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aussi favorable au Saint-Siége eût été mis à l'index par la cour de Rome. Est-ce donc la première fois que cette cour, dont on a trop vanté la sagesse, a tiré sur ses pigeons?

Le grand Aristarque de l'école ultramontaine, ayant reconnu que les prétentions de Boniface furent repoussées, assure que cette répulsion fut la cause des malheurs de l'Europe. Il est seul garant de cette opinion. Mais si elle est fondée, le roi Philippe, Nogaret, de Flotte, etc., etc., ne doivent point supporter seuls la responsabilité de tant de calamités. Le plus coupable doit être, aux yeux de M. Guéranger, le pape Clément V, qui révoqua expressément, le 5 février 1306, les bulles de son prédécesseur: Clericis laicos et Unam sanctam. Ces bulles avaient jeté le trouble et le scandale dans la chrétienté.

Dans ces définitions adressées à l'univers chrétien, et où l'on prétendait interpréter les saintes Écritures et les appliquer à la pratique des fidèles, lequel des deux papes fut infaillible? Est-ce Boniface qui les promulgua; est-ce Clément qui se hâta de les révoquer? Si nous appartenions aux diocèses du Mans ou de Laval, nous prendrions la liberté d'adresser cette question aux évêques de ces églises. (Voir surtout, dans l'Univers, la lettre pastorale de l'évêque de Laval à son retour de Rome). Du reste, un chrétien docile à la tradition apostolique en a peu de soucis. Elle ne peut intéresser qu'un ultramontain, qui trouvera dans le subtil Bellarmin de quoi tout accommoder: E sempre bene. Les opinions sont libres. L'homme peut corrompre son propre esprit, admettre la contradiction et devenir extravagant. Oui, il est libre de pervertir l'image de Dieu qu'il porte en soi, sauf les droits réservés du souverain juge.

GUELON.

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Paris. Imprimerie de Dubuisson et Ce, rue Coq-Heron, 5.

CATHOLIQUE

REVUE

DES SCIENCES ECCLESIASTIQUES ET DES FAITS RELIGIEUX

Omnia instaurare in Christo. Eph., I, 10.

DE, L'AUTORITÉ DOCTRINALE

ET DE LA RÈGLE DE FOI DANS L'ÉGLISE CATHOLIQUE.

IV.

Nous ne voyons aucune objection sérieuse à faire à la manière dont nous avons interprété le texte de l'Évangile de saint Matthieu: Tu es Petrus. Notre interprétation ressort, nécessairement de la comparaison des divers textes de l'Écriture relatifs au même objet. Au point de vue catholique ou traditionnel, elle présente toutes les garanties; enfin, le texte, considéré en lui-même, ne peut recevoir d'autre sens légitime. De la simple lecture du passage, il résulte que le Sauveur avait pour but principal de concentrer sur lui et surs mission divine toute l'attention de ses disciples; sa divinitė est l'idée à laquelle se rapportent évidemment ses questions et la réponse de Pierre : la conclusion devait donc se rapporter à cette idée; l'on ne peut appliquer à saint Pierre, comme chef de l'Église, cette conclusion, sans attribuer à Jésus

Christ un fort mauvais raisonnement, un vrai sophisme, puisque, après avoir parlé de sa divinité, il en tirerait pour conséquence le pouvoir pontifical, qui est une idée essentiellement différente.

Voyons maintenant si les autres textes, cités par les ultramontains en faveur de l'autorité absolue de Pierre et des évêques de Rome, ses successeurs, prouvent que Jésus-Christ a véritablement établi cette autorité dans son Église.

Ils s'appuient sur ce passage de l'Évangile de saint Luc : << Simon, Simon, Satan a demandé à vous cribler, comme on crible le froment; mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point: lors donc que tu seras converti, fortifie tes frères. » (Luc, xxII, 31 et seq.)

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Jésus-Christ s'adresse aux apôtres dans la personne de Simon, surnommé Pierre. Il dit que Satan a demandé la permission de les cribler, c'est-à-dire de soumettre leur foi à de rudes épreuves. Il faut remarquer dans le texte le terme vous, en latin vos, en grec upa: Satan n'a pas tenu la permission qu'il demandait. Les apôtres ne perdront pas la foi en présence des tentations que leur feront éprouver les souffrances et la mort ignominieuse de leur maître; Pierre seul, en punition de sa présomption, succombera et renoncera son maître par trois fois. Mais, grâce à une prière spéciale du Sauveur, il reviendra à résipiscence; il aura alors un grand devoir à remplir à l'égard de ses frères, scandalisés de sa chute celui de les fortifier, et de réparer, par son zèle et sa foi, la faute qu'il aura commise.

