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atteignant son but avec force, il fait concourir avec douceur toutes les causes secondes à l'accomplissement de ses desseins éternels.

C'est donc une grande illusion de croire que l'Eglise ne peut exercer d'influence dans le monde; que le clergé ne peut accomplir sa mission, sans avoir recours à des moyens d'action qu'à une autre époque on a cru utile de mettre en pratique.

En faisant de ces moyens d'action une condition nécessaire à l'évangélisation du monde, à la diffusion de la doctrine chrétienne, on élève entre l'Eglise et la société un mur de séparation; on crée dans le monde des antipathies profondes à la vérité, qui n'apparaît plus qu'enveloppée de haillons repoussants; on fournit des prétextes à l'erreur qui s'entoure de séductions.

Il existe, au sein de l'Eglise, un parti qui n'a pas compris cette vérité, et qui a compromis le clergé d'une manière déplorable. Il a entrepris de faire remonter en arrière la société chrétienne; il n'a voulu voir de salut pour l'Église que dans certaines institutions, qui ont dû disparaître avec les circonstances qui les avaient fait naître, et qui n'ont plus, aujourd'hui, de raison d'être. Il n'a même voulu apercevoir, parmi les institutions d'autrefois, que celles qui étaient frappées d'un certain caractère qui allait mieux à son tempérament, et il en a laissé dans l'oubli d'autres qui avaient un caractère tout opposé, et qui pourraient, encore aujourd'hui, être utilement rétablies.

Les prêtres catholiques seraient-ils assez peu intelligents pour ne pas comprendre qu'ils doivent être les hommes de leur époque; tout en restant scrupuleusement fidèles à Jésus-Christ et à son Evangile, au dépôt sacré des vérités confiées à l'Église ? Ne comprennent ils pas qu'ils sont compromis par un parti qui ne sait agiter que de petites questions et rétrécir l'esprit, au moment où les plus grands problèmes intellectuels sont posés en face de l'humanité?

Si le clergé comprenait, il laisserait ces morts enterre

leurs morts, et il marcherait en avant pour diriger le monde qui marche, avec une si étonnante rapidité, vers les régions intellectuelles. Il serait là avec Jésus-Christ, avec l'Évangile, avec l'Église, pour donner à ceux qui cherchent la solution de leurs problèmes, pour ouvrir, à ceux qui frappent, les portes de la société des élus de Dieu. L'abbé GUETTÉE.

Chronique Religieuse.

M. Crétineau-Joly, connu par une Histoire de la Compagnie de Jésus qui porte son nom, vient de publier un ouvrage intitulé: l'Église Romaine en face de la Révolution. Une revue fort grave, le Disciple de Jésus-Christ, en parle

en ces termes :

་་ A la vue des annonces pompeuses étalant en lettres majuscules le titre de son livre: Eglise Romaine en face de la Révolution, nous avions deviné que nous allions nous trouver nous-même en face d'un livre extraordinaire, si extraordinaire en effet, qu'il suffit d'en citer quelques lignes pour le faire connaître. M. Crétineau-Joly dit leur fait à tous les adversaires de l'Église romaine : les protestants, les philosophes, Joseph II y sont traités de main de maître; mais il a réservé pour les jansénistes, nous ne savons pourquoi, ses meilleurs effets de style. Écoutons : « Le jansénisme résu>> mait en lui toutes les infirmités des sectaires, il élevait le » mensonge à la suprême puissance de la duplicité, il avait » fait de la fourberie un but, de l'hypocrisie un moyen, de » la perfidie une science, de la trahison une espèce de gran» deur, il en était imprégné, il en infectait les autres, il ne » savait que mentir, ruser, tromper, acheter des consciences » au plus haut prix et en vendre au plus bas, né traître, » avec toutes les apparences de la franchise... Son sourire » ressemblait à une blessure; aussi l'a-t-on toujours vu ai

» mer comme le tigre du désert, et lécher la plaie après

» l'avoir faite !... »

n

>>> Que dites-vous de ce petit portrait? Il ne satisfait pas entièrement M. Crétineau-Joly, il y ajoute quelques couleurs : << Les jansénistes furent tristes comme un rire d'ami devant » un succès; dans leur parole ils avaient quelque chose de glacé et de tranchant, qui, involontairement, faisait songer » au glaive dans la main du bourreau! » Comment une parole peut-elle faire songer à un glaive et à un bourreau? nous ne savons, mais M. Crétineau-Joly le sait bien. D'ailleurs, à quoi ne faut-il pas s'attendre d'hommes qui procédaient à la manière du bravo italien. Leur esprit avait des ressources si inépuisables de malice, qu'ils auraient inventé le moyen de rendre une colombe furieuse, et qu'il ne leur en aurait pas trop coûté pour enseigner à un agneau l'art de mordre; on les voyait «<PASSER LEUR VIE A empoisonner l'eaU BÉNITE;» après cela peut-on penser sans frémir à la marquise de Sévigné, écrivant à madame de Grignan Ma fille, je viens de recevoir un nouveau traité de M. Nicolle; je l'ai bu comme un bouillon! >>

Le Disciple de Jésus-Christ ne sachant pourquoi M. Crétineau-Joly a réservé ses meilleurs effets de style pour les jansénistes, nous lui apprendrons que l'illustre auteur est dans les meilleurs termes avec les jésuites, qu'il est même leur écrivain depuis assez longtemps. Nous aurions, sur ce point, à dire les choses les plus intéressantes, si nous pouvions jouir de notre entière liberté. Nous en tenons plusieurs, de bons jésuites, qui se sont un peu émancipés en notre présence, dans certaine librairie chargée autrefois de vendre leur histoire publiée par M. Crétineau-Joly. Les bons pères ne nous connaissaient pas; comme ils se fourvoyaient, les malheureux ! devant qui faisaient-ils leurs petites confidences!

