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montagne. En bas, il n'y avait pas de passage entre la plaine Pontine et la plaine de Fondi, dont le lac peut-être était encore un golfe. La route volsque passait donc par le revers du S. Angelo entre le Ritiro et le Monte della Guardia; puis elle suivait le flanc du Monte Cucco et arrivait à l'endroit qu'on appelle Piazza dei Paladini. Là le mont forme un promontoire à 150 m. au-dessus du Canneto di Campagna, où l'on peut faire rouler une pierre. Une place de 50 m. de long y avait été créée, partie en taillant le rocher, partie en bâtissant une terrasse avec des assises de gros blocs. En face d'un panorama incomparable, on pouvait s'y reposer à l'aise au sommet même du défilé. La route redescendait ensuite le long du flanc de la montagne, et gagnait le niveau de la plaine près du lac, à la Torre del Pesce. Dans presque tout son tracé en montagne, elle est portée sur un soubassement qui varie de hauteur suivant le besoin, et qui atteste des retouches successives. On y trouve toutes les variétés que Petit-Radel se donnait tant de mal à dénommer dans ce qu'il appelait les constructions pélasgiques, depuis le polygonal caractérisé jusqu'aux parallélépipèdes rectangles à bossages. La largeur de la voie dépasse 4,50; en certains endroits elle est beaucoup plus grande. Il est à croire qu'elle faisait tout le tour du massif des monts Lepini, allant d'un pays volsque à l'autre.

Les Anxurnates ne restaient pas chez eux. De très bonne heure ils furent marins. A l'origine, ils durent se contenter de tirer leurs embarcations sur la plage, dans la petite anse qui existait entre le Piegarello et le Pesco Montano. Mais bientôt cette humble marina ne suffit plus, et ils furent un des premiers, parmi les pouples de l'Italie centrale, à se construire un port régulier (1).

Ils munirent d'un môle puissant le front de la plage du Piegarello au Sud-Est, et firent partir de son extrémité Nord un second bras semblable, de 250 mètres environ. A l'autre extrémité faisait suite une longue courbe venant aboutir, en face de la première jetée, à une passe de 130 mètres au plus. Le périmètre total était de 1,160 mètres. Ils évitèrent la forme circulaire; ils surent choisir une courbe ellipsoïdale assez bien combinée pour atténuer l'action de l'embouchure de l'Ufens, qui déchargeait dans la mer, à 3 milles à l'Ouest, une grande partie des eaux des marais Pontins. Comme la plage du Lazzaretto est exposée aux vents de Sud et d'Ouest, il firent leur entrée parallèlement à elle, ouverte au Nord-Est; le vent qui y soufflerait directement est arrêté par le

(1) Prony, Marais Pontins, p. 393.

monte S. Angelo, qui se dresse à pic à 400 mètres devant elle, et par une espèce de cap sur lequel s'élève la Torre Gregoriana. Leur môle était construit sur un inébranlable enrochement fait d'énormes blocs pris aux montagnes voisines et immergés pêle-mêle ; sa largeur peut avoir été de 19 à 20 mètres; il était d'un tuf riche en ponces, qu'ils allèrent chercher dans les Champs Phlégréens (1). Quand le travail de creusement, de construction et d'aménagement fut fini, ils possédèrent un bassin sûr d'une contenance totale de 117,100 mètres carrés. C'est peu de chose, si on le compare aux majestueuses créations d'Auguste, de Claude, de Trajan, ou des grandes cités siciliennes, grecques, phéniciennes. Mais pour cette époque, en pays latin, un pareil travail atteste une puissance considérable.

Munie d'un port comme celui-là, Anxur devait rivaliser avec ses voisines Antium et Cumes.

