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chard Simon l'appelle langue de syna- | et se baignoient tous les jours par motif gogue. De même aujourd'hui en Es- de religion. Saint Epiphane, parlant pagne les juifs parlent un espagnol mé- d'eux, dit que, sur les autres points de langé, que l'on peut appeler espagnol religion, ils pensoient à peu près comme de synagogue. Saumaise a eu une autre les pharisiens, mais qu'ils nioient la réidée de la langue hellénistique, on ne surrection des morts, comme les saddusait pas sur quel fondement. céens, et qu'ils avoient encore emprunté de ceux-ci d'autres erreurs.

Blackwall, savant anglois, a fait un livre pour réfuter les critiques qui ont accusé les écrivains du nouveau Testament d'avoir parlé un grec barbare, rempli de solécismes et de mauvaises expressions; il prouve le contraire par des exemples tirés des auteurs grecs les plus estimés; il soutient non-seulement qu'ils se sont exprimés avec une éloquence naturelle et sublime, mais qu'en plusieurs choses ils ont surpassé les meilleurs écrivains de la Grèce et de Rome. Il y a peut-être un peu d'enthousiasme dans cette dernière prétention; mais quant à la pureté du langage, il nous paroît avoir pleinement justifié les auteurs sacrés. Il ne nie point que l'on n'y trouve des hébraïsmes; mais il fait voir que ces façons de parler, que l'on a crues propres et particulières aux Hébreux, n'étoient pas inusitées chez les Grecs. En effet, puisque nous les retrouvons presque toutes en françois, ce ne seroit pas une merveille de les rencontrer aussi dans les autres langues, surtout dans les divers dialectes du grec, qui ont varié à l'infini.

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HELVIDIENS.V.ANTIDICOMARIANITES. HEMATITES, hérétiques desquels saint Clément d'Alexandrie a parlé dans son livre 7 des Stromates; leur nom vient de apa, sang. Peut-être étoit-ce une branche des cataphryges ou montanistes, qui, selon Philastrius, ployoient à la fête de Pâques le sang d'un enfant dans leurs sacrifices. Saint Clément d'Alexandrie dit seulement qu'ils avoient des dogmes qui leur étoient propres, sans nous apprendre quels étoient ces dogmes. Quelques auteurs ont cru que ces sectaires étoient ainsi appelés, parce qu'ils mangeoient du sang et des chairs suffoquées, malgré la défense du concile de Jérusalem.

HÉMÉROBAPTISTES, secte de juifs, ainsi nommés, parce qu'ils se lavoient

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D'Herbelot, dans sa Bibliothèque orientale, a cru que ces sectaires subsistoient encore sur les bords du Golfe Persique, sous le nom de Mendaï-Jahia, ou chrétiens de saint Jean; cette conjecture a été embrassée et soutenue par plusieurs autres savants, en particulier par Mosheim, Hist. Ecclés., seizième siècle, sect. 3, 1re part., c. 2, $17, et Hist. Christ. Proleg., chap. 2, S9, note 3. Nous en parlerons plus au long au mot MANDAÏtes.

HÉNOCH, l'un des patriarches qui ont vécu avant le déluge. Saint Jude, dans son épître, fait le portrait de plusieurs chrétiens mal convertis, et dont les mœurs étoient déréglées; il ajoute, 7. 14: « C'est d'eux qu'Hénoch, qui a été le » septième depuis Adam, a prophétisé > en ces termes: Voilà le Seigneur qui va > venir, avec la multitude de ses saints, » pour exercer son jugement sur tous » les hommes, et pour convaincre tous > les impies. »

Ces paroles de saint Jude ont donné lieu de forger, dans le second siècle de l'Eglise, un prétendu livre d'Hénoch, rempli de visions et de fables, touchant la chute des anges, etc. L'auteur paroît avoir été un juif mal instruit et mal converti, qui a rassemblé de fausses traditions judaïques, dans l'intention d'amener les juifs au christianisme : faux zèle et conduite très-blâmable. Plusieurs Pères de l'Eglise ont eu du respect pour ce livre, parce qu'ils ont cru que saint Jude l'avoit cité.

