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une force contraire et supérieure, il doit nécessairement s'écrouler.

La force de tout gouvernement est analogue à sa nature. Elle se compose de l'union et de la prépondérance des intérêts qu'il a pour objet de défendre, de la division et de la dépendance des intérêts contraires à ceux qu'il défend.

Dans un gouvernement despotique, il n'y a proprement qu'un intérêt, celui du despote, La force de ce gouvernement ne peut donc pas se composer de la coalition d'intérêts semblables, puisqu'il ne tend à faire prévaloir qu'un intérêt unique; mais elle se compose de la subordination de tous les intérêts à celui-là. Il faut que toutes les volontés s'anéantissent devant celle du despote; il faut que le peuple sur lequel il régne ne soit qu'un troupeau de bêtes qu'il puisse tondre et égorger à volonté. Et cet asservissement ne doit pas se manifester seulement gros du troupeau; il faut qu'il existe au parmi les bergers préposés à sa que le sultan puisse disposer de la vie de ses vizirs et de ses pachas comme de celle du dernier de ses esclaves, et que les agens de la force publique ne soient, dans toute l'acception du mot, que les instrumens de sa propre force. Il en doit être ainsi sur-tout de la force

dans le

même point garde; il faut

armée, et c'est avec beaucoup de raison que le sultan composera sa garde d'hommes sans famille et n'ayant de patrie que le palais.

Le gouvernement despotique se dénature par les progrès de l'instruction, de l'industrie, du commerce; par toute cause qui tend à créer hors de lui une force contraire à la sienne.

La monarchie absolue a une base plus large que le gouvernement purement despotique. On peut la définir, une association de corps privilégiés dans laquelle chacun a fait ses conditions. Sa force se compose de l'union de ces corps et de l'assujétissement du peuple qui supporte le fardeau de leurs priviléges et qui sert de matière à leurs exactions. Dans un tel gouvernement, il serait peu prudent de composer la force armée d'hommes pris dans la classe moyenne, qui est celle sur laquelle pèse spécialement le poids du pouvoir, et qui doit être naturellement ennemie de ceux qui l'exercent. Régulièrement, elle doit être formée de vagabonds et de gentilshommes, c'est-à dire de soldats recrutés parmi les prolétaires et de chefs pris dans les classes privilégiées. Il serait même mieux qu'elle fût composée d'étrangers qué de régnicoles: il importe qu'elle parle une langue différente de celle de la nation qu'elle ést destinée à tenir sous le joug. Enfin le comble

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de la sagesse serait de la former d'hommes pris parmi des hordes sauvages, de la recruter sur les côtes d'Afrique, par exemple, afin qu'elle fût plus étrangère à toute civilisation, plus difficile à séduire, plus ardente à obéir. Il est surprenant qu'aucun gouvernerment absolu de l'Europe ne se soit encore avisé de cette idée. Nous espérons qu'on nous saura gré d'y avoir fait penser.

Comme le despotisme, la monarchie absolue se dénature par les progrès de la civilisation, par tout ce qui tend à accroître les forces des classes qui se trouvent placées en dehors. Pour qu'un tel gouvernement pût se soutenir, il faudrait qu'on pût faire entrer dans les corps pri-, vilégiés, tous les hommes de la classe moyenne qui acquièrent de la force, et qui pourraient opposer de la résistance. Mais les cadres de ces corps n'étant susceptibles que d'une certaine extension, il vient nécessairement un temps où cela n'est plus possible, et où l'on est forcé de laisser beaucoup de monde en dehors. Ce temps est celui où il commence à y avoir plus d'aspirans au pouvoir que le gros du peuple ne pourrait en nourrir. Alors, en présence des classés qui ont le privilége d'exploiter les autres s'élève naturellement une classe rivale qui, ne pouvant

prendre part au pillage, forme du moins la prétention de s'y soustraire, et de ne plus être considérée comme une proie. C'est ce qu'on a désigné en France par les noms de tiers-état, de bourgeoisie, de classe moyenne, de classe industrieuse. Et comme cette classe fait toujours des progrès; comme ses lumières, sa fortune et ses forces vont toujours croissant, il doit inévitablement arriver un moment où elle est assez puissante pour obliger les hommes des conditions privilégiées à renoncer à leurs priviléges, et à chercher comme elle dans des travaux utiles les moyens de se soutenir et de s'élever. Alors, il s'établit généralement deux maximes, la première, que le pouvoir, au lieu d'être l'apanage exclusif, de certaines castes, doit être. indifféremment délégué aux hommes de tout état, qui réunissent le plus des conditions nécessaires pour l'exercer convenablement. La seconde, qu'au lieu d'être exercé au profit de ceux qui le pos.. sèdent, il doit l'être, au profit de ceux qui le supportent ; qu'au lieu d'être un bénéfice, il doit être une charge; qu'au lieu d'être une agence d'oppression et de rapine, il doit devenir une institution de paix et de sûreté. De là l'origine du gouvernement représentatif.

Comme tous les autres, ce gouvernement ne

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peut se soutenir que par la force; et sa force; comme celle de tous les autres ne peut naître que de l'appui des intérêts qu'il a pour objet de défendre, et de la subordination des intérêts contraires. Mais les intérêts que protège le gouvernement représentatif, different essentiellement de ceux que tendent à faire prévaloir les autres sortes de gouvernement. L'objet du gouvernement despotique est de mettre un peuple à la discrétion d'un homme. Celui de la monarchie féodale est de le soumettre à la domination de certaines classes d'hommes. Le gouvernement représentatif tend à le soustraire à toute espèce de domination. Son objet est de mettre les individus à l'abri des exactions et des violences; de leur assurer à tous et à peu de frais, la plus grande liberté possible dans le travail, et la plus grande sûreté possible dans la jouissance des fruits de leurs travaux. Un pareil gouvernement, là où il existe, a nécessairement pour amis tous ceux qui, pour vivre, n'ont besoin què de liberté et de sûreté ; tous ceux à qui, pour prospérer, il suffit de l'exercice de leurs facultés ou de l'emploi de leurs capitaux. Il a pour ennemis tous ceux qui, n'ayant ni indus trie ni capitaux à faire valoir, ne peuvent vivre

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