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-Nous trouvons dans les articles de M. l'abbé de Cassan-Floyrac, sur le gallicanisme, le passage suivant :

«M. Melchior Du Lac, théologien laïque du parti, dans son livre de l'Église et de l'État, et qui serait bien mieux intitulé l'Église-État, résume et adopte, par rapport à la politique, tous les travaux des ultramontains. Son livré, du reste, n'est que l'abrégé du long travail d'un moine italien, nommé Bianchi, et qui a écrit sept ou huit énormes volumes contre la Défense du Clergé de France, par Bossuet. La question politique, elle seule, fait la matière des deux premiers. Là il n'est rien de si insensé, ou même de si monstrueux que ne loué et n'adopte, et ne consacre, et n'impose M. Du Lac. On y lit, entre autres choses, que le pape a droit sur tous les souverains, qu'il peut délier les peuples de leur serment, que les sujets ont le droit et le devoir de se révolter pour cause de religion. Et venant à examiner cette objection que les martyrs n'opposaient à leurs souverains qu'une résistance passive, qu'ils mouraient en un mot, mais ne se révoltaient pas, M. Du Lac répond, avec le ministre Jurieu, que les martyrs n'agissaient de la sorte que parce qu'ils n'étaient pas les plus forts. Ainsi, on prêchera la révolte, on découronnera les martyrs comme on découronne les rois, on mentira à l'histoire comme à la théologie, pour mieux assurer la suprématie temporelle du pouvoir papal. C'est là le but important, le grand et unique but. Après quoi il ne s'agira plus que de circonvenir habilement le saint Père, de s'emparer de son esprit, et l'on deviendra ainsi un parti, redouté dans l'Église comme dans l'État. Étonnez-vous donc des exigences et de l'audace du journal l'Univers!

» Il est juste de faire à chacun sa part. Ce n'est pas M. Du Lac qui a imaginé toutes ces belles choses; il les a prises dans son auteur Bianchi. On comptait beaucoup sur le succès de cet abrégé, signé d'un des rédacteurs de l'infaillible journal; mais, soit que l'abrégé ait fait regretter ou désirer vivement le livre lui-même, le parti vient de faire

traduire les deux premiers volumes du moine Bianchi; et on a eu soin d'ajouter au titre : Ouvrage indispensable à tous ceux qui possèdent les œuvres complètes de Bossuet. »

Le livre de M. Du Lac a eu si peu de succès, qu'on a été obligé de le vendre au poids à la librairie A. Delahays. On a pu en voir une collection assez considérable à un étalage de la rue de la Banque, et s'y procurer les deux volumes pour quelques sous.

L'ouvrage de Bianchi n'est pas le seul ouvrage que publie le parti en faveur de l'ultramontanisme. Une foule de livres ultramontains sont répandus dans toutes les classes de la société; l'Anti-febronius, de Zacharia, est traduit avec l'approbation de MM. Gousset, de Reims, et Mabille, de Versailles, pour les savants; et M. Bouix continue son ouvrage mensonger et fanatique sur le droit-canon.

Nous ne craindrions certes pas de tels ouvrages, si on lisait en même temps Bossuet, nos théologiens et nos canonistes français; mais peut-on supposer dans les lecteurs ultramontains assez d'indépendance d'esprit pour lire les réfutations des élucubrations ultramontaines?

L'ultramontanisme ira donc encore quelque temps son chemin, jusqu'à ce que l'excès des erreurs et des abus amène un autre excès en sens contraire.

Dieu seul peut savoir ce qui arrivera alors!

- L'Univers se remplit, depuis quelque temps, de mandements et lettres pastorales d'un genre très particulier : ce sont des commentaires, non de la sainte Écriture, mais de textes émanés d'une autorité beaucoup moins élevée, quoique respectable. Jamais parole humaine ne reçut des commentaires plus authentiques et plus sacrés. Ils ressemblent à ces pieuses et doctes lettres où de grands évêques exposaient autrefois la doctrine de l'Évangile et les documents de la tradition apostolique; mais cette ressemblance n'est qu'à l'extérieur. Quand on examine ce qui est au fond, on éprouve une grande surprise: on pense, malgré soi, à d'au

