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Cette grave autorité ne peut nous décider, Monseigneur, à abandonner le texte et l'interprétation qui a été admise jusqu'ici par tous ceux qui, sans préoccupation, ont étudié nos Livres saints. Un catholique n'admet point d'interprétations de fantaisie.

J'ai l'honneur d'être, etc.

EUG. SECRETANT.

ÉTUDES LITURGIQUES.

2o Article (1).

Dans un premier article, nous avons présenté quelques considérations historiques qui n'avaient jamais été contestées, jusqu'à la création de la nouvelle école liturgique, qui reconnaît pour auteur M. l'abbé Guéranger. Cet ecclésiastique s'est efforcé d'attirer l'attention sur lui par son froc de bénédictin, et par des travaux où l'excentricité de l'ultramontanisme tient lieu de style et de science. Il s'est posé en insulteur de l'Église de France sous prétexte d'unité liturgique; il a déplacé la question de l'unité de l'Église en la mettant dans l'uniformité des rites; il s'est insurgé contre la doctrine constamment et universellement reçue en fait de liturgie. Son nouveau système a obtenu quelque vogue: l'Univers l'a patroné; M. Gousset, que l'on rencontre partout où il y a une erreur ultramontaine à soutenir, a couvert de sa dignité de cardinal et d'archevêque le système du néo-bénédictin sur le droit liturgique, et de jeunes ecclésiastiques ont accepté de confiance des livres où l'erreur et l'hérésie se rencontrent à chaque page.

Nous n'avons pas l'intention de noter tout ce qu'il y aurait à reprendre dans l'œuvre de M. Guéranger; il nous faudrait, pour cela, faire des volumes aussi lourds et aussi nombreux que les siens (ce que nous n'avons nulle envie d'entrepren

(1) Voir le numéro du 1er juillet.

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dre); nous voulons seulement exposer les données principales de son système et relever quelques-unes de ses erreurs. Selon notre néo-bénédictin, l'unité liturgique est une loi essentielle de l'Église. Il n'ose pas dire que, dans les premiers siècles, cette unité ait existé; mais il prétend que, de très bonne heure, les papes l'ont fondée en imposant la liturgie romaine à toutes les Églises. Il aperçoit des vestiges de sa prétendue unité liturgiqne au Ive siècle; Charlemagne seconde le mouvement imprimé par la papauté, de sorte que, au moyen âge, l'unité liturgique était en pleine vigueur : cependant, toujours selon M. Guéranger, le besoin d'unité se faisait sentir au xvr° siècle, ce qui porta le pape Pie V à réformer la liturgie romaine et à obliger toutes les Églises à y revenir. Depuis cette époque, cette liturgie a été adoptée universellement; la France a montré peu de zèle pour le retour, qui était cependant obligatoire, toujours selon M. Guéranger: elle s'est constituée ainsi, d'après lui, dans un état qui, s'il n'était pas schismatique, approchait du schisme et de l'hérésie; la nouvelle école liturgique s'est attribué la mission de faire rentrer l'Église de France dans son devoir. Elle se donne beaucoup de mouvement pour cela. La cour de Rome, qui voit, dans les entreprises de cette école, un moyen d'accroître son action sur les Églises particulières, favorise ce qu'on appelle dans le parti le mouvement liturgique. Des évêques croient devoir, en conséquence, se soumettre aux exigences de la nouvelle école, et entrer, au moins en apparence, dans la soi-disant unité liturgique. Nous disons au moins en apparence, car, en réalité, l'unité liturgique n'existe même pas à Rome, et elle existe moins avec les livres romains qu'avec les livres français. On trouvera peut-être, au premier abord, cette assertion extraordinaire; mais, si l'on veut bien y apporter quelque réflexion, on sera de notre avis, et l'on jugera alors, comme ils méritent de l'être, le but et les moyens de l'école de M. Guéranger.

La liturgie romaine, comme les liturgies gallicanes, est composée de psaumes, de passages de l'Écriture sainte,

d'extraits des Pères de l'Église, des légendes des saints dont on fait l'office, d'hymnes, enfin de quelques courtes prières qui lient ensemble ces diverses parties du corps liturgique. Ces prières sont presque littéralement les mêmes dans les liturgies romaine et gallicane. Les hymnes sont sur le même sujet; seulement, on a pensé, en France, que la poésie ne devait pas être exclue de chants où l'on a la prétention d'en observer les règles, aussi bien à Rome qu'en France. Nous ne pensons pas que M. Guéranger lui-même ose contester ce que nous affirmons ici. On peut en conclure que les liturgies romaine et gallicane sont identiques pour le fond; la seule différence qui existe entre elles porte sur des points secondaires. Ainsi, dans les hymnes, on a adopté, en France, une poésie plus élégante; l'on s'est inspiré, dans les légendes, de la critique des bénédictins du XVIIe siècle des Mabillon, des Martène, des d'Achery, qui valent bien, sans doute, ceux qui, au XIX, portent la même robe, mais renient leur esprit et abjurent leur érudition. Si, à la poésie des hymnes et à la critique des légendes, on ajoute une disposition mieux entendue des psaumes, on connaîtra les différences les plus graves qui existent entre les liturgies romaine et gallicane..

