Sayfadaki görseller
PDF
ePub

Leçon XIII

La grâce sanctifiante

I. La grâce sanctifiante, d'après l'Ecriture. II. D'après les Pères. III. D'après saint Thomas (1).

A

PRÈS la grâce actuelle, ce secours surnaturel d'illumination et d'inspiration qui ne fait que passer, sollicitant et aidant le pécheur à se convertir et le juste à faire des œuvres salutaires, y a-t-il une autre grâce qui demeure en nous et nous sanctifie? En quoi consiste-t-elle, quelle est sa nature ? quels sont ses effets?

Dans le langage théologique, on l'appelle une grâce, c'est-à-dire un don gratuit, de pure libéralité; une grâce créée, c'est-à-dire une perfection finie, distincte de Dieu qui la donne et de l'âme qui la reçoit; une grâce habituelle, parce qu'elle demeure

1. BIBLIOGRAPHIE: Pour cette leçon et les deux suivantes, voir les divers traités de la grâce; relativement aux controverses entre protestants et catholiques, voir les travaux de Bellarmin, de Bossuet, de Mohler, de Dællinger, de Schwane, Scheeben, etc.; on consultera avec profit Mgr Gay, De la vie et des vertus chrétiennes, 3• édit., Paris, 1875; Bellamy, La vie surnaturelle considérée dans son principe, Paris, 1896; Terrien, La grâce et la gloire, Paris, 1897; 2° édit., 1901; Froget, De l'habitation du Saint-Esprit dans les âmes justes, 2° édit., Paris, 1900; Encyclique Divinum illud munus, » de Léon XIII, 9 mai 1897; nous en donnons les principaux extraits à la fin de cette leçon.

en nous, et sanctifiante, parce qu'elle nous rend justes et saints aux yeux de Dieu. C'est laisser entendre qu'elle est une réalité physique, positive et permanente. Mais, en fait, existe-t-elle ? Peut-on accepter la théorie protestante de la justification par la seule imputation des mérites du Christ, qui remet les péchés mais ne les efface pas, et qui laisse le pécheur justifié dans l'état intérieur où elle le trouve, sans le modifier en rien? Peut-on ne voir dans cette grâce sanctifiante, avec certains catholiques plus ou moins imbus de philosophie nominaliste ou cartésienne, qu'un simple titre à la présence du Saint-Esprit, qu'un droit moral à son assistance, qu'une pure tendance qui, sans rien ajouter de physique à notre nature, nous inclinerait pourtant à produire des actes surnaturels? C'est aux textes de l'Ecriture, aux témoignages des Pères, à la doctrine des scolastiques et à l'enseignement de l'Eglise de fournir la réponse. A eux de nous faire comprendre comment le pécheur est justifié, comment d'enfant de colère il devient fils de Dieu par adoption, comment il participe à la nature même de Dieu et devient Dieu lui-même, comment il prépare dès ici-bas, par sa propre sanctification, son triomphe glorieux dans le ciel et sa consommation dans la béatitude éternelle. Nous touchons ici à un point capital de la vie chrétienne; nous sommes au centre même du merveilleux changement opéré en nous par la grâce sanctifiante. Aussi allons-nous recueillir avec soin les données scripturaires, les témoignages patristiques et la doctrine de l'Ange de l'école sur un sujet si important. Ils nous permettront de nous faire une idée aussi exacte que possible de ce qu'est la grâce sanctifiante en ellemême.

I. La

grâce sanctifiante d'après l'Ecriture

1. La sanctification de l'homme, but de Dieu. - « Ce que Dieu veut, c'est votre sanctification (1), » écrit saint Paul aux Thessaloniciens, mais cette parole de l'Apôtre s'adresse à tous. Or, la sanctification tend à l'obtention de la vie éternelle. Voilà pourquoi Dieu a envoyé son Fils. «< Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle (2). » Sauver les âmes et leur procurer la gloire céleste, tel est donc le but de Dieu. Pour le réaliser, le Verbe s'est incarné et est mort sur la croix; et pour nous appliquer les mérites de son incarnation et de sa rédemption, il se sert de la grâce sanctifiante, qui les dépose en nous comme des germes de gloire et qui opère en nous des merveilles de transformation. Comment cela? En nous faisant tout d'abord passer des ténèbres à la lumière, de la mort du péché à la vie surnaturelle; en détruisant en nous le péché; en créant en nous un homme nouveau ; en nous revêtant de justice et de sainteté ; en nous rendant participants de la nature même de Dieu; en faisant de nous des enfants de Dieu, des héritiers de son royaume; en nous mettant à même d'accomplir des œuvres qui sauvent et méritent la récompense éternelle; en un mot, en nous sanctifiant. Car la grâce habituelle ou sanctifiante s'étend, sans exception, à tous ces admirables effets.

