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sans lesquels les préceptes de Moïse seraient promptement tombés dans l'oubli. Quoique les prophètes honorés des communications divines se trouvent chargés de pouvoirs extraordinaires, il y a pourtant quelque chose de régulier et de constant dans leur mission et dans la manière dont elle passe de l'un à l'autre. A dater de Samuel, il n'y a pas d'époque qui n'ait son prophète : dans Israël comme dans Juda, il se trouve toujours quelqu'un de ces délégués du Seigneur, honoré par les uns, méprisé par les autres, mais vers qui se tournent tous les regards dans les grands dangers, dans les grands malheurs publics.

Le ministère des prophètes étant l'un des points les plus importans et en même temps les moins bien connus de l'Histoire sainte, nous pensons qu'on nous saura gré de donner sur ce sujet quelques éclaircissemens empruntés au savant ouvrage de M. Molitor sur la Tradition. L'instruction supérieure, en ce qui concernait la loi, se donnait dans des établissemens particuliers appelés écoles des prophètes. Dans ces écoles, le disciple ne devenait pas un prophète à proprement parler, car ce n'est pas chose qui puisse s'enseigner, mais on le conduisait à la sagesse, on lui faisait connaître les profondeurs de la loi ; enfin, s'il en était jugé digne, on l'initiait aux mystères les plus intimes de la sagesse prophétique, ce qui le rendait propre à recevoir les communications divines. Ces écoles, à la tête desquelles étaient toujours les chefs spirituels du peuple, étaient véritablement les piliers de la constitution théocratique. De là sortaient la vie et l'influence spirituelle qui se répandaient dans la masse ; là était le siége et le centre vivant de toute la religion; là se formaient les docteurs et les chefs d'Israël et presque tous ses prophètes. Amos le berger fut peut-être le seul qui n'eût pas été élevé dans cette école. On regarde communément Samuel comme le premier fondateur de ces écoles, parce que la Bible en fait pour la première fois mention expresse au premier livre des Rois (Chap. x, v. 5-19); Samuel peut bien être le restaurateur de ces écoles, mais il n'en fut certainement pas le créateur, car les écoles de haute sagesse sont

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aussi anciennes que les sages eux-mêmes. Dans tous les temps, les hommes d'élite sur lesquels se reposait l'Esprit divin se firent un devoir de rassembler autour d'eux des disciples afin de conserver à la postérité par leur moyen les doctrines reçues des ancêtres, et afin de ne pas laisser les choses saintes disparaître de la terre. Si des écoles de ce genre ne s'étaient perpétuées sans interruption depuis la plus haute antiquité, la tradition aurait pu difficilement se maintenir.

La tribu de Lévi, à la vérité, était seule chargée de tout ce qui se rapportait au culte divin: mais les prêtres et les lévites n'étaient pas en cette qualité les dépositaires exclusifs de la doctrine et de la direction suprême d'Israël. Ces hautes fonctions, d'après la prescrip. tion divine, n'étaient pas attachées à la naissance, mais à certaines qualités personnelles. Il y avait dans la constitution théocratique d'Israël trois pouvoirs, le pouvoir sacerdotal, le pouvoir exécutif laïque et le pouvoir spirituel, qui servait de médiateur entre les deux autres et qui constituait véritablement le centre de toute la hiérarchie, en ce qu'il avait l'inspection suprême tant sur la doctrine que sur l'observation de la loi, et le maintien de toute la constitution ecclésiastique et civile. Cette haute autorité, et avec elle le dépôt de toute la tradition, était entre les mains des anciens, choisis indistinctement parmi les plus sages de la nation, soit qu'ils appartinssent à la tribu sacerdotale, soit qu'ils lui fussent étrangers. Il ne faut pourtant pas se représenter ces anciens comme des magistrats civils ordinaires, ni s'imaginer que des laïques fussent supérieurs aux prêtres dans la hiérarchie juive. Il n'en était pas ainsi; ces anciens, qui étaient les sages de la nation, recevaient la plus haute consécration spirituelle, puisque ce conseil, lors de sa première institution (voyez Num. xi, 25), reçut le Saint-Esprit qui ensuite était transmis par l'imposition des mains, lors de l'admission de chaque membre (Num. xxvII, 18). A la tête de ce conseil des anciens se trouvait le prophète comme la plus haute autorité spirituelle dans Israël, car le prophète n'était pas simplement un prédicateur, mais le chef suprême de

toute la hiérarchie instituée par Dieu même dans le Deutéronome où il est dit : << Le Seigneur te suscitera du milieu de ta nation et de tes frères un prophète semblable à moi, tu l'écouteras (XVIII, 15); » et plus haut: « Je leur susciterai du milieu de leurs frères un prophète semblable à toi je mettrai mes paroles dans sa bouche et il leur dira ce que je lui aurai ordonné. Si quelqu'un ne veut pas écouter les paroles qu'il dira en mon nom, c'est moi qui le punirai (ibidem, v. 17).