tres époques où, dans des conjonctures presque identiques, les évêques de France et d'ailleurs gardèrent un silence calme et plein de dignité. Au temps de saint Louis, pour ne remonter que là, Grégoire IX et Innocent IV virent le patrimoine de saint Pierre envahi et ébranlé. Charles VIII fit plus que menacer le domaine d'Alexandre VI, lequel méritait la double déchéance de pontife et de roi. Au temps de Louis XII, et par ses ordres, Jules II faillit tomber entre les mains du chevalier sans peur et sans reproche; il ne s'en fallut que d'un pater, dit le chroniqueur. Léon X, en guerre avec François Ier, n'échappa à la ruine qu'en se précipitant à la rencontre du vainqueur de Marignan, à qui il offrit de disposer des bénéfices de l'Église de France, en réservant pour lui, pape, les premiers fruits. Un autre Médicis, Clément VII, vit Rome assiégée, envahie, pillée par les soldats de Charles-Quint; lui-même fut retenu prisonnier au château Saint-Ange avec l'assentiment de cette majesté catholique ; et nul évêque ne pleurait, ne priait, ni n'ordonnait des prières pour recommander à Dieu le salut de l'Église. L'hypocrite Autrichien tout seul suppliait et faisait supplier le ciel de rendre la liberté au pape, que ses agents tenaient dans les fers. Vis-à-vis de Grégoire IX et d'Innocent IV, le clergé franc fut discret, et saint Louis montra plus que de la réserve. Mais voilà qu'il y a quelques jours, l'épouvante se répandit autour de nos sanctuaires; on eût dit que le siége de saint Pierre allait sauter en l'air avec le livre des Évangiles. Aujourd'hui on paraît rassuré. L'Église n'a rien à craindre, lit-on à satiété dans les colonnes de l'Univers... Cela est vrai pas plus qu'elle n'avait à craindre aux époques que nous venons de rappeler... Si alors on était peu ému de ce qui semble aujourd'hui exciter tant de vives émotions, c'est qu'on n'avait pas encore confondu le christianisme avec le pape, l'Église avec la papauté temporelle, et on ne fesait pas dépendre le règne de JésusChrist dans les âmes de celui d'un évêque sur deux ou trois millions d'Italiens.

Evidemment, nos pères étaient plus éclairés et plus fermes que nous dans la foi; et si nous sommes, nous, affaiblis et timides, il faudrait l'attribuer peut-être à ce que nous sommes devenus paresseux et mondains.

Dans une de ces lettres, recueillies par l'Univers avec un religieux amour, on lit: que « partout où la liberté de religion pénètre, elle n'a rien de plus pressé que de dépouiller l'Église catholique de ses droits les plus sacrés. M. l'évêque de Montauban, à qui appartient cette assertion, est un rigoureux logicien : M. Émile Susset doit s'en souvenir ; qu'il nous soit donc permis de marcher sur ses traces, de placer la susdite proposition comme la majeure d'un syllogisme, et de continuer en disant: or, en France a pénétrẻ la liberté de religion; donc, en France, l'Église catholique est dépouillée de ses droits les plus sacrés. Rapprochons cette conclusion de cette autre affirmation scellée dans l'Univers du sceau de M. l'archevêque d'Auch: «Rappelez-vous tous » les actes par lesquels l'Empereur des Français a assuré à » T'Église le seul bien que l'Église demande aux gouverne»ments de ce monde, pour leur prêter sa force divine et. >> s'allier à eux : la liberté... >>

Il résulte de ce rapprochement, que de ces deux nobles assistants au trône pontifical, l'un est mécontent et l'autre satisfait de l'état de choses en France sous le rapport religieux. Nous sommes, nous, pour l'instant avec M. l'archevêque d'Auch et lord Schaftesbury, président d'une Société biblique, lequel s'exprimait ainsi il y a quelques jours: « Et si j'avais été appelé à dire quelque chose de l'Empereur >> des Français, j'aurais pu dire en tout cas que, sous son » gouvernement, la parole de Dieu a librement circulé dans » l'empire français. » (Revue chrétienne, no du 15 mai).

Nous sommes persuadés que l'ecclésiastique, qui a occupé la chaire de Notre-Dame, à Paris, durant la dernière station quadragésimale, pense, sur ce sujet, comme le noble lord et M. l'archevêque d'Auch.

GUÉLON.

Paris. Imprimerie de Dubuisson et Ce, rue Coq-Héron, 5.

CATHOLIQUE

REVUE

DES SCIENCES ECCLESIASTIQUES ET DES FAITS RELIGIEUX

Omnia instaurare in Christo. Eph., I, 10.

DE L'AUTORITÉ DOCTRINALE

ET DE LA RÈGLE DE FOI DANS L'ÉGLISE CATHOLIQUE.

VII.

Les monuments de la tradition catholique ne sont pas plus favorables que l'Écriture sainte au système ultramontain sur l'autorité doctrinale et la règle de la foi dans l'Église.

Au lieu d'attribuer cette autorité à l'évêque de Rome, l'antiquité chrétienne ne lui reconnut même pas la primauté. Les premiers évêques de Jérusalem furent les vrais papes, dans l'acception que l'on donne aujourd'hui à ce mot, c'est-à-dire qu'ils furent les premiers évêques de l'Église catholique. Pendant les trois premiers siècles, les évêques de Rome ne furent reconnus que comme patriarches des Églises occidentales; la primauté, dont ils jouissent aujourd'hui, ne leur a été reconnue que postérieurement à cette époque, et n'a d'autre fondement que le droit ecclesiastique ou les canons.

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