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NAUFRAGE

DE

LA FRÉGATE LA MÉDUSE.

EN 1816, etc.

Par J. B. HENRI SAVIGNY, ex-chirurgien de la marine, et ALEXANDRE CORRÉARD, ingénieur-géographe, naufragés. (Brochure in-8° de 196 pages.)

EN 1816, une expédition fut préparée pour le Sénégal. Elle était composée de la frégate la Méduse, de la corvette l'Écho, de la flûte la Loire et du brick l'Argus. Elle partit le 17 juin. Dès les premiers jours, la frégate, commandée par M. de Chaumareys, se trouva séparée des autres bâtimens qui ne purent la suivre : elle fut jointe par la corvette l'Écho sur la côte de Madère.

« Plusieurs malheureux français, disent les auteurs de la relation, étaient dans l'île. Prizon

niers de guerre depuis long-temps, ils y vivaient de ce que les Espagnols voulaient bien leur accorder. La liberté leur avait été rendue depuis le traité de paix, et ils n'attendaient qu'une occasion favorable pour retourner en France. Leurs prières furent inutiles auprès de l'officier qui commandait dans le canot; il refusa impitoyablement de les rendre à leur patrie et à leurs familles. Dans ce canot se trouvait un autre officier, M. Laperère, qui insista fortement pour amener ces infortunés: ses prières ne purent fléchir celui qui commandait l'embarcation. »

Le 1er juillet, les voyageurs reconnurent le cap Bayados; ils virent les bords de l'immense désert de Saara, et crurent apercevoir l'embouchure de la rivière Saint-Jean. Ils passèrent le tropique vers les dix heures du matin.

Depuis plusieurs jours, le commandant de la frégate avait accordé sa confiance à un homnic étranger à l'état-major, à un ex-officier auxiliaire de marine, qui sortait des prisons d'Angleterre, où il était resté dix ans. Pendant que la frégate doublait le cap Barbas, M. de Chaudisent les auteurs de la relation, présidait avec bonhomie la farce du tropique, tandis que celui qui avait capté sa confiance se promenait sur l'avant de la frégate et observait avec

mareys,

sang-froid les nombreux dangers répandus sur la côte.

Après avoir fait remarquer les nombreuses fautes du capitaine, qui s'en rapportait aveuglément à l'ex-officier venant d'Angleterre, et qui n'avait aucun égard aux avis qui étaient donnés par les officiers de l'équipage, les auteurs de la relation continuent en ces termes :

« A midi ( 2 juillet), on prit hauteur pour s'assurer de notre position. Nous vîmes sur le gaillard d'arrière M. Maudet enseigne de quart, faisant son point sur une cage à poules; cet officier, qui connaît tous les devoirs que lui impose son état, assura que nous étions sur l'accord du banc (d'Arguin); il en fit part à celui qui, depuis plusieurs jours, donnait des conseils au commandant sur la route à tenir ; il en reçut pour réponse : Laissez donc, nous sommes par les quatre-vingts brasses.....

» M. Maudet convaincu, malgré ces observations, que le navire était sur le banc, prit sur lui de faire sonder; la couleur de l'eau était entièrement changée; ce qui fut remarqué par les yeux exercés à reconnaître la profondeur de la mer à l'aspect de ce liquide; on crut même voir rouler du sable au milieu des petites vagues qui s'élevaient des herbes nombreuses parais

et

saient le long du bord, et l'on prenait beaucoup de poissons tous ces faits prouvaient, à n'en pas douter, que nous étions sur un haut-fond; la sonde annonça effectivement dix-huit brasses seulement; l'officier de quart fit de suite prévenir le commandant, qui ordonna de venir un peu plus au vent: nous étions grand largue les bonnettes à babord; on amena de suite ces voiles; la sonde fut lancée de nouveau, donna six brasses; le capitaine en fut prévenu; en toute hâte il ordonna de serrer le vent le plus possible; mais il n'était malheureusement plus temps. La frégate en loffant donna presqu'aussitôt un coup de talon; elle courut encore un moment, en donna un second, enfin un troisième; elle s'arrêta dans un endroit où la sonde ne donna que cinq mètres soixante centimètres d'eau, et c'était l'instant de la pleine mer. »

L'échouage eut lieu le 2 juillet, à trois heures et quart. A l'instant la consternation se répandit dans l'équipage. Ici, disent les auteurs de la relation, l'on voyait des traits retirés et hideux; là un visage qui avait pris une teinte jaune et même verdàtre quelques hommes étaient comme foudroyés et enchaînés à leur place, sans avoir la force de s'en arracher. Revenus de ce premier moment de stupeur,

:

une infinité de personnes s'abandonnèrent bientôt aux cris de désespoir; quelques-uns maudissaient ceux dont l'ignorance venait de nous être si fatale. Deux femmes séules parurent insensibles à ce désastre, l'épouse et la fille du gouverneur. Quel constrate frappant ! des hommes qui, depuis vingt ou vingt-cinq ans, avaient couru mille dangers, étaient profondément affectés, tandis que Mad. et Mlle. Chémals paraissaient insensibles, et comme étrangères à tous ces événemens.

On fit des efforts pendant toute la journée. pour retirer la frégate de dessus le banc; mais ils n'eurent aucun effet. Le lendemain on reprit les travaux que la fatigue avait suspendus la veille on les continna jusqu'au soir. Le surlendemain on les reprit encore : tout fut inutile. Il fallut donc se résoudre à abandonner la frégate, et songer à sauver l'équipage, composé de quatre cents hommes. Un conseil fut assemblé ; le gouverneur du Sénégal donna le plan d'un radeau, susceptible de porter deux cents hommes avec des vivres : les autres deux cents devaient monter des canots. On devait ainsi gagner les côtes du désert, et de là se rendre en caravanne à l'île Saint-Louis. Ce plan était bien conçu, comme le prouvèrent les événemens qui

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