:

<< Le conseil des anciens était en rapport intime avec les écoles des prophètes. C'était de ces écoles que sortaient, la plupart du temps, les membres du grand conseil de gouvernement, et d'un autre côté, le chef de la hiérarchie était en même temps le docteur suprême. Les enfans des prophètes qui, du reste, étaient divisés en plusieurs classes, étaient presque entièrement séparés du reste des laïques, et formaient un véritable ordre religieux: ils vivaient dans la pureté, pratiquaient certaines abstinences, évitaient le contact des gens mondains et sensuels, et s'efforçaient de pratiquer la loi dans toute sa rigueur, ainsi que nous en voyons un exemple dans Daniel et ses compagnons, qui, pour ne pas se souiller en mangeant les alimens que leur faisait donner le roi de Babylone, mangeaient secrètement des légumes et buvaient de l'eau...... De même que le grand-prêtre était revêtu de la plus haute dignité en tout ce qui concernait les fonctions sacerdotales (in pontificalibus), le prophète, comme président des anciens, était le pouvoir spirituel suprême (in spiritualibus). Ces deux hautes charges pouvaient être réunies sur la même tête, comme nous le voyons par l'exemple d'Elie. Mais lors même que le grand-prêtre n'était pas revêtu de cette haute autorité spirituelle, il était ordinairement membre du grand conseil. Dans les premiers temps de la théocratie juive, le même homme réunissait, sous le nom de juge, l'autorité spirituelle et le pouvoir civil exécutif. Moïse fut, à proprement parler, le premier des juges. Lorsque plus tard la royauté fut introduite chez le peuple d'Israël, le pouvoir exécutif fut enlevé au chef des anciens et conféré au roi.

[ Depuis cette époque jusqu'à la captivité de Babylone, les trois pouvoirs restèrent · séparés l'un de l'autre.

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Ceux qui prétendent que la constitution de l'église juive après Esdras ne fut plus qu'une œuvre purement humaine, tout-à-fait hors des prescriptions de Moïse, soutiennent que, selon l'institution primitive, les prêtres et les lévites avaient le dépôt exclusif de la doctrine et du gouvernement. Mais, selon eux, au retour de la captivité, la constitution de l'Eglise fut bouleversée et remplacée par des institutions tout-à-fait nouvelles, d'où il résulta que les prêtres et les lévites furent supplantés dans le gouvernement et l'enseignement par une nouvelle classe de docteurs. Mais si cette assertion sur les règles de l'ancienne Eglise quant aux attributions de l'Eglise est exacte, comment se fait-il que Moïse ait consacré pour son successeur Josué, qui n'était pas de la tribu de Lévi, mais de celle d'Ephraïm. Aucun des juges d'Israël ne fut lévite, à l'exception du grand-prêtre Héli. Les prophètes mêmes qui, du com. mencement jusqu'à la fin, furent incontestablement les docteurs suprêmes du peuple d'Israël, sortaient la plupart du temps des autres tribus. Un passage du premier livre des Paralipomènes (XII, 13) prouve que du temps de David les principaux docteurs appartenaient à la tribu d'Issachar. La vérité est que les prêtres et les lévites étaient plus particulièrement appelés à instruire et à gouverner, ce qui fait que dans l'Ecriture ils sont mentionnés comme les docteurs ordinaires du peuple; mais quand il se trouvait des hommes plus capables dans les autres tribus, ils étaient admis sans difficulté à ces fonctions, comme on en trouve une infinité d'exemples dans l'Histoire sainte (1). »

Nos lecteurs nous pardonneront cette digression, destinée à leur faire bien connaître la position des hommes qui ont écrit la plupart des livres de l'Ancien Testament. Ces notions sont nécessaires pour bien saisir le caractère de leurs écrits, et notamment celui de leurs écrits historiques. Si dans l'antiquité pro->

(1) Philosophie der Geschichte, oder ueber die tradition, t. I, p. 155.

tions, des imaginations poétiques, c'est la réalité elle-même, mais vue à la lumière d'en haut ; c'est le tableau de la lutte toujours subsistante entre la puissance divine et la liberté humaine, tel que les confidens du Très-Haut pouvaient seuls le retracer. Aussi n'y a-t-il pas de lecture plus instructive pour ceux que préoccupe le difficile problème des destinées humaines, et c'est là seulement que notre Bossuet a puisé cette hauteur de pensée et cette majesté de langage qui font de son Discours sur l'Histoire universelle une œuvre si grande parmi les œuvres des hommes.

