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Bossuet Dieu nous fait agissant librement. C'est donc une motion qui ne change pas le mode de nos actes; elle ne les transforme pas en actes nécessaires, mais, bien au contraire, elle les constitue, en quelque sorte, nécessairement libres. Cette influence providentielle est une prémotion en ce sens qu'elle prévient la volonté ; il le faut bien, si tout ce qui existe appartient à Dieu avant d'être à soi-même et plus qu'à soi-même; elle devance la détermination de la volonté, parce que la cause seconde ou la créature ne peut passer à l'acte que sous l'influence et par la vertu de la cause première ou du Créateur. Il faut distinguer en nous la puissance, la volonté et l'exécution. Par la grâce suffisante, l'homme peut agir; mais il ne veut agir et n'agit en réalité d'une manière salutaire que par la grâce efficace. Puissance, volonté, acte, c'est la sève, le bourgeon et la fleur: limiter la motion divine à l'infusion de la sève dans la plante, c'est lui refuser la fécondité qui se révèle dans le bourgeon et la gloire qui s'épanouit dans la fleur. » Maisonneuve, Bulletin de litté rature ecclésiastique, 1905, p. 24.

Leçon XII®
La grâce

I. Distribution de la grâce dans le monde.
II. Distribution de la grâce aux individus.
III. La prédestination et la réprobation (1).

I. Distribution de la grâce
dans le monde

B

OSSUET, dans son Discours sur l'histoire universelle, tout comme saint Augustin, dans son ouvrage de la Cité de Dieu, a indiqué à grands traits l'action générale de la Providence. L'évêque d'Hippone et l'évêque de Meaux partent des données de la révélation et interprètent le développement historique du genre humain à la lumière de la foi. Ce qu'ils entendent justifier, c'est le gouvernement divin, fait de bonté, de justice et de miséricorde, sous la loi de la nature, sous la loi écrite et sous la loi évan

1. BIBLIOGRAPHIE: S. Thomas Sum. theol., I, Q. xxIII; Cont. Gent., III, CLXI-CLXIII; De veritate, Q. vi, a. 2; les traités récents de théologie De Deo uno et De gratia ; les ouvrages des thomistes et des molinistes anciens et nouveaux; S. François de Sales, Traité de l'amour de Dieu; Fénelon, Lettres sur la gráce et la prédestination; Bossuet, Défense de la tradition et des saints Pères; Monsabré, Conférences de N.-D., conf. xxIII* ; Pègues, Commentaire français littéral de la somme théologique, Toulouse, 1907, t. u; Souben, La grâce, Paris, 1905.

gélique. L'humanité n'est jamais abandonnée à elle-même; mais des changements notables s'y produisent, des préférences y sont marquées, d'apparents délaissements s'y manifestent, qui pourraient faire croire à quelque caprice assez déconcertant pour la raison humaine, s'il ne nous était pas donné d'y entrevoir au contraire un plan admirable et pleinement justifié, dont Jésus-Christ est le centre, et dont le but est le salut des élus. Dans l'impossibilité de suivre pas à pas saint Augustin et Bossuet, nous nous bornerons à une indication sommaire de la manière dont ils ont conçu la justification de la Providence, pour insister de préférence sur la distribution de la grâce aux individus.

1. Saint Augustin et la Cité de Dieu. - Rome venait de tomber entre les mains des barbares; les païens attribuèrent sa chute à l'abolition du culte païen et en profitèrent pour combattre le christianisme. Emu de pareilles attaques, le tribun Marcellin pria saint Augustin d'y répondre. L'évêque d'Hippone s'empressa de satisfaire un tel désir; il publia d'abord les trois premiers livres de son grand ouvrage; mais ce ne fut que peu à peu et après plusieurs années qu'il put l'achever. La prise de Rome servit ainsi de prétexte ou d'occasion à une œuvre des plus belles. Car saint Augustin élargit le cadre de ce problème particulier de la Providence ; il transforme son apologie en philosophie de l'histoire. D'un regard, il embrasse les destinées du monde; il les montre groupées autour de la religion chrétienne, qui date des origines et doit mener l'humanité à son terme final (1). L'amour de Dieu,

1. «< Interrompu par de nombreuses affaires qu'il était impossible d'ajourner et qui exigeaient une solution immédiate, ce grand ouvrage me tint plusieurs années. Enfin je

dit-il, poussé jusqu'au mépris de soi, a bâti la Cité de Dieu; l'amour de soi, poussé jusqu'au mépris de Dieu, a bâti la Cité des hommes; l'une renferme tous les serviteurs de Dieu dans tous les temps et dans tous les lieux du monde ; l'autre, tous les ennemis de Dieu; l'une et l'autre sont mêlées icibas; mais le triomphe final est assuré à la Cité de Dieu.

