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d'ouvrir à la diète d'Augsbourg (1547) un avis tendant à interdire aux états gagnés à la réforme toute innovation dans le culte et la doctrine jusqu'à la décision du concile (u). Le décret rendu dans ce but avait déjà reçu un commencement d'exécution, lorsque tout à coup la ligue reprit les hostilités (1552, et se fit consentir par un traité signé à Passau le 2 août 1552 un complet état de paix pour les états de la confession d'Augsbourg jusqu'à accommodement des dissidences. La diète d'Augsbourg (1555) le garantit, et fixa les bases de la paix (v). Ainsi la nouvelle doctrine avait, du moins dans !es états de l'empire qui l'avaient embrassée, acquis une existence reconnue et garantie par l'empire même.

§ 28. — 2) Établissement de l'Église réformée.

Cependant la diversité des interprétations au sujet de la Cène avait livré la nouvelle secte en proie à une division toujours croissante; déjà en 1530 quatre villes du haut pays gagnées au parti de Zwingle contre Luther avaient présenté à la diète d'Augsbourg une confession séparée (w). Le différend fut aplani en apparence (1536); mais une partie des théologiens allemands continua d'incliner vers les doctrines des réformateurs suisses, et le catéchisme d'Heidelberg, composé pour le palatinat sur l'ordre de l'électeur Frédéric III (1563) et bientôt introduit dans d'autres pays reproduisit au fond la doctrine de Calvin sur l'Eucharistie. Les princes qui avaient à cœur de maintenir le lutheranisme pur, opposèrent aux divisions (1577) une confession de foi particulière comme formule de conciliation. Dès lors les réformés furent classés par les partisans même de la confession d'Augsbourg comme parti nouveau et distinct. Par suite on se demanda s'ils avaient droit à l'état de paix stipulé dans l'intérêt des derniers. Le traité de Westphalie (1648) trancha la question en leur faveur (x), et ainsi leur doctrine, adoptée même dans l'intervalle par plusieurs princes de la confession d'Augsbourg, obtint dans l'empire une existence assurée. Cette parité extérieure des deux sectes n'affaiblit point leurs dissidences, et l'attachement que chacune d'elles conserva pour sa doctrine fit échouer toutes tentatives de réunion. Ce ne fut que dans notre siècle que s'opéra un rapprochement qui, mettant de côté la doctrine, amena une communauté de rite dans la célébration de la Cène (y).

(u) Recès d'Augsbourg 1548. §. 8-10. Cet avis a été ensuite nommé l'Interim d'Augs bourg.

(v) Recès d'Augsbourg 1555. §. 7-30.

(w) C'est celle connue sous le nom de Confessio tetrapolitana.

(x) Inst. Pac. Osn. Act. VII. §. 1.

(y) C'est ce qui a lieu en Prusse, Nassau, dans la Bavière rhénane et les pays de Hanau, Isenbourg, Fould, Waldeck et Pyrmont, Bade.

$ 29. B) La réforme dans les royaumes du Nord.

