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nom qu'ils se soient appelés, donne grandement à réfléchir; mais il ne faut pas s'étonner le travail accompli près de là, dans les tufs du Latium, et particulièrement du versant Pontin, a de quoi confondre les modernes (1). Quoi qu'il en soit, les Volsques maintinrent l'état qu'ils avaient créé. Tant qu'une forte population cultiva pied à pied ce territoire, veilla sur le régime des eaux et travailla toutes les terres, tout n'alla que de mieux en mieux. La Palude était alors habitable parce qu'elle était habitée, comme aujourd'hui elle n'est plus habitée parce qu'elle n'est pas habitable.

La cause historique de la formation des marais Pontins fut la disparition de cette population même. Théâtre d'une terrible guerre qui dura deux siècles, conquis par le peuple qui fit du Samnium un désert, le territoire Pontin entre en décadence du jour où il devient` romain. C'est l'histoire de toute l'Italie on sait que le premier fruit de la conquête fut la dépopulation. Relisez seulement TiteLive à chaque campagne, le général s'acquitte de son devoir comme Camille, vainqueur en 389 (2). « Et, poursuivant les fuyards, il dépeupla toute la campagne volsque. » Quand le récit est un peu détaillé, calculez le nombre d'êtres humains massacrés, vendus, réduits à fuir ou à mourir de faim et de misère, en un mot, disparus du pays dans un espace de quelques mois à peine. Vous arriverez, comme l'historien lui-même, à ne plus comprendre qu'il y en ait encore (3). Les montagnes sauvaient toujours quelques-uns de leurs habitants; mais que devenaient ceux de la plaine? Rome, à diverses reprises, envoya des colonies. Mais qu'était-ce que trois cents citoyens, dans ces contrées où le nom même de plusieurs cités avait péri? A chaque instant, nous voyons faire des assignations de terres dans le pays Pontin; mais trouve-t-on que les lois agraires aient jamais refait une classe agricole, ou même une population quelconque? Un fait est hors de doute les terres Pontines, après la conquête romaine, se trouvèrent dépeuplées et ne se repeuplèrent pas : l'homme disparut, et, des localités qu'il avait habitées, il ne resta pas même

(1) Liv., VI, 2.

(2) Voy. Mélanges de l'Ecole française de Rome, t. II, p. 94, 136, 207.

(3) Liv., VI, 12: «Non dubito, præter satietatem tot jam libris adsidua bella cum Volscis gesta legentibus, illud quoque succursurum quod mihi percensenti propiores temporibus harum rerum auctores miraculo fuit, unde totiens victis Volscis et quis suffecerint milites... Simile veri est... innumerabilem multitudinem liberorum capitum in eis fuisse locis quæ nunc, vix seminario exiguo militum relicto, servitia Romana ab solitudine vindicant. »

la trace. Alors la nature se vengea. Le travail humain n'étant plus là, elle reprit son œuvre suspendue, et les marais s'établirent peu à peu. La fécondité du pays demeurait toujours très grande, mais la salubrité disparaissait, l'eau envahissait de jour en jour davantage, la transformation s'opérait. Nous trouverons. plus loin des dates qui nous feront suivre sa marche. Tout concourra à la favoriser pendant les siècles de la République. Le régime de la propriété changera, partout les latifundia se forment. On n'a plus à dire aujourd'hui combien ils ont contribué au dépeuplement de l'Italie et à l'abandon de l'agriculture. Nulle part les résultats ne pouvaient être plus funestes que dans le territoire Pontin, lui qui n'avait pu être habitable qu'à condition d'être très habité, et cultivable qu'à condition d'être très cultivé, très défendu, très soigné. Les montagnes seront un jour déboisées, et les fleuves y perdront leurs régulateurs naturels. Ainsi s'exercent tant d'actions funestes, toutes nées d'un fait, la conquête romaine.

On le voit donc, l'ancien fond de mer où est la plaine Pontine a tendu, dès le jour où il a été garni d'alluvions, à devenir un immense marais. Mais auparavant il devait passer par des états intermédiaires. Le travail de l'homme le maintint dans l'un de ces états pendant plusieurs siècles; le travail de la nature se trouva pour un temps suspendu, et pouvait sans doute l'être. indéfiniment, si les mêmes moyens y étaient appliqués sans cesse. Combien de terres, dans les plus belles plaines de la France, deviendraient d'affreux marécages, si elles restaient incultes seulement cinquante ans! L'homme disparaissant, la nature reprit son œuvre, et la Palude Pontina se créa, comme se créèrent en même temps les marécages de la Maremme toscane à la place de villes florissantes et de belles campagnes cultivées, après que les Romains eurent détruit la population agricole étrusque (1).

