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NOTES.

NOTE PREMIÈRE.

FABLES DU PAGANISME. (Page }.}

On savoit, par l'ancienne tradition, qu'il existoit des esprits supérieurs à l'homme, ministres du grand roi dans le gouvernement du monde. Ce furent ces esprits dont on anima l'univers : on en plaça partout, dans le ciel, dans les astres, dans l'air, dans les montagnes, dans les eaux, dans les forêts, et même dans les entrailles de la terre; et l'on honora ces nouveaux dieux selon l'étendue et l'importance du domaine qu'on leur avoit attribué. Subordonnés les uns aux autres, on leur faisoit reconnoître pour supérieur un génie du premier ordre, que des nations plaçoient dans le soleil, et d'autres au-dessus de cet astre, selon que le caprice le leur dictoit.

Ce système conduisit insensiblement au culte des morts. Les héros, les bons princes, les inventeurs des arts, les pères de famille distingués, n'étoient pas regardés comme des hommes ordinaires. On s'imagina que des esprits bienfaisants s'étoient rendus visibles en se revêtant d'un corps humain, ou bien que les grands hommes s'étant élevés au-dessus du commun par une vertu plus qu'humaine, leur âme avoit mérité d'être placée au rang de ces génies divins qui gouvernoient l'univers. On les honora donc, après leur mort, comme protecteurs de ceux auxquels ils avoient fait tant de bien pendant leur vie.

Mais comme les hommes aiment ce qui frappe les sens, et que les esprits des morts ne jugeoient pas à propos de se communiquer souvent, ni à beaucoup de personnes par des apparitions, on crut les forcer en quelque sorte à se rendre présents à la multitude par le moyen des statues qu'on leur érigea, et dans lesquelles on supposa que les génies venoient volontiers habiter pour y recevoir les respects qui leur étoient dus. C'est ainsi que, par degrés, on tomba dans les plus grands excès. L'idolâtrie fut diversifiée selon le caractère particulier de chaque peuple, selon sa situation, ses aventures, son commerce avec d'autres nations. On conçoit aisément que les circonstances ont dû répandre une variété infinie sur les objets et la forme du culte public. Traité historique de la relig. des Perses, par M. l'abbé Foucher.-Mém. de l'acad. des Inscript., tom. 42, p. 177-179. Voyez DIEU (note sur l'unité), IDOLATRIE, POLYTHÉISME.

Voyez l'article RÉVÉLATION.

NOTE II. -FAIT. (Pag. 3.)

NOTE III.- —FAIT. (Pag. 4.)

Suivant M. Bergier, la foi doit être appuyée sur des faits, parce qu'elle doit exclure le doute et l'incertitude. On ne peut s'exprimer de la sorte, qu'en supposant que la certitude proprement dite ne peut être fondée sur le raisonnement seul, en dehors de toute autorité. Voyez l'Introduction, et les articles CERTITUDE, EVIDENCE, FOI, etc.

NOTE IV.-FAIT. (Pag. 4.)

Les grandes erreurs de l'esprit étoient à peu près inconnues dans le monde avant la philosophie grecque. C'est elle qui les fit naître, ou qui au moins les développa, en affoiblissant le respect pour les traditions, et en substituant le principe de l'examen particulier au principe de foi. S'élevant au-dessus des croyances générales, l'orgueil philosophique introduisit, sous le nom de sagesse, le mépris des choses saintes, le doute et l'incrédulité. Nous ne croyons pas qu'on puisse citer dans tous les siècles antérieurs un seul véritable athée. Lorsque nous lisons ce passage des psaumes : « L'insensé a dit dans son cœur : Il n'y a point de Dieu; il ne s'agit pas de l'athéisme dogmatique ou

réel, mais de l'effort d'une conscience coupable qui repousse le souvenir de Dieu dont elle craint la justice; et c'est ce qu'expriment clairement les paroles suivantes : « Ils se sont corrompus, ils sont devenus abominables dans leurs désirs; il n'en est pas un qui fasse le bien, il n'en est pas un seul. » Ps. 13, v. 1 et 2. Aussi, l'interprète d'Epicure, Lucrèce, dont le témoignage n'est point suspect, loue son maître d'avoir été le premier qui osât se déclarer contre la religion.

