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malheureusement pour les acteurs de la pièce, une mise à l'index ne prouve pas l'hétérodoxie; la Congrégation de l'Index n'a aucune autorité en France, et tout le monde comprend que cette Congrégation ne peut détruire, par une note insignifiante, les preuves sur lesquelles nous appuyons nos discussions.

Si la Congrégation de l'Index veut bien déroger à ses habitudes et nous communiquer ses griefs, nous les discuterons sérieusement et avec convenance; nous les ferons connaître en entier au public. On dit que M. L. Veuillot a obtenu communication des griefs de la Congrégation de l'Index en faveur d'un membre de l'Université et d'un riche libraire; nous sommes en assez bons termes avec M. le rédacteur en chef de l'Univers pour compter sur son obligeance. De plus, le très révérend Père dom Guéranger est membre de la Congrégation de l'Index; quel puissant protecteur nous avons là! La Congrégation va donc nous communiquer le mémoire de son Consulteur! Quand ce ne serait que pour édifier le public sur notre compte, elle le fera; nous y comptons très positivement; quand nous l'aurons reçu, nous le ferons imprimer nous en prenons l'engagement.

GUELON.

Paris. Imprimerie de Dubuisson et Ce, rue Coq-Héron, 5.

L'OBSERVATEUR

CATHOLIQUE

REVUE

DES SCIENCES ECCLÉSIASTIQUES ET DES FAITS RELIGIEUX

Omnia instaurare in Christo. Eph., I, 10.

DE LA MANIÈRE DE DÉFENDRE L'ÉGLISE.

L'Église catholique a eu, dans tous les temps, des combats à soutenir; elle en aura toujours. Comme son divin fondateur, elle doit nécessairement être en butte aux contradictions, parce qu'elle est dépositaire de la vérité et du bien, et que la vérité et le bien auront toujours à lutter contre l'erreur et le mal. L'Église a non-seulement des ennemis extérieurs qui la méconnaissent et la calomnient, elle en a d'intérieurs qui sont beaucoup plus dangereux : ce sont les hypocrites qui font de ses dogmes, de sa morale, de son culte, de son autorité, autant d'objets de spéculations viles et intéressées. Ces ennemis intérieurs se rencontrent dans le clergé comme parmi les laïques; ces Pharisiens de la loi nouvelle répètent sur tous les tons, comme ceux de la loi judaïque : « Je vous rends grâce, Seigneur, de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes!» ils sont toujours disposés à augmenter le symbole; en revanche, ils cherchent sans cesse

des accommodements avec la morale; ils ne veulent du culte que ce qui favorise leurs idées; si vous préférez les offices paroissiaux, aux spectacles prétentieux et ridicules qu'ils inventent, vous êtes des jansénistes; si vous tenez à la vieille règle de foi catholique, et si vous croyez que les lois sont faites pour les papes comme pour les autres, vous êtes des Gallicans, c'est-à-dire, des hommes de la pire espèce, presque des athées; si vous ne mettez pas la sainte Vierge à la place de Dieu, et le pape à la place de l'Église, vous êtes des hérétiques, des impies, des ennemis du Saint-Siége et du culte de Marie.

Pensez-vous que ces hypocrites honorent la sainte Vierge et respectent le pape? Détrompez-vous; ils se moquent aussi bien de la sainte Vierge que du pape, qui ne sont pour eux que des moyens pour se faire valoir et s'enrichir.

Ces Pharisiens ne respectent rien qu'en apparence, ils se préoccupent peu de dire la vérité; s'il leur plaît de faire un dogme, et de mettre l'erreur sur le trône de la vérité, ils le font; s'il leur prend fantaisie de mettre sur le compte de l'Église, une idée, une institution, qu'ils trouvent utile d'exploiter, ce n'est pas pour eux une difficulté. L'Église qu'ils exaltent n'est que leur coterie; les doctrines qu'ils veulent imposer ne sont que leurs idées: plus on combat ces idées au nom de la vérité, plus ils les soutiennent et les exagèrent; et si l'on a la prétention, fort juste et très raisonnable, de mettre l'Église ailleurs que chez eux, ils vous lancent ana

thème sur anathème.

