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L'UNIVERSITÉ

CATHOLIQUE.

CHAPITRE VIII (1).

DOCTRINES POLITIQUES.

Exposition.

Lorsque M. de Lamennais réfuta Rousseau dans le premier volume de l'Essai sur l'indifférence, il accusa son système religieux de conduire à la destruction même de toute religion. L'athéisme est-il le seul refuge de l'esprit humain? Telle est au fond, disait-il au philosophe déiste, la question entre vous et moi. Rousseau eût protesté contre de semblables conséquences. Mais M. de Lamennais ne lui faisait aucune injure personnelle, en soutenant qu'elles dérivaient nécessairement des principes qu'il avait posés : pour être absous par la justice et la charité, il suffisait à l'accusateur d'être absous par la logique.

Je me trouve dans une position analogue, au moment où j'ai à discuter, dans les opinions politiques de M. de Lamenles opinions politiques de M. de Lamennais, les principes du Contrat social exhumés et rajeunis. Les doctrines de la Convention ont-elles posé les bases du système social chrétien? Les Jacobins sont-ils les seuls vrais chrétiens des temps modernes ? telle est au fond la question. En l'énonçant ainsi, nous attribuons aux théories de M. de Lamennais plusieurs conséquences qu'il repousse sans aucun doute, personne n'en est plus convaincu que nous. Mais elles nous semblent se

déduire si rigoureusement des principes

(1). Nous donnons à nos lecteurs la suite de l'ouvrage de M. Gerbet: voir les sept premiers chapitres dans les livraisons de janvier, février, mars.

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qu'il établit, qu'on pourrait craindre que la tyrannie d'une impitoyable logique ne le précipitât dans ces extrémités, si son caractère personnel ne nous garantissait que, pour y échapper, il se sauverait au besoin dans l'inconséquence.

Pour nous expliquer, à quelques égards, faut remonter un peu haut, et jeter un la séduction à laquelle il a succombé, il coup-d'oeil sur une des principales sources

des aberrations humaines.

offre un tel mélange de grandeur et de L'homme, considéré dans sa nature, bassesse que l'on est tenté, selon que l'on envisage la partie supérieure ou la partie inférieure de son être, d'en faire un Dieu ou une brute. La philosophie de l'antiquité avait oscillé d'un de ces excès à l'autre le stoïcisme et l'épicuréisme y saillante, cette double tendance qui est ont représenté, de la manière la plus de tous les temps.

:

La même tentation se reproduit lorsque l'on considère, non plus seulement l'individu, mais la société, qui a aussi et

nécessairement, son côté noble et éblouissant, et son côté défectueux et triste. De là deux fausses philosophies sociales, de ce qu'elle peut être, l'autre qui veut l'une qui veut élever la société au dessus l'abaisser au dessous de ce qu'elle doit les mots fondamentaux de ces deux docêtre : l'homme-ange, l'homme-brute, voilà

trines.

Le beau côté de la société humaine, c'est l'égalité de nature, non point cette égalité qui ne consisterait que dans une simple similitude de facultés, telle qu'elio existe entre les animaux d'une même espèce, mais cette égalité qui comprend à

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la fois, hors des limites de la vie présente, l'unité d'origine et l'unité de destination, et qui fait de tous les hommes, formés à l'image d'un même Créateur, liés par les mêmes devoirs, et coordonnés à la même fin, une famille de frères sous la paternité de Dieu, Telle est la vraie notion chrétienne de l'égalité de nature, un peu différente assurément de celle qui fut mise en vogue dans le dernier siècle sous l'influence des doctrines matérialistes alors prédominantes; et, pour le remarquer en passant, il ne faut pas s'étonner que tant de personnes répugnent à chercher la doctrine chrétienne sur la fraternité humaine dans les axiomes d'une philosophie qui ne voyait dans les hommes, rachetés par le Christ, que les plus parfaits des bipèdes,

