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serait méconnaître son union substantielle au corps. Quoi qu'en aient pensé certains philosophes, la psychologie humaine ignore l'intuition purement intellectuelle du moi notre esprit ne se connaît lui-même que par réflexion sur les opérations qu'il exerce conjointement avec le corps. Une unification interne qui effacerait toute multiplicité sensible équivaudrait donc, psychologiquement, à une chute dans l'inconscience.

Mais il y a inconscience et inconscience, comme il y a unification et unification; et ceci nous amène à formuler une seconde remarque.

2o Le genre d'unification intérieure qui répond à notre condition psychologique normale est une forte intégration de tous les éléments de la conscience représentations, vouloirs, sentiments, tendances. Cette intégration s'opère par un long travail intime, autant moral que rationnel. Elle doit envelopper tout ensemble la conscience claire et la subconscience : l'intégration, en effet, sera d'autant plus étroite qu'à un contenu de conscience claire actuellement plus simple, plus ramassé, seront rattachées, dans la subconscience, des virtualités plus riches et mieux organisées. Nous pourrions montrer, si nous en avions le loisir, que la condition psychologique d'intégration que nous venons d'énoncer, est celle qui rapproche le plus notre activité intellectuelle, incurablement discursive, du mode intuitif de connaître, comme elle est aussi celle qui donne à notre action son maximum d'unité et de puissance. Il est vrai nous le disions plus haut qu'un effort excessif d'intégration peut conduire à la défaillance inconsciente, et que l'inconscience elle-même est dépourvue de toute valeur psychologique et religieuse; mais du moins l'organisation puissante qui a précédé gît toujours dans le subconscient, prête à surgir au premier réveil et à marquer de son empreinte toute l'activité ultérieure.

Par malheur, l'unification interne, chez l'homme,

n'est pas toujours une intégration : il existe une forme d'unification interne appauvrissante. C'est une unification purement apparente, une simplification superficielle, par dédoublement ou dissociation de la conscience, par refoulement maladif, en deçà de la zone lumineuse de l'aperception, d'une masse encore inassimilée d'éléments psychologiques. Une infinité de contre-coups fâcheux peuvent résulter de ce mode anormal de refoulement. La chute dans l'inconscience totale y est fréquente et sans compensation.

Un exemple achèvera de souligner l'opposition entre ces deux modes de simplification de la conscience. Mettons en regard — le parallèle serait peu convenable, s'il ne devait éclater en un contraste une Sainte Thérèse et une hystérique quelconque, tombant toutes deux, supposons-le, dans une transe extatique en entendant le mot « Dieu ». Supposons encore simple hypothèse que le ravissement, de part et d'autre, soit purement naturel; les deux états seraient-ils, alors même, psychologiquement équivalents ? L'idée de Dieu, pour une Sainte Thérèse, représente un idéal qui la tient par toutes les fibres de son être : depuis de longues années, Dieu est le centre de toutes ses pensées et de toutes ses affections, le mobile de toutes ses démarches, le terme de tous ses espoirs; petit à petit, sa vie consciente et inconsciente s'est pour ainsi dire cristallisée autour de l'axe de l'amour divin; l'idée de Dieu, dans la conscience d'une Sainte Thérèse, est devenue un symbole prodigieusement condensé, chargé de toutes les virtualités d'une expérience religieuse infiniment riche et profonde. Mais qu'est-ce que cette même idée de Dieu pour la pauvre hystérique qui tombe en pâmoison ? A peine un mot, une représentation vague, teintée de quelques sentiments peut-être bien vulgaires : un maigre petit groupe de figurants, qui accapare un instant la scène de la conscience, alors que, dans les coulisses, images et

sentiments refoulés s'entassent au hasard, ou s'organisent au service d'instincts peu spiritualisés. Lorsqu'un saint, défaillant d'amour, soupire : « Oh ! mon Dieu ! », il n'y a pas en lui un atome qui ne s'associe à cette supplication; en va-t-il ainsi chez les hôtes des cliniques psychiatriques ? Dût même le saint, comme le malade, glisser finalement au sommeil de l'inconscience, pourraiton dire que ce sommeil, où se prolonge la vibration de leur subconscient, les égale l'un à l'autre ? Toute insistance sur ce point serait superflue.