Dans cette transformation, on le comprend, nul n'est plus intéressé que Terracine. Et c'est pourquoi j'ai voulu l'expliquer dès l'entrée d'Anxur dans la cité romaine. Elle ne se fit pas tout d'un coup, mais son origine est au temps où les terres Pontines deviennent romaines.

(1) Duruy, Hist. des Rom., éd. ill., I, p. 305. Je crois devoir réserver pour un autre ouvrage l'étude de la conquête romaine. Elle a été touchée récemment, mais d'une manière assez différente, par MM. Zoeller, Latium und Rom, 1878, et Beloch, Der Italische Bund unter Roms Hegemonie, 1880.

La colonie établie dans Anxur trouva donc facilement de la place. Elle était de trois cents familles, ce qui fait, en supposant tous les citoyens mariés et deux enfants en moyenne par ménage, un total de 1200 personnes libres. Chaque citoyen reçut 2 jugera, c'est-àdire 1 heredium, un peu moins de 50 ares et 38 centiares (1). On enleva donc aux Anxurnates un peu plus de 150 hectares et demi de leurs meilleures terres, 3 centuries, comme l'on disait, pour en faire l'adsignatio. De plus, comme dans la cité les nouveaux venus formaient à l'origine une aristocratie seule en possession des droits, l'administration des terres communales, c'est-à-dire la faculté de les cultiver ou de les prendre, tout comme l'aristocratie de Rome faisait de l'ager publicus, fut remise entre leurs mains. C'était la condition des colonies installées dans une ancienne cité; la population primitive y demeurait formant la plèbe, comme était la plèbe de Rome au temps de l'état patricien. Elle conservait seulement les terres que les vainqueurs lui laissaient, ou plutôt, suivant l'expression romaine, lui rendaient, car c'était un don.

Les terres que prirent les colons furent les plus voisines de la ville. On peut les retrouver; voici comment.

Si jamais il y eut cadastre facile à établir et à conserver, c'est celui d'une colonie romaine. La terre est en effet divisée géométriquement, en lots égaux, suivant des règles connues selon chaque espèce de terrain. Ce travail fait une fois pour toutes et chaque parcelle bornée et dénommée, le cadastre est fait pour toujours. Il y a des colonies romaines où cette division des parcelles se voit encore sur le sol (2). Ailleurs, un document donnant le nom des pagi et des propriétés, il a été possible aujourd'hui d'en identifier un grand nombre (3). Des catalogues dressés plus tard servirent aux administrateurs de la République et de l'Empire à trouver, entre autres renseignements sur chaque ville, comment était dressé son cadastre, de quelle catégorie elle était (4). Les agrimensores conservaient soigneusement ce qui concernait ce genre d'affaires, et c'est ainsi qu'Hygin, sous Trajan, nous raconte comment fut fait, quatre siècles et plus avant son époque, le partage des terres à Anxur (5).

(1) Liv., VIII, 21.

(2) Reclus, Géogr. univ., t. I, p. 344.

(3) Desjardins, De Tab. alim., pars III, cap. 2, et p. XLIII et suiv., Tabula pagorum.

(4) Grom. vet., éd. de Berlin, t. II: Mommsen, Die Libri coloniarum.

(5) Ou, dans tous les cas, comment alors on le croyait fait, quelle était la tradition légale, faisan foi.

T

La base géodésique d'une opération de ce genre était une ligne menée de l'Est à l'Ouest au travers des terrains qu'il s'agissait de distribuer. En théorie, ce decimanus maximus devait être déterminé astronomiquement. Mais, dans la pratique, on se laissait souvent guider par le caractère du terrain lui-même (1), et quelquefois on prenait tout bonnement la grande route pour decimanus. C'est ce qui fut fait à Anxur, d'autant plus que cette grande route allait à peu près dans le sens voulu.

Le decimanus maximus, dit Hygin, pour la Colonia Anxurnas, se prend sur la Via Appia. Les terrains susceptibles de culture furent bornés; le reste occupé par des rochers abrupts, fut délimité simplement par l'indication des confins et le nom des localités (2). Ainsi deux cadastres furent dressés, l'un géométrique pour les terres cultivables, dont la base fut la voie consulaire, l'autre descriptif et sommaire pour la montagne: c'est précisément ce qui existe aujourd'hui, tant il est vrai que les mêmes circonstances conduisent aux mêmes opérations.