Mais l'égalité de nature n'exclut pas des inégalités naturelles aussi. Prenez cent triangles: ils seront égaux, quant à ce qui constitue radicalement leur essence, et pourront en même temps être naturellement inégaux dans leurs dimensions. Tout ce qui est de l'homme a un côté défectueux; ce fonds commun d'égalité de nature se produit, dans les individus, sous des conditions inégales. Les inégalités individuelles dépendent radicalement soit de la constitution native de chaque homme, soit de l'usage de sa liberté. Sans recourir aux données de la phrénologie, personne n'ignore, pour peu qu'il ait réfléchi sur ce sujet, que l'organisation. exerce une influence notable sur l'activité et le développement des facultés intellectuelles, et personne ne conteste non plus que, sous ce rapport en particulier, l'organisation n'offre des degrés très divers de supériorité et d'infériorité. Les inégalités qui résultent de l'usage plus ou moins bien réglé de l'intelligence et de la volonté, constituent aussi, dans leur ensemble, un grand fait naturel, puisqu'il n'est que l'expression de la nature libre de l'homme. De ces deux sources procède une troisième espèce d'inégalités, qui, bien qu'extérieures à l'individu, ne lui en sont pas moins inhérentes, La propriété, qui détermine à plusieurs égards la sphère d'activité de chaque individu, est en quelque sorte l'enveloppe de son corps, l'organisme de son organisme ; et comme

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des facultés plus ou moins puissantes, plus ou moins bien dirigées, suffisent pour entraîner des différences de fortune, ces différences, en tant qu'elles tiennent à cette cause, font partie des inégalités individuelles, dont elles sont la forme externe et le complément.

à

Les inégalités originairement individuelles en produisent d'autres, qu'on peut appeler domestiques, et qui ne sont encore que le prolongement des premières. Le père, chef de la famille, lui donne, ainsi que la mère, l'empreinte de ce qu'il est, et la façonne à son image. Les enfans appartenant à une famille moins intelligente, moins vertueuse, moins puissante, sont frappés d'infériorité, relativement d'autres enfans, qui, sans être doués de facultés plus heureuses, se trouvent seulement placés dans un milieu plus favorable à leur développement. C'est qu'il y a, pour ainsi dire, deux naissances pour l'être humain : après être sorti du sein maternel, il reçoit une seconde formation dans le sein de la famille, et cette espèce de gestation sociale détermine une seconde série de supériorités et d'infériorités.

Enfin les inégalités soit purement individuelles, soit domestiques, engendrent dans leurs rapports avec la société, des inégalités politiques, en ce sens que les familles ou les individus, relativement incomplets, et par cela même moins aptes à gérer leurs propres affaires, sont à plus forte raison moins capables de concourir au gouvernement des affaires publiques. Ces trois espèces d'inégalités forment comme les anneaux d'une même chaîne, étroitement unis les uns aux autres; et par cela même qu'elles accusent, sous divers rapports, les imperfections et les défectuosités de la nature humaine, nul doute qu'elles ne fassent un contraste humiliant et triste avec l'égalité de nature. Mais, quoique, dans plusieurs cas, elles puissent provenir de causes injustes, il n'en est pas moins vrai qu'indépendamment de toute oppression de l'homme par l'homme, elles ont, dans l'essence même de l'humanité, un principe permanent et universel.

Ainsi le dualisme maîtrise la société humaine. Elle porte sur une double base d'égalité et d'inégalité, l'une nécessaire,

Pautre inévitable: l'axe social doit passer par ces deux pôles.

Trois doctrines sont en présence : la doctrine païenne, la doctrine révolutionnaire, la doctrine chrétienne.

La doctrine païenne ( nous désignons ainsi celle qui a eu le plus de vogue dans l'antiquité ) est très simple. Elle conclut du grand fait d'inégalité à l'existence de deux races humaines, créées, l'une pour commander, l'autre pour obéir; et, comme un instrument remplit d'autant mieux ses fonctions, qu'il est plus compléte ment dans la dépendance de celui qui l'emploie, il s'ensuit que, chez la race naturellement esclave, toute action, toute parole, toute pensée même, autant qu'il est possible, doit être assujétie par toutes sortes de chaînes, à la volonté de la race maîtresse, prédestinée à faire mouvoir, dans son intérêt, cet instrument social.