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Sans entrer dans des spéculations et des recherches trop subtiles sur la force naturelle de la raison humaine, indépendamment de la révélation, la voie la plus courte et la plus sûre pour l'apprécier, dit un auteur anglois, est de recourir au fait et à l'expérience. Il s'agit donc, pour décider ce point, de rechercher ce que la raison humaine a fait à cet égard, lorsqu'elle a été abandonnée à elle-même, et destituée de tout secours extraordinaire ; ce dont on ne peut pas bien juger par aucun système formé par des savants qui ont vécu dans des siècles et dans des pays éclairés des lumières de la révélation divine, et où ses dogmes, ses préceptes, sa morale, ont été reçus et autorisés : car, en ce cas, on peut raisonnablement supposer que c'est la révélation qui les a instruits de toutes ces vérités, plutôt que la raison, quoiqu'ils n'en veuillent pas convenir, ou que peut-être ils ne le sentent pas eux-mêmes. Ainsi les systèmes de nos philosophes, admirateurs et sectateurs de la religion naturelle dans le sein du christianisme, ne peuvent servir à prouver la force de la raison en matière de religion. On doit en dire autant de la morale des philosophes païens qui ont écrit depuis l'ère chrétienne, parce qu'ils ont pu la puiser dans l'Evangile.

Il faut remarquer de plus que les systèmes des anciens philosophes et moralistes qui ent vécu avant le christianisme, ne montrent l'excellence et la force de la raison humaine qu'autant que l'on peut assurer que ces sages n'ont puisé leurs dogmes religieux et leurs préceptes de morale que dans leur propre fond, par les seules lumières de leur raison, sans aucune information, instruction ou tradition quelconque que l'on puisse faire remonter à une révélation divine. Il est aisé de faire voir, par les témoignages des anciens les plus célèbres, que tout ce qu'ils ont dit, ils ne l'avoient pas tiré de leur propre fond, et qu'ils ne prétendoient pas aussi se l'attribuer à eux seuls. C'est un fait très-connu, que les plus grands philosophes de la Grèce se croyoient si peu en état d'acquérir par eux-mêmes toutes les connoissances nécessaires, qu'ils voyagèrent en Egypte et dans diverses contrées de l'Orient pour s'instruire par la conversation des sages de ces pays; et ceux-ci ne se flattoient pas non plus d'avoir acquis toute leur science par les seules forces de leur raison, mais par les documents et la tradition de leurs ancêtres; et cette tradition remontoit de génération en génération jusqu'à une source divine.

En effet, en supposant que les premiers hommes avoient reçu une révélation, on a tout lieu de croire que les traces s'en étoient conservées dans l'Orient, surtout dans les contrées les plus voisines de la demeure des premiers hommes, et que c'est de là que reste du monde a tiré ses premières connoissances en fait de religion et de morale.

Ces considérations nous mènent à conclure que la science et la sagesse des anciens philosophes n'est point un argument suffisant pour prouver que la connoissance de ce qu'on appelle ordinairement la religion naturelle, dans sa juste étendue, soit entièrement et originairement due à la seule force de la raison humaine, exclusivement à toute révélation divine. Il seroit peut-être fort difficile de nommer une seule nation qui ait des notions pures en fait de religion, qu'elle ne tienne pas, de quelque manière que ce soit, d'une révélation divine; une nation chez qui les principes religieux et les règles de morale soient le produit de la seule raison naturelle, sans aucun secours supérieur. On remarquera aisément chez de tels peuples des restes d'une ancienne tradition universelle, d'une religion primitive qui remonte à la plus haute antiquité, et qui a sa source dans une révélation divine, quoique le laps des temps y ait apporté bien des changements et des altérations. Leland, Démonstration évangélique, Discours préli– minaire. Voyez l'article RÉVÉLATION.

NOTE VI. VII. -FANATISME. (Pag. 12, 13.)

Rousseau. - VOYEZ l'article ATHEISME.

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Quelques théologiens françois ont cru que ce concile n'avoit jamais été véritablement et proprement œcuménique. Tel fut autrefois le sentiment du cardinal de Lorraine, qui s'en expliqua d'une manière assez vive, au temps même du concile de Trente. « Mais, reprend sur cela le père Alexandre, l'opinion de ce grand prélat n'oblige pas les théologiens françois de retrancher le concile de Florence de la liste des conciles généraux ; çar jamais l'Eglise gallicane ne s'est récriée contre ce concile, jamais elle n'a mis d'opposition à l'union des Grecs ni à la définition de foi publiée à Florence; au contraire elle a toujours fait profession, de la respecter. A la vérité, les évêques de la domination du roi n'eurent pas permission d'aller à Ferrare et à Florence, mais ils y furent présents d'esprit et de volonté; ils entrèrent dans les intérêts de cette union tant désirée entre les deux églises.... ; sans compter que plusieurs prélats de l'Eglise gallicane, mais établis dans les provinces qui n'étoient pas encore réunies à la couronne, assistèrent en personne à ce concile. Ainsi les actes font mention des évêques de Térouanne, de Nevers, de Digne, de Bayeux, d'Angers, etc. » Le même auteur prouve ensuite très-au long, que l'assemblée de Florence fut générale par la convocation, la célébration, la représentation de l'Eglise universelle ; en un mot, dit-il, par l'autorité : et il répond ensuite à toutes les objections. - Le père Berthier, Hist. de l'Eglise gallicane, tom. 16, 1. 48.

