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espèce de communion qui consiste à offrir au même Dieu les mêmes formules de prière; mais M. Guéranger lui fait dire d'une manière générale qu'on ne peut se servir d'autres formules que celles de la liturgie romaine, sans rompre l'unité catholique. Pour lui, communion liturgique est la même chose qu'unité catholique. Il fait injure à Pie V en lui attribuant une erreur aussi grossière, qu'il n'a point commise.

2o La bulle entière de saint Pie V n'était adressée qu'à ceux qui, par droit ou par coutume, suivaient, dans leurs offices, les anciens livres romains. En publiant les livres réformés, Pie V abolissait les anciens, et décidait que ceux qui se serviraient encore des livres abolis ne pourraient satisfaire à l'obligation où ils seraient de réciter l'office. M. l'abbé Guéranger lui fait dire que toutes les Églises, sans exception, si elles n'avaient des livres vieux de deux siècles, étaient obligées d'adopter les nouveaux livres romains; il a donc détourné la bulle de son véritable sens.

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Quand bien même les erreurs de M. Guéranger seraient des vérités, les Églises de France n'auraient point à se préoccuper de la bulle; car, depuis les premiers siècles, elles avaient des liturgies particulières. La bulle de Pie V ne les regardait à aucun titre. Cependant M. Guéranger n'a inventé son système que pour les atteindre; et c'est dans ce but qu'il a publié son libelle intitulé Institutions liturgiques. Pour les déshonorer autant qu'il était en lui, il a donné, de sa propre autorité, un sens général à la bulle de Pie V; il s'est efforcé, en même temps, de prouver que les anciennes Églises de France suivaient la liturgie romaine avant la pù

blication de cette bulle.

Nous avons discuté les principales preuves sur lesquelles M. Guéranger a appuyé cette dernière assertion; nous l'avons pris en flagrant délit d'ignorance et de mauvaise foi, dans l'exposé de ces prétendues preuves.

Pour la seconde base du système de M. Guéranger, c'est ́à-dire le sens générel de la bulle, on n'a qu'à lire cette pièce pour être convaincu qu'il l'a prise à contre-sens.

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Le clergé de France n'a jamais regardě, et avec raison, les bulles pontificales comme obligeant par elles-mêmes toute l'Eglise; il n'en a jamais fait surtout des règles infailli bles de foi; mais il n'a jamais affecté non plus de les mépriser et de n'en tenir aucun compte. Cependant, if ne se préoccupa point de la bulle Quod a nobis, et ne la regarda point comme publiée pour lui. Les papes n'en eurent pas une autre idée; aussi, jusqu'à ces derniers temps, n'ont-ils pas même songé à en demander l'exécution. M. Guéranger lui-même est obligé d'avouer qu'à l'époque où fut publiée lá bulle de Pie V, c'est-à-dire en 1568, les Églises de France pouvaient conserver légitimement leurs liturgies, aux termes de la bulle. (Inst. Lit., t. I, p. 457.) Il ne peut faire cet aveu sans se contredire, puisqu'il prétend ailleurs que la liturgie romaine était généralement adoptée, depuis Charlemagne, par les églises de France. Sa logique est donc en défaut encore une fois; elle l'est aussi en même temps que sa bonne foi, lorsqu'il affirme que la bulle Quod a nobis fut reçue en France par les conciles provinciaux qui se tinrent au XVI siècle. Quelques-uns de ces conciles mirent seulement en délibération s'ils réformeraient les liturgies particulières ou s'ils adopteraient les nouveaux livres romains. Il est à remarquer que, dans plusieurs de ces provinces, comme celles d'Aix, de Bordeaux et de Narbonne, on suivait, antérieurement à la bulle, la liturgie romaine. Et cependant, les conciles de ces provinces n'adoptèrent les nouveaux livres que par mesure d'économie, c'est ce qui résulte de leurs décrets. De ces réglements de deux ou trois conciles provinciaux, M. Guéranger conclut que la bulle Quod a nobis fut adoptée en France. On ne pourrait pousser plus loin l'audace et la témérité. Le concile de Narbone est le seul qui promulgua la bulle de Pie V; trois autres décidèrent qu'on adopterait les livres romains par mesure d'économie; les autres: qu'on réformerait les liturgies particuliéres, en prenant pour modèles les livres romains, desquels on avait eu l'intention d'éliminer les usages inconvenants et

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les légendes apocryphes. Il n'y eut en France, au xví° siècle, que huit conciles provinciaux. Un seul promulgua la bulle de Pie V, et M. Guéranger soutient que cette bulle fut adoptée par toute l'Eglise de France! Quand les huit conciles l'auraient promulguée, la conséquence serait encore fausse; à plus forte raison lorsqu'elle n'a été promulguée que par un seul, qui représentait une province où l'on avait suivi de tout temps la liturgie romaine.

Mais M. Guéranger voulait affirmer ce fait afin de se procurer l'occasion de déclamer contre la réforme qui devait avoir lieu en France aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il dit donc très résolument qu'après la publication des livres de Pie V, la liturgie romaine régna partout en France. S'il en fut ainsi, comment se fait-il que, en 1605, l'archevêque d'Embrun ait proposé à l'assemblée générale du clergé de France, d'établir des rites uniformes dans les églises de France, où régnait la plus grande diversité, et, pour arriver à ce résultat, d'adopter les livres romains? Ces livres n'étaient donc pas alors en usage?