Dans le paganisme, la loi d'inégalité fut la pensée prédominante des publicistes, qui furent conduits, par l'oubli de l'égalité de nature, à sanctionner, comme partie essentielle de l'ordre nécessaire et immuable, l'esclavage qui faisait de l'homme une chose. Sous l'empire du Christianisme, une pareille tentation ́n'est plus possible généralement, une autre lui a succédé. C'est le sentiment de la dignité humaine que l'on est porté à exagérer. On peut se laisser éblouir par le vif éclat que le Christianisme a répandu sur l'égalité de nature, on peut s'en préoccuper à tel point que l'on ne songe qu'à tirer les conséquences de ce principe, sans déduire parallèlement les conséquences de la loi d'inégalité qui modifient les premières, et l'on rêve alors un ordre social sous lequel ploierait la faiblesse humaine. Cette séduction de l'intelligence est d'autant plus facile, que dans ces théories orgueilleuses, l'orgueil semble se dépouiller de ce qu'il a de personnel et se confondre avec le sentiment de la noblesse de notre nature. C'est là, au fond, l'histoire d'une foule d'erreurs nées de l'abus des vérités chrétiennes. Qu'était-ce, par exemple, que l'illuminisme de certaines sectes et les systèmes dont il fut le père? l'utopie de l'individu. Appliquée à l'homme social, cette disposition d'esprit se transforme en il-pression, une violation de la loi de justice. luminisme politique, qui se développe particulièrement sous l'influence de cette exaltation, de cette espèce d'enivrement que produit aux époques de crise la lutte des partis.

Le principal écueil des théories politiques, l'écueil qui les pousse vers l'un ou l'autre des excès que nous venons de signaler, se trouve dans un fait universel qui domine toute l'histoire de la société humaine. Ce fait, c'est que le genre humain se compose d'une minorité civilisée, et d'une majorité relativement ignorante. Suivant que l'on apprécie bien ou mal ce fait soit en lui-même, soit dans ses conséquences nécessaires, tout change d'aspect toutes les questions d'organisation politique ont leurs replis dans cette répartition inégale de la civilisation.

Quoique placée, à son point de départ, aux antipodes de la doctrine païenne, la doctrine révolutionnaire est très simple aussi. Elle conclut de l'égalité de nature à l'égalité politique absolue; c'est-à-dire, qu'elle ne reconnaît pour ordre social légitime que celui où tous les individus concourent fondamentalement, età titre égal, au gouvernement de la société. Il suit de ce principe que, dans tout ce qui ne constitue pas un attentat aux droits. de chaque individu radicalement souve◄ rain, l'action, la parole, la presse doi◄ vent jouir d'une liberté illimitée, et que toute restriction à cet égard est une op

La doctrine que nous appelons chrétienne, parce que seule elle est conforme, comme nous le verrons, aux principes du Christianisme, tient com, pte de l'égalité de nature et du grand fait d'inégalité. D'une part, elle proclame que tous les hommes sont frères, et que par conséquent le genre humain n'est pas divisé en deux races, dont l'une ne serait destinée qu'à être l'instrument de l'autre. D'autre part, elle maintient que partout où il y a une minorité civilisée et une majorité relativement ignorante, cette différence détermine très légitimement et dans l'intérêt de tons, des inéga◄ lités politiques. Et si, dans la classe plus particulièrement appelée à l'administration des affaires publiques, il se rencontre encore de notables inégalités, comme cela arrive lorsque cette classe

est nombreuse, cette doctrine admet qu'elles doivent naturellement se reproduire aussi dans la constitution politique; en un mot que la société doit être organisée hiérarchiquement d'une manière correspondante aux rapports existant entre les principaux élémens dont elle

se compose.