Mais cet apôtre cite, non un livre, mais une prophétie qui pouvoit avoir été conservée par tradition; cela ne prouve donc rien en faveur du prétendu livre d'Hénoch. On dit que les abyssins, ou chrétiens d'Ethiopie, le respectent encore et y ont grande confiance, et qu'il y en a un exemplaire à la bibliothèque

HENOTIQUE, édit de l'empereur Zénon, favorable aux eutychiens. Voyez EUTYCHIANISME.

du roi. On ne nous apprend pas si la | Basnage, Histoire de l'Eglise, 1. 24, prophétie alléguée par saint Jacques s'y c. 8, n. 1 et 2. Quand cela seroit vrai, trouve ou non ; et il n'est pas certain que cette succession ne seroit pas encore fort ce soit le même ouvrage duquel ont parlé honorable, puisque ces deux prétendus Origène et Tertullien. Au reste, ce livre martyrs étoient fort ignorants et de vrais n'a jamais été reçu dans l'Eglise comme fanatiques. Mais les protestants croient canonique, et il n'a aucune autorité. Il valide et légitime le baptême des eny a sur ce sujet une dissertation dans la fants; ils ont même condamné l'erreur Bible d'Avignon, tom. 16, p. 521. contraire, soutenue par les anabaptistes et par les sociniens, aussi bien que par Pierre de Bruys et par Henri. Ces deux sectaires ne sont donc rien moins que des martyrs de la vérité. Il est prouvé d'ailleurs que Henri fut convaincu d'adultère et d'autres crimes, qu'il se faisoit suivre par des femmes débauchées, auxquelles il prêchoit une morale abominable. Acta Episcop. Cenonan., in vitá Hildeberti. Mosheim, qui cite ces Actes, ne répond rien à cette accusation. Voyez PÉTROBRUSIENS.

HENRICIENS, hérétiques qui parurent en France dans le douzième siècle, et qui eurent pour chef un certain Henri, moine ou ermite, né en Italie. Ce novateur dogmatisa successivement à Lausanne, au Mans, à Poitiers, à Bordeaux, à Toulouse, où il fut attaqué et réfuté par saint Bernard. Obligé de fuir, il fut arrêté et conduit devant le pape Eugène III, qui présidoit alors au concile de Reims; accusé et convaincu de plusieurs erreurs, il fut mis en prison, où il mourut l'an 1148. Il rejetoit le baptême des enfants, il déclamoit hautement contre le clergé, il méprisoit les fêtes et les cérémonies de l'Eglise, et il tenoit des assemblées secrètes pour répandre sa doctrine.

Comme sur plusieurs points il avoit les mêmes sentiments que Pierre de Bruys, la plupart des auteurs ont cru qu'il avoit été son disciple, et ils l'ont nommé Henri de Bruys. Mais Mosheim a observé que cette conjecture est sans fondement : Pierre de Bruys ne pouvoit souffrir les croix, il les détruisoit partout où il en trouvoit; Henri au contraire entroit dans les villes une croix à la main, pour s'attirer la vénération du peuple. Hist. ecclés., douzième siècle, 2e part., c. 5, § 8. Il est donc probable que, sans s'être endoctrinés l'un l'autre, ils avoient sucé les principes des albigeois, et les avoient arrangés chacun à sa manière.

Les protestants, pour se donner des ancêtres, ont cité Pierre de Bruys et Henri; ils ont dit que ces deux sectaires enseignoient la même doctrine que les réformateurs du seizième siècle, ils les ont donné pour martyrs de la vérité.

HEPTATEUQUE. C'est ainsi que l'on a nommé autrefois la première partie de la Bible, qui renfermoit, outre le Pentateuque ou les cinq livres de Moïse, les deux suivants de Josué et des Juges. Yves de Chartres, Epist. 38, nous apprend que l'on avoit coutume de les joindre ensemble, et de les citer sous le nom d'Heptateuque, c'est-à-dire ouvrage en sept livres.

HÉRACLÉONITES, hérétiques du sccond siècle, et de la secte des valentiniens; ils furent ainsi appelés de leur chef Héracléon, qui parut vers l'an 140, et qui répandit ses erreurs principalement dans la Sicile.

Saint Epiphane a parlé de cette secte: Hær. 36, il dit qu'aux rêveries de Valentin, Héracléon avoit ajouté ses propres visions, et avoit voulu réformer en quelque chose la théologie de son maître. Il soutenoit que le Verbe divin n'étoit point le créateur du monde, mais que c'étoit l'ouvrage de l'un des éons. Il distinguoit deux mondes, l'un corporel et visible, l'autre spirituel et invisible, et il n'attribuoit au Verbe divin que la formation de ce dernier. Pour étayer cette opinion, il altéroit les paroles de l'Evangile de saint Jean: Toutes choses ont été faites par lui, et rien n'a été fait sans lui; il y ajoutoit de son chef ces

autres mots des choses qui sont dans | d'une hérésie, ou chef d'une secte héle monde. rétique.