Il est certain qu'au commencement du xvir siècle plusieurs évêques nourrissaient la même pensée que l'archevêque d'Embrun; tous sentaient le besoin d'une réforme liturgique. L'érudition était devenue plus commune, et l'on rou gissait de rencontrer dans les livres d'Église des légendes apocryphes et ridicules. Il était naturel de penser qu'au lieu de réformer les anciens livres, il vaudrait mieux adopter les livre romains, où le travail était tout fait. Il est probable que cette pensée eût dominé partout, si la réforme des livres romains eût été faite de manière à répondre à toutes les exigences; mais il n'en était pas ainsi; on y avait laissé de nombreux défauts, et il en reste encore de trop nombreux, malgré les réformes successives dont ils ont été l'objet. Les évêques ne jugèrent donc pas qu'il fût utile de remplacer des livres vicieux par d'autres qui étaient encore si défectueux; de là vint que partout prévalut la pensée d'expurger les anciens livres, en suivant, dans cette réforme, l'esprit du

concile de Trente; c'est-à-dire en éliminant de ces livres tout ce qui ne convenait pas à la sainteté et à la gravité du culte. divin. En suivant ce projet, le clergé de France ne montrait aucune antipathie pour les livres romains, et l'assemblée de 1606 prêta mille écus à un imprimeur qui se chargeait de les publier à ses frais pour les provinces qui jugeraient à propos de les adopter. M. Guéranger a vu dans ce prêt de mille écus un décret général par lequel les livres romains étaient adoptés universellement en France. Il n'a pas songé qu'il avait déjà dit que ces livres étaient adoptés précédemment, et qu'il était ridicule de transformer en loi un prêt de mille écus; mais le très révérend abbé de Solesmes a une confiance illimitée dans les distractions et l'ignorance de ses admirateurs. L'abbé DUVAL.

Chronique Religieuse.

Nous recevons la lettre suivante :

« Monsieur,

» Toutes les fois qu'il s'est rencontré un homme sincèrement pieux, sincèrement attaché à la foi catholique, telle qu'elle a été observée dans d'autres siècles, c'est-à-dire dégagée de toute superstition, de toute intolérance, de tout esprit de domination; un homme, ardent admirateur de cette mansuétude, de cette charité primitives, de cette antique fraternité de toutes les Églises chrétiennes, où nulle ne voulait dominer à l'exclusion des autres, et s'attribuer à elle seule toutes les hautes fonctions du ministère sacré : cet homme, malgré ses mœurs austères, sa piété rare, ses intentions pures, n'a pas cessé de trouver, sur la voie sainte qu'il parcourait, des fanatiques qui lui ont jeté à la face, comme un stigmate, les épithètes de janseniste ou d'hérétique!

» Ces réflexions m'ont été suggérées par divers passages de quelques gros manuscrits, dus à la plume de mon trisaïeul pages précieuses où celui qui occupa, pendant plus de trente ans, dans le collége des Doctrinaires, à Paris, la chaire de théologie, n'imagine rien de mieux, pour terminer sa laborieuse carrière, que de chanter, avec les débiles accents de l'octogénaire, dans la langue d'Ausone et sur les rives qu'il sut charmer, les Fastes de la religion chrétienne. et j'augurais que si ces œuvres recevaient un jour les honneurs de la publicitě, certain părti ne manquerait pas, sans respect pour cette barrière mystérieuse qui sépare les vivants des morts, de lancer l'insulte et l'anathème aux mânes du pieux auteur!

>> Entre autres passages qui m'ont frappé, en voici un que j'ai l'honneur, monsieur, de vous citer, tel que mon ancêtre l'a traduit lui-même du latin. Le poète vient de décrire la prise et l'incendie de Jérusalem par Nabuchodonosor; ce châtiment, quoique mérité, d'une nation sans cesse rebelle au Seigneur, navre son âme, il s'écrie:

« O mon Dieu, si, malgré la clémence qui vous est propre, » vous nous faites voir tant de colère contre la Jérusalem >> ancienne, quel sera le sort de la nouvelle?

» Église du Christ, nous savons qu'il ne vous abandonnera » jamais, et que jamais vous ne l'abandonnerez! Mais la foi » qui nous attache à l'époux et à l'épouse, serait-elle tou » jours la même en nous?.

» Seigneur, ayez pitié de moi, ayez pitié des miens: car » la foi qui vous plaît est par excellence le don de votre mi» séricorde.

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»O ville, la plus célèbre de l'univers, la, capitale du » monde chrétien... Rome! souvenez-vous de Jérusalem que » vous représentez sur la terre, et prenez garde à ne point » périr comme elle: car si vous imitez ses crimes, en pleu>> rant sur ses cendres; si l'orgueil vous fait méconnaître ce » que vous êtes par vous-même; si vous portez en vain le titre » de ville sainte, ah! prenez garde à vous!

« ÖncekiDevam »