D'après cette notion fondamentale, la doctrine chrétienne repousse les conséquences réciproquement opposées des deux autres doctrines. Evidemment elle ne saurait reconnaître comme élément nécessaire de l'ordre social la servitude de pensée, de parole et d'action, puisque nul individu n'est simple instrument et que tous sont des personnes : chaque membre d'un état doit donc jouir d'une sphère de liberté personnelle. Mais en même temps cette doctrine exclut, aux mêmes égards, la liberté illimitée. Car si cette liberté est la conséquence naturelle de la doctrine révolutionnaire qui admet, comme droit absolu, l'indépendance primitive et égale de chaque homme, il est clair qu'une semblable conséquence ne saurait se concilier avec une doctrine qui repose sur une base contraire; et, en effet, le pouvoir de gouverner, dès qu'il n'est pas le résultat d'une simple délégation arbitraire, implique nécessairement, dans ceux qui en sont investis, le droit de régler, suivant les besoins de la société, l'usage des libertés individuelles.

L'essence de la doctrine révolutionnaire est de considérer le suffrage universel, condition indispensable de l'égalité politique, comme une règle absolue, dont on ne peut se départir, sans que la société, fondée dès lors sur l'injustice et l'oppression permanente, ne soit qu'une vaste organisation du crime. Il résulte de là que, pour remédier au désordre tel qu'elle le définit, cette doctrine doit procéder brusquement, par voie de commotions, de violences, de révoltes. A toutes les époques, si ses partisans eussent eu la force à leur disposition, ils eussent dû, pour être conséquens, renverser tout ce qui était, faire de la société une table rase pour opérer sa réorganisation sur la base de l'égalité politique: il n'y a pas, dans l'humanité, une minute où l'insurrection universelle

n'eût été le plus saint des devoirs. De nos jours surtout, un semblable vœu, le vœu d'un immense bouleversement doit être caché dans les abîmes de leur sauvage logique : ils doivent estimer que le plus grand bonheur qui pût arriver au genre humain serait que tous les gouvernemens s'écroulassent tout-à-coup, que tous les liens sociaux fussent momentanément brisés, que l'humanité tout entière devint, pour quelque temps, une grande horde indisciplinée, errante parmi des ruines, afin qu'il fût possible, dans le déblaiement universel du passé, de poser enfin la pierre angulaire de l'égalité.

Ce n'est pas ainsi que procède la doctrine chrétienne, qui part d'autres principes. Elle n'admet point, en ce qui concerne la répartition des droits politiques, de règle absolue, c'est-à-dire, obligatoire dans tous les temps. Comme le but de la société est de procurer à ses membres la plus grande somme possible de bien-être spirituel et matériel, et que le possible, à cet égard, dépend, à chaque époque et chez chaque peuple, de l'état de la civilisation; les droits politiques, qui ne peuvent être qu'un moyen de tendre vers le but invariable de la société, sont euxmêmes nécessairement relatifs, puisqu'ils doivent être déterminés d'une manière correspondant aux degrés de la civilisation même. Aussi la doctrine chrétienne répugne-t-elle essentiellement aux moyens violens, qui, troublant le développement naturel d'une société, ne produisent que des mouvemens sans progrès. Son action est lente parce qu'elle est pacifique, mais elle est sûre parce qu'elle est lente. Sous son influence, nul progrès ne s'opère sans avoir le caractère de tout progrès réel, la stabilité. Elle travaille à diminuer tous les maux de la société, de la manière qu'elle a travaillé à l'abolition de l'esclavage. Elle ne brise pas; elle guérit.

Nous ne discutons pas encore les doctrines dont il vient d'être question; nous avons voulu seulement les caractériser. La doctrine païenne est à quelques égards pour la société ce que l'épicuréisme est pour l'individu; elle est dégradante et brutale, au moins autant pour ceux qu'elle condamne à imposer l'esclavage que pour

civilisateur, et quelle qu'ait été, avec le temps, la diffusion plus ou moins grande des rayons émanés de ce foyer, il y a néanmoins, chez les peuples modernes eux

ceux qu'elle force à le subir. La doctrine | chaque peuple à son origine, un foyer révolutionnaire est une espèce de stoïcisme social, si l'on prend le stoïcisme dans sa partie mauvaise; et nous verrons en effet que, comme lui, cette doctrine hautaine et violente méconnaît les né-mêmes, sous l'enveloppe de la même unicessités de la nature humaine, qu'elle crée orgueilleusement une humanité chimérique, qu'elle est la morale insensée d'une société impossible.

