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Besançon, Imprimerie d'OUTHENIN-CHALANDRE fils.

DE THÉOLOGIE,

PAR L'ABBÉ BERGIER.

ÉDITION

ENRICHIE DE NOTES EXTRAITES DES PLUS CÉLÈBRES APOLOGISTES DE LA RELIGION,

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pelobe 1924 H50,936

DE THÉOLOGIE.

F

FABLES DU PAGANISME. Il s'est | trouvé de nos jours des incrédules assez téméraires pour assurer que les faits sur lesquels le christianisme est fondé ne sont ni mieux prouvés, ni plus respectables que les fables du paganisme. Les païens, disent-ils, avoient, aussi bien que nous, une tradition immémoriale, des histoires et des monuments, qui attestoient que les dieux avoient vécu parmi les hommes; et avoient fait toutes les actions que les poëtes leur attribuoient. Platon étoit d'avis que, sur ces faits, il falloit s'en rapporter aux anciens, qui s'étoient donnés pour enfants des dieux, et qui devoient connoître leurs parents. Quoique leur témoignage, ajoutoit-il, ne soit appuyé d'aucune raison évidente ni probable, on ne doit pas cependant la rejeter; puisqu'ils en ont parlé comme d'une chose évidente et connue, il faut nous en tenir aux lois qui confirment leur témoignage. C'est encore ainsi que raisonnent aujourd'hui les théologiens.

A la vérité, plusieurs fables étoient indécentes et scandaleuses, elles attribuoient aux dieux des crimes énormes; mais avec le secours des allégories on parvenoit à leur donner un sens raisonnable: ne sommes-nous pas obligés de recourir au même expédient, soit pour expliquer la manière dont nos Ecritures nous parlent de Dieu, soit pour excuser la conduite de plusieurs personnages que nous sommes accoutumés à regarder comme des saints? Lorsque les Pères de l'Eglise objectoient aux païens les humiliations et les souffrances de leurs

dieux, ils ne voyoient pas que l'on pouvoit rétorquer l'argument contre eux; aucun des dieux du paganisme n'a souffert plus d'ignominies, ni un supplice aussi cruel que Jésus-Christ, auquel cependant nous attribuons la divinité.

Il est donc très-probable que le christianisme n'a fait, parmi les païens, des progrès si rapides, que parce qu'ils y ont trouvé à peu près le même fond de fables, de mystères, de miracles, de rites et de cérémonies que dans le paganisme.

L'examen de ce parallèle pourroit nous mener fort loin; mais quelques réflexions suffiront pour en faire voir l'absurdité.

1° Il est aujourd'hui à peu près démontré que les dieux du paganisme étoient des personnages imaginaires, des génies, et non des hommes qui aient jamais vécu sur la terre; le polythéisme et l'idolâtrie ont commencé par l'adoration des astres, des éléments et des êtres physiques que l'on a supposés vivants et animés. Apollon est le soleil, Diane est la lune, Jupiter est le maître du tonnerre, Junon l'intelligence qui excite les orages, Minerve l'industrie qui a inventé les arts, Mars le génie qui inspire du courage aux guerriers, Vénus est l'inclination qui porte l'homme à la volupté, etc. Cela est prouvé non-seulement par l'Ecriture sainte, mais par les auteurs profanes, par le tissu des fables, par la contradiction des narrations poétiques, etc. Voyez POLYTHEISME et IDOLATRIE. (No I, p. 563.) Il est donc impossible qu'aucune histoire, aucun mo

nument, aucun témoignage, aucune tradition, ait jamais pu constater l'existence de ces dieux fantastiques. Les prétendus enfants des dieux sont les premiers habitants d'un pays, desquels on ne connoissoit pas la première origine, et que l'on appeloit, pour cette même raison, les enfants de la terre. A-t-on les mêmes preuves pour faire voir que les personnages dont les livres saints nous font l'histoire, ne sont pas plus réels?

Nous convenons que plusieurs des Pères de l'Eglise ont raisonné contre les païens sur la supposition contraire; ils ont supposé que les dieux du paganisme avoient été des hommes, parce que les païens eux-mêmes le prétendoient ainsi, et que c'étoit alors l'opinion dominante: mais ceux d'entre les Pères qui ont examiné les fables de près, ont très-bien vu qu'il n'en étoit rien, que ces prétendus dieux étoient des intelligences ou des esprits, enfants de l'imagination du peuple et des poëtes. Nous pourrions citer à ce sujet saint Clément d'Alexandrie, Athénagore, Tertullien, etc.

2o Les Grecs ont constamment distingué les temps fabuleux d'avec les temps historiques; ils ont donc été très-persuadés que l'histoire prétendue de leurs dieux étoit mensongère et forgée par les poëtes; une preuve évidente est la contradiction de ces derniers, ils ne s'accordent point entre eux ; ils ont attribué à leurs personnages la généalogie, le caractère, les aventures qui leur ont plu davantage; les uns en ont placé la scène dans la Thessalie, les autres dans l'île de Crète, plusieurs en Egypte, quelquesuns dans l'Orient: peut-on montrer la même opposition entre les auteurs de l'Histoire sainte?

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tres, et revendiquoit les mêmes fables. Lorsque nous citons des monuments pour appuyer les faits de l'Histoire sainte, nous montrons que ces monuments remontent à l'époque des événements, et ont été établis sous les yeux des témoins qui les ont vus. Aucun des anciens mythologues n'a été assez témé raire pour affirmer qu'il avoit vu les merveilles qu'il raconte; tous se fondent sur une tradition populaire dont l'origine est inconnue. V. HISTOIRE SAINTE. 3o A la vérité, les auteurs sacrés ont attribué à Dieu des qualités, des actions, des affections humaines, comme la vue, l'ouïe, la parole, l'amour, la haine, la colère, etc. : mais ils nous avertissent d'ailleurs, et nous font comprendre que Dieu est un pur esprit. Pour donner une idée des opérations et des attributs de Dieu, il est impossible de faire autrement, à moins de forger un nouveau langage qui ne seroit entendu de personne; nous ne pouvons comparer Dieu qu'aux créatures intelligentes. La nécessité des métaphores ou des allégories vient donc des bornes de notre esprit et de l'imperfection du langage; le philosophe le plus habile y est forcé aussi bien que l'homme le plus ignorant. Voilà ce qu'Origène, saint Cyrille d'Alexandric, Tertullien, et nos autres apologistes, ont répondu aux païens et aux anciens hérétiques, qui reprochoient aux chrétiens le style métaphorique de nos livres saints.

Mais les écrivains sacrés n'ont jamais attribué à Dieu des crimes abominables, tels que les impudicités de Jupiter et de Vénus, la cruauté de Mars, les vols de Mercure, etc. On n'a eu recours que fort tard aux allégories pour en pallier la turpitude, et chaque mythologue les a expliqués différemment; c'est un ex

Aucun des monuments que l'on allègue chez les païens, tels que les tom-pédient imaginé par les philosophes pour beaux, les statues, les temples, les fêtes, les cérémonies, ne remonte à la date des événements auxquels on veut qu'ils servent d'attestation; l'on peut s'en convaincre par la lecture de Pausanias. Les différentes villes se disputoient l'authenticité de ces monuments, chacune avoit sa tradition différente des au

répondre aux Pères de l'Eglise, qui montroient l'absurdité des fables et en faisoient voir les pernicieuses conséquences. Jusqu'alors, loin d'imaginer que l'on pût déplaire aux dieux en imitant leurs crimes, on les avoit regardés comme une partie du culte religieux. Térence, Ovide, Juvénal, conviennent

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