Sayfadaki görseller
PDF
ePub

1874 par M. Brizio. J'en parlai depuis, en 1879, dans un mémoire communiqué à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres comme envoi de Rome, et, M. Stevenson l'ayant copiée de nouveau au mois de juillet de cette même année, elle fut imprimée d'après lui dans le t. X du Corpus.

Cependant nos interprétations n'étaient pas plus heureuses que nos lectures, lorsque j'eus le plaisir, le 1er novembre 1882, de retourner à Mesa avec M. Dressel pour une nouvelle vérification. Nous trouvâmes la pierre convertie en un pied de guéridon, percée pour recevoir la tablette, et peinte en rouge. On démonta toutefois cet ouvrage, et, à notre grand contentement, nous vimes qu'une seule lettre était brisée, le D de la première ligne, heureusement certain d'ailleurs et que tous nos dessins antérieurs donnaient. Mais quelle ne fut pas notre joie, notre émotion, pourquoi ne pas le dire? lorsque, tout en faisant un estampage sur lequel un beau soleil rasant faisait ressortir les lettres à mesure, nous nous écriâmes d'une seule voix : Mais il n'y a pas Oufentina ! ni consul! Et ce sont deux collègues! (Voy. C. I. L., X, 6838.) Dès lors, la lecture marcha toute seule, et M. Dressel eut bien vite raison des fragments de lettres de la dernière ligue, qui sur la pierre est un peu trop haut et chevauche presque dans la précédente, au point que je doute si I'S d'aidiles a jamais été gravé. Désormais l'inscription était lue, et c'est ainsi qu'elle a paru dans l'auctarium du Corpus. Cependant, à la seconde ligne, M. Dressel a lu, avec quelque doute, Fourios; il doit y avoir Foufios, et c'est certainement ainsi qu'il faut lire, si réellement, comme le dit le Corpus, le trait après la quatrième lettre est accidentel. Mais cela n'a pas grande importance, et l'on pourra peut-être un jour retrouver ailleurs le nom de cet édile. L'essentiel est celui de son collègue, que M. Mommsen, avec toute vraisemblance, pense être P. Claudius Pulcher, consul en 249 av. J.-C., c'est-à-dire le fils d'Appius. Le milliaire est donc antérieur au milieu du troisième siècle. Pour en finir avec les petites différences, je vois sûrement une morceau de l'E de aidiles, et peut-être quelque souvenir d'un A dans la dernière ligne.

Le monument lui-même est une colonnette de calcaire des Lepini, ronde, haute de 0,78, d'un diamètre de 0m,61, plate par en haut; et c'est sur cette partie que l'inscription est gravée, unique exemple jusqu'ici connu ; les deux chiffres sont sur les côtés du fût.

L'importance de ce texte n'échappera à personne. Il montre en effet, comme M. Mommsen le remarque, les édiles curules travaillant à une grande voie hors de la ville, confirmant en cela les textes C. I. L., I, 633 et VI, 1324. J'ajouterai que je retrouve le fait dans l'histoire de la Via Appia. Tite-Live nous dit en effet (X, 23) que, en 298, Cn. et Q. Ogulnius, édiles curules, pavèrent la chaussée, « semita, » de la porte Capène au Clivus Martis, et que, en 295, d'autres édiles curules, dont il ne donne pas les noms, continuèrent le pavage du Clivus Martis à Bovillæ (X, 47)

On pourrait croire, en voyant la distance qui sépare ce lieu du 53.

mille, que le travail fut continué de proche en proche au fur et à mesure que l'on avait des fonds, et que notre monument rappelle la confection du pavage dans le trajet des Marais Pontins. Il n'en est rien toutefois. Nous savons en effet que c'est postérieurement que la Via Appia fut pavée en lave, strata silice. Si elle avait antérieurement reçu un pavage jusqu'à Bovillæ, parcours suburbain dans lequel elle était une vraie rue de faubourg, il ne s'agissait là que d'un ouvrage en pierre ordinaire, probablement en pépérin, qui ne dura guère que cent ans; car, pavée ainsi, ex lapide quadrato, au commencement du troisième siècle, la chaussée fut refaite en silex, c'est-à-dire en lave, en l'année 189 (Liv., XXXVIII, 28). Dans tous les cas, il est certain que, dès la fin de la République, tout le parcours de Rome à Capoue était pavé en lave noire, excepté le trajet des Marais Pontins, qui ne le fut que sous Nerva et Trajan (Voy. ch. V et VI). Tout cela sera expliqué dans mon histoire des Terres Pontines.

