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JEAN DE CHEVROT,

SOIXANTE-NEUVIÈME ÉVÊQUE.

(1460.) Ce prélat décéda six semaines après sa promotion à l'évêché de Toul, dont il ne prit pas possesion. Attaqué d'une maladie mortelle lorsqu'il permuta avec Guillaume Filâtre, Jean de Chevrot n'avait pas l'espérance de voir sa nouvelle ville épisopale, et il se contenta de léguer, par son testament, à la cathédrale de Toul une somme considérable.

ANTOINE DE NEUFCHATEL,

SOIXANTE-DIXIÈME ÉVÊQUE.

(1460.) « L'évêché de Tou!, dit le père Benoît, ne fut presque jamais sans trouble. Les élections n'y donnaient pas moins d'occasion que les entre

prises fréquentes des bourgeois de cette ville contre l'autorité de leur évêque. Ils lui contestaient cette autorité, dans le dessein qu'ils avaient de se mettre en république. Mais la division s'étant mise parmi eux, ils tombèrent dans une anarchie qui ne leur produisit que de la confusion et du chagrin, et les princes en surent profiter, pour se rendre maîtres de l'élection des évêques et des magistrats. Les chanoines, qui s'étaient relâchés dans l'observance de leurs règlemens, ne contribuèrent pas peu à ces divisions et à ces troubles. La conduite peu régulière des ecclésiastiques de ce siècle, faisait qu'on ne leur portait pas l'honneur et le respect qui sont attachés à leurs personnes. Leur vie molle et fainéante, la trop grande autorité qu'ils avaient dans leurs terres, le grand nombre de gen. tilshommes qui remplissaient les canonicats de cette Église, leur ignorance et leur attachement aux plaisirs, firent éclipser cet éclat que le Chapitre de Toul s'était conservé pendant plusieurs siècles. Un corps si illustre, qui avait donné plus de trente-cinq évêques aux Églises d'Allemagne, de France et d'Italie, perdit tout-à-coup sa réputation. Les brefs, les indults, les coadjutoreries, les graces expectatives et les brigues des princes avaient fourni l'occasion à tant de désordres. Le Chapitre, composé alors de Français, d'Allemands, de Lorrains et de Bourguignons, était divisé et partagé par les fureurs d'une inclination

mal réglée pour la nation. Ils entraient dans les intérêts de leur pays, au préjudice de ce qu'ils devaient à leur Église: ils donnaient avis aux souverains de ce qui se passait entre eux. Telle était la situation dans laquelle se trouvait le Chapitre de Toul, lorsqu'il voulut donner un successeur à Jean de Chevrot, et je n'ose point, par respect, m'étendre sur ces désordres 1. »

Les chanoines se partagèrent sur le choix d'un évêque; deux partis se formèrent dans le sein du Chapitre, l'un composé de Toulois, de Lorrains et d'Allemands, l'autre de Français et de Bourguignons, et chacun s'obstinait à ne vouloir qu'un évêque de sa nation. Les derniers, qui étaient protégés par Louis XI et le duc de Bourgogne, élurent Antoine de Neufchâtel, enfant de douze ans, fils de Thiébaut de Neufchâtel, maréchal de Bourgogne, que l'archevêque de Besançon avait déjà nommé chanoine de son Église; l'autre parti donna ses suffrages à Frédéric de Clisentènes, archidiacre de la Cathédrale; mais le Pape, sollicité par le roi de France, n'eut aucun égard à ce dernier choix, et nomma Antoine de Neufchâtel, évêque de Toul. Jean II, duc de Lorraine, qui était alors en Catalogne, apprit cette promotion avec peine, et en témoigna son vif mécontement à la cour de Rome. Il écrivit en même tems deux lettres, l'une à Fré

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déric de Clisentènes, pour le presser de faire valoir ses droits, lui promettant sa protection, et l'autre au Chapitre, pour l'engager à soutenir son parti. Dans cette dernière, il exposait que le père d'Antoine de Neufchâtel étant son ennemi personnel, il avait tout lieu de craindre que l'évêque de Toul n'épousât les querelles de sa famille, et ne livrât au maréchal de Bourgogne les forteresses de l'Évêché. Les Lorrains, qui partageaient l'éloignement de leur prince pour Antoine, supplièrent le duc Jean, au nom de toute la nation et de son affection pour elle, de les affranchir des malheurs dont ils étaient menacés, si le Bourguignon devenait évêque de Toul. Jean II alla trouver Louis XI, pour le prier de ne pas appuyer davantage la nomination d'Antoine; l'artificieux roi fit au Prince de belles promesses qu'il ne tint pas, car un peu après, il se déclara hautement pour Antoine, et envoya même des troupes pour s'emparer au nom du Prélat, des forteresses de l'Évêché.

Jean, surpris autant qu'indigné d'un tel procédé, fit connaître à Louis la résolution qu'il avait prise d'expulser du territoire toulois quiconque y soutiendrait le parti d'Antoine; il l'invitait en même tems à rappeler ses troupes, et à se souvenir de la promesse qu'il lui avait donnée de ne plus défendre les intérêts de la maison de Neufchâtel. Ces sollicitations demeurèrent sans résultat, de sorte que l'obstination de Louis XI et la

nouvelle de l'approche des Français, déterminėrent le duc Jean à céder, et à permettre dans ses états la publication des bulles d'Antoine. Ce jeune prélat, avant d'entrer à Toul, alla, d'après le conseil de Louis, présenter ses félicitations au duc de Lorraine, qui l'embrassa, et qui lui fit de grandes protestations d'amitié. Après cette entrevue, Antoine fut accueilli dans sa ville épiscopale avec la pompe accoutumée, par les magistrats et les chanoines, devant lesquels il prêta le serment d'usage.

Ce devait être un spectacle bien extraordinaire pour la multitude, et bien pitoyable pour les hommes éclairés, que celui d'un enfant de douze ans, revêtu des augustes insignes de l'épiscopat, et recevant des hommages et des respects qui ne sont dûs qu'au mérite uni à un caractère sacré. C'était déconsidérer aux yeux des peuples la dignité sainte des évêques, et détruire la salutaire influence de ces premiers pasteurs de l'Église. Ces exemples déplorables ne furent malheureusement que trop nombreux dans des tems où les souverains pontifes avaient à résister souvent aux exigences inté ressées des puissances séculières, et où des sujets indignes leur étaient en quelque sorte imposés par ce qu'on décorait déjà du titre de raison d'état.

La vieille inimitié entre le duc de Lorraine et le maréchal de Bourgogne, apaisée pour un moment

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