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du peuple, courbé sur le sillon, s'arrête pour songer à Dieu, pour se fortifier et se relever dans cette pensée. Il sent peser sur lui et le fardeau de la responsabilité morale et le mystère de la vie humaine. Qui lui parlera des choses divines? Seront-ce les philosophes? Les philosophes font des livres. Qu'importe au peuple qui ne peut les lire, et qui, s'il les lisait, ne les comprendrait pas ? Se représente-t-on Kant et Locke prédicateurs de morale et de religion? D'ailleurs, tout besoin universel de la nature demande un développement régulier. Si ce besoin est laissé à lui-même, il se déprave, il s'égare. Supposez le peuple le plus éclairé de l'Europe moderne privé d'instruction religieuse voilà la porte ouverte à toutes les folies. Les sectes vont naître par milliers. Les rues vont se remplir de phophètes et de messies; chaque père de famille sera pontife d'une religion différente,

« Si donc la philosophie veut exercer le ministère spirituel, il faudra qu'elle lutte contre cette anarchie de croyances individuelles, qu'elle donne aux hommes un symbole de la foi, un catéchisme. Car on ne fera pas lire apparemment aux ouvriers les Méditations de Descartes ou la Théodicée de Leibnitz. Or, un catéchisme si nécessaire, qui le composera? Un concile de philosophes ? Qui leur déléguera leurs pouvoirs? Qui promulguera leurs décisions? Cette nouvelle Eglise se déclarera-t-elle infaillible? Aura-t-elle un Pape? Quel homme sachant qu'il n'est qu'un homme osera dire à ses semblables: Voici l'Evangile, voici le livre de vie et de vérité? Et, s'il en est un assez orgueilleux pour le dire, en trouvera-t-il qui le veuillent croire?» Saisset, Essais sur la philosophie et la religion, p. 252.

2. Avantages de la révélation. - << Imposer à l'homme une révélation, dit Wegscheider, célèbre théologien protestant, c'est, en pure perte, l'humilier, le mutiler et le condamner à l'inertie ou à l'agitation; c'est le priver du mérite de rechercher et de l'honneur de découvrir le vrai; c'est lui ravir le plus précieux de tous les biens de l'âme, l'indépendance de la raison; c'est amoindrir en son cœur le culte de la science, en lui persuadant

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que, sans étude il sait tout, ou au moins l'essentiel ; c'est ouvrir au fanatisme l'accès de son esprit sans culture et de son cœur rétréci; et tout cela en pure perte, puisque la révélation ne nous apporte que des affirmations incompréhensibles, dont le moins qu'on puisse dire est qu'elles sont inutiles (Inst. théol., 8e édit., 1844, p. 49). » — Loin d'humilier l'homme, la révélation l'élève et l'ennoblit; loin de le mutiler, elle le complète; au lieu de le condamner à l'inertie, elle l'exhorte efficacement au travail ; au lieu de l'agiter, elle lui donne la paix et le repos dans l'amour de la vérité. Ce n'est pas la recherche de la vérité qui est un mérite, mais bien l'amour que cette recherche suppose; ce n'est pas la découverte de la vérité qui est un honneur, mais bien la possession que cette découverte prépare. Or, la révélation augmente l'amour de la vérité et rend sa possession plus prompte et plus pleine. L'indépendance absolue de la raison est un non-sens : la raison est essentiellement dépendante de son objet, dépendante des règles de la dialectique, dépendante de la raison infinie dont elle n'est qu'un pâle reflet. La raison n'est et ne peut être que l'humble servante de la vérité plus la vérité la saisit et l'enchaîne, plus elle est grande, libre et heureuse. L'indépendance de l'esprit mène à l'erreur, et l'erreur, c'est pour la raison le déshonneur dans la servitude. Or, la révélation a précisément pour but d'affranchir l'esprit humain de l'erreur, et de le mettre en possession de la vérité. C'est un fait d'expérience que les esprits les plus clairvoyants sont aussi les plus actifs; plus notre horizon intellectuel s'élargit et s'éclaire, plus aussi devient actif notre besoin de courir à la conquête des vastes espaces qui s'ouvrent devant nous. Or, la révélation ouvre sous le regard de l'âme des horizons d'une profondeur incommensurable, et fait briller sur nos têtes la lumière même de Dieu. Qui a plus travaillé que ces grands esprits qui sont, avec la gloire du christianisme, l'honneur de l'humanité : les Augustin, les Thomas d'Aquin, les Bossuet, etc.? Loin de rétrécir le cœur, la vérité le dilate. Le chrétien éclairé et sincère fait, sans efforts, ces trois choses: il aime pas

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sionnément la vérité; il hait l'erreur cordialement; il plaint de toute son âme le malheureux que l'erreur enchaîne, et fait, sans trouble et sans violence, tout ce qui dépend de lui pour le délivrer. Il admire ce qu'il comprend dans la leçon que Dieu daigne lui faire; et, ce qu'il ne comprend pas, il l'adore. Et ainsi, il se trouve que la révélation, que le rationalisme proclame inutile, a le double avantage d'enrichir notre intelligence des plus pures lumières et d'orner nos cœurs des plus précieuses vertus. >> Gondal, Mystère et révélation, Paris, 1905, p. 137-139.