D'autre part, surtout en admettant la restitution fac. cer., il faudrait que le monument rappelât, soit la création de la grande route, soit celle d'une route secondaire partant du point où il était dressé; et, dans ce dernier cas, le chiffre LIII étant évidemment la distance depuis Rome, il faudra que le chiffre X soit celle du point LIII au lieu où menait l'autre route. Voici à quoi l'on serait conduit. Le mille LIII depuis Rome tombe en un point de l'Appia situé dans les Marais Pontins entre Mesa et la Sega, et où se trouve le Casotto di Orsino. De là, part la route de Piperno. Or, de ce point à Terracine, il n'y a qu'à peine 10 milles, sur l'Appia républicaine, la porte d'Anxur n'étant par cette voie qu'à 62 milles et demi de la porte Capène. En revanche, il y a 10 milles bien pleins jusqu'à Piperno Vecchio, située à 1 mille de la Piperno moderne, et qui est l'ancienne Privernum. Une route d'Orsino à ce lieu traverserait les terres de la tribus Oufentina primitive. D'un autre côté, je prouverai dans mon livre que l'Appia a toujours été là, qu'elle a été faite par Ap. Claudius avec le tracé qu'elle a toujours suivi, et non pas amenée au travers des marais à une époque postérieure. Ainsi le travail exécuté par P. Claudius et son collègue ne peut avoir été ni le pavage ni la création de la grande route; et il faudrait reconnaître qu'il s'agirait d'une voie nouvelle, plus directe que l'ancienne route volsque, joignant Privernum à l'Appia. Telles étaient les réflexions que je faisais à mon savant compagnon en revenant à Terracine je vois qu'il les a livrées au Corpus.

Mais M. Mommsen nous conduit à une interprétation bien meilleure. Il rapproche en effet ce chiffre X des autres, tous inférieurs à XX, que l'on trouve sur les bornes de cette partie de l'Appia concurremment avec le numérotage depuis Rome. Nous avons là évidemment une numération secondaire, qui ne peut être que celle d'une section particulière de la voie. Cette section, c'est le Decennovium, et le grand intérêt de notre milliaire pour l'histoire de la Via Appia est qu'il nous montre dès le troisième siècle cette section considérée à part, certainement soumise à un

régime spécial. Je ne veux pas entrer ici dans l'histoire de la voie Appienne, que je dois traiter autre part; je ne dirai qu'un mot du nom Decennovium. Les bornes montrent qu'il s'applique à la route, et désigne la section comprise entre le Forum d'Appius et Terracine. La concordance de ses milles avec la numération d'ensemble n'est que par à peu près, car le Forum d'Appius n'était pas exactement au 43 mille, ni Anxur au 62e: il s'en faut de quelques centaines de mètres. Dans l'inscription de Théodoric (App. E), le Decennovium a plus de 23 milles, « id est a Tripontio usque Tarricinam » : ce qui indique tout simplement qu'à cette époque le même régime s'appliquait à tout ce parcours, et que le nom n'est plus qu'une expression administrative. Dans Procope, Aɛxavvóбtov désigne le canal qui flanquait la route, Tотαμós. Mais il ne faut pas croire, comme Westphal, que cette dénomination lui appartenait. Il ne l'avait que par extension, ne la justifiant point d'ailleurs, car du Forum d'Appius à Féronie il n'y a même pas 17 milles, et ceux qui veulent le faire partir du Tripontium lui en donneraient plus de 20. Le nom officiel s'appliquait à la route dans les 19 milles qui vont du Forum d'Appius à Anxur, comme dans l'inscription de Trajan du même mille (C. I. L., X, 6839), « Decennovium silice sua pecunia stravit. » C'est de la distance entre le Forum d'Appius et Féronie, c'est-à-dire du parcours flanqué par le canal, que la station Ad Medias (paludes) marque le milieu.