On ne conçoit vraiment pas comment les ultramontains ont avoir recours à ce passage de saint Luc établir pu pour leur système. Il faut remarquer que les paroles citées ont été adressées par Jésus-Christ à saint Pierre le jour même où il devait le renier, et qu'elles ne contiennent que la prophétie de sa chute. Saint Pierre le comprit bien ainsi, puisqu'il répondit aussitôt à Jésus-Christ: « Seigneur, je suis tout prêt d'aller avec vous en prison et même à la mort. Mais Jésus ajouta : « Pierre, je vous le déclare, aujourd'hui même le

coq ne chantera pas que vous ne m'ayez renié trois fcis. >>

Le texte de l'Évangile de saint Luc prouverait plutôt contre la fermeté de la foi de saint Pierre qu'en faveur de cette fermeté; à plus forte raison ne peut-on en tirer aucune conséquence en faveur de son infaillibilité doctrinale et de sa supériorité en matière de doctrine. Aussi, les Pères de l'Église et les plus doctes interprètes des saintes Écritures n'ont-ils jamais songé à lui donner une pareille interprétation; à part les ultramontains modernes, qui veulent à tout prix se procurer des preuves, bonnes ou mauvaises, personne n'a vu, dans les paroles citées ci-dessus, qu'un avertissement donné à Pierre de réparer par sa foi le scandale de sa chute, et d'affermir les autres apôtres, que cette chute ne pouvait qu'ébranler. L'obligation d'affermir découlait de ce scandale; les mots confirma fratres ne sont que la conséquence du mot conversus ; si on veut donner aux premiers un sens général, pourquoi ne le donne-t-on pas aussi au second? Il en résulterait que, si les successeurs de Pierre ont hérité de la prérogative de confirmer leurs frères dans la foi, ils auraient aussi hérité de celle d'avoir eu besoin de conversion après être tombés, après avoir renié Jésus-Christ; nous ne voyons pas ce que l'infaillibilité pontificale pourrait y gagner.

Les ultramontains, qui ont trouvé une si singulière preuve à l'appui de leur système dans les versets 31 et 32 du chapitre XXII de saint Luc, se sont bien gardés de citer les versets qui les précèdent. L'évangéliste y raconte qu'il s'éleva entre les apôtres une discussion pour savoir lequel d'entre eux était considéré comme le plus grand. Les fameuses paroles Tu es Petrus étaient prononcées alors, ce qui prouverait que les apôtres ne les avaient point comprises comme nos ultramontains. La veille même de la mort de Jésus-Christ, ils ignoraient qu'il eût choisi Pierre pour être le premier d'entre eux, et la pierre fondamentale de l'Église. Jésus-Christ intervient dans la discussion. C'était pour lui une excellente occasion de relever le pouvoir de Pierre ;

il était temps qu'il le fît, puisqu'il allait être mis à mort. L'a-t-il fait? Non-seulement le Sauveur ne reconnut pas la supériorité monarchique qu'il aurait promise à Pierre, mais il donna à ses apôtres la leçon la plus démocratique, en disant: «Les rois des nations dominent sur elles, et ceuxqui exercent sur elles le pouvoir sont appelés leurs bienfaiteurs. Qu'il n'en soit pas ainsi parmi vous; mais que celui qui est le plus grand parmi vous soit comme le plus petit; et que celui qui gouverne soit comme celui qui sert. »

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En rapprochant le récit de saint Luc de celui de saint Matthieu, on voit que la discussion, élevée entre les apôtres, avait été occasionnée par une demande que la mère des apôtres Jacques et Jean avait adressée à Jésus-Christ en faveur de ses enfants. Elle avait sollicité pour eux les deux premières places dans son royaume. Jésus-Christ ne lui répondit point qu'il avait donné la première place à Pierre. Cette réponse eût été cependant bien naturelle, et même nécessaire, si saint Pierre eût en effet été revêtu d'une autorité supérieure. Les dix autres apôtres furent indignés de la demande ambitieuse que Jacques et Jean avaient faite par l'entremise de leur mère; ils agitèrent entre eux la question de supériorité; Jésus-Christ leur donna alors la leçon que nous avons rapportée, et qui précède immédiatement le texte sur lequel les ultramontains prétendent appuyer leur système. (Matth. xx, 20 et seq.)

On peut apprécier, d'après le contexte, la valeur de leur prétendue preuve.

Ils citent encore en leur faveur ce passage de l'Évangile de saint Jean (XXI, 15 et seq.):

--

« Jésus dit à Simon Pierre : Simon, fils de Jean, m'aimestu plus que ceux-ci? — Il lui répondit: Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime. Jésus lui dit: Pais mes agneaux. Il lui demanda une seconde fois : Simon, fils de Jean, m'aimes-tu? Il lui répondit: Oui, Seigneur, vous savez Jésus lui dit: Pais mes agneaux. que je vous aiine.

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lui demanda pour la troisième fois : Simon, fils de Jean,

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