A l'époque de son indépendance, c'était donc une cité importante, bien que l'histoire se taise sur elle. Malgré le manque de documents, on arrive encore à la connaître. Elle montre son enceinte, son port, ses campagnes avec les traces des habitations et des travaux de ses cultivateurs, ses routes, ses sanctuaires. On connaît son nom et celui de ses dieux. On devine sa vie d'après ses œuvres et les conditions du pays où elle est. On la voit communiquer au dehors, posséder champs, marais, montagnes, vignes, oliveti, jardins, forêts, pâturages pour ses bœufs, ses chèvres, ses porcs. Elle a son commerce et ses flottes. La Valle reçoit ses habitants en trois ou quatre hameaux rustiques, et son rocher leur offre pour refuge une acropole presque imprenable. On mesure sa population, sa richesse, à la taille et à la beauté de ses œuvres. Nous en saurons souvent moins plus tard, quand les écrivains parleront d'elle. C'est ainsi que, les textes manquant, un vieux pays, longuement interrogé, raconte lui-même son histoire.

(1) Mél. Ec. fr. de Rome, t. I, p. 327 et 330.

CHAPITRE III.

LES VOLSQUES.

Les Volsques. Anxur fait partie de leur empire, sa part dans la lutte contre Rome. Elle est prise par les Romains, 406. Sa population. Prise et reprise, elle reste définitivement aux Romains. Le traité de 395 avec Carthage. Importance de la position d'Anxur, le saltus ad Lautulas. Destruction de l'empire volsque, importance du fait pour l'avenir d'Anxur les terres Pontines, au temps des Volsques, étaient peuplées, cultivées et riches. Colonie romaine à Anxur, 399. La tribu Oufentina, 318.

Le pays d'origine des Volsques est peut-être la partie de l'Apennin où étaient leurs vieilles cités de Sora, d'Atina, d'Arpinum. Mais dès une époque fort ancienne on trouve leur confédération ou leur empire étendu sur un plus grand espace. Ils dépassent la vallée du Trerus (Sacco), dont ils tiennent le passage par Frégelles et Fabrataria, et occupent le massif des Lepini: c'est là qu'est désormais leur patrie, le centre de leur puissance et de leur territoire, Signia, Cora, Norba, Setia, Privernum. Pendant les premiers siècles de l'histoire romaine, ils s'étendent aussi sur le bassin Pontin et le tiennent jusqu'à ses points extrêmes, Velitræ, Antium, Circeii. Puis, avant d'être conquis eux-mêmes dans les montagnes et les gorges des Lepini, ils voient passer aux mains des Samnites leurs possessions de l'Apennin et à celles des Romains la plaine Pontine. Mais au temps de leur plus grande extension tout leur appartenait, de Velitræ jusqu'à Anxur et de Sora jusqu'à Antium. Qu'elle fût ou non d'origine volsque, Anxur faisait partie de cet ensemble à l'époque de la lutte contre Rome (1).

Tandis que les Volsques s'étendaient dans le bassin Pontin,

(1) Fest., éd. O. Müller, p. 22. Il cite une fin de vers d'Ennius : « Vulsculus perdidit Anzur. » Diod., XIV, 16 : « τὴν Οὐόλσκων πόλιν ἢ πότε μέν ̓Αγξωρ ἐκαλεῖτο, νῦν δ ̓ ὀνομάζεται Ταρρακίνη. »

Rome était devenue la maîtresse du Latium. Albe était tombée et le massif du volcan Latial était passé aux mains de la cité nouvelle. Aussi, dès le temps des rois, du haut des montagnes albaines, les Romains jetèrent-ils un œil envieux sur les terres Pontines. Maîtresse d'un territoire dur à cultiver, pauvre parce qu'elle n'avait guère eu pour s'enrichir que le pillage, toujours pressée par la famine, obligée sans cesse de recourir aux autres pour avoir du blé, n'ayant plus rien à prendre dans le Latium déjà épuisé, Rome commença par les terres Pontines la conquête du monde. Ainsi la continua-t-elle de proche en proche. C'était pour elle, et ce fut toujours, une question de nourriture: seulement, à ces âges primitifs, elle était poussée par la faim; plus tard ce sera par la gloutonnerie.

S'il faut en croire les légendes des rois, elle s'attaqua tout d'abord au principal peuple, à celui qui donna son nom à la région tout entière, aux Pomentini ou Pomptini. C'est par le siège de leur ville, la mystérieuse Suessa Pometia, que Tarquin le Superbe commence la guerre contre les Volsques. Elle durera deux siècles et demi. L'enjeu était le bassin Pontin, qui était alors le grenier du Latium et la richesse du peuple volsque : la lutte finit quand celui-ci en disparut; mais avec lui périt tout ce qui faisait la valeur du territoire si longuement disputé, et bientôt il ne resta plus aux mains de Rome victorieuse que le désert véliterne et les marais Pontins.

