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concluait que si la doctrine de Bérenger était véritable, l'héritage promis à Jésus-Christ était péri, et ses promesses anéanties; enfin que l'Eglise catholique n'était plus, et que, si elle n'était plus, elle n'avait jamais été. Comme donc en toute occasion et en tout temps, les hérétiques tenaient le même langage, l'Eglise y opposait toujours les mêmes promesses; l'argument, loin de s'affaiblir, se fortifiait; et bien loin qu'il fût plus clair au commencement de l'Eglise, au contraire plus elle allait en avant, plus paraissait la merveille de son éternelle subsistance. >> Bossuet, Première instruction pastorale sur les promesses de l'Eglise; OEuvres, Paris, 1836, t. vi, P. 477-478.

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I. Questions et pro

Le surnaturel en nous. blèmes. - II. Données scripturaires. — III. Elaboration scientifique; intervention de l'Eglise.

I. Questions et problèmes.

G

RACE aux donnés de la révélation, l'importante et délicate question du surnaturel a

pu être étudiée sous ses diverses faces. Parmi les résultats obtenus, quelques-uns sont définitivement acquis parce qu'ils ont été l'objet de décisions formelles de la part de l'Eglise ou parce qu'ils ont pour eux l'assentiment unanime des théologiens; d'autres restent obscurs, ce qui ne doit pas surprendre puisque nous sommes en présence du mystère (1).

1. BIBLIOGRAPHIE: Les traités De gratia des théologiens récents; pour les textes patristiques, Scheeben, La dogmatique, trad. franç. Paris, 1881, t. 1; Schrader, De triplici ordine, Vienne, 1864; Jovene, De vita hominum Deiformi, cours autographié, Paris, 1881; De Broglie, La vie surnaturelle; Le surnaturel, 2° édit., Paris, 1905; Pauvert, La nature et la grâce. Paris, 1869; Bellamy, La vie surnaturelle considérée dans son principe, Paris, 1896; article dans la Revue du clergé, 1903, t. xxxv, p. 419 sq; Terrien, La grâce et la gloire, Paris, 1897; 2 édit., 1901; Froget, De l'habitation du Saint-Esprit dans les ámes justes, Paris, 1900; Le Bachelet, Le péché originel, Paris, 1900; art. Baius, dans le Dict. de Théol., t. 1, col. 38-ш;

1. Jusqu'ici nous n'avons guère parlé que du surnaturel hors de nous; c'est le moment d'aborder la question du surnaturel en nous et d'essayer d'en donner la notion, d'en déterminer la nature, d'en noter les caractères, d'en décrire le mécanisme mystérieux.

Par son péché, dit le concile de Trente, Adam a perdu pour lui et pour ses descendants « la sainteté et la justice où il avait été établi. » C'est donc que la sainteté et la justice ne faisaient point partie essentielle ou intégrante de sa nature. Et la question se pose aussitôt de savoir en quoi consiste précisément la nature humaine, si c'est bien celle que l'homme possède actuellement, dans l'état de déchéance où l'a réduit la faute originelle. Nous avons dit que Dieu, librement et gratuitement, avait élevé Adam à l'ordre surnaturel, en ajoutant à sa nature, soit des privilèges, soit des dons, que sa nature n'était pas en droit de revendiquer et de posséder, privilèges et dons qui le mettaient à même de pouvoir atteindre son immortelle destinée, la vision béatifique, la possession immédiate de Dieu, la parfaite béatitude. Or, parmi ces bienfaits, les uns tels que l'exemption de la douleur, de la mort et de la concupiscence, appartenaient en propre à la nature angélique, c'est-à-dire à une créature, les autres tels que la grâce sanctifiante et les vertus infuses, qui ordonnaient Adam à sa fin surnaturelle, ne sauraient convenir en aucune façon à un être créé quel qu'il soit, existant ou possible;

Mercier, Le surnaturel, dans la Revue thomiste, 1902, p. 125137, 302-314, 542-567; Bainvel, Nature et surnaturel, Paris, 1903; Del Prado, De gratia et libero arbitrio, Fribourg, 1907; Controverse sur le surnaturel absolu, entre Morlais et Duchemin, dans la Revue du clergé, 10 août et 15 octobre 1902, et Harent, dans les Etudes, 20 octobre 1902.