Le même historien ajoute que ce sentiment du père Alexandre est celui de MM. de Marca et Bossuet, de la faculté de théologie de Paris et du clergé de France.

La répugnance d'un petit nombre de théologiens françois à reconnoître avec l'univers catholique l'œcuménicité du concile de Florence, viendroit-elle de la grande difficulté de concilier sa doctrine sur l'autorité du pontife romain, avec les opinions gallicanes? Sans doute, il n'est pas facile d'accorder les trois derniers articles de la déclaration de 1682 et le décret de Florence qui attribue au pontife romain la primauté sur toute la terre et la pleine puissance de gouverner l'Eglise universelle. « Definimus sanctam apostolicam » sedem et romanum pontificem in universum orbem tenere primatum : et ipsum pontificem romanum successorem esse sancti Petri principis apostolorum, et verum » Christi vicarium, totiusque Ecclesiæ caput et omnium christianorum patrem et doc» torem existere ; ipsi in B. Petro pascendi, regendi et gubernandi universalem Ecclesiam à D. nostro Christo Jesu plenam potestatem traditam esse, quemadmodùm etiam in gestis œcumenicorum conciliorum et in sacris canonibus continetur. (Ex. lit. » union. Græc., incipien. Lætentur cæli, et in sess. ult, conc. Flor.) » Voyez les articles GALLICAN, JURIDICTION, Pape, etc.

Mais comment donc ces mêmes théologiens qui, pour ce décret, voudroient rayer le concile de Florence du catalogue des conciles œcuméniques, placent-ils au rang des quatre premiers conciles généraux, et révèrent - ils comme les quatre Evangiles, les conciles de Bâle et de Constance ? Si un décret de Florence est difficile à concilier avec les derniers articles de la déclaration, comment ne voient-ils pas qu'il y a même difficulté à concilier le premier de ces articles avec certains règlements des conciles de Bâle et de Constance?

En effet, le concile de Constance, non-seulement après l'union des deux obédiences de Grégoire XII et de Jean XXIII, mais lorsque les trois obédiences qui composoient le corps de l'Eglise furent réunies, défendit expressément à qui que ce soit, fût-il empereur, roi, duc, prince, comte, marquis, sous peine d'être privé, par le seul fait, de la dignité temporelle, de porter obstacle à l'extinction du schisme, ou de contrevenir à la défense d'obéir à Pierre de Lune. « Quicumque, cujuscumque statûs aut conditionis ■ exista, etiamsi regalis, cardinalatûs, patriarchalis, archiepiscopalis, episcopalis, » ducatus, principatûs, comitatûs, marchionatûs, seu alterius cujuscumque dignitatis, » seu statûs ecclesiastici, vel sæcularis existat, qui serenissimum et christianissimum » principem dominum Sigismundum Romanorum et Hungariæ, etc., regem, vel alios » cum eodem ad conveniendum cum domino rege Aragonum, pro pace Ecclesiæ, ad > extirpationem præsentis schismatis, per hoc sacrum concilium ordinatos, ad dictam

» conventionem cuntes vel redeuntes Impediverit...... sententiam excommunicationis, auctoritate hujus sacri concilii generalis, ipso facto incurrat..... et ulteriùs omni honore et dignitate, officio, beneficio ecclesiastico vel sæculari, sit ipso facto privatus. (Concil. Const., sess. 17.) »

Omnibus et singulis Christi fidelibus inhibet, sub pœnâ fautoriæ hæresis et schismatis, atque privationis omnium beneficiorum, dignitatum et honorum ecclesiasticorum, » et mundanorum, et aliis pœnis juris, etiamsi episcopalis et patriarchalis, cardinalatûs, regalis sit dignitatis aut imperialis, quibus, si contra hanc inhibitionem fecerint, sint auctoritate hujus decreti ac sententiæ ipso facto privati, et alias juris in» currant pœnas, ne eidem Petro de Lunâ schismatico et hæretico incorrigibili, notorio, declarato et deposito, tanquàm papæ obediant, pareant, vel intendant, aut eum » quovis modo contra præmissa sustineant, vel receptent, sibique præstent auxilium vel favorem. ( Sess. 37.) »