Parmi les anciens livres mentionnés dans l'Ancien Testament, et qui ne sont pas parvenus jusqu'à nous, la plupart étaient des livres historiques. A cette classe appartenait sans doute le livre des Guerres de Jehovah, cité dans les Nom

fane, les historiens qui ont joué un grand | rôle politique, tels que Thucydide ou César, nous paraissent si intéressans à étudier, à raison d'un certain sens pratique qu'eux seuls possèdent, que sera-ce d'historiens qui à la plus haute magistrature spirituelle de leur pays ont joint la connaissance plus ou moins étendue des plans divins à l'égard de leur nation, pour ne rien dire du don de prophétie et de celui des miracles? Aussi leur langage a-t-il une force et une autorité dignes de celui au nom duquel ils parlent. C'est chez eux, non ailleurs, qu'il faut chercher la vraie philosophie de l'histoire, si ce mot vague et ambitieux des modernes peut être de mise là où il s'agit, non de systèmes arbitraires, d'hypothèses bâties sur un petit nombre de faits mal connus, et qui ne s'en donnent pas moins hardiment pour des lois générales, mais d'oracles infaillibles, de dé-bres (xx1, 14), et qui se rapportait à la crets souverains, de jugemens rendus au plus haut des cieux. Ce qui distingue les historiens sacrés de tous les autres, c'est qu'ils ne laissent jamais perdre Dieu de vue. L'observation ou la violation de sa loi dans Israël, les événemens heureux ou funestes qui en résultent, la mission des prophètes et les merveilles accomplies par eux, tels sont les objets sur lesquels ils aiment à s'arrêter, laissant volontiers de côté tout ce qui serait de pure curiosité, mais insistant sur les faits qui portent en eux leur moralité, et s'attachant à bien marquer l'enchaînement des décrets divins. L'histoire chez eux est un grand drame, qui a pour acteurs Dieu et le peuple. D'une part, c'est la Providence travaillant à l'éducation d'Israël avec une sollicitude toute maternelle, prodiguant les instructions, les avertissemens, les corrections, également fidèle dans ses promesses et dans ses menaces, quelquefois sévère dans ses châtimens, mais le plus souvent pleine de patience et de longanimité; d'autre part, c'est une race perverse et indocile, toujours sourde aux prophéties et aux miracles, malgré des expériences mille fois répétées, et forçant Dieu, en quelque sorte, à changer ses plans de miséricorde en jugemens terribles, mais nécessaires pour que le bien puisse sortir du mal. Et ce ne sont pas ici de vaines fic-34, etc., etc.

guerre entreprise par ordre de Dieu contre les Amorrhéens pendant le séjour dans le désert. La conquête de la Palestine sous Josué, les nombreuses guerres du temps des Juges, qu'on peut appeler l'époque héroïque d'Israël, furent certainement racontées et célébrées avec plus de détails qu'elles ne le sont dans les récits si courts et si pleins de lacunes qui nous en restent. Cela est suffisamment prouvé par plusieurs passages qui sont évidemment des citations de monumens plus anciens (1). Quant à l'époque des Rois, nous savons qu'elle eut des historiens en assez grand nombre. Les auteurs des livres qui nous restent en mentionnent quelques uns, et renvoient d'ailleurs sans cesse aux annales des rois de Juda et à celles des rois d'Israël (2). Indépendamment de ces annales sans nom d'auteurs, nous savons que le règne de David avait eu pour historiens les prophètes Nathan et Gad; celui de Salomon était raconté dans les Paroles de Nathan, dans les livres d'Ahias de Silo et dans la Vision d'Addon le voyant contre Jéroboam; celui de Roboam, dans ce dernier livre et dans ceux du prophète Semeias;

(1) Voyez par exemple la citation du livre des Jus tes à l'occasion du miracle de Josué. Jos. x, 15. (2) 3. Reg. xx1; 41, XIV; 29. 2 Paralip. XVI, II; XX,

