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CATHOLIQUE

REVUE

DES SCIENCES ECCLESIASTIQUES ET DES FAITS RELIGIEUX

Omnia instaurare in Christo. Eph., I, 10.

LETTRES A MONSEIGNEUR MALOU,

ÉVÊQUE DE BRUGES,

Sur son livre intitulé: L'Immaculée-Conception de la B. Vierge considérée comme dogme de foi.

Seizième Lettre (1).

Monseigneur,

Nous avons prouvé que Votre Grandeur n'avait pas donné aux monuments qu'elle avait cités, touchant la sainteté originelle de la sainte Vierge, leur sens vrai et légitime. Vous avez vu l'exemption du péché originel où les écrivains, que vous avez appelés en témoignage, n'avaient vu qu'une sanctification après la conception.

(1) Voir les numéros des 16 août, 16 septembre, 1er et 16 octobre, 1er et 16 novembre, 1er décembre 1857, 1er janvier, 16 février, 16 juillet, 1er et 16 août, 1o et 16 octobre, 1 décembre 1858.

La première partie de votre démonstration indirecte de l'Immaculatisme par la tradition écrite est donc réfutée. Il va en être de même de la deuxième partie de cette prétendue démonstration. Vous y faites ce raisonnement: Les Pères de l'Église ont célébré la sainteté parfaite, perpétuelle, indéfinie de la mère de Dieu, donc ils ont cru qu'elle a été exemptée du péché originel.

Ce raisonnement pourrait être admis si les Pères de l'Église n'avaient pas enseigné une doctrine entièrement opposée à votre conclusion; mais comme ils ont formellement enseigné : 1o que Jésus-Christ seul avait été exempt du péché originel, parce qu'il avait été conçu du Saint-Esprit; 2° que la sainte Vierge avait été conçue par la voie ordinaire; 3° que le péché originel était nécessairement attaché à l'acte même de la génération; comme plusieurs d'entre eux ont tiré la conséquence de cette doctrine, c'est-à-dire, que la sainte Vierge avait été conçue avec le péché originel; enfin comme ils ont tiré cette conséquence, sans aucune réclamation de la part de l'Eglise, qui les a placés au contraire parmi ses docteurs, et qui a ainsi consacré leur doctrine, de tout cela il faut conclure, Monseigneur, que vous avez donné un sens forcé et erroné à tous les textes que vous avez cités sur la sainteté parfaite, perpétuelle et indéfinie de la sainte Vierge.

On pourrait même contester la légitimité des conséquences que vous avez tirées de ces textes, quand bien même les Pères de l'Église ne les condamneraient pas d'une manière aussi formelle par leur enseignement; il suffirait qu'ils n'eussent pas parlé d'exemption du péché originel pour n'avoir pas le droit de leur attribuer l'Immaculatisme, car lorsqu'on parle de sainteté d'une manière générale, on ne peut entendre qu'une exemption de toute faute actuelle dont la personne est réellement responsable.

Nous devons donc passer fort légèrement sur les témoignages que vous invoquez en faveur de la sainteté de la sainte Vierge. Nous admettons avec les Églises orientales et

occidentales que la sainte Vierge a été la plus sainte des créatures. Que l'Église grecque ait professé cette vérité en employant, comme vous le dites, un superlatif d'un degré supérieur, les expressions emphatiques de ses écrivains prouvent l'exagération de leur imagination et non pas l'Immaculatisme.

Quelques rapprochements le feront comprendre.

Au milieu de vos témoignages de l'Église grecque, nous remarquons celui de saint Chrysostôme. Or, Votre Grandeur sait bien que cet illustre orateur a enseigné, en plusieurs endroits de ses ouvrages, que la sainte Vierge avait commis des fautes actuelles. Plus tard, nous vous citerons ses paroles. Comment pouvez-vous donner à penser, après cela, qu'il a enseigné la même doctrine que vous?

Vous reconnaissez que saint Bernard a nié le privilége de l'Immaculée-Conception (p. 368); et vous reconnaissez en même temps qu'il s'est servi des expressions dans lesquelles vous trouvez des preuves de ce prétendu privilége. Saint Bernard ne savait-il ce qu'il disait; ou bien est-ce Votre Grandeur qui voit des preuves où il n'y en a pas?

Les Pères, dites-vous, ont appliqué à Marie le titre d'Immaculée. Or, ce qui est immaculé n'a pas la tache originelle, donc Marie en a été exempte (P. 370).

Nous vous répondons :

La sainte Écriture a donné le titre d'Immaculés aux justes qui observent la loi de Dieu; donc les justes qui observent la loi de Dieu ont été exempts du péché originel. Notre raisonnement, Monseigneur, est le même que le vôtre. S'il est vicieux, le vôtre ne l'est pas moins. Que le Père Vangnereck, ou le Père Passaglia, ou M. Gousset l'aient fait avant vous, il n'en est pas meilleur pour cela.