Les chiffres LIII et X sur notre colonnette veulent donc dire : « LIII milles de Rome, X mille du Decennovium. » Mais le travail qu'elle rappelle, et qui n'est pas la création de la route, n'est pas non plus celle du canal. Il y a, en effet, apparence que celui-ci est l'œuvre du consul M. Cornelius Cethegus, qui, le creusant en 160, abaissa assez le niveau des eaux pour rendre à la culture beaucoup de terres impaludées, « agerque ex iis factus » (Liv., Epit. XLVI). Il n'a donc pu y avoir, sous l'édilité de P. Claudius, qu'une réparation importante. Il y en avait à chaque instant, équivalant parfois à une reconstruction; car les Marais Pontins devenaient de jour en jour plus redoutables, il fallait défendre la route avec acharnement contre eux, et sa structure était tellement légère que la résistance était faible. Au pont de la Schiazza, près du mille LV, on a trouvé trois voies Appiennes antiques superposées, et celle d'Ap. Claudius ne serait pas à beaucoup moins de quatre mètres sous la moderne. Il faut songer à cela pour ne pas se tromper sur la nature probable de l'ouvrage. J'ajoute que le fac. cor. du Corpus n'est pas sûr il est trop court pour la dernière ligne. Via. fecer. conviendrait mieux, mais serait un peu exagéré; malheureusement, je ne sais si l'on peut restituer reficere, qui remplirait la lacune sans encourir un tel reproche via. refecer., par exemple, serait trop long.

:

:

C.

LA CONDITION DE TERRACINE SOUS LA RÉPUBLIQUE ET L'EMPIRE.

J'ai dit, au chapitre IV, qu'on ne sait rien des changements qu'a pu subir la condition de la Colonia Anxurnas, et qu'on ne verrait pas leurs causes. Cependant, si l'on adoptait les idées de M. Beloch dans son livre déjà cité (App. A), on devrait rechercher la trace d'au moins un grand changement d'état. Suivant lui, en effet, Auguste, dans l'organisation définitive qu'il donna à l'Italie, ne classa comme coloniæ que les dix-huit colonies établies par le second Triumvirat après Philippes et les vingt-huit établies par lui après Actium. Appliquant cette théorie à Terracine, qui ne fait pas partie de ces deux listes, nous ferions d'elle ce qu'il appelle un simple oppidum. Cette thèse peut paraître spécieuse dans notre cas particulier. En effet, le Liber Coloniarum ne donne, on l'a vu, à Terracine que le nom d'oppidum; et, si son autorité est très faible, en revanche Pline, qui reproduit l'état de l'Italie telle que l'a faite Auguste, n'appelle aussi notre ville qu'oppidum.

Mais ceci n'est qu'une apparence. En effet, la base aux 87 colons, qui paraît être du temps de Trajan ou en tout cas peu postérieure, appelle les habitants coloni. Il faudrait donc qu'il y eût eu une nouvelle érection en colonie, coïncidant avec les grands travaux et la renaissance de Terracine. Mais cela n'aurait aucun sens, dans le Latium, à cette époque. De plus, cette nouvelle colonie, de quelle tribu eût-elle été ? Erigée par Trajan, sûrement de la tribu Papiria, par Hadrien de la Papiria ou de la Sergia, par Antonin de la Papiria ou tout au plus de la Voltinia (Voy. Mommsen, Tribus Imperatoriae, Eph. ep., t. III, p. 230-235). Or les inscriptions démontrent que Terracine resta de l'Oufentina, et on ne voit pas d'interruption dans son existence municipale.

