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ESSAI D'HISTOIRE LOCALE

PAR

M.-R. DE LA BLANCHÈRE

ANCIEN MEMBRE DE L'ÉCOLE FRANÇAISE DE ROME
AGRÉGÉ D'HISTOIRE, DOCTEUR ÈS LETTRES

AVEC DEUX EAUX-FORTES ET CINQ PLANCHES DESSINÉES PAR L'AUTEUR

PARIS
ERNEST THORIN, ÉDITEUR

LIBRAIRE DES ÉCOLES FRANÇAISES D'ATHÈNES ET DE ROME

DU COLLÈGE DE FRANCE ET DE L'ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE

7, RUE DE MÉDICIS, 7

1884

AVANT-PROPOS

Un livre d'histoire n'a pas besoin de préface. Mais j'ai des excuses à faire au lecteur.

Pourquoi choisir pour une monographie une si obscure cité? Ses faits et gestes n'importent pas au monde. On peut faire l'histoire de l'Italie, de Rome même, sans écrire son nom. Elle n'a ni grands monuments, ni grands faits, ni grands hommes. N'y avait-il donc pas cent villes qu'il importait plus d'étudier? Ma réponse est simple: je n'avais pas le choix, je n'en avais sous la main aucune autre. Ce n'est pas pour admirer Terracine que j'ai passé trois ans dans les Marais Pontins, que j'y suis retourné la quatrième année, que j'y reviendrai sans doute encore. J'ai entrepris un plus grand travail. Retrouver, en y vivant moimême, les conditions et l'histoire de la vie dans toutes les régions du bassin Pontin aux diverses époques antiques : tel est le but que je me suis fixé. La via APPIA ET LES TERRES PONTINES, tel est le livre que je travaille à écrire. Mais il fallait des années pour se rendre maître des faits; et Terracine, chef-lieu naturel de cette région extraordinaire, est devenue ma résidence, mon point d'attache, mon quartier général. Il a bien fallu l'étudier, la connaître. Il y a des faits importants pour l'histoire de la contrée dont cette étude donne la clé. Elle a donc pris pour moi un très vif intérêt, d'autant qu'elle n'était pas facile. Entreprise sans presque y penser, elle est devenue un livre.

Cette histoire est d'ailleurs unie à celle des terres Pontines. La vie de Terracine est liée de la manière la plus intime aux phénomènes naturels et sociaux dont cette région fut le théâtre. Une grande voie de communication

draine le mouvement du bassin Pontin, comme le long canal qui la borde draine les eaux de ces vastes plaines. Cette voie, c'est l'Appia; elle passe à Terracine, elle ne peut passer autre part. Terracine est la première ville qu'elle rencontrât depuis les monts Albains, on dirait presque depuis Rome. L'histoire de Terracine est liée de la façon la plus étroite à celle de la « reine des voies. » J'aurai donc souvent à rappeler les faits d'une histoire inconnue, que je n'ai pas encore donnée. On me permettra de les énoncer sans de longues démonstrations, comme des postulata provisoires. Je m'efforcerai de ne pas trop faire attendre la démonstration.

Il faudra excuser aussi la forme même de ce livre. Je ne crois pas qu'on y puisse rien comprendre si on ne le lit en même temps sur les planches et sur le texte. Je ne pouvais faire autrement. Les écrivains me donnaient peu de chose, les inscriptions pas beaucoup plus. Il fallait interroger le sol, les pierres, les restes du passé. La topographie, qui souvent n'est qu'un amusement historique, devenait ici l'histoire même. Mais si tels sont mes documents, il faut donc bien que je les montre. Je regrette seulement une chose ne pouvoir le faire plus et mieux.

Enfin, j'ai besoin d'expliquer à quel point de vue cette étude est faite. Elle est d'un caractère tout local. Je n'ai cherché ni à étendre ni à généraliser mon sujet. C'est l'histoire de Terracine, et de Terracine seulement, faite à Terracine comme l'eût faite un Terracinais pour être lue là. On pourra trouver que j'ai tort, bien des choses n'intéressent pas à distance. Je crois cepen lant que ces études doivent toutes se faire ainsi. Tout mon désir serait que la mienne fùt intelligible partout, intéressante en face des lieux.

L'histoire ancienne de Terracine n'avait jamais été écrite depuis la fin du dix-septième siècle. Le livre de l'historien. local, fait à cette époque, parut à Rome en 1706. Il a pour titre De Historia Terracinensi libri VI, et son auteur est un médecin, Dominique Contatori. Contatori n'était pas un grand homme. Il a été bien maltraité par Spedalieri dans l'ouvrage. de Nicolai sur les terres Pontines medico scarso di fama e scrittore facondo in declamare, on ne peut lire senza nausea

ses ineptes filastrocche... Il ne méritait pas tant d'injures. Il a dépouilé de son mieux les archives terracinaises; le peu de documents qui subsistent portent la trace de son travail, et il en a copié plusieurs qui n'existent plus maintenant. Son livre est assez consciencieux, surtout pour l'histoire médiévale. Pour l'antiquité, il est moins sûr. Les faibles lumières de l'auteur, qui était bien loin de savoir même ce qu'on savait de son temps, lui ont fait faire des erreurs, où le patriotisme local ne perd du reste jamais rien. Mais peut-on en vouloir beaucoup à un homme qui travaille tout seul, au fond d'une toute petite ville, dans le pays le plus arriéré du monde, dans une société au-dessus de laquelle il ne s'élève en rien lui-même, et où, au point de vue de la science, il n'y a qu'une différence d'habit d'un signore à un contadino? Contatori a fait de son ouvrage une réduction en italien, enrichie de quelques recherches; mais ce travail, intitulé Dell' Historie Terracinesi, n'a jamais été imprimé. Le manuscrit, qui était passé dans la famille Marconi, est aux mains de M. Lama, naguère maire de Terracine. Sous cette forme, l'ouvrage a conservé les mêmes défauts que sous la première, et aussi les mêmes qualités il est mal fait, son plan est incommode, tout ce qu'il y a de moins historique; mais les sources alors accesssibles ont toutes été explorées. Seulement, dans l'un comme dans l'autre, le pieux médecin s'occupe surtout de l'histoire ecclésiastique.

Un autre ouvrage, également manuscrit, est fait aussi à ce point de vue. Il a pour titre De sacro principatu Terracinensi ejusque pontificibus; il va jusqu'en 1758; son auteur est Pierre Pantanelli, de Sermoneta. On le conserve à Palestrine dans la famille de l'auteur.

Tels sont les seuls ouvrages spéciaux sur l'histoire de Terracine; et ce qu'ils donnent le moins, c'est son histoire ancienne, celle que j'ai voulu faire ici.

Bien entendu, Terracine a sa place dans les ouvrages généraux; mais je n'ai pas à rappeler ceux-ci. Cluvier, Holstenius, Pratilli, Ricchi, Corradini et Volpi, Chaupy, Petit-Radel, Dodwell, Abeken, Westphal, M. Desjardins et bien d'autres donnent sur elle des renseignements on les verra cités

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