Alors que les troubles religieux commençaient en Allemagne, Christiern II régnait en Danemark et Norwége; Gustave Wasa arrachait la Suède aux Danois (1523) et en prenait le sceptre. Ce prince tant par penchant personnel que par intérêt s'empressa d'adopter les nouvelles doctrines que de jeunes théologiens de Wittenberg propageaient avec la plume et la parole. Ses ruses et l'autorité de sa personne lui firent obtenir à la diète de Westeras (1527) un décret qui supprimait la juridiction des églises et cloîtres, livrait au bon plaisir du roi leurs biens et leurs richesses, assurait à la nouvelle doctrine liberté et considération. Un concile même à ŒErebro (1529) poussa la condescendance jusqu'à accepter, sous réserve des anciens rites, des mesures et interprétations favorables aux novateurs. Enfin sur l'ordre du roi (1531), un des propagateurs du luthéranisme fut élevé au siége archiepiscopal d'Upsal, et par la coopération successive d'un concile à Orebro (1537), d'une assemblée de conseillers d'état et d'évêques (1540) et d'une diète à Westeras (1544), la doctrine et le culte furent modelés sur le nouveau système. En Danemark, où les souverains dans les mêmes vues politiques favorisaient les innovations religieuses, les évêques opposèrent une résistance plus énergique. Frédéric ler n'obtint que difficilement de la diète d'Odense (1527) un édit de tolérance pour la nouvelle doctrine; mais Christiern III dès son entrée à Copenhague (1536) fit par un ordre secret arrêter en un même jour tous les évêques du royaume, confisquer leurs possessions, supprimer la plupart des chapitres et des cloîtres, et déposer les prêtres qui refusaient d'enseigner d'après les nouveaux principes. Bientôt la diète de Copenhague vota, sur l'intimation du roi, l'entière abolition de la constitution ecclésiastique; puis l'Eglise fut établie sur un nouveau plan (1537) qu'approuva la diète d'Ödense (1539). Dès 1537 la Norwége fut de la même manière et non sans mainte résistance envahie par la réforme et la constitution de l'Eglise danoise; l'Islande même fut à cette occasion depuis 1540 en proie à de violentes agitations qui ne cédèrent qu'au temps et au glaive.

$30. C) La réforme en Suisse, en France et dans les Pays-Bas.

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Comme Luther à Wittenberg, Zwingle, chanoine à Zurich, s'attaque dès 1519 par sermons écrits et controverses publiques aux doctrines et institutions de l'Eglise catholique. En 1525 il était parvenu avec le concours de l'autorité séculière à réaliser ses idées d'innovation. Cet exemple entraîna bientôt d'autres villes de Suisse, et en 1536 une assemblée réunie à Bâle formula une confession commune aux cantons réformés (z). En France l'erreur pénétra d'a

(2) En 1566 on en élabora une autre qui, jouissant d'une plus grande autorité,

bord par l'Allemagne, avec les doctrines et les écrits de Luther; plus tard y prévalut l'influence des réformateurs suisses, surtout de ceux de Genève, où depuis 1536 Calvin exerçait un empire absolu. Ce fut d'après ses principes qu'une assemblée de représentants de toutes les communes réformées de France rédigea à Paris (1559) une confession de foi et une constitution ecclésiastique : une complète liberté religieuse et une tolérance générale ne leur furent toutefois accordées que par l'édit de Nantes sous Henri IV (1598). Dans les Pays-Bas comme en France les sectateurs de Luther ne s'étaient, par suite des mesures sévères du gouvernement, réunis qu'en petites communes qu'assemblaient secrètement leurs prédicateurs; peu à peu la plupart accédèrent aux doctrines de Calvin, et c'est dans ce sens qu'ils ébauchèrent leur première confession de foi (1561). Plus tard ils profitèrent de la révolte contre la domination espagnole pour fixer dans plusieurs assemblées leur constitution religieuse. Depuis, la religion réformée continua de subsister dans les provinces du nord, et même dans la république des Pays-Bas unis, fondée en 1579, elle fut élevée à l'honneur de religion dominante.

§ 31. —D) La réforme en Angleterre, en Ecosse et en Irlande.

En Angleterre, la doctrine de Luther trouva dans Henri VIII même un ardent antagoniste. Plus tard il fallut au roi sensuel un prétexte légal pour colorer son divorce et un nouvel hymen. Irrité contre la barrière que lui opposaient le droit canonique et le SaintSiége, il conçut l'idée de se faire chef de l'Eglise et arbitre des lois dans son royaume. En 1531 il entama l'œuvre par des négociations avec le clergé et le parlement, et déjà à la fin de 1534 le parlement avait reconnu au roi et à ses héritiers la suprématie exclusive sur l'Eglise d'Angleterre avec tous les droits qui en découlent (a). Par suite, suppression des petits (1536) et des grands (1537) cloîtres, publication d'une version anglaise de l'Ecriture, dévastation des reliques (1538). Du reste le roi se tenait avec toute la sévérité d'un chef de religion aux doctrines catholiques; il tes appuya (1539) par un statut de six articles, et dans un même jour fit brûler comme hérétiques trois individus accusés d'avoir dévié des dogmes catholiques et pendre comme coupables de haute trahison trois autres restés fidèles au dogme de la suprématie du pape. Mais sous la minorité d'Edouard VI (1547-53) le parti réformateur dans l'esprit de l'école de Genève prit le dessus. Dès les premières années, des bills du parlement et des ordonnances royales révoquèrent les six articles, ins

a été placée en tête comme Confessio Helvetica I dans les recueits des livres symboliques. Celle de 1536, bien que la première en date, se trouva ainsi classée comme Confessio Helvetica II.