3. Caractères de la révélation; où se trouvet-elle ? — « La doctrine qui renferme la révélation, c'est-à-dire la parole de Dieu à l'humanité, se reconnaît d'après Dieu lui-même qui parle, l'homme auquel il parle, l'action que doit exercer sa parole et l'étendue que doit avoir son action. Ce sont là, je pense, des principes que personne de vous ne met en contradiction. Dès lors, à quoi la doctrine révélée va-t-elle se reconnaître ? Elle vient, disons-nous, de Dieu; elle s'adresse à l'homme; elle a pour but la perfection de l'homme; les hommes sont une grande famille où tous sont égaux. La vérité surnaturelle a donc par caractère, divine, d'être mystérieuse ; - s'adressant à l'homme, d'être rationnelle ; devant produire le progrès, d'être bienfaisante ou sanctificatrice; s'adressant à la raison qui est la même en tous les hommes, d'être universelle...

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<< Trouvons-nous dans le monde une doctrine qui réunisse ces caractères ? En trouverons-nous plusieurs? Voici la réponse : il y en a une, mais il n'y en a qu'une.

« Nous écartons tout de suite, n'est-ce pas, les doctrines purement rationalistes: nous avons dit pourquoi. Elles ne veulent pas du mystère; elles se jugent ellesmêmes. Nous écartons également, comme irrationnelles, toutes les mythologies possibles: elles se condamnent par le seul fait qu'elles s'exposent. Nous écartons à plus forte raison toutes les doctrines immorales, parce qu'elles sont flétries par le premier regard honnête. Nous écartons toutes les doctrines d'école ou de nationalité, parce

qu'elles n'ont pas le dernier et suprême caractère de la vérité. Nous écartons par conséquent les élucubrations qui ne procèdent que de l'homme, si brillantes et si profondes qu'on les juge, toutes les mythologies, si raffinées et délicates qu'on les dise, même ce bouddhisme qui a, dit-on, dans Paris tant de zélés sectateurs. Nous écartons le mahométisme, encore qu'il ait un regain, paraîtil, de curiosité, sinon de faveur en notre temps, parce que je ne pense pas que vous lui reconnaissiez un caractère de moralisation supérieure. Nous écartons même toutes les sectes chrétiennes, parce qu'elles sont plus ou moins des doctrines de nationalités. On est protestant, parce qu'on est Anglais ou Prussien; on est schismatique, parce qu'on est Grec ou Russe. Soit. Mais qu'est-ce que la nationalité allemande ou anglaise, russe ou grecque en regard de l'universalité qui conduit à la vérité? Le judaïsme n'est pas marqué non plus d'un caractère universel. De plus, il a été, de son propre aveu, une doctrine de préparation, de prophétie et d'image; il appelait, dans l'aurore, le jour qu'il n'est pas ; il reste à jamais sur la route et, par conséquent, nous passons. Qu'avons-nous encore à voir? Permettez-moi de le dire simplement : l'Eglise catholique. » Ollivier, Conférences de NotreDame, 1897, 111 conf.

Preuves de la Révélation

Leçon II

Le Miracle

1. Sa notion. II. Sa possibilitė. – III. Sa discernibilité. - IV. Sa valeur démonstrative. V. Doctrine catholique sur le miracle.

U

à

NE des questions les plus vivement débattues depuis la fin du xvII° siècle, c'est assurément celle du miracle. De Spinoza Renan, en passant par Hume, Voltaire et Rousseau, philosophes rationalistes et savants incrédules, érudits et critiques imbus de préjugés, tous ont déclaré une guerre sans merci au miracle. La raison en est dans leur haine du surnaturel (1). L'existence du

1. BIBLIOGRAPHIE: Saint Augustin, De utilitate credendi, XXXII-XXXIV; De civitate Dei, XXI, v-IX; De Genesi ad litteram, xu; saint Thomas, Quaest. disp., de Potentia, Q. vi, de miraculis; Cont. Gentes, III, xcvп-cш; Sum. theol., I, Q. cv, a. 1-8; cx, a. 4; cxiv, a. 4; Ia II, Q. cxIII, a. 10; IIa IITM, Q. CLXXVIII, á. 1-2; Benoît XIV, De servorum beatificatione et Bealorum canonisatione, L. iv, p. 1; voir l'abrégé de cet ouvrage, fait par Beaudeau avec l'approbation de Benoît XIV, dans le Theologiæ cursus completus, de Migne, t. vin; Le Grand, De miraculis, dans le Scripturæ sacræ cursus completus, de Migne, t. xx; De Frayssinous, Défense du Christianisme, Conférence sur les miracles en général; Felix, Conférences de Notre-Dame, Paris, 1864, Conf. iv: Le miracle et la critique nouvelle; Cardinal Pie, Instructions synodales, troisième instruction; Newman, Two essays on Scripture miracles, Lon

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