M. Crétineau-Joly, écrivain patenté des jésuites, doit nécessairement conserver pour les jansénistes ses meilleurs effets de style; car on sait que, pour la pieuse Compagnie,

le janséniste est plus odieux, non-seulement qu'un protestant, mais que le plus sceptique des libres penseurs. Le janséniste est la bête noire du jésuite. M. Crétineau-Joly a donc été obligé de dire à la secte ses plus gros mots. Il faut remarquer surtout l'indignation de cet honnête homme, qui reproche aux jansénistes d'avoir acheté les consciences au plus haut prix. On dit que les jésuites n'achètent pas de consciences, mais qu'ils payent des gens sans conscience avec l'argent qu'ils récoltent à titre d'aumônes.

Nous serions curieux de connaître les consciences achetées par les jansénistes. M. Crétineau-Joly, qui sait si bien dénicher les documents historiques, nous édifiera peut-être un jour sur ce point; en attendant, il accuse. C'est une tâche facile pour un homme de son espèce.

M. Coquille, de l'Univers, a fait, comme de raison, un pompeux éloge du pamphlet de M. Crétineau-Joly. Il le regarde comme un supplément au mauvais roman intitulé: Histoire de la Compagnie de Jésus. Voici un extrait de son article :

(( Depuis la chute des jésuites, premier acte de la grande conjuration contre l'Église, que de ruines et de désastres à enregistrer pour les rois et pour les peuples! Tout ne démontre-t-il pas que la société moderne a besoin du ciment romain? Ces princes, qui intimaient leurs ordres avec tant d'insolence à Clément XIII et à Clément XIV, ne se savaient pas si près de la révolution qui devait briser leurs trônes. Les princes, adonnés aux plaisirs, enivrés de flatteries, étaient entourés de ministres pervers, qui avaient puisé leurs principes de gouvernement dans le philosophisme et dans les loges maçonniques. Les adeptes glorifiaient le pouvoir absolu, et c'est par là qu'ils séduisirent les souverains. Les souverains sont revenus de leurs illusions; mais il est certain qu'ils ont commencé la destruction de l'ordre social en arrachant à la papauté l'abolition de la Compagnie de Jésus. M. Crétineau-Joly, qui a raconté cette phase de l'histoire, achève, dans un nouvel ouvrage, le tableau des luttes de l'Église contre la Révolution. »

Très bien dit; on ne peut douter, après cela, du but de M. Crétineau-Joly. Ses inspirateurs semblent même montrer un peu le bout de l'oreille..

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M. l'abbé Moigno, ancien jésuite, a prêché à SaintSulpice le dimanche de la Quinquagésime. Son sermon était moins fait, ce semble, pour ce jour consacré à la pénitence, que pour le jour de Carnaval. M. Moigno avait sans doute oublié la solennité de l'Égise pour la fête du monde. Il a prétendu que la religion ordonnait de se réjouir toujours, et que la secte noire des jansénistes pouvait seule prêcher une autre doctrine. M. Moigno lit sans doute son Bréviaire. Eh bien, qu'il fasse attention aux textes de l'Écriture qu'il lira pendant tout le carême, et il sera convaincu de l'absurdité de sa doctrine. M. Moigno, rédacteur du Cosmos, connaît mieux sans doute les mathématiques que la théologie : qu'il s'occupe donc de disserter sur les angles ou les cercles, la lune ou les étoiles; mais qu'il ne se mêle pas de prêcher l'Évangile, car il ne sait pas le premier mot de la théologie catholique.

L'Ami de la Religion change son format, et devient quotidien à partir du 16 du présent mois. Nous eussions préféré qu'il changeât d'esprit et réformât son style. Si nous nous en rapportons au prospectus que nous avons sous les yeux, l'Ami de la Religion va être le grand journal le plus mal écrit de France. Nous ne savons si c'est l'honorable signataire, M. l'abbé A. Sisson, qui a commis un pareil délit; mais vraiment, quel que soit le coupable, c'est un grand coupable... en littérature, bien entendu!

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Le prospectus nous indique un si grand nombre de rédacteurs, que vraiment nous ne savons comment le journal y pourra suffire. Heureusement pour lui que la plupart ne feront rien. Le grand écrivain du journal transformé sera M. Poujoulat. Il sera curieux de voir ce pompeux rhétoricien, semi-légitimiste, semi-ultramontain, aux prises avec M. L. Veuillot.

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