Tels sont les procédés habituels de nos Pharisiens: moins ils ont de convictions, plus ils s'évertuent à faire du zèle pour la défense de l'Église ou du christianisme; mais ce zèle a nécessairement quelque chose de tourmenté, d'excentrique; il ne peut se tenir dans les bornes du juste et du vrai ; il faut qu'il dégénère en insultes. L'injure est devenue si habituelle à nos Pharisiens qu'ils ne s'aperçoivent même pas qu'elle découle de toutes leurs phrases; ils sont étonnés qu'on leur reproche d'en faire usage. On peut, dans la chaleur de la po

lémique, ne pas dire toujours des choses agréables à des adversaires; il est même un genre d'adversaires que JésusChrist a fort maltraités, ce sont les Pharisiens «< qui s'esti-` ment eux-mêmes et qui méprisent les autres. » On peut, certainement imiter le divin Maître, lorsqu'on rencontre sur son chemin «< ces sépulcres badigeonnés en dehors, qui en dedans ne renferment que pourriture; » mais il faut traiter tous les autres adversaires de l'Église, et même du christianisme, avec la charité dont Jésus-Christ nous a donné l'exemple. Autant il montrait de sainte colère contre la secte des hypocrites, contre ceux qui trafiquent de la religion; autant il était doux et compâtissant pour les ignorants, les faibles, les aveugles, pour tous ceux qui avaient des infirmités spirituelles ou corporelles. Quelque faible que fût la lueur qui restait dans une intelligence, il ne perdait point l'espérance de l'éclairer davantage, et il se gardait bien de l'éteindre complétement. Tout errant était, à ses yeux, une brebis qu'il fallait rapporter à la bergerie sur ses épaules.

Jésus-Christ défendait son œuvre par la charité; son zèle était doux, pur, désintéressé. Il n'outrait rien, n'exagérait rien; il parlait gravement, simplement; il était doux et humble de cœur.

Que l'on compare à ce zèle de l'homme-Dieu celui de nos Pharisiens modernes: une phrase douce et humble est-elle jamais sortie de leurs plumes? Toujours le poing levé, ils crient, ils calomnient, ils outragent tous ceux qu'ils considèrent comme les adversaires de l'Église ou de la religion; ils ne peuvent écrire une ligne sans que le fiel déborde de toutes parts. S'ils veulent parfois faire les plaisants, la bile aussitôt absorbe leur esprit.

Ils croient ainsi défendre dignement l'Église; ils la compromettent plutôt et lui font des ennemis plus nombreux. Ceux qui n'ont pas le bonheur de croire, qui ignorent la religion, jugent de l'Église par ses bruyants défenseurs; ne trouvant chez eux que des déclamations indécentes et complétement dénuées de science et de raison, ils en concluent que

'Église ne peut être défendue raisonnablement, et qu'elle n'est qu'un parti composé d'insolents et d'hypocrites. Leur conclusion est certainement fausse; ils devraient s'assurer si l'Église n'a pas d'autres défenseurs, savants et estimables; mais nos Pharisiens font tant de bruit qu'ils fixent sur eux toute l'attention; ils savent si bien tirer parti de certains encouragements imprudents, dont on ne connaît pas assez les motifs, qu'ils ont fini par se faire passer pour les fournisseurs brevetés, patentés, officiels, de la vérité et de l'orthodoxie.

Est-il étonnant, après cela, que des hommes, même sérieux et honnêtes, voient l'Église où elle n'est pas, et jugent de l'arbre par les fruits qui chaque jour frappent leurs regards?

Voilà pourquoi l'Église a tant d'ennemis.

Plus on usera des procédés de nos Pharisiens pour la défendre, plus nous verrons grossir la somme des préjugés et des injustices contre elle. Jamais l'erreur ni le zèle amer et insolent ne pourront enfanter de véritables enfants de l'Église.

L'œuvre de Jésus-Christ doit être propagée et défendue par les moyens que Jésus-Christ a employés pour la défendre et la propager: doctrine vraie, enseignement simple et pur, humilité, douceur et charité, tel est le résumé de l'apostolat du divin Maître. Il faut faire de même si l'on veut gagner à l'Église de nouveaux enfants, et la défendre véritablement contre ses adversaires.

Au lieu d'inventer des dogmes, il faut s'en tenir strictement à la doctrine révélée et universellement conservée dans

l'Église, parce que c'est là seulement qu'est la vérité. Au lieu de déclamations creuses et sans consistance, il faut offrir aux adversaires de l'Église un enseignement nourri de preuves et de raisonnements convaincants, aussi doux et modeste dans la forme, que fort et solide pour le fonds, un enseignement plein de franchise et de loyauté.

Il en est qui s'imaginent défendre l'Église par la dissimu

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