Il déprimoit beaucoup la loi ancienne, et rejetoit les prophéties; c'étoient, selon lui, des sons en l'air qui ne signifioient rien. Il avoit fait un commentaire sur l'Evangile de saint Luc, duquel saint Clément d'Alexandrie a cité quelques fragments, et un autre sur l'Evangile de saint Jean, duquel Origène a rapporté plusieurs morceaux dans son propre commentaire sur ce même Evangile, et c'est ordinairement pour les contredire et les réfuter. Le goût d'Héracléon étoit d'expliquer l'Ecriture sainte d'une manière allégorique, de chercher un sens mystérieux dans les choses les plus simples; et il abusoit tellement de cette méthode, qu'Origène, quoique grand allégoriste lui-même, n'a pas pu s'empêcher de le lui reprocher. Grabe, Spicil. du second siècle, p. 80; D. Massuet, Première dissert. sur saint Irénée, art. 2, n. 93.

L'on n'accuse point les hiéracléonites d'avoir attaqué l'authenticité ni la vérité de nos Evangiles, mais seulement d'en avoir détourné le sens par des interprétations mystiques cette authenticité étoit donc alors regardée comme incontestable. On ne dit point qu'ils aient nié ou révoqué en doute aucun des faits publiés par les apôtres, et rapportés dans les Evangiles: ces faits étoient donc d'une certitude à laquelle on ne pouvoit rien opposer. Les différentes sectes de valentiniens n'étoient point subjuguées par l'autorité des apôtres, puisque la plupart de leurs docteurs se croyoient plus éclairés que les apôtres, et prenoient, par orgueil, le titre de gnostiques, hommes intelligents. Cependant, au commencement du second siècle, la date des faits étoit assez récente pour que l'on pût savoir s'ils étoient vrais ou faux, certains ou douteux, publics ou apocryphes: comment des hommes qui disputoient sur tout, ont-ils pu convenir tous des mêmes faits, s'il y avoit lieu de les contester? Nous répétons souvent cette observation, parce qu'elle est décisive contre les incrédules.

HÉRÉSIARQUE, premier auteur

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Il est constant que les plus anciens hérésiarques, jusqu'à Manès inclusivement, ont été ou des juifs qui vouloient assujettir les chrétiens à la loi de Moïse, ou des païens mal convertis qui vouloient soumettre la doctrine chrétienne aux opinions de la philosophie. Tertullien l'a fait voir dans son livre des Prescriptions, c. 7, et il a démontré en détail que toutes les erreurs qui avoient troublé le christianisme jusqu'alors, venoient de quelqu'une des écoles de philosophie. Saint Jérôme a pensé de même, In Nahum, c. 3, col. 1588. Suivant la remarque d'un savant académicien, les philosophes ne virent pas sans jalousie un peuple qu'ils méprisoient, devenu sans étude infiniment plus éclairé qu'eux sur les questions les plus intéressantes au genre humain, sur la nature de Dieu et de l'homme, sur l'origine de toutes choses, sur la Providence qui gouverne le monde, sur la règle des mœurs; ils cherchèrent à s'approprier une partie de ces richesses, pour faire croire qu'on les devoit à la philosophie plutôt qu'à l'Evangile. Mém. de l'Acad. des Inscriptions, tom. 50, in-12, p. 287. Ce motif n'étoit pas assez pur pour former des chrétiens fidèles et dociles.

Une religion révélée de Dieu, qui propose des mystères à croire, qui ne laisse la liberté ni de disputer, ni d'argumenter contre la parole de Dieu, ne sera jamais goûtée par des hommes vains et opiniâtres, qui se flattent de découvrir toute vérité par la force de leur esprit. Soumettre la raison et la curiosité au joug de la foi, enchaîner les passions par la morale sévère de l'Evangile, c'est un double sacrifice pénible à la nature; il n'est pas étonnant que, dans tous les siècles, il se soit trouvé des hommes peu disposés à le faire, ou qui, après l'avoir fait d'abord, sont retournés en arrière. Les chefs des hérésies n'ont fait autre chose que porter dans la Religion l'esprit contentieux, inquiet, jaloux, qui a toujours régné dans les écoles de philosophie.

