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CATHOLIQUE

REVUE

DES SCIENCES ECCLESIASTIQUES ET DES FAITS RELIGIEUX.

Omnia instaurare in Christo. Eph., I, 10.

DES MAUX QUI DÉSOLENT L'ÉGLISE DE FRANCE. ge article (1).

LES FAUX MIRACLES.

Pour discerner les vrais miracles des prestiges diaboliques, il faut, premièrement, examiner les qualités des personnes qui ont servi de ministres pour opérer les prodiges sur lesquels on veut porter un jugement certain.

L'humilité a été le principal trait du caractère de ceux que Dieu a chargés de quelque mission auprès de l'humanité. Moïse, Jérémie, Jean-Baptiste, l'Homme-Dieu lui-même, tout en accomplissant l'œuvre divine avec zèle, se cachaient autant qu'il était en eux et ne révélaient aux hommes qu'avec humilité, et seulement autant qu'il était nécessaire, les dons que Dieu leur avait faits. Si donc celui qui se donne

(1) Voir les numéros des 1er et 16 juin, 1er et 16 juillet, 1er et 16 septembre, 1er novembre.

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comme le ministre d'une œuvre miraculeuse s'enorgueillit, s'en vante avec présomption, et semble préoccupé de la gloire qui lui en reviendra aux yeux des hommes : « Sachez, dit Gerson (Op., t. Ier, p. 45), que celui-là mérite de tomber dans l'illusion. N'attachez pas d'importance au témoignage de celui qui se vante avec orgueil d'avoir eu une révélation, car il lui manque le poids de l'humilité. »

On nous vante aujourd'hui certains prodiges. Quels en ont été les ministres? On nous parle de deux jeunes bergers qui auraient été témoins de l'apparition merveilleuse de la sainte Vierge sur la montagne de la Salette, d'une jeune fille qui aurait été favorisée de la même faveur dans une grotte de Lourdes.

Nous remarquons que ces enfants, ou leurs interprètes, non contents de faire jouer à la sainte Vierge un rôle ridicule, de lui prêter des expressions impossibles, se sont vantés de l'apparition, qu'on les a produits au dehors avec beaucoup d'affectation, qu'ils se sont prêtés le mieux du monde à l'espèce d'enthousiasme dont ils ont été subitement l'objet de la part d'hommes peu difficilès, à ce qu'il paraît, en fait de miracles. L'héroïne de Lourdes y met une vanité qu'elle ne prend même pas la peine de dissimuler, puisqu'elle annonçait elle-même les jours où elle se donnerait en spectacle à la foule, et qu'elle assignait régulièrement le moment où elle se montrerait en communication avec la sainte Vierge, qu'elle avait seule le privilége de voir.

On est frappé tout d'abord de la différence qui existe entre le caractère de nos petits révélateurs modernes et celui des hommes qui ont certainement été honorés des communications de la Divinité. Du côté de ces derniers, on remarque une grandeur vraiment divine jointe à la plus profonde humilité; dans les autres, nous ne pouvons remarquer que ridicule et le mesquin joints à l'orgueil le mieux constaté.

Ce contraste en dit assez. On voit à quel résultat on arrive en appliquant seulement la première règle de la théologie aux prodiges dont on nous rebat les oreilles avec une persis

tance qui peut bien passer pour un parti pris où Dieu ne serait certainement pour rien.

Outre l'humilité, il faut encore que les ministres d'œuvres divines aient des qualités qui les distinguent du commun des hommes. On voit par l'histoire de la religion que, de tout temps, Dieu choisit les plus grands saints pour en faire les organes de ses avertissements et les ministres de sa puissance. Le plus simple bon sens suffit pour comprendre qu'il a dû en être ainsi; car le but du iniracle, de toute manifestation surnaturelle, est de confirmer la révélation: tout ministre d'œuvre divine doit donc être en état de remplir la mission qui lui est confiée auprès de l'humanité. Ainsi, quand on vient nous dire que la sainte Vierge est apparue à deux bergers de la plus crasse ignorance, qui se sont à peine rappelé quelques-unes de ses expressions, qui l'ont fait parler d'une manière basse, ridicule, inepte, mensongère, qui lui mettent dans la bouche des prophéties qui n'ont pas eu leur accomplissement; lorsque ces singuliers confidents de la Divinité, parvenus à un âge plus avancé, sont devenus tellement compromettants, qu'on a été obligé d'en séquestrer un dans une maison de jésuites, et l'autre dans une communauté anglaise, où elle ne peut avoir de communication avec personne, puisque personne autour d'elle n'entend son langage; lorsqu'on nous donne comme une thaumaturge une jeune fille qui s'est imaginé voir la sainte Vierge, laquelle ne lui aurait rien dit et se serait contentée de se faire voir à elle; quand cette jeune fille, qui n'a rien de plus recommandable que le commun des autres personnes de son âge et de son sexe, n'a pu donner, pour preuves de la vérité de son témoignage, que certaines émotions nerveuses; quand on nous donne de tels personnages pour des ministres d'œuvres divines, nous ne pouvons que renvoyer les propagateurs, trop souvent intéressés, de pareils prodiges, à la première règle enseignée par la théologie pour discerner les miracles des prestiges diaboliques.

