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main du prêtre un caractère indélébile, auquel on se reconnaît entre frères au dehors comme au dedans. Si l'enceinte sacrée s'agrandit et se remplit, c'est qu'il y vient plus de monde et qu'on y fait plus de choses. Dans la décoration, on cherche à fournir un aliment aux esprits en multipliant les symboles, et à frapper les sens en offrant aux regards des spectacles extraordinaires. Tout révèle que le sentiment religieux s'exalte. Là encore nous reconnaissons l'influence de l'hellénisme; les dieux grecs, Dionysos et Aphrodite, ont leur niche et leur piédestal auprès d'Isis et d'Harpocrate. Le mystère qui recouvre encore certaines parties. de l'Isium de Pompéi n'a pas dû à l'origine surprendre moins les Romains qu'il ne nous surprend aujourd'hui. Pour le pénétrer, il nous faudrait connaître dans le détail ce fameux sanctuaire d'Eleusis, qui a été le centre d'une propagande si active. On verrait alors disparaître promptement ce qui reste des ténèbres dont les anciens avaient entouré à dessein leurs cultes les plus vénérés.

CHAPITRE II.

§ 1.

LES TEMPLES ALEXANDRINS DE ROME.

RÉGIONS II (CÆLIMONTANA) ET III (ISIS ET SERAPIS).

A la fin du mois de mars 1848, on trouva dans une vigne du Cælius, en face de Santa Maria in Navicella, une inscription gravée en l'honneur d'Isis Regina au nom d'un officier du camp des Pérégrins (1). Elle attestait qu'à proximité de l'espace occupé par cette milice en ce lieu même avait dù s'élever, sous Septime-Sévère, et avant l'année 204 de Jésus-Christ (2), quelque édifice consacré au culte d'Isis.

On aurait déjà pu le soupçonner en considérant la quantité de monuments alexandrins déterrés auparavant, soit auprès de Santa Maria soit dans la Villa Mattei. Nous nous contenterons d'indiquer les plus importants.

Le nom que l'on donne à l'église elle-même lui vient du petit navire en marbre que l'on voit aujourd'hui, porté par un piédestal, devant le portique. Ce morceau de sculpture est moderne : c'est une copie exécutée sous Léon X d'après un original antique, que Ugonio dit avoir vu (3). Plusieurs navires semblables ont été, paraît-il, mis au jour dans la Villa Mattei. Becker (4) les regardait comme des ex-voto offerts par les soldats Pérégrins à Jupiter Redux, qui avait aussi un temple auprès de leur camp; c'étaient, suivant lui, des témoignages de reconnaissance qu'ils consacraient au dieu lorsqu'ils avaient obtenu un heureux retour. Il est beaucoup plus probable que ces petits navires sont des attributs d'Isis marine; et si ce sont des ex-voto, ils ont toujours un rapport évi

(1) C. 1. L., VI; 354.

(2) Borghesi, Lettre du 29 avril 1848.

(3) D'après Bunsen, Geschreib. St. Rom, t. III, part. I, p. 494.

(4) Handbuch der Römischen Alterthümer, p. 504, n. 1052, et p. 505.

dent avec le culte dont une des principales fêtes figure dans le calendrier romain sous le nom de Navigium Isidis (1).

Nous citerons encore comme provenant du même lieu :

Une statue d'Isis en marbre de Paros, coll. Blundell à Ince (près Liverpool). La tête et les deux bras sont modernes ; la déesse est cependant reconnaissable au noeud qui orne sa poitrine (H., 1m,15). Clarac, Musée de sculpture, pl. 991, 2574 D.

Une statue de prêtresse égyptienne en marbre salin, coll. Blundell à Ince. C'est une figure de femme coiffée d'un klaft, portant à deux mains devant sa poitrine, en l'enveloppant dans son manteau, l'hydrie qui contient l'eau sacrée. Elle est appuyée contre une sorte de pilier. Clarac soupçonne cette statue d'être une copie moderne. Style égyptien d'imitation (H., 1,85). Clarac, Mus. de sculpt., pl. 988,2588 B.

Deux cippes cylindriques, en marbre de Paros, représentant les divinités du culte alexandrin entourées de leurs prêtres. V. notre Catalogue, nos 107 et 108.

Un bas-relief représentant deux personnages isiaques auprès d'un autel. V. notre Catalogue, no 115.

Une base de colonne autour de laquelle sont sculptées des feuilles de lotus. Style d'imitation. Piranesi, VII volume (De romanorum magnificentia), tab. XIX, 3.

Ainsi l'hypothèse à laquelle ces divers monuments auraient pu donner naissance est confirmée par l'inscription précitée. Elle est, d'autre part, pleinement justifiée par les textes. Trébellius Pollion (2), racontant la vie des deux Tétricus, dont l'un, le père, fut pendant quelques années compétiteur d'Aurélien, dit que de son temps la demeure des Tétricus existait encore et qu'elle était située « in monte Cælio, inter duos lucos, contra Isium Metellinum. » De plus, on trouve dans les Mirabilia Romæ (3) : « In Cælio monte, ante Thermas Maximas, fuere duo carceres et duo templa Hysidis et Serapis. » On ne peut pas accorder beaucoup d'autorité à ce passage écrit de fantaisie ou d'après une vague réminiscence (4); le nom de Thermes Maximiens, qui pourrait être d'un grand secours, n'a pas été expliqué jusqu'ici. Mais le témoignage de Pollion, à lui seul, mérite d'être examiné; quoique Becker (5) le qualifie de suspect, il n'a pas été jugé tel par H. Pe

(1) Voir notre chapitre sur les images des dieux alexandrins.

