Sayfadaki görseller
PDF
ePub

blirai une inimitié entre toi et entre la femme, et entre ta race et la sienne; cette race t'écrasera la tête, et toi tu la mordras au talon. »

Le terme que la Vulgate a traduit par ipsa, se rapporte à race, semen, et non à femme; Pagnin le traduit exactement par ipsum.

Cette race, selon saint Paul, est le Christ: les Septante s'accordent avec l'hébreu et traduisent par ipse, se rapportant à la race, le mot que la Vulgate traduit par ipsa et qui se rapporterait à la femme. Le Père Houbigant traduit comme Sanctès-Pagnin: « J'établirai une inimitié entre toi et la femme, entre ta race (semen) et la sienne; cette race (illud) t'écrasera la tête lorsque tu chercheras à lui mordre le talon. >>

Vatable s'accorde avec Sanctès-Pagnin et Houbigant.

La Bible de Vence reconnaît que les anciens exemplaires latins eux-mêmes ont donné des leçons diverses. Dans plusieurs on lisait ipsum ou illud, conformément à l'hébreu. L'auteur de cet ouvrage n'élève aucun doute sur le sens de l'hébreu. Il en est de même de la Bible de Sacy. Ce savant admet les trois versions hébraïque, grecque et latine comme vraies, parce qu'elles se rapportent toutes à Jésus-Christ. Cornélius à Lapide développe la même pensée, tout en disant que ipsa pourrait bien être aussi conforme à l'hébreu que ipsum, parce que l'hébreu serait amphibologique. Les Jésuites se sont rangés à cette opinion de leur confrère, mais ils sont à peu près seuls contre tous les autres.

Les traducteurs juifs, arabes et syriens ont entendu le texte en question, comme Pagnin, Vatable et Houbigant. On peut consulter, à cet effet, la Biblia maxima versionum, du Père de La Haye, t. I, et le Synopsis criticorum, t. I.

Dans la première édition de la Vulgate, donnée par Sixte V et Clément VIII, on avait adopté le mot ipse, comme plus conforme au texte original et à la traduction des Septante (V. Synopsis criticorum, etc., t. I, p. 43).

Parmi les Pères de l'Église, les uns, qui avaient dans leur

[ocr errors]

texte latin ipsa, ont accepté sans contrôle cette traduction ; d'autres, qui possédaient des exemplaires plus exacts ou qui suivaient la version des Septante, ont lu ipse, et ont conformé leurs commentaires à cette leçon. C'est assez dire, Monseigneur, qu'il n'y a pas conformité parmi eux'; or, il n'y a que l'uniformité des Pères de l'Église, sur un point doctrinal, qui puisse former un témoignage suffisant pour constater la foi catholique, ou universelle.

Vous ne pouvez donc, théologiquement, vous appuyer sur le témoignage des Pères de l'Église pour admettre la traduction sur laquelle vous étayez vos raisonnements : ces raisonnements pèchent donc par la base. De plus, Monseigneur, les Pères auxquels vous en appelez ne vous sont pas du tout favorables. Nous avons vérifié les passages que vous citez, et nous sommes obligé de vous dire, ou que vous les avez cités d'après les autres, sans les vérifier, ou que vous avez manqué de bonne foi. Nous aimons mieux faire remonter le reproche de mauvaise foi à ceux qui vous ont induit en erreur; mais alors, Monseigneur, nous ne comprenons pas comment vous avez pu, dans un ouvrage qui a des prétentions au sérieux, accepter des textes dont vous n'avez pas contrôlé l'exactitude.

Vous prétendez que les saints Pères s'accordent à reconnaître la sainte Vierge dans la femme dont parle la Genèse. Nous citons vos paroles :

« La femme mystérieuse que Dieu oppose au démon n'est pas moins connue. C'est la Vierge Mère qui doit, selon la prophétie d'Isaïe, mettre au monde un fils du nom d'Emmanuel, ou de Dieu avec nous; c'est la Vierge à qui l'ange Gabriel annonça la naissance d'un fils qui serait appelé le Fils du Très-Haut, et dont le royaume n'aurait point de fin; c'est Marie, en un mot, la Mère du Messie; la seconde Eve qui est venue réparer tous les maux causés par la première ; celle dont les filles d'Israël enviaient autrefois le sort, et que toutes les générations proclameront désormais bienheureuse. Les saints Pères n'ont qu'une voix à ce sujet. Nous ci

terons saint Justin, saint Irénée, saint Jean Chrysostome, saint Épiphane, saint Cyprien, saint Augustin et saint

[merged small][ocr errors]

» Tous saluent, dans cette femme qui écrasa la tête du serpent, la Mère du Sauveur, la sainte et incomparable Vierge Marie. »>

Saint Justin, dans le passage que vous citez, fait un simple rapprochement entre la femme qui a perdu l'humanité et celle qui a donné naissance à CELUI par qui l'humanité a été sauvée.

Il en est de même de saint Irénée. « La vierge Ève, dit-il, a perdu le monde par sa désobéissance; Marie l'a sauvé par son obéissance. L'astuce du démon avait trompé Ève; la simplicité de la colombe a déjoué cette astuce en obéissant à la Voix de l'ange. »>

Saint Jean Chrysostome traduit, dans l'endroit que vous citez, le texte de la Genèse, comme les Septante, et ne parle pas du tout de la sainte Vierge.