La question entre les ultramontains et les gallicans se réduit donc à ceci : A-t-on eu raison en France de refaire les hymnes; d'enlever des légendes les récits apocryphes; de faire réciter le Psautier en entier dans le cours de la semaine, au lieu de faire répéter à satiété les mêmes psaumes comme dans le romain? Quand bien même les hymnes romaines, que les papes eux-mêmes ont regardé comme défectueuses, seraient préférables à celles de Santeuil et de Coffin, comme le prétendent nos liturgistes de fraîche date; quand bien même on aurait éléminé des légendes quelques récits certains, comme le veulent nos modernes antagonistes des Mabillon et des Tillemont; enfin, quand bien même il serait mieux de répéter, chaque jour, à peu près les mêmes psaumes, que de réciter tout le Psautier dans la semaine, comme le soutiennent nos admirateurs de tout ce qui vient

de Rome, on pourrait toujours dire que la question se réduit à bien peu de chose, et qu'il n'était vraiment pas bien nécessaire de faire tant de bruit pour quelques détails de goût et de critique.

peu

On a voulu dissimuler la pauvreté du fond sous une question d'unité; mais, qu'on nous permette de le dire franchement, il n'y a que des ignorants ou des gens de bien de réflexion qui ont pu se laisser séduire par cette mensongère apparence. Qui a jamais fait consister l'unité de l'Église dans l'uniformité des rites et des coutumes? Si l'unité consistait dans cette uniformité, elle n'existerait pas au sein de l'Église de Rome elle-même, car, comme nous l'avons déjà dit, l'unité liturgique n'existe pas à Rome. D'abord, on y possède sous le titre de Bréviaires et de Missels romains des livres qui ont entre eux des différences notables. Les éditions de livres romains suivis dans les divers diocèses, même des États de l'Église, sont différentes entre elles; chaque église y a ajouté du sien pour les fêtes particulières; de plus, dans les règles de la liturgie romaine, le choix des offices est à peu près arbitraire, et l'on peut toujours remplacer l'office du Temps par un office de dévotion; aussi, les différentes églises de Rome célèbrent-elles des offices différents le même jour. On peut s'en convaincre en visitant le dimanche plusieurs de ces églises; ceux qui croient à leur unité liturgique seront bien étonnés d'y rencontrer une complète diversité.

Il en est de même des diocèses de France, où l'on a imposé les livres romains depuis quelques années. D'abord, chacun dé ces diocèses a un Propre, ce qui change essentiellement la disposition générale des offices d'un diocèse à l'autre. De plus, comme on jouit dans chacun de ces diocèses de la faculté de dire et de célébrer des offices de dévotion, il s'ensuit que chacun de ces diocèses n'est en harmonie ni avec lui-même, ni avec les diocèses romains, ni avec Rome ellemême.

Autrefois, en France, la plus grande partie des diocèses suivaient la liturgie de Paris; les différences locales étaient

de peu d'importance; on n'y jouissait pas de la faculté de changer l'ordre des offices; tous ces diocèses étaient donc entre eux en parfaite harmonie. D'un autre côté, comme la disposition générale des offices du Temps était la même dans la liturgie parisienne que dans la romaine, il s'ensuivait que les églises de France auraient célébré les mêmes offices qu'à Rome, si à Rome on avait respecté la disposition générale des livres romains aussi religieusement qu'on respectait, en France, celle des livres parisiens.

Nous avons donc pu affirmer que l'union en liturgie était plus complète en France avant l'adoption des livres romains qu'elle ne l'a été depuis, et que plus ces livres seront répandus et adoptés, plus la désunion sera grande.

Aussi n'est-ce pas réellement le désir de l'unité qui anime nos propagateurs de liturgie romaine. Ils savent bien que Rome elle-même n'a jamais cherché à établir cette unité impossible, qu'elle respecte toutes les liturgies orientales, qui n'ont presque aucun rapport avec la sienne. Ils savent bien que cette unité n'a point existé ; qu'elle ne peut pas plus exister que l'uniformité d'usages entre des peuples de mœurs différentes; que si l'on faisait de l'uniformité liturgique une condition d'unité pour l'Église, il faudrait déclarer que l'unité n'est pas un de ses caractères essentiels. Ils savent bien tout cela, mais ils dissimulent afin de tromper les simples, et font d'autant plus de bruit de leur prétendue unité, qu'ils n'y croient pas. Leur but, dans tout ce bruit, est d'accroître, au moyen de la liturgie, l'action de la cour de Rome sur les églises particulières; d'entraver les droits épiscopaux; de concentrer à Rome toute la puissance spirituelle, afin de disposer de cette puissance à leur gré, et de s'en servir pour dominer l'Église entière, en se cachant sous le nom du pape.

Les instigateurs des troubles liturgiques sont connus; ls ont beau se dissimuler, se cacher sous des affiliés, on connaît l'arbre à son fruit. Ceux qui travaillent depuis trois siècles à l'asservissement de l'Eglise, et pour lesquels tous

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