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que sorte derrière nos facultés, dont elle provoque l'exercice, tout en respectant leur jeu normal. Suivant l'heureuse expression du pape Pie VI, dans la Bulle Auctorem fidei, elle nous fait faire les actes auxquels nous sommes librement déterminés (Prop. 21). C'est la motion ordinaire et commune sous l'influence de laquelle s'accomplissent les actes émanés des vertus. Très différente est la motion propre aux dons. Celle-ci, en effet, prévient nos délibérations, devance nos jugements et nous porte d'une façon pour ainsi dire instinctive à des œuvres auxquelles nous n'avions pas songé et que l'on peut vraiment appeler surhumaines, soit parce qu'elles dépassent nos forces, soit parce qu'elles se produisent en dehors du mode et des procédés ordinaires de la nature et de la grâce. C'est l'impulsion venant de Dieu comme agent supérieur et qui, pour être bien reçue, exige des dispositions toutes spéciales. » Froget, De l'habitation du SaintEsprit, p. 408-412.

Leçon XVI

Le Mérite

I. Le progrès spirituel : doctrine du concile de Trente. - II. Nature et conditions du mérite.— III. Extension et mesure du mérite.

I. Le progrès spirituel : doctrine

du concile de Trente

NTRODUIT gratuitement dans l'état surnaturel, devenu participant de la nature divine, possédant la grâce et, avec la grâce, les vertus infuses et les dons, le justifié a tout ce qu'il faut pour atteindre Dieu, sa fin suprême, le voir face à face, le posséder et jouir de lui dans l'union béatifique (1). Il a un état, il doit donc en remplir les obligations; il a une vie divine, il doit donc la vivre et la développer; il a des principes d'activité surnaturelle, il doit donc les mettre en jeu ; car

« Le sentier des justes est comme la brillante lumière du matin, Dont l'éclat va croissant jusqu'au milieu du jour (2). »

1. La loi du progrès spirituel. Impossible de rester stationnaire ou oisif. Comme pour tout être vivant, le progrès s'impose à lui sous

1. BIBLIOGRAPHIE: Voir les auteurs signalés en tête de la Leçon xi, surtout le P. Terrien, La grâce et la gloire, 2o édit., Paris, 1901, t. 11; saint François de Sales, Traité de l'amour de Dieu. 2. Prov,, vi, 18.

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peine de déchéance. Il est, en effet, un être en formation, et c'est le Christ qui doit être formé en lui (1); enfant de Dieu, il est appelé à croître jusqu'à ce qu'il parvienne à l'état d'homme fait, à la mesure de la stature parfaite du Christ (2). « Comme des enfants nouvellement nés, disait saint Pierre dans sa première Epître, désirez ardemment le pur lait spirituel, afin qu'il vous fasse grandir pour le salut (3); » et il ajoute dans la seconde : « Croissez dans la grâce et dans la connaissance de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ (4). » Saint Paul revient sans cesse et insiste sur la nécessité de ce progrès dans la science de Dieu, dans la charité et en toutes bonnes œuvres. C'est pourquoi l'Eglise, dans sa liturgie, adresse à Dieu cette prière : « Dieu éternel et tout-puissant, donnez-nous un accroissement de foi, d'espérance et de charité (5). » Le progrès spirituel est une loi : « Que le juste pratique encore la justice et que le saint se sanctifie encore (6). » Certes, la marge est large, et le modèle impossible à égaler complètement; mais chacun doit s'y efforcer chaque jour davantage. Comment cela ? Par les bonnes œuvres et la pratique des sacrements (7).

