodoric, un évêque de Terracine, Martyrius, qui assista aux conciles et synodes de Rome en 495, 499, 502 et 504, et un autre après lui. La liste de l'Eglise terracinaise le nomme Euchère. En 539, dans l'île de Ponza, il souscrit avec quatre autres évêques une lettre du pape saint Silvère contre l'antipape Vigile installé par Bélisaire; mais il signa seulement : « Episcopus Terracinensis (1). »

Dans les campagnes de Bélisaire, Terracine est trois fois mentionnée par Procope, mais il ne s'y passe rien d'important (2). C'est seulement dans les marais Pontins, le long du Decennovium, dans un endroit pour nous introuvable et que l'auteur appelle Regeta (3), qu'a lieu l'élection de Vitigès. Mais bientôt arrive. Narsès, et le royaume des Goths succombe.

Ici finit pour l'Italie la période de l'histoire romaine. Théodoric ne s'était pas donné pour un conquérant étranger; c'était seulement, du moins il le disait, un rex barbare tenant un mem. bre de l'Empire. Il n'entendait, en feignant de le croire, abandonner rien de sa souveraineté; mais il laissait subsister une sorte de fiction légale. Du reste, assez peu importait, à lui et à l'Italie quand elle fut rattachée de fait et de nom à l'Empire, elle trouva ses nouveaux maîtres bien moins romains que le roi des Goths. Théodoric « victor ac triumphator, semper Augustus, bono rei publicæ natus, custos libertatis et propagator Romani nominis (4), » était bien, avec sa cour latine, ses généraux barbares, son sénat, son administration toute romaine, l'héritier des empereurs d'Occident. Son règne, avec les Symmaque, les Boëce, les Cassiodore, est encore dans la tradition: il continue et clôt les temps antiques. La domination byzantine commence pour l'Italie le moyen âge.

Ici finit pour moi l'histoire de Terracine. Il me reste seulement à faire voir ce que devinrent ses antiques débris, le sol qui en était couvert et le peuple qui y vivait.

(1) Ughelli, Ital. Sacr., I, 1290.

(2) Procop., B. G., II, 2, 4, 5.

(3) Procop., Ibid., I, 15.

(4) Inscription de Mesa, voy. App. E.

CHAPITRE X.

LA VILLE AU MOYEN AGE.

L'histoire de la ville de Terracine pendant les siècles du moyen âge serait pour nous celle d'une lente destruction des restes de la ville antique. La domination byzantine trouva celle-ci et son territoire dans un triste état. Le peu qu'avait pu faire Théodoric ne tarda pas à disparaître; les guerres des Lombards, des Franks, des Sarrasins achevèrent de ruiner le pays, Terracine comme les autres villes. Il faut s'imaginer les marais Pontins retournant rapidement à un état pire que par le passé, la vallée terracinaise inculte, le port en train de s'ensabler, la Via Appia se dégradant chaque jour, les bas quartiers de Terracine à peu près abandonnés et la ville haute incendiée, pour avoir une idée de ce que pouvait être à cette terrible époque l'état de la population et de la cité un champ de décombres où s'abritaient quelques milliers de fiévreux.

Cependant Terracine était encore moins malheureuse que bien d'autres villes de la même région. Sa destruction n'était pas complète les avantages naturels de sa position lui donnaient toujours une importance relative; et son église, illustre par le souvenir des saints qui l'avaient fondée, était jusqu'à un certain point florissanté. De temps en temps ses évêques sont nommés: Pierre, par exemple, qui vivait et mourut sous Grégoire le Grand, et que celui-ci invite à ne pas persécuter les juifs. A cette époque, le paganisme n'était pas encore complètement mort une lettre du même pape à l'évêque Agnellus parle du culte des arbres sacrés. La vie religieuse était la seule qui ne fut pas tout à fait éteinte. Contatori place à Terracine l'histoire de la reine Gondiberte, qui aurait fondé, en 638, une église de S.-Jean-Baptiste, pour remercier le saint d'avoir fait éclater son innocence par un miracle; mais le texte de Paul Diacre porte « intra civitatem Ticinensem

(Pavie), ce qui se comprend pour une reine lombarde. Quant à l'église, c'est celle connue plus tard sous le nom de S. Maria in Posterulis. On dit aujourd'hui, généralement, in Posterula; c'est pusterla, poterne, posticum. L'église était, en effet, située audessous des arcs qui portaient la terrasse du Forum on les appelle communément les Archi di Posterula. La construction du Palais Braschi et de la route qui monte au-dessous a fait disparaître les derniers restes de l'église et de la petite rampe sur laquelle elle s'élevait. C'était, dit Contatori qui en a vu les ruines, un édifice très riche, à trois nefs, orné de colonnes de marbre prises à des édifices antiques démolis. Quatre de ces colonnes existent encore et supportent le baldaquin de l'autel principal dans la cathédrale. Ce sont les plus belles qui soient à Terracine: elles sont de marbre blanc, corinthiennes, très élégantes de proportions, d'exécution et de style, et d'une conservation merveilleuse; on les dirait faites d'hier.

Il fallait toutefois que Terracine, au sixième et au septième siècle, fût réduite à bien peu de chose. On voit en effet, sous Grégoire le Grand, l'évêque Agnellus de Fondi occuper à la fois les deux sièges. A cette époque, la peste vient et dépeuple si complètement la cité qu'à la mort de cet Agnellus il n'y a pas d'élection d'évêque le pape charge Constantius, évêque de Palerme, d'administrer l'église de Terracine. Au neuvième siècle, autre calamité les Sarrasins, en 846, prennent Fondi et Terracine et détruisent tout. On s'imaginera facilement ce que pouvaient devenir, au milieu de ces désastres, les monuments de l'antiquité : c'est probablement à cette date que fut incendié le Forum.

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Autre cause de destruction furent les constructions faites ou refaites pendant les moments de répit. La ville étant aux trois quarts déserte, les édifices abandonnés fournirent les matériaux des nouveaux ouvrages.

Une des colonnes du portique de la cathédrale porte deux inscriptions importantes. Elles sont gravées sur le fût, à un mètre environ l'une au-dessous de l'autre. La première, grecque, est une acclamation, dont M. Kirchhoff a bien voulu me confirmer la lecture : « Ὀρθοδόξοις καὶ νικηταῖς βασιλεῦσι πολλὰ τὰ ἔτη. » Les caractères seraient du septième siècle, et il s'agit probablement d'Héraclius et de son fils Constantin, associé à l'Empire. Terracine dépendait du duché de Rome. L'autre inscription porte : « Mundificatus est forus iste tenpore domini Georgii consul et dux. » Malgré sa relation apparente avec l'autre et une grande similitude dans les lettres, M. de' Rossi, qui a pris la peine de

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