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même que ce ne serait pas à moi de parler de ces désordres. Mais, Monseigneur, mon honneur y est engagé comme le sien. La faute d'un retombe sur tous. Il demeure aujourd'hui à un quart de lieue de ma résidence, et je n'entends. parler que de cela, et il m'est impossible de couvrir sa turpitude. Il n'y a pas quinze jours que mon confrère, M. Darema, nouvellement arrivé, touché d'un saint zèle, a été supplier les autres jésuites qui sont ici de ramener ce scandaleux, et rien ne diminue, pas même au dehors. Quel parti prendre, si on ne s'adresse aux supérieurs secrètement? >> Ce qui m'embarrasse davantage, c'est que M. Favre, notre Pro-Visiteur, part incessamment pour l'Europe, et me laisse malgré moi le fardeau de la mission en m'établissant Provicaire; comment pourrai-je accorder le silence avec mon devoir? C'est ce qui m'engage, Monseigneur, à supplier Votre Grandeur de faire ôter ce scandale du milieu de cette mission. Ce que j'ai l'honneur de lui marquer paraît incroyable; mais la passion les a tellement aveuglés, qu'ils ne voient pas, et, comme l'a dit cent fois Mgr le Visiteur, c'est un châtiment de Dieu sur ces deux Pères, qui, depuis vingt ans, sont la cause de tous les troubles qui sont arrivés dans la mission; et les frères le disent eux-mêmes.

» Faut-il, après cela, s'étonner si ces Réguliers ne peuvent souffrir les missionnaires français, qu'ils regardent comme les censeurs de leurs mœurs? Ce qu'il y a eu de plus malin dans leur conduite est d'avoir répandu que Mgr le Visiteur avait pris une femme; sachant bien qu'on ne croirait pas cela, afin qu'on portât le même jugement sur leur compte.

>> Comme je ne doute pas que tous les réguliers qui sont ici réunis ne demandent un autre Visiteur ayant appelé de de celui-ci, j'espère, Monseigneur, que Votre Grandeur voudra bien s'intéresser, au cas que la sacrée Congrégation daigne les écouter, pour que ce ne soit pas un régulier, mais un digne séculier, qui soit surtout à l'abri d'être corrompu par les grains d'or de ce pays. M. Favre pourra dire à Votre Grandeur les offres qu'on lui a faites de Macao et ici.

pour soutenir les réguliers, et les sommes qu'ils ont données au chirurgien de Sa Grandeur pour leur servir d'espion et de conteur de nouvelles auprès de Sa Grandeur. Il pourra aussi lui raconter ce qui s'était passé avec Mgr de Nabuce et le Révérend Père Cezati, ce qui nous fait tout craindre d'un religieux; car ils sont tous les mêmes; presque sitôt qu'ils ont perdu de vue leur couvent, ils s'oublient. Voici leur proverbe Colui che ha passato il capo di Buona Speranza di sua salute ha perduto la speranza (1). Je l'ai ouï dire à plusieurs; mais nous ne saurions rien craindre d'un Visiteur intègre, et nous ne reculerons pas.

» Les réguliers ne manqueront pas de représenter que Mgr le Visiteur a été gagné par les missionnaires français; mais comment serait-il concevable qu'un seul missionnaire français eût prévalu contre huit réguliers? Pendant deux ans que ce prélat a été en Cochinchine, il a fait sa résidence à la ville capitale du royaume, où il y a toujours eu quatre ou cinq Jésuites au moins, deux Franciscains, et tout ce qu'il y avait ici de missionnaires de la sacrée Congrégation, qui, tous réunis ensemble, ont fait les écrits, les représentations et toutes les instances qu'ils ont voulus; et il n'y a jamais eu qu'un seul missionnaire français, savoir, M. Rivoal la première année, et moi seul la seconde, pour répondre à tous les réguliers. Comment se pourrait-il qu'un seul eût prévalu contre tous, si l'évidence et la justice n'eussent été pour cet un?

>> Ils se plaindront beaucoup aussi sans doute, comme ils ont fait ici, de M. Favre; cependant, je puis assurer ici Votre Grandeur qu'il n'a jamais démenti la sincérité et la droiture qu'on attribue à sa nation et qui fait son caractère. La fortune qu'il eût pu faire avec ces religieux, s'il eût voulu, contre sa conscience, donner dans leurs sentiments, le prouve bien. On lui a dressé mille piéges, et, entre autres, il a été empoisonné trois fois. Je lui laisse à en faire le récit à Votre

• Celui qui a doublé le cap de Bonne-Espérance a perdu l'espérance de son salut. »

Grandeur, aussi bien que de ses autres persécutions. Sr jamais personne a soutenu les intérêts du Saint-Siége et mérité sa bienveillance, c'est lui. Il est digne, Monseigneur, après s'être sacrifié sans aucun intérêt que la seule gloire de Dieu, que Votre Grandeur le protége. Comme il m'a établi Provicaire pendant la vacance du vicariat, j'ose vous demander la même grâce contre mes ennemis, et j'ai l'honneur d'être, avec un profond respect,

>> Monseigneur,

» Votre très honoré et très obéissant serviteur,

DE LA COURT,

» Provicaire Apostolique. »

Chronique Religieuse.