Mosheim conjecture avec beaucoup de probabilité que les juifs, entêtés de la sainteté et de la perpétuité de la loi de Moïse, ne vouloient pas reconnoître la divinité de Jésus-Christ, ni avouer qu'il étoit le Fils de Dieu, de peur d'être obligés de convenir qu'en cette qualité il avoit pu abolir la loi de Moïse; que les hérétiques nommés gnostiques suivoient plutôt les dogmes de la philosophie orientale que ceux de Platon et des autres philosophes grecs. Mais cette seconde opinion n'est ni aussi certaine, ni aussi importante que Mosheim le prétend. Voy. GNOSTIQUES, PHILOSOPHIE ORIENTALE. Il fait mention d'une troisième espèce d'hérétiques; c'étoient des libertins qui prétendoient que la grâce de l'Evangile affranchissoit les hommes de toute loi religieuse ou civile, et qui menoient une vie conforme à cette maxime. Il seroit difficile de prouver que ces gens-là ont composé une secte particulière.

Dès le premier siècle, les apôtres ont mis au rang des hérétiques Hyménée, Philète, Hermogène, Phygellus, Démas, Alexandre, Diotrèphe, Simon le Magicien, les nicolaïtes et les nazaréens. Il paroît que saint Jean l'évangéliste n'étoit pas encore mort lorsque Dosithée, Ménandre, Ebion, Cérinthe et quelques autres, ont fait du bruit. Au second siècle, plus de quarante sectaires ont fait parler d'eux, et ont eu des partisans. Fabricius, Salut. lux Evangelii, etc., c. 8, § 4 et 5. Alors le christianisme, qui ne faisoit que de naître, occupoit tous les esprits, étoit l'objet de toutes les contestations, divisoit toutes les écoles; mais Hégésippe attestoit que jusqu'à son temps, c'est-à-dire jusqu'à l'an 133 de Jésus-Christ, l'Eglise de Jérusalem ne s'étoit pas encore laissé corrompre par les hérétiques; le zèle et la vigilance de ses évêques l'avoient mise à l'abri de la séduction.

Il y a une remarque essentielle à faire sur ce sujet : c'est que les hérésiarques les plus anciens et les plus à portée de vérifier les faits rapportés dans l'Evangile, n'en ont jamais contesté la vérité. Quoique intéressés à décréditer le té

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moignage des apôtres, ils n'en ont point nié la sincérité. Nous avons répété cette observation en parlant de chacune des anciennes sectes, parce qu'elle est décisive contre les incrédules, qui ont osé dire que les faits évangéliques n'ont été crus et avoués que par des hommes de notre parti.

Bayle définit un hérésiarque, uti homme qui, pour se faire chef de parti, sème la discorde dans l'Eglise et en rompt l'unité, non par zèle pour la vé→ rité, mais par ambition, par jalousic, ou par quelque autre passion injuste. Il est rare, dit-il, que les auteurs des schismes agissent de bonne foi. Voilà pourquoi saint Paul met les sectes ou les hérésies au nombre des œuvres de la chair qui damnent ceux qui les commettent, Galat., c. 5, 7. 20; c'est pourquoi il dit qu'un hérétique est un homme pervers, condamné par son propre jugement, Tit., c. 3, f. 10. Conséquemment Bayle convient qu'il n'y a point de forfait plus énorme que de déchirer le corps mystique de Jésus-Christ, de calomnier l'Eglise son épouse, de faire révolter les enfants contre leur mère; que c'est un crime de lese-majesté divine au premier chef. Suppl. du Comment. philos., préf. et c. 8.

Sans doute les apologistes des hérésiarques n'accuseront pas Bayle d'être un casuiste trop sévère. En effet, quand un docteur quelconque seroit intimement persuadé que l'Eglise universelle est dans l'erreur, et qu'il est en état de le prouver invinciblement, qui lui a donné mission pour prêcher contre elle? Il ne peut d'abord, sans un excès de présomption, se flatter de mieux entendre la doctrine de Jésus-Christ qu'elle n'a été entendue, depuis les apôtres jusqu'à nous, par les docteurs les plus habiles. Il ne peut, sans une témérité insupportable, supposer que Jésus-Christ a manqué à la parole qu'il a donnée à son Eglise de veiller sur elle, et de la défendre contre les assauts de l'enfer jusqu'à la consommation des siècles. Quand par hasard il auroit découvert une erreur dans la croyance de l'Eglise, le bien qu'il pourra faire en la publiant

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et en la réfutant, égalera-t-il jamais le mal qu'ont causé dans tous les temps ceux qui ont eu la fureur de dogmatiser?