La psychologie, dans son horizon limité, discerne donc déjà des formes saines et des formes morbides de mysticisme; nous conduit-elle plus loin? Peut-être. Elle nous montre, dans l'organisation consciente et subconsciente du moi, le jeu combiné non seulement d'instincts fondamentaux, de données empruntées au monde extérieur, d'émotions, de sentiments et d'habitudes, mais aussi de concepts et de vouloirs bref, une synthèse d'activités et de contenus psychiques, entravée à la base par le concours nécessaire du corps et de la matière, mais s'épanouissant, vers le haut, sous le type idéal de l'unité abstraite et de la fin inconditionnée. En suivant le développement ascendant de cette compréhensive synthèse, le psychologue y repère, avec une exactitude quasi mathématique, une double progression vers deux limites échelonnées : quelque chose comme la double progression qu'effectuerait un polygone inscrit, tendant à la fois, par multiplication de ses côtés, vers la figure circulaire, et, par élargissement indéfini du cercle inscripteur, vers ce quelque chose d'irreprésentable que serait une circonférence à rayon infini. De même, notre activité psychologique, unifiant de plus en plus étroitement les apports divers du sens, cherche d'abord à retrouver, en eux et par eux, l'unité du moi disons, qu'elle tend vers l'intuition essentielle du moi; mais

elle tend vers cette intuition du moi selon un type supérieur d'unité, qui enveloppe et déborde l'unité du moi particulier et même l'unité de tout objet fini disons qu'elle tend vers la perfection absolue de l'unité, c'està-dire, en réalité, vers la possession intellectuelle de l'Être infini.

Indépendamment de tout présupposé métaphysique, l'analyse psychologique de nos synthèses mentales nous procure ainsi la notion d'un double passage à la limite; mais elle ne nous apprend pas, pour autant, que ce double passage soit possible. En essayant de porter à l'extrême l'unification en nous des données sensibles, finirions-nous par rejoindre la pure subsistance du moi ? Et en essayant de réduire le moi lui-même, et toutes choses, à l'unité absolue, rencontrerions-nous la Présence divine ?

A de semblables questions, la science psychologique n'a pas de réponse : ses méthodes d'analyse l'enferment dans un monde où règne la quantité spatiale. Parvenue aux frontières de son domaine, elle se borne à nous. indiquer, d'un geste large, l'au-delà infini, et elle nous abandonne à d'autres guides les métaphysiciens et les théologiens.

Déjà nous avions entendu ces derniers nous tracer a priori les grandes lignes d'une Mystique théorique; donnons-leur audience une seconde fois, pour confronter leurs théories respectives avec les réalités psychologiques que consacre l'expérience, comme aussi avec les possibilités «< métapsychologiques » que l'expérience n'autorise point à exclure et suggère même à titre d'hypothèses.

J. MARECHAL, S. J.

(A suivre).

Les finances publiques du Reich 1924-1926

. De tous les problèmes suscités par la guerre, les plus angoissants sont certainement les problèmes économiques, et, au premier rang de ceux-ci, les questions monétai es et financières. Les perturbations de cet ordre n'ont pas plus épargné les neutres que les belligérants. La hausse des prix, due ici à une inflation exagérée, ailleurs à une dépréciation de l'or, est générale. L'Europe entière se débat depuis douze ans dans une crise économique sans précédent que chaque jour aggrave encore et à laquelle viennent se mêler toutes les revendications sociales. S'il est une triste consolation pour un pays éprouvé par la guerre, comme le nôtre, c'est de n'apercevoir partout, en jetant les yeux au delà de nos frontières, que difficultés et complications.

Il est bon cependant de s'évader parfois du cercle étroit de ses préoccupations nationales, d'essayer d'analyser la situation d'un voisin pour puiser dans cette étude une leçon ou un avertissement. A cet égard, depuis la fin de l'année 1923, l'Allemagne nous offre un champ d'expériences de premier intérêt. En m'attachant principalement à l'examen de ses finances publiques, je voudrais rappeler les événements les plus importants de sa vie économique de ces trente derniers mois.

Dans l'étude des finances allemandes, il faut avoir soin de distinguer les finances impériales de celles des

IV SÉRIE. T. X.

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