LE CATÉCHISME, - T. III.

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d'où la distinction entre les privilèges préternaturels et les dons surnaturels. En péchant, Adam a perdu les uns et les autres; il s'est donc trouvé réduit à son état purement naturel, c'est-à-dire aux seuls éléments essentiels, aux seules forces de sa nature d'être raisonnable et libre.

2. Sans une intervention nouvelle et toute gracieuse de Dieu, c'en eût été fait, pour lui et sa postérité, de sa glorieuse destinée; plus de grâce ici bas, plus de gloire là haut. Mais Dieu a eu pitié de l'homme; il a voulu qu'il pût se relever; il lui a manifesté sa volonté expresse qu'il se relevât, et il lui en a procuré les moyens. Voilà pourquoi, avec une libéralité plus magnifique encore et vraiment déconcertante pour notre indignité, tant elle accuse en Dieu un prodige d'amour que rien ne justifie en nous et que dès lors nous ne saurions jamais assez bénir, notre Créateur a voulu être notre Rédempteur. De là ses interventions successives dans l'histoire, ses révélations progressives, ses promesses, ses appels, ses prophéties et ses miracles; de là l'incarnation du Verbe, la prédication de l'Evangile, la mort sanglante sur la croix, l'institution de l'Eglise et des sacrements, l'action incessante, mystérieuse et féconde du Saint-Esprit, bref la glorieuse et incomparable restauration du plan divin que le péché originel avait si misérablement fait avorter, l'ordre surnaturel reconstitué, assuré et garanti.

3. Il s'agit maintenant d'étudier la nature intime de cet ordre, de voir comment il pénètre en nous et nous fait pénétrer en lui, comment il nous transforme et nous justifie sur la terre, comment il nous consomme dans le ciel. Nos éléments d'information se trouvent dans la révélation écrite ou orale. Sous le contrôle nécessaire de l'Eglise, l'esprit humain

s'en est emparé pour essayer de les organiser scientifiquement. A l'occasion, l'Eglise est intervenue, soit par des avertissements ou des condamnations pour proscrire des opinions téméraires, dangereuses ou erronées, soit par des définitions pour fixer certains points de foi catholique. Elle est intervenue, notamment, pour défendre la nature morale et libre de l'homme contre la gnose qui l'escamotait, pour affirmer la nécessité de la grâce contre le naturalisme orgueilleux de Pélage, pour marquer la distinction essentielle qui sépare l'ordre surnaturel de l'ordre naturel et le caractère des rapports étroits qui les relient l'un à l'autre contre les imprudentes confusions de Luther et de Calvin, contre les subtiles arguties de Baius, de Jansénius et de Quesnel, et, en dernier lieu, pour maintenir la possibilité, l'existence et la nécessité de l'ordre surnaturel contre les prétentions et négations radicales du rationalisme.

4. De là, dans son langage, des différences qui, à première vue et pour un observateur inattentif ou superficiel, sembleraient inconciliables, mais qui s'expliquent fort bien d'après la différence des points de vue et qui, loin de se contredire, s'harmonisent admirablement. Contre ceux qui négligeaient ou méconnaissaient totalement la nature humaine pour ne voir que l'action divine, elle a revendiqué son existence et ses droits. Contre ceux qui l'exaltaient outre mesure, à l'exclusion de tout surnaturel, elle a montré son insuffisance notoire, son incapacité absolue à pénétrer dans la grâce, à y vivre et à atteindre sa fin glorieuse. Contre ceux qui la diminuaient sans la détruire, mais en la réduisant à une impuissance radicale, elle a proclamé qu'en dépit de la chute d'Adam elle conserve toujours se's éléments essentiels et ses forces constitutives,

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