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CATHOLIQUE

REVUE

DES SCIENCES ECCLÉSIASTIQUES ET DES FAITS RELIGIEUX

Omnia instaurare in Christo. Eph., I, 10.

LETTRES A MONSEIGNEUR MALOU,

ÉVÊQUE DE BRUGES,

Sur son livre intitulé: L'Immaculée-Conception de la B. Vierge considérée comme dogme de foi.

Vingt-troisième Lettre (1).

Monseigneur,

La tradition catholique, manifestée par les écrits des saints Pères, depuis les Apôtres jusqu'à saint Bernard, démontre que, dans l'Église, on n'a jamais cru que la sainte Vierge ait été préservée du péché originel. On a cru, au contraire, qu'elle l'avait contracté, comme le reste de l'humanité; qu'elle en avait été seulement purifiée dès le sein de sa mère.

(1) Voir les numéros des 16 août, 16 septembre, 1er et 16 octobre, 1er et 16 novembre, 1er décembre 1857, 1er janvier, 16 février, 16 juillet, 1er et 16 août, 1er et 16 octobre, 1er décembre 1858, 1er et 16 janvier, 1er et 16 février, 1er et 16 mars, 1er et 16 avril 1859.

Cette vérité établie, que deviennent toutes les considérations que vous développez au chapitre xi de votre deuxième volume ? Vous y parlez de raisons théologiques et de motifs de convenance. Les raisons théologiques, Monseigneur, ne - sont que des déductions tirées des monuments traditionnels; elles n'ont pour base que la foi constatée; c'est la raison appliquée à la foi. Or, tous les monuments de la tradition catholique étant contraires à l'Immaculée-Conception, le théologien qui raisonne en catholique, ne peut tirer de ce fait d'autre conséquence que celle-ci : que cette opinion n'a jamais été et ne peut jamais devenir un dogme.

Quant aux motifs de convenance, on comprend difficilement, Monseigneur, comment Votre Grandeur a pu aborder cette thèse. Elle ne peut se faire illusion sur la nullité des témoignages qu'elle a invoqués en faveur de son opinion;. et c'est assurément à cause de cette conviction qu'elle a consacré la plus grande partie de son ouvrage à d'interminables considérations sur une prétendue tradition implicite générale, qui n'a pas existé; puisqu'elle ne peut jamais être que la conséquence de la tradition explicite qui condamne votre opinion. Il n'a jamais pu y avoir dans l'Église de croyance générale ou catholique, que celles dont les Pères et les conciles ont été les échos. Les Pères et les conciles n'ayant jamais enseigné l'Immaculée-Conception, cette croyance n'a pas plus existé dans l'Église d'une manière implicite que d'une manière explicite. Il est impossible, Monseigneur, que vous ne soyez pas persuadé de cette incontestable vérité.

Si, d'un côté, vous n'avez pu vous tromper vous-même sur vos prétendus témoignages explicites; et, de l'autre, sur votre tradition implicite qui en serait différente, il'est constant, pour vous, comme pour nous, que l'ImmaculéeConception n'a jamais été révélée. Ce point établi, comme il l'est démonstrativement dans ces lettres qui vous sont adressées, on ne comprend pas, Monseigneur, ce que vous appelez des motifs de convenance, en faveur du nouveau dogme de Pie IX. Qu'un M. Nicolas, dans un livre ridicule,

intitulé le Plan divin, ait développé une pareille thèse, on ne peut en être surpris, car on sait que les idées les plus incohérentes ont eu, dans tous les temps, des défenseurs; mais qu'un évêque qui se pose en théologien se soit fait le copiste des idées de M. Nicolas, voilà Monseigneur, ce qui nous étonne au dernier point. Vous savez, Monseigneur, que les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées; alors pourquoi voulez-vous prouver, d'après des théories de pure fantaisie humaine, qu'il a été convenable que Dieu ait agi, à l'égard de la sainte Vierge, de telle ou telle manière? Vous parlez des rapports de la sainte Vierge avec les trois personnes divines et de ses titres. Vous vous livrez sur ces rapports et sur ces titres à des considérations que nous ne discuterons pas, parce que, théologiquement parlant, tout cela n'a aucune valeur. Vous en tirez pour conséquence l'ImmaculéeConception. Un dogme, Monseigneur, ne peut avoir sa raison dans une série d'idées plus ou moins systématiques. Il est convenable, dites-vous, que Dieu ait préservé de la tache originelle la sainte Vierge qu'il a tant honorée. Qui vous l'a dit, Monseigneur? Pensez-vous que ce qui vous paraît convenable l'ait été aux yeux de Dieu? Voulez-vous donner à Dieu des leçons de convenance? Si Dieu eût jugé l'Immaculée-Conception convenable, assurément il ne tenait qu'à lui de donner ce privilége à Marie; s'il eût jugé convenable de nous le révéler, il l'eût fait; s'il ne l'a pas révélé, c'est qu'il ne l'a pas jugé à propos; nous ne savons donc s'il a jugé convenable de placer la sainte Vierge en dehors du. reste de l'humanité, puisqu'il ne nous l'a pas dit. Quant aux convenances qui paraissent telles à votre raison, pouvez-vous nous certifier que Dieu en ait pensé comme vous? Vous ne le pouvez pas ? Alors n'en parlez point.