Venons maintenant à la topographie. Hygin dit que le decimanus, pour Anxur, est la Via Appia. Mais, en l'année 329, la Via Appia n'existait pas la voie consulaire était l'ancienne route volsque, qui, suivant le pied des montagnes, arrivait au temple de Féronie. Cependant la divisio et l'adsignatio des terrains durent se faire. Or, si leur decimanus, pris sur la voie consulaire, se trouva plus tard être sur l'Appia, il fallait donc qu'il fut sur un parcours où le tracé de la route romaine se confondît avec celui de l'ancienne. On verra bientôt qu'il y a un lieu, et un seul, où cette confusion existe et c'est précisément le parcours de trois milles que faisait la route volsque dans la Valle, entre Féronie et Anxur. Là est donc le decimanus qui servit de base au nouveau métrage; et les terrains pris par les colons sont 150 hectares et demi de la Valle. Le choix était conforme aux règles: le decimanus passait par l'oppidum, les terres assignées étaient auprès des murs. De plus, ces terres sont les meilleures pour le vin, l'huile et les fruits. Enfin, comme, outre les champs, des maisons et des bâtiments devaient être assignés aux nouveaux maîtres, on avait la

:

(1) Gr. vet., éd. de Berlin, t. I, p. 178.

(2) Hygin, ibid., p. 179 : « Quibusdam coloniis Decumanum maximum ita constituerunt ut viam consularem transeuntem per coloniam contineret ; sicut in Campania coloniæ Axurnati. Decimanus maximus per viam Appiam observatur : fines qui culturam accipere potuerunt, et limites acceperunt; reliqua · pars aspris rupibus continetur, terminata in extremitate more arcifinio et per locorum vocabula. »

commodité de faire entrer dans le partage ce qu'on voulait des hameaux situés autour de la Valle. Il y a dans celle-ci au moins 450 hectares de bonnes terres, dont la moitié de première qualité, surtout en avant du Monticchio. Le chemin de S. Silviano, qui passe devant cette éminence, court parallèlement à l'Appia à une distance d'environ 1430 mètres, la longueur de deux centuries. De lui à elle allaient plusieurs chemins, dont les uns ont laissé des traces, dont les autres sont indiqués par les alignements des tombeaux. Ils doivent représenter le métrage général et les limites des centuries, dont trois avaient été attribuées aux colons.

La vie des colons de ces âges convient du reste parfaitement au pays, et c'est celle que font encore les gens aisés de Terracine. Le bien-être d'une famille exige une vigna dans la Valle, et c'est ce que l'on vient de voir assigné à chacun; un champ à cultiver dans la Palude et au besoin un oliveto dans la montagne, et c'est ce que l'on se taillait dans l'ager occupatorius; quelques têtes de bétail enfin dans les pâturages communaux de la macchia et de la montagne (1). Aux Anxurnates, population très réduite et qui bientôt entra dans la cité, il resta ce qu'on leur rendit dans la Valle et les Arene; malheureusement nous ne savons pas quelle fut la condition des terrains, s'ils furent redditi ou absoluti, c'est-à-dire garantis ou non, ce qui fait une grande différence au point de vue du trouble jeté dans la propriété. Le Liber Coloniarum ne fait aucune mention du partage, aucune distinction entre les terres, et dit simplement que le territoire fut « dimissus in absoluto (2). » Mais, comme il ne donne en même temps à Terracine que le titre d'oppidum, il est possible, ou qu'il se trompe, ou que nous ayons là le témoignage d'un remaniement postérieur, d'un changement de condition dont l'explication ne serait pas facile. En tous cas, il restait aux Anxurnates la faculté d'occuper sans garantie, en payant une redevance, les terrains laissés en dehors du bornage, more arcifinio (3), et qui étaient en droit ager publicus.

A en croire Velleius Paterculus, la Colonia Anxurnas aurait été une colonie latine (4). Mais Tite-Live, dans sa liste des colonies latines à l'époque de la guerre punique, ne la met

(1) Mommsen, H. R., trad. Alex., t. I, ch. XIII.

(2) Grom. vet., éd. de Berlin, t. I, p. 239. Du reste, les renseignements de cette nature fournis par cet ouvrage n'ont généralement nulle valeur, et doivent être rejetés sans scrupule, s'ils ne sont pas d'autre part confirmés. Voy. Momms., C. I. L.. X, p. 637.

(3) Grom. vet., éd. de Berlin, t. II: Ruhdorff, Gr. inst., p. 251-3. (4) Vell. Pat., b. c., I, 14.

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