M. l'abbé de Cassan-Floyrac publie, dans la Gazette de France, des articles contre l'Univers et en faveur du gallicanisme. Nous les avons lus avec intérêt, et nous espérons qu'il traitera ce sujet avec science. Dans un de ses articles, il s'étend sur ce point: que l'autorité infaillible réside dans l'épiscopat et non dans le pape, et il ajoute que les évêques peuvent adhérer à une bulle pontificale par leur silence. Tout cela est dit d'une manière trop générale. M. l'abbé de Cassan aurait dû, ce nous semble, appuyer sur ce mot d'évêques et expliquer que, dans le dignitaire décoré de ce titre, il y a, à côté de l'évêque, l'individu ; que ce n'est pas à titre d'individus, mais de témoins de la foi constante de leurs Églises, que les évêques sont juges dans les questions doctrinales. Il aurait dû aussi faire remarquer que, pour qu'il y ait consentement tacite des Églises, il faut que les évêques aient joui d'assez de liberté pour pouvoir réclamer. Les évêques, réunis en conciles généraux, ne témoignent plus de la foi d'une manière infaillible, dès qu'ils sont sous la pression de quelque contrainte morale ou physique. Les évêques séparés, aussi bien que réunis, peuvent être privés de leur

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liberté. M. l'abbé de Cassan aurait dû diré encoré, pour être complet et exact, que les bulles pontificales devraient être connues et examinées par les évêques, pour que leur adhésion ou leur consentement tacite eût de la valeur. Comme le dit le savant évêque-théologien Melchior Cano, le SaintEsprit n'illumine pas l'épiscopat, tandis que ses membres dorment ou bâillent, mais lorsqu'ils recherchent avec soin à s'éclairer et à connaître la vérité.

Nous savons bien que ces thèses sont scabreuses pour un prêtre, à une époque où les ultramontains peuvent si facilement persécuter les défenseurs de la vérité; mais, quand on veut mettre la main à la charrue, il ne faut pas regarder en arrière; il faut jeter, au contraire, les yeux en avant sur Celui qui s'est fait la victime de la vérité. Il faut, à son exemple, laisser de côté les considérations humaines, et boire, s'il le faut, le calice amer de l'ignominie.

-M. l'abbé Guéranger, dans son 18e article sur Marie d'Agreda, parle du cartésianisme, de la scholastique, des protestants, des jansénistes, de la Sorbonne, de Baillet et du grand Bellarmin. Si Bellarmin n'eût pas été physiquement un tout petit homme, une espèce de Tom Pouce, nous eussions cru que M. Guéranger l'appelait grand à cause de sa haute taille; mais il faut nous résigner à croire qu'il l'a jugé grand par son génie. Nous reconnaissons que Bellarmin eut du talent comme théologien, tout en déplorant qu'il en ait fait un fort mauvais usage en cherchant à faire mentir la tradition catholique en faveur de l'ultramontanisme; mais du talent au génie il y a loin. Il faut, pour posséder le titre de grand, qu'il soit décerné par une autre voix que celle de M. Guéranger. Nous craignons donc bien que Bellarmip ne voie pas de sitôt son titre de grand ratifié par l'opinion publique. M. Guéranger félicite son grand homme d'avoir placé honorablement les scholastiques à côté des saints Pères, dans ses dissertations théologiques. Cela prouverait que Bellarmin mériterait un tout autre titre que celui de grand.

Mais M. Guéranger l'outrage en lui attribuant un tel procédé. Bellarmin, comme tous les théologiens anciens de toutes les écoles, a cité saint Thomas et les scholastiques les plus remarquables, pour faire voir que tel ou tel point de doctrine enseigné par l'Église avait été admis au moyen âge; mais il n'a jamais placé les scholastiques sur le rang des Pères de l'Église. Il n'y a que les ultramontains modernes qui soient assez ignares en théologie pour trouver des témoins de la tradition catholique ailleurs que dans les écrivains proclamés par l'Église interprètes et échos de son enseignement. Qu'un M. Malou, qu'un M. Guéranger en appellent à des témoignages particuliers comme à des témoignages catholiques pour établir leurs erreurs, il n'y a rien là d'étonnant; les Pères les condamnent trop ouvertement pour qu'ils aiment leurs ouvrages; mais les exagérations des néo-ultramontains et leur ignorance des premiers principes de la religion ne prévaudront pas contre la saine théologie.

M. Jourdain, dit Charles Sainte-Foi, a publié un nouveau roman, sous le titre de Vie de Jean d'Almeida de la Compagnie de Jésus. On y rencontre le merveilleux au suprême degré, comme dans la vie déjà publiée du Père An-' chieta. Ce merveilleux a pour garant la parole des jésuites, qui, comme chacun sait, ne savent ni tromper, ni faire mousser leurs apôtres. C'est encore M. de Bermond de Vaulx, le très intime ami de M. Jourdain, dit Ch. Sainte-Foi, qui signe les éloges désintéressés qui sont adressés dans l'Univers aux jésuites et au célèbre bourgeois gentilhomme qui se dévoue si activement à la gloire de la Compagnie. On nous permettra de citer ce délicieux morceau du travail signé par M. Bermond de Vaulx :

« Comme mystique et thaumaturge, Almeida peut être comparé aux personnages qui se sont acquis le plus de célébrité en ce genre. Est-il étonnant qu'un homme en qui la grâce opérait tant de merveilles en fit tant lui-même au-de

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