Contentons-nous, Monseigneur, de dire humblement : Dieu ne nous a rien révélé touchant l'Immaculée-Conception; laissons donc cette question parmi celles qu'il a livrées à la libre discussion; ne le faisons pas parler, lorsqu'il n'a pas parlé. Vous le voyez, Monseigneur, nous ne sommes pas

exigeants. Nous pourrions certainement, d'après le témoignage unanime des Pères de l'Église, prétendre que l'Église a toujours cru que la sainte Vierge avait contracté le péché originel, et faire de cette croyance un article de la foi de l'Église. Mais nous n'avons aucunement la fantaisie d'impo ser des dogmes, quand l'Église ne s'est pas prononcée. Il n'y a jamais eu de définition catholique sur cette question; nous disons donc que tout enfant de l'Église ne doit la regarder que comme une question controversée, sur laquelle on a tout droit de penser comme on l'entend.

Il est vrai, Monseigneur, que votre chapitre XII est consacré à établir que la définition de Pie IX est une définition régulière, qui impose à tout catholique le devoir de croire à l'Immaculée-Conception comme à un dogme révélé. Mais votre prétendue démonstration ne prouve rien.

Il faut d'abord établir en principe, que l'Église SEULE a le droit de DÉFINIR un dogme, parce que, SEULE, elle possède l'infaillibilité dans le témoignage qu'elle rend à la vérité révélée. Remarquez bien, Monseigneur, les expressions dont nous nous servons : nous disons l'Église, et non pas tel pape ou tel épiscospat. L'Église est une société une, permanente, universelle; le pape et les évêques sont ses chefs, mais eux seuls, ils ne la constituent pas; ils en sont les organes, lorsqu'ils parlent en évêques, et non lorsqu'ils parlent comme individus ou comme docteurs particuliers. Or, l'intaillibilité étant inhérente à l'Église, en tant qu'elle est société une, permanente et universelle depuis les apôtres, il s'ensuit qu'un évêque, pour parler en évêque, doit recueillir scrupu leusement la foi qu'a toujours possédée l'Église qu'il a été appelé à régir, et en témoigner purement et simplement, lorsqu'il en est requis. Des témoignages épiscopaux, résulte un témoignage général qui est l'écho de la foi catholique c la voix de l'Église. Vous dites, comme nous, Monseigneur, que c'est l'Église qui est infaillible; puis vous identifiez l'Église avec le pape. Vous êtes ainsi fort bon ultramontain, mais pas du tout catholique; nous sommes fâchés de vous le

dire. Il est vrai, que Pie IX ne peut être selon vous que la voix de l'Église; mais considérez, Monseigneur, que Pie IX, dans ses lettres circulaires aux évêques, ne leur a point demandé quelle était la foi de leurs églises sur la question qu'il voulait définir; qu'il y annonçait son intention de définir seul cette question; que les évêques n'ont répondu qu'à titre de particuliers et qu'ils n'ont pas constaté la foi dans leurs églises; qu'ils n'en ont pas rendu témoignage; leurs églises n'ont donc point parlé par eux; Pie IX n'a pas même parlé au nom de son Église de Rome; il a défini SEUL et de sa pleine autorité, comme vous l'avouez. Or, le pape n'a pas le droit de faire un dogme; il n'a même pas le droit de définir seul un dogme qui a toujours appartenu à la croyance générale; donc sa définition est un acte qui lui est personnel et qui n'appartient pas à l'Église. Il a défini une question qui n'appartenait pas à la croyance générale, puisque personne n'y croyait avant sa définition, et que la tradition catholique ne l'a jamais enseignée. Il a donc fait, de sa propre autorité, un dogme nouveau. Donc, tout catholique est obligé en conscience de le rejeter, par respect pour l'Église aussi bien que par respect pour la raison que Dieu ne lui a pas donnée pour la soumettre à la parole d'un homme, faillible comme les autres hommes, malgré le titre respectable dont il est décoré.

Vous cherchez en vain, Monseigneur, à persuader à vos lecteurs qu'il en est de l'Immaculée-Conception comme de ces conséquences éloignées, mais légitimes, des dogmes révélés, qui appartiennent en réalité à la révélation et à la croyance de l'Église, malgré les discussions auxquelles elles ont donné lieu. Nous admettons qu'avec le temps et par suite des discussions auxquelles donne lieu la négation ou la contestation d'une vérité catholique, l'Église a pu se prononcer sur certaines questions qui n'avaient pas été définies précédemment; et que ces questions étaient admises implicitement avec le dogme dont elles sont les conséquences nécessaires et avec lequel elles forment un tout. Mais

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