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leur apportât leurs effets. Leur joie fut au comble lorsqu'ils virent paraître ce navire : ils accoururent pour revoir leurs infortunés camarades il n'en restait plus que trois; ils réclamèrent leurs effets on leur répondit qu'ils étaient de bonne prise.

« Dès le lendemain, la ville fut transformée en une foire publique, qui dura pendant au moins huit jours. Là, on vendait des objets appartenant à l'état, et ceux des malheureux naufragés qui avaient péri; ici, c'étaient les habillemens de ceux qui vivaient encore; plus loin, c'était l'ameublement de la chambre du commandant; ailleurs, on voyait les pavillons du bord que des nègres achetaient pour se faire des pagnes ou des manteaux; autre part, on vendait le gréement et la voilure de la frégate; puis, venaient des draps de lit, des cadres, des hamacs, des couvertures, des livres, des instrumens, etc., etc.

Et le drapeau blanc, que devint-il dans les mains des fidèles? Hélas! il fut transformé en mouchoirs, en draps de lit ou en serviettes. Le gouverneur français eut lui-même une bonne part de la prise. Des vases qui appartenaient au commandant de la frégate, passèrent de son buffet sur la table du gouverneur ; le commandant lui-même les y reconnut lorsqu'il eut l'honneur d'y être

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admis. Il est vrai que les dames de M. lè gouverneur les avaient reçus à titre de cadeau de ceux qui les avaient pris sur la frégate.

Les naufragés furent placés dans un hôpital où ils manquaient de tout. Des anglais ayant appris leur malheureuse position, se rendirent dans cet hôpital, et amenèrent avec eux les quatre officiers qui déjà étaient en état de sortir : ils les invitèrent à partager leur repas en attendant la remise de la colonie.

M. Corréard, dont la santé était fortement délabrée par suite des souffrances inouies qu'il avait éprouvées sur le radeau, se trouvait dans le même hôpital. Ses blessures lui occasionnaient des douleurs très-vives, et il était obligé de garder l'infirmerie; joignez à cela le manque de vêtemens, n'ayant pour se couvrir rien autre chose que le drap de son lit.

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Un officier anglais, ayant entendu parler par hasard de ses souffrances, « partit précipitamment, rentra dans son appartement, y prépara de suite du linge, des vêtemens et de l'argent ; et, pendant qu'il arrangeait ces différens objets, ce vrai philantrope versait des larmes sur le sort du malheureux qu'il ne connaissait pas, maudissant ceux qui l'avaient impitoyablement abandonné. »

MM. Savigny et Corréard ont passé en France. Le premier, abreuvé de dégoûts, a été obligé de donner sa démission. Le second a demandé de l'emploi ; on lui a répondu que le ministère ne lui devait rien. Il paraît que le crime de l'un et de l'autre est de n'être pas morts sur le radeau, pour le repos de leurs excellences. On conçoit, en effet, que la présence de pareils témoins doit être importune pour ceux qui ont causé leurs malheurs en leur donnant des officiers incapables de les commander.

Nous ne doutons pas qu'à la lecture de ce récit, beaucoup de personnes ne soient indignées. Beaucoup accuseront le commandant de l'expédition, qui alla se jeter sur des écueils que tout le monde lui signalait. D'autres accuseront le ministre qui chargea ce commandant d'une mission qu'il était incapable de remplir. Quelquesuns, peut-être, se plaindront des chambres qui, en ne demandant aucune loi de responsabilité, autorisent implicitement la négligence des ministres. Toutes ces plaintes seraient également mal fondées : ce n'est ni contre le commandant, nicontre les ministres, ni contre les chambres qu'il faut s'élever; c'est contre nous tant que nous nommerons pour députés des hommes à places, des hommes qui, sous un titre ou sous

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un autre, voudront obtenir du ministère la mission de mettre la main dans les coffres de l'éni res

tat, nous n'aurons ni liberté de la presse, ponsabilité des ministres ; tant que nous n'aurons ni liberté de la presse, ni ministres responsables, les emplois seront le prix de l'intrigue; et tant que les choses seront ainsi, le public en pâtira.

ESSAI HISTORIQUE

SUR

LES LIBERTÉS DE L'ÉGLISE GALLICANE,

Et des autres églises de la catholicité pendant les deux derniers siècles..

Par M. GRÉGOIRE, ancien Évêque de Blois, etc.

(Volume in-8°. de 459 pages) (1).

NOTRE intention n'est point de nous engager dans des discussions théologiques, à l'occasion du concordat dont les ministres viennent de proposer le rétablissement, ou à l'occasion des écrits auxquels leur proposition a donné naissance. Laissant à d'autres le soin de débattre les intérêts d'un monde à venir, nous ne discuterons que

(1) Au bureau du Censeur Européen, rue Git-leCœur, no. 10. Prix 6 francs, et 7 francs 50 centim s par la poste.

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