Ceci soit dit sans préjudice de la règle générale et raison

nable, qui veut que, avant de considérer tels prestiges comme diaboliques, ils soient d'abord certains, puis au-dessus des forces des simples agents naturels. Si l'on se donnait la peine d'examiner sérieusement ces deux questions préalables, il pourrait bien arriver que l'on constaterait que, dans les miracles tant prônés de nos jours, il n'y a ni certitude ni caractère surnaturel, ce qui simplifierait beaucoup la question. On n'y verrait plus que de simples spéculations d'autant plus avantageuses que l'on y reçoit sans rien donner.

Tout don surnaturel doit être gratuit, selon le précepte évangélique Gratis accepistis, gratis date. Il serait possible, dans nos miracles modernes, de remarquer un caractère tout opposé on n'y donne rien gratis. Le mercantilisme qui se trouve au fond de nos miracles modernes ne prouverait-il pas, d'après la première règle posée pour discerner les œuvres de Dieu des prestiges diaboliques, que ces miracles prétendus n'ont pas Dieu pour auteur? Quand les propagateurs de telles œuvres s'appuient sur le témoignage d'aussi singuliers thaumaturges, et qu'ils font du miracle un objet de spéculation, on ne peut trouver en tout cela le caractère de haute moralité que l'on doit nécessairement rencontrer dans les vrais miracles.

On devra en conclure la fausseté de tels prestiges, si, comme le veut Origène : « On juge les instruments de ces miracles à certains signes pris de leur vie et de leur moralité. Certis indiciis examinemus promissores talium miraculorum, videlicet desumptis ex eorum vita moribusque. (Cont. Cels., lib. II.)

La deuxième règle établie dans la théologie pour discerner les miracles des prestiges diaboliques, c'est qu'il faut soigneusement examiner les circonstances qui les accompagnent.

De l'ensemble des circonstances doit résulter un caractère tellement divin, qu'il ne doit pas y avoir possibilité d'illusion pour l'homme sérieux et humble, secouru de la grâce de Dieu. Dieu manifeste certainement autant de sagesse dans

les circonstances qui sont nécessairement liées à ses opérations que dans ces opérations elles-mêmes. On peut donc, du caractère général des circonstances bien connues, conclure au caractère de l'acte lui-même. C'est donc avec raison que le pieux cardinal Bona a écrit : « Il faut examiner quelles sont les circonstances des révélations et quel est leur caractère; car elles demandent un examen particulier et at tentif. Intueri oportet quæ et quales sint circumstantiæ revelationum ; proprium enim et accuratum examen requirunt, » (De discret. spirit., c. ult., § 5.)

Il ne suffit donc pas de savoir que tel fait merveilleux est certain. Lorsqu'on répand le bruit qu'un prodige est arrivé, certaines gens s'imaginent avoir fait tout ce que la raison et la foi demandent lorsqu'ils ont constaté, plus ou moins soigneusement et froidement, le fait comme certain. Ils se croient en droit alors de crier au miracle. S'ils étaient plus instruits de la religion, ils ne se hâteraient pas tant. Ils comprendraient qu'ils ont encore à faire, avant de croire au miracle, un examen plus difficile que celui qui consiste à recueillir des témoignages extérieurs pour prouver la réalité de l'événement; cet examen est celui des circonstances, pour ainsi dire intimes, de cet événement, et desquelles doit résulter pour lui son caractère divin ou diabolique.

Il est évident que, si, dans les circonstances intimes, intrinsèques de l'événement, il y a quelque chose de mauvais, de ridicule, de puéril, ce serait une impiété d'attribuer cet événement à Dieu; car, dit Gerson : « Dans les œuvres de Dieu, il ne faut pas seulement rechercher la manifestation de sa puissance, mais encore de la bonté et de la sagesse qui éclatent dans toutes ses œuvres au même titre que la puissance. (Gerson, Op., t. I, p. 54.)

Si nous appliquons cette règle aux faits que l'on nous donne aujourd'hui comme des miracles, il sera facile de démontrer qu'ils ne peuvent prétendre à ce titre. Le ridicule y éclate tout d'abord. A la Salette, on met en scène la sainte Vierge dans un costume excentrique : elle parle français à

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