Saint Épiphane affirme seulement que la race dont il est parlé dans la Genèse ne peut être que Jésus-Christ.

Saint Cyprien traduit le passage de la Genèse comme les Septante; si vous eussiez cité son texte en entier, vous l'eussiez vu: Ipse tum observabit caput. Il ne parle pas de la sainte Vierge dans le passage que vous indiquez, mais seulement de Jésus-Christ.

Quant au texte de saint Augustin, nous ne possédons pas la collection du cardinal Maï, à laquelle vous renvoyez : nous ne pouvons donc le discuter; le sermon que vous citez ne se trouve pas dans la Collection des bénédictins, où l'on trouve, en revanche, de nombreux textes qui prouvent que saint Augustin ne croyait pas à l'Immaculée-Conception, comme nous aurons occasion de le prouver. Saint Augustin a suivi la leçon latine d'après laquelle on doit lire ipsa; mais, de là à l'Immaculée-Conception, il y a loin!

Nous reconnaissons que saint Bernard a été bien cité par Votre Grandeur. Ce Père a suivi la Vulgate : il traduit ipsa,

qu'il applique à Marie; mais vous conviendrez bien, Monseigneur, que cela ne l'a pas empêché de combattre l'Immacu lée Conception.

Votre Grandeur n'a donc pas été heureuse dans ses citations des Pères de l'Église. Son inexactitude, dès les pre mières pages de la discussion traditionnelle, promet pour l'avenir des observations intéressantes. Jugez vous-même si, d'après les textes que vous avez indiqués, vous avez été en droit de dire que « tous (les Pères) saluent dans cette femme, qui écrasa la tête du serpent, la Mère du Sauveur, la sainte et incomparable Marie. »

Après avoir posé, comme base de vos imaginations pieuses, le texte de la Vulgate, traduit à votre manière, on a tout lieu de s'étonner, Monseigneur, que vous admettiez (page 260) >> non-seulement comme authentique, mais comme néces saire, la leçon du texte hébreu; mais à peine avez-vous rendu hommage à la vérité, que vous revenez à votre texte de la Vulgate (p. 261), que vous prétendez être conforme, sinon à la lettre, du moins à l'esprit de la Genèse. Vous arrivez ainsi à voir toujours UNE femme écrasant la tête du serpent infernal, tandis que vous n'auriez dû y voir que LA RACE DE LA FEMME, c'est-à-dire l'Homme-Dieu, qui a représenté dans sa personne l'humanité réparée.

Avec les textes, vous trouvez, Monseigneur, d'admirables accommodements; vous en avez de non moins admirables avec les interprétations. « Le texte hébreu est le vrai, ditesvous à la page 260; mais appuyons-nous sur la Vulgate, dites-vous à la page 261. Le texte de la Genèse, ajoutez-vous à la page 263, ne prouve pas le privilége de l'ImmaculéeConception. » Mais, à la page 264, vous affirmez qu'il le prouve, d'une manière sinon adéquate, au moins implicite et indirecte.

Si votre science n'est pas profonde, Monseigneur, il faut du moins convenir que votre souplesse est merveilleuse.

Tel est votre procédé pour arriver, d'après la Genèse, à l'Immaculée Conception :

1o La femme dont il est question dans la Genèse est la sainte Vierge;

20 Elle a écrasé la tête du serpent, ce qui constitue un état de grâce extraordinaire;

3o Les inimitiés prédites entre elle et le serpent ont été perpétuelles et absolues, donc elle n'a jamais été sous l'empire du démon, même un seul instant.

Vous affirmez, à la page 265, que vous avez démontré les deux premières propositions.

Nous vous avons prouvé au contraire que vous n'avez appuyé sur aucune preuve vos deux assertions, et que le texte de l'Écriture sainte et les Pères dont vous avez invoqué le témoignage était contre vous.

Arrivons à votre troisième proposition. Vous avez quinze pages de réflexions pour établir que l'inimitié prédite entre le serpent et une femme sera perpétuelle et absolue. Nous n'aurons besoin que de quelques lignes pour vous réfuter.

D'abord il ne s'agit pas d'UNE femme en particulier dans le texte de la Genèse. Dieu dit : « J'établirai une inimitié entre toi et LA femme, tys yuxatxoç. » Remarquez bien la traduction des Septantes, LA; et non pas UNE. Dieu n'a parlé que d'un antagonisme qui devait se perpétuer du serpent et d'Ève à leur race, c'est-à-dire d'un antagonisme entre les mauvais esprits et l'humanité; laquelle, dans le rejeton béni de la femme, qui est Jésus-Christ, déjouerait les embûches de l'esprit infernal et lui écraserait la tête. Tel est le sens littéral qu'ont admis jusqu'ici tous les interprètes de la sainte Écriture. Vous n'avez pu traduire votre texte comme vous l'avez fait sans commettre un contre-sens,

Quant à votre interprétation, elle n'a jamais eu pour elle que quelques défenseurs de l'Immaculée Conception, qui ne l'ont jamais appuyée sur aucune preuve. Dans vos quinze pages de réflexions vous ne citez aucun Père de l'Église, aucun savant en votre faveur. Vous reconnaissez même que le P. Passaglia n'est pas avec vous. Vous ne réclamez que l'appui de l'abbé Bigaro (page 275, note).

« ÖncekiDevam »