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celui d'Abias l'avait été par Addon ; celui de Josaphat, par Jehu, fils d'Hanani; le prophète Isaïe avait écrit l'histoire d'Osias, et Hosaï, celle de Manassé (1). Tous ces écrits, dont la plupart avaient pour auteurs de grands prophètes, sont assurément fort regrettables. Toutefois, puisque Dieu a permis qu'ils se perdissent, on doit croire qu'ils ne contenaient rien de très utile pour notre édification. Comme ils existaient encore au retour de la captivité de Babylone, ainsi que le prouvent les Paralipomènes rédigés postérieurement à cette époque, comme d'un autre côté l'historien Josèphe n'a pas eu à sa disposition d'autres livres que ceux qui nous sont restés, il est probable qu'ils auront été détruits lors de la persécution d'Antiochus, qui, dans son désir d'effacer les vieilles mœurs juives, dut chercher à faire disparaître tout ce qui pouvait entretenir l'ancien esprit national. Les livres historiques dont nous sommes en possession sont donc Josué, les Juges et les Rois, compris parmi les Prophètes, les Paralipomènes, Esdras et Néhémie, simples hagiographes ou écrits sacrés. Viennent ensuite quelques histoires particulières, dont deux, Tobie et Judith, n'existent pas en hébreu et sont rejetées du canon des Juifs, quoiqu'admises dans celui des catholiques; puis enfin, les deux livres des Machabées, qui, considérés également comme apocryphes par les Juifs et comme deutérocanoniques par l'Eglise, terminent l'Aneien Testament. Nous parlerons de ces divers ouvrages selon l'ordre où la Bible nous les présente.

Le livre de Josué a probablement pour auteur Josué lui-même; du moins cela semble résulter d'un passage du dernier chapitre (xxiv, 26). On y trouve pourtant quelques additions et quelques interpolations d'une époque postérieure ; il raconte brièvement, mais avec beaucoup de force et de gravité, la conquête de la terre de Chanaan et les prodiges qui ont signalé ce mémorable événement. Ce qui caractérise le successeur de Moïse, c'est l'obéissance parfaite aux ordres de Dieu et le courage fondé sur la foi entière en

(1) 1 Paralip. XXIX, 29. 2 Paralip. IX, 29, XII, 15, etc., etc.

ses promesses. Il est dit de lui, « qu'il ac<< complit tous les commandemens di<<< vins sans omettre le moindre des or« dres donnés par le Seigneur à Moïse.»> (XI, 15.) Sa mission principale est de communiquer aux Israélites cet esprit de foi et d'obéissance, de l'inculquer, de l'enfoncer fortement dans leurs âmes. Ce but est bien marqué dès le commencement du livre, où Dieu répète plusieurs fois à Josué d'être fort et courageux, où il lui dit : «Ne crains pas, n'aie pas peur, << parce que le Seigneur ton Dieu est avec << toi dans ce que tu entreprendras. » (1,9.) Plus loin il lui ordonne d'annoncer au peuple qu'il va passer le Jourdain à pied sec« Aujourd'hui, lui dit-il, je ‹ veux t'exalter devant tout Israël, afin <qu'ils sachent que je suis avec toi

comme j'ai été avec Moïse. » Le miracle accompli, Josué leur fait prendre douze pierres dans le lit du Jourdain pour les placer à Galgala, afin qu'elles servent de témoignage aux siècles futurs. Et il dit aux enfans d'Israël : ‹ Quand vos fils interrogeront leurs pères et leur demanderont ce que signifient ces pierres, vous le leur apprendrez et vous leur ‹ direz: Israël a passé le Jourdain à pied sec, le Seigneur votre Dieu ayant desséché les eaux en votre présence comme il avait fait auparavant de la mer Rouge, afin que tous les peuples de la terre connaissent la forte main du Seigneur, et afin que vous craigniez en tout temps le Seigneur votre Dieu.› Après ce premier prodige viennent d'autres prodiges encore plus surprenans, s'il est possible. Il semble que Dieu craigne de n'en pouvoir jamais assez faire pour frapper l'esprit de son peuple et le maintenir fidèle, au moins pendant le temps nécessaire à son établissement en Chanaan. Rien n'est plus célèbre que la chute des murailles de Jéricho au son des trompettes, et le combat où Josué arrête le soleil. Ce n'est pas ici le lieu de commenter ces faits merveilleux, qui sont du reste racontés en peu de mots et avec la simplicité qui caractérise toujours ces sortes de récits dans la Bible. Toutefois, nous croyons qu'on nous saura gré de faire connaître à leur occasion de quelle manière certains théologiens protestans expliquent les miracles,