Si un hérésiarque pouvoit prévoir le sort de sa doctrine, jamais il n'auroit le courage de la mettre au jour. Il n'en est pas un seul dont les sentiments aient été fidèlement suivis par ses prosélytes, qui n'ait causé des guerres intestines dans sa propre secte, qui n'ait été réfuté et contredit en plusieurs points par ceux mêmes qu'il avoit séduits. La doctrine de Manès ne fut conservée en entier ni chez les pauliciens, ni chez les Bulgares, ni chez les albigeois; celle d'Arius fut attaquée par les semi-ariens aussi bien que par les catholiques; les nestoriens font profession de ne pas suivre Nesto- | rius, et les jacobites disent anathème à Eutychès les uns et les autres rougissent du nom de leurs fondateurs. Les luthériens ne suivent plus les sentiments de Luther, ni les calvinistes ceux de Calvin. Il est impossible que ces deux hérésiarques ne se soient pas repentis à la vue des contradictions qu'ils es suyoient, des ennemis qu'ils se faisoient, des guerres qu'ils excitoient, des crimes dont ils étoient la première cause.

Au troisième siècle, Tertullien a peint d'avance les hérésiarques de tous les siècles dans son livre des Prescriptions. Ils rejettent, dit-il, les livres de l'Ecriture qui les incommodent; ils interprètent les autres à leur manière ; ils ne se font pas scrupule d'en changer le sens dans leurs versions. Pour gagner un prosélyte, ils lui prêchent la nécessité de tout examiner, de chercher la vérité par soi-même ; quand ils le tiennent, ils ne souffrent plus qu'il les contredise. Ils flattent les femmes et les ignorants, en leur faisant croire que bientôt ils en sauront plus que tous les docteurs, ils déclament contre la corruption de l'Eglise et du clergé ; leurs discours sont vains, arrogants, pleins de fiel, marqués au coin de toutes les passions humaines, etc. Quand Tertullien auroit vécu au seizième siècle, il n'auroit pu mieux peindre les prétendus réformateurs. Erasme en faisoit un portrait parfaite

ment semblable. Voyez les deux articles suivants.

HÉRÉSIE. Ce mot, qui ne se prend à présent qu'en mauvaise part, et qui signifie une erreur opiniâtre contre la foi, ne désignoit dans l'origine qu'un choix, un parti, une secte bonne ou mauvaise; c'est le sens du grec aïpecis, dérivé d'áípéμœ je prends, je choisis, j'embrasse. On disoit hérésie péripatéticienne, hérésie stoïcienne, pour désigner les sectes d'Aristote et de Zénon; et les philosophes appeloient hérésie chrétienne la religion enseignée par Jésus-Christ. Saint Paul déclare que dans le judaïsme il avoit suivi l'hérésie pharisienne, la plus estimable qu'il y eût parmi les Juifs. Act., c. 24, 7. 14. Si hérésie avoit signifié pour lors une erreur, ce nom auroit mieux convenu à la secte des sadducéens qu'à celle des pharisiens.

On définit l'hérésie une erreur volontaire et opiniâtre contre quelque dogme de foi. Ceux qui veulent excuser ce crime, demandent comment on peut juger si une erreur est volontaire ou involontaire, criminelle ou innocente, vient d'une passion vicieuse plutôt que d'un défaut de lumière. Nous répondons, 1o que, comme la doctrine chrétienne est révélée de Dieu, c'est déjà un crime de vouloir la connoître par nous-mêmes, et non par l'organe de ceux que Dieu a établis pour l'enseigner; que vouloir choisir une opinion pour l'ériger en dogme, c'est déjà se révolter contre l'autorité de Dieu; 2o puisque Dieu a établi l'Eglise ou le corps des pasteurs, pour enseigner les fidèles, lorsque l'Eglise a parlé, c'est, de notre part, un orgueil opiniâtre de résister à sa décision, et de préférer nos lumières aux siennes; 3o la passion qui a conduit les chefs de secte et leurs partisans s'est montrée par leur conduite et par les moyens qu'ils ont employés pour établir leurs opinions. Nous avons vu que Bayle, en définissant un hérésiarque, suppose que l'on peut embrasser une opinion fausse par orgueil, par ambition d'être chef de parti, par jalousie et par haine contre un antagoniste, etc., et il l'a

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