2. Le pardon du pécheur.

1. I Thess., IV, 3. -2. Joan., III, 16.

« Nous naissons

enfants de colère (1), » esclaves de Satan, ennemis de Dieu, à cause du péché originel. Mais Dieu, << dont le propre est de toujours faire miséricorde et de pardonner, » comme s'exprime l'Eglise dans une de ses prières liturgiques, a résolu de sauver les pécheurs. C'est pour cela qu'est venu Notre Seigneur.

Il s'est comparé au bon Pasteur, qui court à la recherche de la brebis égarée ; il a comparé Dieu au père de famille, qui attend le retour de l'enfant prodigue pour lui pardonner et lui donner le baiser de paix; il se tient à la porte de notre cœur et il frappe, demandant qu'on lui ouvre; il éclaire notre intelligence, il sollicite notre volonté, il nous invite de la manière la plus pressante et la plus touchante au repentir; il n'attend que notre assentiment. Que le pécheur tombe à genoux, qu'il se frappe la poitrine et qu'il dise : « Père, j'ai péché, je ne suis pas digne d'être appelé votre fils, » et aussitôt il le relève, le reçoit dans ses bras et l'embrasse; le pardon est accordé, la réconciliation est faite, le pécheur rentre en grâce.

Plus de péché, il est effacé, le souvenir même en est perdu; plus de dette, elle cst payée; plus de chaînes, elles sont brisées; plus de souillures, elles sont purifiées. Nous lisons, en effet, dans l'Ecriture que le péché est enlevé (2), effacé (3), lavé (4), purifié (5). Il est vrai que le Psalmiste parle de péchés « couverts » et « non-imputés (6) ; » mais il explique sa pensée dans d'autres passages où il dit par exemple que les péchés sont aussi éloignés de Dieu que l'Orient de l'Occident (7) et que le pécheur justifié est plus blanc que la neige (8). L'auteur de

2. Joan., 1, 29.

3. Act., III, 19.

1. Eph., II, 3. 4. Ezech., XXXVI, 25. 5. Hebr., 1, 3. 6. Ps., XXXI, 1-3.

7. Ps., CII, 12. . 8. Ps., L, 9.

[ocr errors]

l'Ecclésiastique prétend que les péchés se sont fondus comme la glace au soleil (1). Et Dieu lui-même s'exprime en ces termes : « C'est moi, moi seul qui efface les prévarications pour l'amour de moi (2). » Il les efface, en les lavant et les purifiant, comme l'explique l'Epître aux Hébreux (3), non dans le sang des taureaux et des boucs, mais dans celui de son propre Fils; et si jadis le sang des animaux pouvait conférer la pureté légale, combien plus efficace le sang du Christ n'est-il pas pour purifier les consciences des œuvres de mort! Aussi saint Paul, quand il rappelle aux Corinthiens leurs anciennes souillures, peut-il leur dire « Voilà pourtant ce que vous étiez, mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés, au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ, et par l'Esprit de notre Dieu (4). »

3. Participation de la nature divine. - Pardonné et purifié complètement de son péché par l'infusion de la grâce sanctifiante, le pécheur n'est plus pécheur, il redevient l'ami de Dieu, il rentre en relations très étroites et très intimes avec Dieu, il lui sert de temple. Mais il y a plus, il devient participant de la nature même de Dieu, selon ce mot si profond de saint Pierre : « Dieu nous a mis en possession de si grandes et si précieuses promesses afin de vous rendre ainsi participants de la nature divine (5). » Le juste entre ainsi, mystérieusement mais effectivement, dans la famille divine, avec une qualité tout à fait exceptionnelle, avec des privilèges et des droits non moins étonnants.

Quelle est cette qualité? C'est celle d'enfant de Dieu. Quels sont ces droits et ces privilèges ? Ce

[blocks in formation]
« ÖncekiDevam »