<< Ce Dieu qui a fait l'homme animal raisonnable et qui, après le péché, n'a laissé ni le crime sans châtiment, ni la faiblesse sans miséricorde,... est-il croyable qu'il ait voulu laisser les royaumes des hommes, et leurs dominations, et leurs servitudes, en dehors des lois de sa Providence (1)? » Non, il ne les a pas complètement abandonnés ; il n'a jamais laissé le genre humain sans son aide (2) ; mais il l'a châtié à cause de ses péchés ; puis il s'est choisi, dans l'ensemble, un peuple auquel il a donné

terminai les vingt-deux livres qui le composent. Les cinq premiers réfutent ceux qui, attachant les prospérités temporelles au culte de tous ces dieux que les païens adorent, attribuent à la proscription de ce culte, suivant eux nécessaire, les malheurs et les catastrophes de l'empire. Les cinq livres suivants s'élèvent contre ceux qui accordent, il est vrai, que ces malheurs n'ont jamais été et jamais ne seront épargnés aux mortels... mais qui soutiennent, d'autre part, l'utilité de ce culte et de ces sacrifices, dans l'intérêt de la vie future. Les dix premiers livres sont la réfutation de ces deux erreurs, ennemies de la religion chrétienne. Mais, pour prévenir le reproche d'avoir seulement combattu les sentiments étrangers sans établir les nôtres, c'est précisément à l'exposition de nos doctrines que la seconde partie de cet ouvrage consacre les douze derniers livres... De ces douze livres, les quatre premiers contiennent la naissance des deux cités, celle de Dieu et celle du monde; les quatre suivants, leur développement ou leur progrès; les quatre derniers, leurs fins nécessaires. » Retract., II, XLIII, 1-2.

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ses préférences, sans que son choix ait exclu tout le reste des secours de sa grâce. Les ennemis de la Cité de Dieu cachent, en effet, dans leurs rangs, plusieurs de ses futurs concitoyens, des amis prédestinés (1). « Il n'y eut, il est vrai, aucun autre peuple qui ait été proprement appelé le peuple de Dieu; mais que, chez les autres peuples, certains hommes se soient rencontrés qu'une affinité spirituelle et non terrestre rattache aux vrais Israélites, aux citoyens de la céleste patrie, c'est ce que les juifs ne peuvent nier. » Job, par exemple, a été de ce nombre. « Or, je ne doute pas que ce ne soit pas un dessein de la divine Providence que l'exemple de ce seul juste nous apprenne qu'il a pu s'en trouver chez les autres nations qui aient vécu selon Dieu et agréables à Dieu, citoyens prédestinés de la Jérusalem spirituelle (2). » << Ainsi, pendant son pélerinage sur la terre, cette Cité céleste recrute ses citoyens chez toutes les nations (3). »

Les juifs, à leur tour, se rendent indignes des faveurs divines. Le Christ a beau sortir de leur race et naître au milieu d'eux, ils se refusent à reconnaître en lui le Messie annoncé par leurs prophètes. C'est alors l'appel des gentils à la grâce et l'économie nouvelle de l'Evangile qui doit durer autant que le monde. La Cité de Dieu, toujours mêlée à la cité des hommes, souvent éprouvée par elle, n'en continue pas moins son recrutement mystérieux dans le monde entier et poursuit le cours de ses immortelles destinées jusqu'à ce qu'arrive la fin des temps, où elle ira dans la gloire des cieux recevoir la récompense de ses mérites. Quant à sa rivale, butée aux choses de la terre, uni

1. De civ. Dei, I, xxx. 3. De civ. Dei, XIX, XVII.

2. De civ. Dei, XVIII, XLVII.

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