Telle est la doctrine dans laquelle M. de Lamennais s'est précipité. Il en a formulé le principe dans toute sa rigueur et toute son étendue, en disant qu'entre les hommes égaux par nature il n'existe aucune différence de droits (1), et comme il l'explique lui-même dans son journal, il comprend spécialement sous ce nom les droits politiques. Il déduit de ce principe une double série de conséquences, dans l'ordre politique et dans l'ordre religieux. Dans l'ordre politique, la société, telle qu'elle est constituée en Europe et en France particulièrement, ne reposant pas sur la base de cette complète égalité, est une espèce de monstre d'iniquités, qu'il faut faire tomber, s'il en est besoin, sous le glaive des révolutions. Dans l'ordre religieux, l'église catholique qui s'oppose à la doctrine révolutionnaire, est condamnée à mort par la Providence, parce qu'elle lutte contre ce qui forme, suivant lui, l'irrésistible et divine tendance des peuples. On ne nous accusera donc pas de combattre une chimère, en ramenant fondamentalement la discussion au principe théorique de l'égalité absolue des droits, présentée comme la base perpétuellement nécessaire de tout ordre social légitime. Ce principe est comme la racine des erreurs de M.de Lamennais ; cette racine une fois détruite, ces erreurs tombent en poussière.

CHAPITRE IX.

Vice radical de la doctrine révolutionnaire.

Lorsque l'on considère, dans son ensemble, l'histoire de l'humanité, on distingue aisément, à travers la diversité des institutions politiques, le fait universel et prédominant que nous avons déjà eu occasion de signaler. Il y a eu dans

(1) Affaires de Rome, p. 297.

té nationale, deux classes d'hommes, une classe civilisátrice, et une classe étrangère, sous plusieurs rapports, à ce qui constitue la supériorité de l'autre. Les hordes sauvages échappent seules à cette loi: elles possèdent l'égalité de l'igno

rance.

En présence de ce grand fait, les partisans du système que nous combattons sont placés dans l'alternative de soutenir ou que l'inégalité de civilisation est, de toute nécessité, un fait illégitime, provenant de causes injustes et oppressives, ou que cette inégalité, bien qu'elle puisse être légitime en soi, ne peut pas entrafner légitimement des inégalités politiques.

La première de ces assertions n'est pas une simple absurdité, c'est une folie. Tracez un tableau, aussi sombre que vous le voudrez, des injustices des gouvernemens; toujours est-il qu'en dehors des abus qui sont le fait de l'homme, l'inégalité de civilisation a une cause naturelle permanente, d'une part dans la nécessité physique qui, enchaînant une grande partie du genre humain aux travaux manuels du labourage et de l'industrie, lui interdit, à beaucoup d'égards, la culture de l'esprit; et d'autre part dans une nécessité morale, dans cette invincible tendance qui pousse ceux qui s'affranchissent du joug des travaux manuels, à reporter leur activité dans la sphère de l'intelligence. Ne voudrez-vous donc reconnaître pour état légitime que celui où tous seraient également instruits, ou également ignorans? Dans le premier cas, adieu les travaux des champs, adieu les métiers, adieu le pain : cette égalité de science ne s'achèterait qu'au prix de la destruction du genre humain. Dans le second cas, c'est donc le progrès que vous taxeriez d'injustice : lorsqu'une partie de la race humaine se spiritualise, vous l'accuseriez d'être usurpatrice parce qu'elle grandit, et plaçant la société sur un lit de Procuste d'un nouveau genre, vous retrancheriez ce qui forme, non pas

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