(a) Dans l'histoire d'Angleterre de John Lingard ces faits et cenx qui suivent sont 'objet d'un examen approfondi.

tituèrent la cène sous les deux espèces, autorisèrent le mariage des prêtres, prescrivirent une nouvelle liturgie dans la langue du pays. La reine Marie (1553-58) rétablit à la vérité l'Eglise catholique sur les mêmes bases qu'avant Henri VIII; mais Elisabeth qui, d'après les principes catholiques, était issue d'une union illégitime d'Henri VIII et n'avait aucun droit à la couronne, dut se dé larer de suite pour la doctrine des réformés; elle supprima les statuts de religion de Marie pour remettre en vigueur ceux d'Henri VIII sur la suprématie ecclésiastique et les décrets d'Edouard (1559), et, s'autorisant d'un écrit analogue déjà rédigé sous le règne de ce dernier (1552), formula en trente-neuf articles (1562) la confession de foi de l'Eglise anglicane. Toutes ces innovations religieuses furent dès Henri VIII étendues à l'Irlande, toutefois avec une vive résistance, car la majeure partie du peuple restait fidèle à la foi de ses pères. L'Ecosse à cette époque gouvernée encore par ses rois, vit en 1547 le réformateur Jean Knox enflammer le peuple par de fougueuses prédications et l'entraîner à des violences contre le culte catholique. En 1557 les réformés contractèrent à Edimbourg sous le nom de congrégation du Seigneur une alliance par laquelle ils s'obligeaient à déserter la congrégation de Satan, c'est à dire l'Eglise catholique, et à se déclarer publiquement ses ennemis. Enfin après une guerre civile engagée par le fanatisme et attisée par la reine Elisabeth, une assemblée des états convoquée sans ordre du roi en juillet 1560 par les lords de la congrégation rédigea la confession de foi de l'Eglise écossaise, interdit sous des peines sévères l'exercice du culte catholique, abolit la suprématie du pape, et dès l'année suivante le pillage des églises, objets sacrés, bibliothèques et autres monuments du papisme fut résolu et exécuté.

$ 32. — II. Esquisse de la nouvelle constitution ecclésiastique.
A) De l'Église en elle-même.

Luther et les autres réformateurs ne se présentaient pas comme fondateurs d'une nouvelle secte différente de l'Eglise du Christ; ils prétendaient seulement vouloir rétablir l'Eglise dans sa pureté primitive. Imbus de cette idée, ils esquissèrent des confessions dans lesquelles, affectant d'ignorer ou rejetant formellement l'Eglise catholique, ils s'appropriaient son caractère de véritable Eglise du Christ (b). Premièrement, dirent-ils, l'Eglise du Christ est visible et reconnaissable à certains signes extérieurs, tels que la véritable

(6) Artic. Smalc. Part. III, Art. XII. de ecclesia. Nequaquam largimur ipsis, quod sint ecclesia, quia re vera non sunt ecclesia. – Gallic. Conf. Art. XXVIII. Papisticos ergo conventus damnamus, quod pura Dei veritas ab illis exulet, in quibus etiam sacramenta fidei corrupta sunt, adulterata, falsificata, vel penitus etiam abolita, in quibus denique omnes superstitiones et idolomaniæ vigent. Ac proinde arbitramur omnes eos qui sese ejusmodi actionibus adjungunt, et iis communicant, a Christi corpore se ipsos separare. Ainsi s'expriment les Helvet. Conf. I. cap. XVII., Scotic. Conf. Art. XVIII. XXII.