Le concile de Bâle renouvela les mêmes peines contre ceux qui auroient maltraité les légats du saint Siége qui devoient venir au concile : « Exhortatur omnes et singulos Christi fideles, cujuscumque dignitatis, statûs, gradus aut præeminentiæ existant spiritualis et temporalis, etiamsi regali, ducali, archiepiscopali, episcopali, vel aliâ quâvis præ» fulgeant dignitate, universitates, et communitates, cæterosque quibus præsentes lit»teræ exhibitæ fuerint, eisque in virtute sanctæ obedientiæ mandat, ut si per eorum » dominia, terras, territoria, civilates, oppida, castra, status, villas, castella, aut alia loca, vos et quemlibet vestrum transire contingat, sub pœnis, sententiis et censuris, » tam in Constantiensi, et Senensi, quam hujus sanctæ synodi sacris decretis conten»tis et fulminatis, districtè injungendo, quatenùs vos, et vestrum quemlibet cum comitiva hujusmodi securos, liberos et tutos, cum rebus et bonis vestris universis, ire, stare et redire, sine molestiâ et impedimento permittant, de securitate et conductis » à nobis requisiti, quoties opus fuerit, favorabiliter providendo. ( Conc. Basil., in salvocond. dato in congreg. gen., die 18. jul., an. 1432, legatis pontificiis.) »

On agite une autre question, touchant le concile de Florence. Il s'agit de savoir si cette assemblée représentoit véritablement l'Eglise universelle, quand les Grecs furent partis, et en particulier quand on publia le décret célèbre pour l'union des arméniens, C'est en France plus qu'ailleurs qu'on a traité cette question, qui entre dans la controverse des sacrements. Ora il semble, dit le père Berthier, que le départ des Grecs n'empêchoit pas l'œcuménicité du concile, au temps de la réunion des arméniens, puisque durant le séjour de Florence, l'empereur Jean Paléologue avec son conseil y avoit donné un plein consentement; puisqu'il y avoit encore alors en cette ville deux des plus célèbres prélats de l'Eglise grecque, savoir, Isidore de Russie et Bessarion de Nicée, qui pouvoient bien être censés représenter les suffrages des autres évêques d'Orient; puisqu'au concile de Trente, le cardinal Du Mont, qui en étoit un des présidents, assura que le concile de Florence avoit duré près de trois ans encore après le départ des Grecs. Et ce cardinal apportant cette raison, afin d'autoriser les définitions contenues dans les décrets donnés pour les jacobites et les arméniens, montroient suffisamment par là qu'il regardoit le concile de Florence, dans sa continuation depuis le départ des Grecs, comme un concile œcuménique. Enfin le pape Eugène, et tous les Pères qui étoient à Florence, se donnèrent aux arméniens, comme formant encore l'assemblée de l'Eglise universelle; le décret même en fait foi; apparemment qu'ils prétendirent ne pas tromper les députés de cette nation, et apparemment aussi que leur autorité peut bien l'emporter sur celle de quelques théologiens françois fort modernes, qui ont voulu douter de ce point.

» Nous disons fort modernes, car les anciens, comme le cardinal Du Perron, Ysambert, Gamaches, Hallier et une infinité d'autres, parlent toujours du décret pour les arméniens, comme d'une définition émanée du concile de Florence, qu'ils tenoient sans doute pour œcuménique. ( Hist. de l'Egl. gall., t. 16.)

NOTE X. FOI. (Pag. 55.)

Ces vérités nous sont connues par la foi avant d'être démontrées par la raison. M. Bergier soutient contre les déistes, que, dès la création, Dieu n'a point attendu que nos premiers pères apprissent, par leurs raisonnements, à le connoître et à l'adorer; qu'il les a instruits lui-même par une révélation immédiate. ( Art. FAIT.) Ce qui est conforme au texte de saint Paul, dont parle M. Bergier. Car, voici ce que dit l'apôtre: «Sans la foi

il est impossible de plaire à Dieu. Il faut que celui qui s'approche de Dieu, commence par croire qu'il y a un Dieu, et qu'il récompense ceux qui le cherchent; » et, ajoute un interprète, ce n'est que par la foi qu'on peut en être assuré. ( Bible d'Avignon, t. 16.) Voyez les articles AME, CRÉATION.