Si peu sûres que soient les particularités et la chronologie des légendes romaines, on y démêle cependant les diverses périodes de la lutte. Au sixième siècle, c'est la plaine Pontine qu'on se dispute, et Suessa Pometia tient le premier rang. Dans la première partie du cinquième, l'empire volsque atteint son apogée et conclut avec les Eques une alliance qui durera longtemps: la guerre, du côté des Volsques, se fait sur la frontière latine, des monts Albains à la mer; ce sont eux qui ont l'offensive; ils ferment aux Romains les terres Pontines: c'est l'époque de Coriolan, Antium joue le premier rôle. Dans la seconde partie de ce siècle, la confédération volsque a commencé à se disloquer; il n'y a plus le même ensemble dans la lutte et Rome prend l'avantage dans les terres Pontines c'est Anxur qui combat et tombe. Rome, d'ailleurs, a opposé à l'alliance des Eques celle des Herniques, et le but et le caractère de la lutte ont changé. On ne se dispute plus la plaine Pontine; Rome veut abattre l'empire volsque, les Herniques veulent n'être pas étouffés entre lui et les Eques: aussi, jusqu'à l'arrivée des Gaulois, la guerre se fait-elle dans les montagnes et

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dans la vallée du Trerus; Ecetra y joue le premier rôle. La tourmente de l'invasion gauloise change la face des événements : Rome a la fortune de reconstituer la première son empire, et ses ennemis sont désunis; le lien de l'empire volsque est détruit, les cités luttent seules ou groupées par des alliances temporaires; la conquête du pays volsque s'accomplit; les Samnites en prennent leur part, tandis que les Romains s'emparent du reste. Les dernières cités pontines tombent alors l'une après l'autre : Velitræ, Antium, qui a repris le principal rôle, puis enfin Privernum, qui résiste et succombe la dernière. Ainsi finit, presque à la fin du quatrième siècle, une guerre acharnée et terrible commencée pendant le sixième.

En 406, dit Tite-Live (1), les tribuns militaires, consulari potestate, car c'était l'époque où Rome ne créa pas de consuls, étaient P. Cornelius Cossus, Cn. Cornelius Cossus, N. Fabius Ambustus et L. Valerius Potitus. On décida de conduire l'armée dans le pays des Volsques. « Cn. Cornelius fut laissé à Rome. Les trois autres, ayant constaté que les Volsques n'avaient formé de camp nulle part et n'engageraient point de bataille, divisèrent leurs forces et partirent, chacun de son côté, pour ravager le territoire. Valerius alla vers Antium et Cornelius vers Ecetra : partout où ils passèrent, ils dévastèrent au loin les habitations et les campagnes pour détourner sur eux l'attention des Volsques. Fabius, chargé de l'opération principale, marchait tout droit sur Anxur sans s'arrêter à piller sur la route. » Pour qui connaît le pays, la chronique suivie par Tite-Live est d'une grande précision géographique. C'est sous Lanuvium que les trois détachements se séparent c'est là qu'est le nœud des routes. L'un prend au sud celle qui sera l'Antiatina; l'autre tourne au nord, passe Velitræ et va prendre une route que j'ai reconnue entre les monts Albains et les Lepini; le troisième pousse droit dans les terres Pontines, dont les Romains tiennent déjà les entrées. Le but de la campagne est de prendre Anxur. Cornelius et Valerius ne font que deux diversions sérieuses.

L'exactitude topographique dans le récit du siège d'Anxur est parfaite. Il n'y a qu'à traduire Tite-Live en ajoutant le nom des endroits, pour le voir se faire sur le terrain.

Anxur, dit l'historien, est la ville que nous appelons Terracine. Elle est inclinée vers les marais. En effet, l'éperon du S. Angelo

(1) Liv, IV, 58, 59. Cf. Diod., XIV, 16. Voyez la discussion sur ces légendes à l'Appendice.

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