2. Nécessité des bonnes œuvres. Les bonnes œuvres ne sont donc pas inutiles, ainsi que le prétendait Luther. S'appuyant exclusivement sur un texte de saint Paul, où il n'est question que des œuvres rituelles prescrites par la loi mosaïque et périmées par la loi évangélique, le coryphée de la Réforme méconnaissait de parti pris tous les autres

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3. I. Petr., II, 2.— 5. Dom., xiii post Pent., coll. — 6. Apoc.,

1. Gal., IV, 19. -2. Eph., IV, 14. 4. II Petr., III, 18.

XXII, II. 7. Nous ne parlerons ici que du mérite des bonnes œuvres ; la question des sacrements viendra ensuite.

passages du même saint Paul, où est instamment recommandée la pratique des bonnes œuvres, et écartait d'un geste dédaigneux le texte si formel de saint Jacques. Les bonnes œuvres, au contraire, s'imposent comme une obligation étroite, comme un moyen indispensable de progresser dans le Christ et de mériter la vie éternelle. Aussi, sur ce point d'une si grande importance dogmatique et morale, le concile de Trente a-t-il dû faire justice de l'erreur protestante et exposer la doctrine catholique. Rappelons tout d'abord ses enseignements.

3. Du progrès de la justification. — Une fois justifiés et devenus amis de Dieu et membres de sa famille (1), les hommes, marchant de vertu en vertu, se renouvellent de jour en jour (2), en mortifiant leur chair (3), en livrant leurs membres comme esclaves à la justice pour arriver à la sainteté (4), en croissant par la pratique des commandements de Dieu et de l'Eglise dans la justice qu'ils ont reçue par la grâce de Jésus-Christ, la foi coopérant à leurs bonnes œuvres, et ils sont de plus en plus justifiés. Car il est écrit : « Que le juste pratique encore la justice et que le saint se sanctifie encore (5); » et ailleurs «Ne verearis usque ad mortem justificari (6); » et encore: << Vous voyez que l'homme est justifié par les œuvres et non par la foi seulement (7). » C'est cette augmentation de justice que l'Eglise demande dans sa prière (8).

4. De la pratique des commandements: sa né. cessité et sa possibilité. — Que personne donc, quelque justifié qu'il soit, ne s'estime libre de l'observation des commandements; que personne ne répète cette parole téméraire, condamnée par les Pères; l'homme fortifié ne peut pas observer les préceptes de Dieu. Car

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Dieu ne commande par des choses impossibles; en commandant, il nous avertit de faire ce que nous pouvons et de demander ce que nous ne pouvons pas, et il nous aide pour que nous puissions. Ses commandements ne sont pas pénibles (1), son joug est doux et son fardeau léger (2). Les enfants de Dieu, en effet, aiment le Christ, et ceux qui aiment le Christ, au témoignage du Christ luimême, gardent ses commandements (3); ce qu'ils peuvent faire, en réalité, avec le secours divin. Bien que dans cette vie mortelle, malgré la sainteté et la justice, on tombe quotidiennement dans des fautes légères, appelées vénielles, on ne cesse pas cependant d'être juste. En effet, elle est humble et vraie cette parole sur les lèvres du juste: « Pardonnez-nous nos offenses (4). » C'est pourquoi les justes se sentent d'autant plus obligés à marcher dans les voies de la justice afin que, délivrés déjà du péché, devenus les serviteurs de Dieu, vivant sobrement, saintement, pieusement, ils puissent progresser par le Christ, par lequel ils ont eu accès à la grâce. Car Dieu n'abandonne pas ceux qui ont été justifiés par sa grâce, à moins d'être d'abord abandonné par eux. Par suite personne ne doit se prévaloir de la foi seule et se flatter d'être constitué héritier et d'acquérir l'héritage par elle seule, même sans souffrir avec le Christ pour être glorifié avec lui (5). Car le Christ lui-même « a appris, tout Fils qu'il est, par ses propres souffrances ce que c'est qu'obéir et, après avoir été élevé à la perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent l'auteur d'un salut éternel (6). » C'est pourquoi l'Apôtre avertit ainsi les justifiés «Ne savez-vous pas ? Dans les courses du stade, tous courent, mais un seul emporte le prix. Courez de même afin de le remporter... Pour moi, je cours de même, non comme à l'aventure; je frappe, non pas comme battant l'air. Mais je traite durement mon corps et je le tiens en servitude, de peur qu'après avoir prêché aux autres, je ne sois moi-même réprouvé (7). » De même

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