(2) Hist. Aug. Trig. Tyr., 24.

(3) Ibid., 26.

(4) Jordan, Topogr. de St. Rom. in Alt., II, p. 516.

() L. c., not. 1054.

ter, qui le reproduit sans corrections ni commentaires (1). Le nom de Metellinum, par lequel l'historien désigne le temple du Cælius, peut avoir deux sens: Il pourrait venir de celui du vicus dans lequel l'Isium était situé; c'est ainsi que la Notitia et le Curiosum signalent dans la Ve région une Isis Patricia qui se trouvait à coup sûr dans le vicus Patricius et dont nous reparlerons plus loin. Rien ne s'oppose à ce qu'il y eût ici un vicus Metellinus ou Metelli, comme il y avait ailleurs les vici Drusianus, Cornelii, Fabricii, Scauri (2), etc. Quelque découverte ultérieure établira peut-être ce fait. Ou bien l'édifice avait été construit par Métellus, comme le pense Canina (3). A cette occasion, on peut citer le portique dont Rome était redevable à Q. Cæcilius Métellus Macédonicus et que l'on identifie d'ordinaire avec le portique d'Octavie (4); et, en second licu, un temple de Jupiter Stator élevé par le même personnage et qu'un auteur appelle ædes Jovis Metellina (5). Mais il est impossible d'admettre que vers l'an 150 av. J.-C., un membre d'une des plus grandes familles prît sur lui d'installer Isis dans l'enceinte de la ville. On songe alors aux Métellus des dernières années de la République; car dès cette époque l'invasion du culte alexandrin était consommée, en dépit des prohibitions du Sénat. C'est ainsi que dans une inscription antérieure à l'Empire (5) nous rencontrons un prêtre d'Isis Capitoline au milieu d'affranchis de la gens Cæcilia, dont les Métellus étaient une branche. Celui auquel on pourrait s'arrêter serait Q. Métellus Pius Scipio, qui se tua après avoir livré contre César, comme chef de l'armée pompéienne d'Afrique, un combat désespéré (46 av. J. C.). Eckhel reconnaît le symbole de l'Afrique dans une tête de femme coiffée d'une dépouille d'éléphant qui, pour la première fois dans la numismatique romaine, apparaît sur une monnaie de Métellus Scipion; et il émet l'opinion qu'une œuvre d'art reproduisant ce type a dù donner son nom au vicus appelé par les auteurs Caput Africa (7). Or, non seulement cette rue était comprise dans le quartier que nous étudions, mais encore il est presque certain qu'elle venait aboutir sur le Cælius, à peu de distance de notre temple d'Isis. Cependant, malgré cette coïnci

(1) Recens. Herm. Peter. Leipzig, Teubner, 1865, ad l. c.

(2) Jord., t. II, p. 587 et suiv.

(3) Indicaz. topogr., p. 90.

(4) Becker, t. c., p. 608.

(5) Festus, Verb. Sign. Tarpeix.

(6) C. I. L., I, 1034.

(7) Doct. num., t. V, p. 154.

dence, il est difficile de tirer de là une donnée positive. En effet, les inscriptions les plus anciennes dans lesquelles soit signalé le Caput Africæ datent du principat de Caracalla (1); et quant à l'Isium lui-même, rien ne nous assure qu'il fût antérieur à l'année 204. Il y aurait un moyen de tout concilier. Ce serait de supposer, en attendant de plus amples renseignements, que le temple fut bâti, en effet, à la fin du second siècle, dans un vicus, qui, malgré les changements de toutes sortes survenus sur le Cælius, avait conservé depuis l'époque républicaine le nom des Métellus. Sous le pontificat d'Innocent XI (1671-89), on découvrit, dans la Villa Mattei, un temple de forme oblongue avec un pavé en mosaïque. Venuti (2) l'attribue à Jupiter Redux. Mais, ne serait-ce pas à aussi juste titre celui que nous cherchons? On pourrait penser aussi que Santa Maria elle-même occupe l'emplacement de l'édifice païen. Cette église, en effet, remonte à l'antiquité; elle fut fondée, suivant une tradition, par Cyriaca, matrone romaine, qui habitait en ce lieu. Les archéologues, qui ont rendu aux SS. Quattro Coronati et à S. Lorenzo Rotondo leurs titres antiques, gardent le silence sur Santa Maria; le champ est donc ouvert aux conjectures.

En résumé, nos conclusions seraient celles-ci :

1o Il y avait au troisième siècle un Isium sur le Cælius entre Santa Maria in Navicella et la Villa Mattei ;

2o Ce temple était compris dans la région II Cælimontana; 3. Il est identique à l'Isium Metellinum, dont parle Pollion. Pourquoi, dira-t-on, n'en est-il question ni dans la Notitia Regionum, ni dans le Curiosum Urbis, alors que ces recueils enregistrent le Macellum Magnum, la cinquième cohorte des Vigiles, le Caput Africæ, le Camp des Peregrins, le Ludus Matutinus et les édifices circonvoisins? Cette omission ne serait pas la première que l'on eût relevée dans les régionnaires; mais la raison ici est qu'Isis, aussi bien que Jupiter Redux, était logée dans une construction de petite dimensions, qu'il faut probablement compter parmi les sept édicules dont le souvenir nous est parvenu (3). Ici surgit une autre difficulté bien autrement grave. Le nom d'Isis et Sérapis, que la Notitia et le Curiosum (4) donnent à la la troisième région, suffirait à lui seul pour établir qu'il y

(1) Becker, Topog., p. 508.

(2) Topogr. di Roma antica, t. I, p. 186.

(3) Jord., l. c., p. 544.

(4) Id.

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