doctrine de l'Evangile et la pratique des vrais sacrements (c). Sous le point de vue humain, elle comprend donc les méchants même, tant qu'ils restent extérieurement attachés à la communauté (d). Devant Dieu, il est vrai, elle ne comprend que des hommes d'une piété réelle; et sous ce rapport elle est invisible et connue de Dieu seul (e). Du reste il suffit de la connaître sous sa forme visible, car les méchants même sont efficaces dispensateurs de la parole divine et des sacrements (f). En second lieu l'Église du Christ doit présenter accord et unité dans la doctrine évangélique et les sacrements (g); ses ministres veiller sans relâche au maintien de cet accord (h). Les moyens d'y parvenir on ne les indique pas; on se borne à rejeter la nécessité d'un centre et d'un chef visibles (i), et, par une fausse allusion à l'Eglise catholique, à déclarer non essen

(c) August. Conf. Art. VII. Est autem ecclesia congregatio sanctorum, in qua evangelium recte docetur et recte administrantur sacramenta. - Belg. Conf. Art. XXIX. Credimus imprimis diligenter ac circumspecte ex verbo Dei discernendum esse, quænam vera sit ecclesia, siquidem omnes sectæ, quotquot hodie in mundo sunt, ecclesiæ nomen prætexunt.-Notæ quibus vera ecclesia cognoscitur hæ sunt : si ecclesia pura evangelii prædicatione, si sincera sacramentorum ex Christi præscripto administratione utatur. - Angl. Conf. Art. XIX. Ecclesia Christi est visibilis cœtus fidelium, in quo verbum Dei purum prædicatur, et sacramenta-administrantur.-Tel est aussi le langage des Helvet. Conf. II. Art. XIV., Helvet. Conf. I. Cap. XVII., Gallic. Conf. Art. XXVII., Scotic. Conf. Art. XVIII.

(d) Helvet. Conf. I. Cap. XVII. Non omnes qui numerantur in ecclesia, sancti et viva alque vera sunt ecclesiæ membra. Sunt enim hypocritæ multi. - Et tamen dum hi simulant pietatem, licet ex ecclesia non sint, numerantur tamen in ecclesia : sicuti proditores in republica, priusquam detegantur, numerantur et ipsi inter cives.-Sont conformes Belg. Conf. Art. XXIX., Gallic. Conf. Art. XXVII., Angl. Conf. Art. XXVI., August. Conf. Art. VIII., Apolog. Conf. IV. de ecclesia.

(e) Helvet. Conf. II. Art. XIV., Helvet. Conf. I. Cap. XVII., Belg. Conf. Art XXVII., Scotic. Conf. Art. XVI.

(f) August. Conf. Art. VIII. Quanquam ecclesia proprie sit congregatio sanctorum et vere credentium : tamen, cum in hac vita multi hypocritæ et mali admixti sint, licet uti Sacramentis, quæ per malos administrantur. Et Sacramenta et verbum propter ordinationem et mandatum Christi sunt efficacia, etiamsi per malos exhibeantur. — Même langage dans Apolog. Conf. IV. de ecclesia, Helvet. Conf. I. Cap. XVIII., Angl. Conf. Art XXVI.

(g) August. Conf. Art. VII. Ad veram unitatem ecclesiæ satis est consentire de doctrina evangelii et administratione sacramentorum.-Helvet. Conf. I. Cap. XVII. In dogmatibus itaque in vera concordique prædicatione evangelii Christi, et in ritibus a Domino diserte traditis, dicimus veram ecclesiæ constare concordiam.

(h) Artic. Smale. Part. II. Art. IV. de papatu. Episcopi omnes pares officio (licet dispares sint quoad dona), summa cum diligentia conjuncti, sint unanimitate doctrinæ, fidei, sacramentorum, orationis, et operum caritatis.

(i) Apolog. Conf. IV. de ecclesia, Artic Smalc. Part. II. Art. IV. de papatu, Helvet. Conf. II. Art. XVIII., Helvet. Conf. I. Cap. XVII., Gallic. Conf. Art. XXX.

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