D'ailleurs, nous avons déjà remarqué que M. Bergier fait reposer le fondement de toute certitude dans le sens commun, dans la plus grande autorité, ou, ce qui revient au même, dans la foi, en prenant ce mot dans un sens plus étendu que lorsqu'on veut désigner la foi évangélique. Voy. l'INTRODUCTION, p. XL, et les articles CERTITUDE, FAIT, LOI NATURELLE, RÉVÉLATION.

L'autorité est l'unique fondement de la vérité, comme elle est l'unique moyen d'ordre ou de bonheur. L'obéissance de l'esprit à l'autorité s'appelle foi, l'obéissance de la volonté, vertu: toute société est dans ces deux choses. Ainsi le genre humain, comme l'enfant et plus que l'enfant, a sa foi, qui est toute sa raison; et il a sa conscience, ou le sentiment, l'amour des vérités sociales qu'il connoît par la foi; et la foi au témoignage du genre humain est la plus haute certitude de l'homme, comme la foi au témoignage de Dieu est la certitude du genre humain.

Hors de là il n'existe qu'un doute universel et tellement destructif de la raison, que quiconque rejetteroit de son esprit les vérités incompréhensibles que la foi seule y conserve, et qui lui ont été révélées par la parole, seroit contraint de renoncer à la parole même qu'il ne connoît que par le témoignage, et dont il ne peut user que par la foi ; contraint par conséquent de renoncer à toutes ses idées, à toutes ses croyances. Et qu'est-ce que cela, sinon la mort complète de l'homme ? Car, point de vérité, point d'amour, point d'action; donc la mort: voilà pourquoi les anges de ténèbres mêmes, forcés de rentrer par le châtiment dans l'ordre qu'ils troublèrent par leur crime, croient, parce qu'il faut qu'ils vivent, credunt et contremiscunt. ( Ep. Jac., c. 2, v. 19.) Cependant il se rencontrera, je ne sais dans quelle basse région de l'intelligence et comme sur les confins du néant, quelques misérables esprits, tristement fiers d'errer au hasard dans ces solitudes désolées, et à qui un stupide orgueil persuadera que, pour régner sur Dieu même, ils ne doivent entrer qu'en conquérants dans le royaume de la vérité. Nous ne croirons, disent ils, que ce que notre raison comprendra : insensés, qui ne comprennent même pas que le premier acte de la raison est nécessairement un acte de foi, et qu'aucun être créé, s'il ne commençoit par dire je crois, ne pourroit jamais dire je suis.

faits

Est-il donc si difficile de l'entendre? Otez la foi, tout meurt; elle est l'âme de la société, et le fonds de la vie humaine. Si le laboureur cultive et ensemence la terre, si le navigateur traverse l'Océan, c'est qu'ils croient, et ce n'est qu'en vertu d'une croyance semblable que nous participons aux connoissances transmises, que nous usons de la parole, des aliments même. On dit à l'enfant : Mangez, et il mange : qu'arriveroit-il s'il exigeoit qu'auparavant on lui prouvât qu'il mourra, s'il ne mange point? On dit à l'homme : Vous voulez aller en tel lieu, suivez cette route: s'il refusoit de croire au témoignage, l'éternité entière s'écouleroit auparavant qu'il eût acquis seulement la certitude rationnelle de l'existence du lieu où il désire se rendre. Comment savons-nous qu'il existe entre nous et les autres hommes une société de raison, que nous leur communiquons nos pensées, qu'ils nous communiquent les leurs, que nous les entendons, qu'ils nous entendent. Nous le croyons, et voilà tout. Qui voudroit ne croire ces choses que sur une démonstration rigoureuse, renonceroit à jamais au commerce de ses semblables, renonceroit à la vie. La pratique des arts et des métiers, les méthodes d'enseignement, reposent sur la même base. La science est d'abord pour nous une espèce de dogme obscure, que nous ne parvenons ensuite à concevoir plus ou moins, que parce que nous l'avons premièrement admis sans le comprendre, que parce que nous avons eu la foi. Qu'elle vienne à défaillir un instant, le monde social s'arrêtera soudain plus de gouvernement, plus de lois, plus de transactions, plus de commerce, plus de propriétés, plus de justice; car tout cela ne subsiste que par l'autorité, qu'à l'abri de la confiance que l'homme a dans la parole de l'homme; confiance si naturelle, foi si puissante, que nul ne parvient jamais à l'étouffer entièrement ; et celui-là même qui refuse de croire en Dieu sur le témoignage du genre humain, n'hésitera point à en~ voyer son semblable à la mort sur le témoignage de deux hommes. Ainsi nous croyons, et l'ordre se maintient dans la société ; nous croyons, et nos facultés se développent notre raison s'éclaire et se fortifie, notre corps même se conserve; nous croyons, et

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