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Nous prendrons notre exemple dans l'ouvrage de Herder sur l'Esprit de la poésie hébraïque. Après avoir cité le fameux passage où Josué commande au soleil de s'arrêter, et où il ne voit, lui, qu'une figure de rhétorique, Il est pos<«<sible, ajoute-t-il, que Josué ait expri« mé à haute voix le désir de voir le jour « se prolonger; n'y a-t-il pas de sembla<«<bles souhaits chez les héros d'Homère, « et n'est-ce pas l'élan naturel d'une âme << enflammée de l'ardeur du combat? << Supposons qu'en effet il ait fait clair plus long-temps qu'à l'ordinaire, qu'en<< fin le ciel, par une forte grêle, ait « semblé venir au secours des Israélites; <«< il était bien naturel que le chant de triomphe présentât cette peinture ma«gnifique d'un jour sans pareil, fit par«ler le héros, soumit Jehovah même à « ses ordres, et fit participer à sa vic<toire le soleil et la lune frappés d'ad<< miration par son audace. Il en est de « même d'un grand nombre de passages « dans Josué et les Juges. Lorsqu'il y est << dit que les murs s'écroulent au son << des trompettes sacrées, lisez la des«cription dans l'esprit du temps auquel << elle appartient, et vous cesserez de la « trouver risible. Au son des trompettes << était lié le cri de guerre et l'assaut << dont il était seulement le signal. Le « général, pendant six jours, avait dé«< fendu à ses troupes d'attaquer ; le sep» tième jour, comme l'ennemi endormi << par cette procession sans résultat au<< tour de ses murailles, les avait laissées << le matin sans défense et sans garde, «Josué fit donner le signal de l'assaut, << et les Israélites conquirent la ville (1). › Il paraît difficile de croire qu'un homme aussi distingué que Herder ait écrit sérieusement les incroyables phrases qu'on vient de lire; cela n'est pourtant pas impossible, car il aimait véritablement la poésie hébraïque et désirait beaucoup faire goûter la Bible aux gens les plus disposés à s'en moquer. Quoi qu'il en soit, cette ingénieuse méthode d'interprétation a fait de grands progrès depuis Herder; les protestans rationalistes de l'Allemagne n'en ont pas d'autre aujourd'hui, et leurs théologiens, tout en con

(4) Herder. Sæmmtl, Werke, t. 34, p. 288.

tinuant de baser sur l'Ecriture sainte ce qu'ils appellent leur christianisme, sont parvenus à la débarrasser de ses miracles, lesquels sont nécessairement ou des mythes, ou des métaphores, ou des faits très ordinaires pris pour surnaturels, ou enfin des fautes de copistes.

La seconde moitié du livre de Josué raconte le partage des terres conquises entre les Israélites. C'est, si l'on ose se servir de ce terme, une sorte de procèsverbal plein de délimitations de terrains et de généalogies, et qui contient les premiers titres de propriété des douze tribus. Le dernier chapitre nous présente une scène très belle et très imposante. Josué, arrivé à une extrême vieillesse, sait qu'il va bientôt mourir ; il convoque à Sichem toutes les tribus, et dans un dernier discours leur rappelle tout ce que Dieu a fait pour eux, tant pour les tirer de l'Egypte, que pour leur donner une terre qu'ils n'ont pas labourée, des villes qu'ils n'ont pas bâties, des vignes et des oliviers qu'ils n'ont pas plantés.

Maintenant donc, ajoute-t-il, craignez le Seigneur et servez-le d'un cœur par<fait et sincère; ôtez du milieu de vous les dieux que vos pères ont adorés dans la Mésopotamie et l'Egypte, et servez le Seigneur. S'il vous paraît mauvais ‹ de servir le Seigneur, le choix vous est laissé. Voyez ce qui vous plaît, qui vous aimez mieux servir, les dieux que vos pères ont adorés en Mésopotamie, <ou les dieux des Amorrhéens dans le ‹ pays desquels vous habitez. Pour moi et ma maison, nous servirons le Seigneur. Le peuple répondit et dit : A <Dieu ne plaise que nous abandonnions le Seigneur pour servir des dieux ‹ étrangers.... Et Josué dit au peuple : Vous ne pourrez pas servir le Seigneur : c'est un Dieu saint, un Dieu « fort, un Dieu jaloux; il ne vous par‹ donnera pas vos crimes et vos péchés. Si vous le quittez pour des dieux étrangers, il se tournera contre vous, Vous affligera et vous détruira après tous les <biens qu'il vous a faits. Et le peuple dit ‹ à Josué : Il n'en sera pas ainsi, mais ‹ nous servirons le Seigneur. Et Josué ‹ dit au peuple : Vous êtes témoins que ‹ vous avez choisi vous-mêmes le Sei‹gneur pour le servir. Et ils répondi

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