Vous ne contesterez pas sans doute que l'Écriture sainte n'ait donné aux justes le titre d'immaculés d'une manière générale et absolue.

Au Livre de Job, il est parlé de la voie de l'homme juste comme d'une voie immaculée (c. XxxII, v. 3). Le saint homme

dit de lui-même : « Je suis pur et sans péché; je suis im» maculé, et il n'y a pas d'iniquité en moi » (c. xxxiii, v. 9). ... David affirme que l'on est immaculé quand on est uni à Dieu; que Dieu rend la voie du juste immaculée (Ps. xvII, v. 24, 33); que si l'on n'est pas dominé par le péché, on est immaculé (Ps. xviii, v. 14); que Dieu connaît les jours des immaculés, c'est-à-dire des justes (Ps. XXXVI, v. 18); que les pécheurs lancent leurs flèches à l'immaculé, c'està-dire au juste (Ps. LXIII, v. 5). Il proclame bienheureux ceux qui sont immaculés dans la voie du Seigneur (Ps. CXVIII, v. 1). Il demande à Dieu que son cœur soit immaculé dans ses commandements (Ib., v. 80).

On lit dans la Sagesse qu'une vie immaculée est la véritable vieillesse qui mérite notre respect (Sap., c. IV, V. 9).

L'Ecclésiastique donne le titre d'immaculée à la femme fidèle à ses devoirs (Eccl., c. xL, v. 19). Enfin saint Paul, dans son Épître aux Éphésiens (c. 1, v. 4), dit de lui et des autres élus : « Dieu nous a choisis avant l'établissement du » monde, afin que nous fussions saints et immaculés en sa présence, dans la charité. »

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Oh! Monseigneur ! si vous aviez un texte de ce genre en faveur du nouveau dogme! quel parti vous sauriez en tirer! comme vous chanteriez victoire ! Et cependant, il ne prouverait rien, puisqu'il ne prouve pas l'immaculée conception de tous les élus. Jugez de la valeur de ceux que vous citez. Si l'Écriture sainte a donné le titre d'immaculés aux justes, sans que l'on en puisse conclure qu'ils aient été conçus sans la tache originelle, les saints Pères ont bien pu donner à la sainte Vierge la même qualification, sans prétendre pour cela qu'elle ait été exempte de cette tache.

Si vous vous contentiez de mal raisonner, nous ne pourrions, Monseigneur, que gémir de votre fausse logique; mais vous citez à faux. Or, à des citations fausses nous ne trouvons pas d'excuse. Quand nous vous voyons en appeler à saint Augustin, à saint Bernard, au concile de Trente, en faveur de vos erreurs, alors, Monseigneur, nous sommes

bien péniblement affectés; car nous ne pouvons croire que vous ignoriez que ce soit faussement que vous invoquez de telles autorités. Lorsque saint Bernard vous dit « que c'est une opinion pieuse de croire que Marie n'a pas commis de péché qui lui fût propre » (P. 373.), ce grand docteur ne vous expliquait-il pas le sens de tous les passages dans lesquels les saints Pères ont enseigné que Marie était exempte de tout péché, et douée d'une parfaite sainteté ? Mais, préoccupé de votre système, vous n'entendez pas l'Église qui vous instruit par saint Bernard, cet écho de la tradition catholique des onze premiers siècles. Ce grand homme s'est servi de toutes les expressions où vous trouvez des preuves de votre dogme, il a enchéri sur elles, et cependant il a nié votre dogme. Cette réflexion, si naturelle, si simple, ne confond-t-elle pas les tristes efforts que vous faites pour étayer votre erreur?

Votre Grandeur a beau affirmer que la promulgation de Pie IX est évidemment et clairement un chainon de la longue série des témoignages traditionnels sur la sainteté de Marie, cette définition prétendue n'a pas le même sens que ces témoignages; elle est en contradiction avec toute la tradition, voilà ce qui est clair et évident.

Lorsque Votre Grandeur prétend qu'en niant l'ImmaculéeConception, des hommes comme saint Bernard et saint Thomas d'Aquin l'ont admise implicitement à cause des éloges qu'ils ont donnés à la sainte Vierge (p. 401), nous serions tentés de croire, Monseigneur, que vous voulez vous jouer de vos lecteurs. Nous plaignons ceux qui seront assez peu clairvoyants pour être dupes de vos raisonnements. Quant à nous, ce que vous dites suffirait pour nous démontrer la fausseté de votre opinion, et pour nous autoriser à croire que nous raisonnons mieux que Votre Grandeur, lorsque nous. nous appuyons sur les éloges que saint Bernard, saint Thomas d'Aquin, saint Anselme et les autres Pères qui ont nié votre dogme, pour conclure que l'on peut avoir l'idée la plus haute de la pureté et de la sainteté de la sainte Vierge, sans

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