D'ailleurs, la thèse de M. Beloch est réfutée dans son ensemble par un important mémoire de M. Mommsen, Die Italischen Bürgercolonien (Hermes, 1883, p. 161-213). La condition d'oppidum n'existe pas le mot n'est qu'un nom commun, qui veut dire « ville fermée, » non une dénomination officielle. C'est en ce sens que l'emploie Pline, et le passage n'appartient d'ailleurs point au chapitre où il suit Auguste. Admettre que, dans celui-ci, il ne nomme comme colonies que celles qui devaient ce titre à Auguste, ce ne serait pas d'ailleurs reconnaître que toutes les autres en furent alors privées et perdirent leur municipalité. Enfin le Liber coloniarum ne mérite aucune confiance, et quand il dit de Terracine « iter populo non debetur, ager ejus in absoluto est dimissus, » il n'y a pas lieu de faire grand cas de la seconde partie de la phrase, la première étant assez étrange. Ajoutons qu'il est postérieur aux documents de l'époque antonine dans lesquels nous trouvons Terracine colonie; et

par conséquent il ne faut prendre là le nom d'oppidum que dans son sens géographique, « ville close. >

Terracine donc, comme je l'ai dit, demeura colonia civium aussi longtemps que ce nom fut porté par une cité dans l'Empire. Elle ne différait en rien des autres colonies maritimes. Parmi tous les titres que j'ai rapportés de magistrats suprêmes des cités italiennes, il n'y a guère à hésiter pour elle qu'entre préteurs et duumvirs; car ce n'est guère qu'après Sylla qu'apparaissent d'autres noms dans les colonies, au moins dans celles de citoyens romains; mais celui de duumvir est postérieur à celui de préteur. Pour la tribu, quand même les inscriptions n'apprendraient pas que c'est l'Oufentina, l'usage ordinaire le démontrerait. Avant le temps en effet où les cadres des tribus ne furent plus que des registres électoraux, quand ils avaient encore un sens territorial, les colonies de citoyens romains furent rattachées en général à la tribu la plus voisine: or l'ager Anzurnas était justement limitrophe de ces deux tiers de l'ager Privernas où l'on avait établi l'Oufentina.

:

J'ai donné ce que l'on sait de la constitution de ces colonies et de leurs privilèges. Il est certain, pour moi, qu'à l'origine, les citoyens qui les composaient, considérés comme en garnison permanente sur les points importants qu'elles occupaient, étaient exempts de tout autre service la sentence du Sénat en faveur d'Ostie et d'Antium le prouve. Plus tard, une seule exception fut faite, le cas de tumultus, spécialement tumultus gallicus, c'est-à-dire d'invasion de l'ager romanus et de levée en masse : ce qui le prouve, c'est que les colonies obligées au service par la même sentence sont toutes d'un âge postérieur à la prise de Rome par les Gaulois. Il est probable que rien n'était réglé pour le service naval, et que ce fut seulement quand on fonda, en 194, huit colonies maritimes à la fois dans l'Italie méridionale, que l'on mit cette obligation dans leur charte. Trois ans plus tard, sept, toutes antérieures, firent le second procès que j'ai cité, et la question fut décidée contre elles leur formule ne contenant pas expressément l'exemption du service naval, on s'en tint à la lettre, et on le leur imposa, sans aucun doute contrairement à l'esprit qui en d'autres temps avait dicté l'acte. Ainsi fut réglée définitivement leur vacatio rei militaris.

:

Mommsen et Beloch pensent que les colonies de citoyens romains avaient leurs finances et leur édilité, mais que pour le cens et les grands travaux elles dépendaient de Rome même. Les inscriptions que j'ai rappelées semblent le dire. On n'est pas sûr de leur autonomie judiciaire. On doutera peut-être aussi que leur ordo se soit appelé senatus, et ce peut être du Sénat de Rome qu'il s'agit dans l'inscription C. I. L., X, 6827, et aussi dans 6310. Mais, quand bien même il en serait ainsi à ces deux époques, je crois cependant qu'à l'âge ancien, au temps où les magistrats se nommaient encore préteurs, le conseil pouvait s'appeler Sénat.

« ÖncekiDevam »