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atteindre son point culminant: 2.058.000 victimes, car il descend, le 1 mars 1926, à 2.056,000 (1). Cela représente 3,33 p. c. de la population!

D'où provient cette crise ?

Au dernier congrès annuel des banquiers allemands, en septembre 1925, le docteur Schacht, directeur de la Reichsbank, n'hésitait pas à l'attribuer à la pénurie du crédit. Il semble bien qu'il n'ait pas tort. La chose s'explique d'ailleurs d'elle-même. L'inflation a eu cet effet inévitable de précipiter tous les détenteurs allemands de marks vers des placements quelque peu assurés. Voyant fondre chaque jour entre leurs doigts cette masse de billets toujours plus dépréciés, ils l'ont investie dans des placements immobiliers. Aussi, à la fin de l'année 1923, l'Allemagne se trouvait posséder des capitaux fixes pour une valeur énorme, tout en étant dépourvue de capitaux circulants. Le manque de fonds de roulement a dès lors engendré une crise industrielle dont nous apercevons les effets.

Au surplus, les chiffres viennent démontrer la valeur de la thèse. En 1913, la circulation monétaire et fiduciaire du Reich était de 7 milliards environ. Au 31 décembre 1925, elle n'était plus que de 5.181 millions. D'après le bilan de six grandes banques allemandes, les dépôts et comptes courants ne s'élèvent qu'à 5.444 millions, au lieu de 8.222 millions en 1913. Les escomptes ne sont que de 1.142 m. au lieu de 1.895 en 1913, alors que les prix ont haussé de 40 p. c. (2).

Une telle restriction du crédit a été mortelle pour bien des affaires. Le nombre des sociétés par actions s'était accru de 10.000 de 1913 à 1923; 20/100 ont disparu en deux années! Les sociétés à responsabilité limitée aug

(1) BULLETIN D'INFORMATIONS ÉCONOMIQUES, 1926, no 5 et no 6. (1er avril 1926.)

(2) Grinberg, article cité.

mentent leur nombre de 45.000 de 1913 à 1923 : 6.200 ont succombé en 1925. Pendant cette année catastrophique, on a liquidé 50.000 firmes, soit 15.000 de plus qu'on en a créé.

En 1923, on n'avait signalé que 497 faillites. En 1925, on en a enregistré 11.184, sans parler de 6.000 firmes mises sous contrôle judiciaire (1). En janvier 1926, le maximum mensuel semble avoir été atteint avec 2.013 faillites (2), car on signale une sensible diminution des banqueroutes en mars (3).

A la veille de la guerre, le cours moyen des actions représentait 165 p. c. du capital nominal (4). Le niveau moyen des cours de 262 actions qui était encore de 144 p. c. en janvier 1924, de 117 p. c. en janvier 1925, est tombé à moins de 67 p. c. en décembre 1925 (5). Les actions de l'industrie lourde et de la sidérurgie ont notamment perdu 50 p. c. de leur valeur en 1925.

Il appartenait à la Reichsbank de prendre les mesures adéquates. La politique de restriction du crédit, inaugurée par le docteur Schacht pour assurer la stabilité du mark, était en partie responsable du mal. On abaissa le taux de l'escompte de 10 à 9 p. c., le taux ordinaire des banques de Berlin étant de 14 p. c. (26 février 1925) (6). Puis, en janvier 1926, il fallut encore, malgré de vives résistances, abaisser de 9 à 8 p. c. le taux de l'escompte et de 11 à 10 p. c. l'intérêt des prêts sur titres (7). Le taux des prêts hypothécaires n'est d'ailleurs pas inférieur à 10 p. c.

(1) Détails fournis par M. Aberdam, dans un article du Temps. du 17 mars 1926.

(2) L'ÉCONOMIE NOUVELLE, avril 1926, p. 209.

(3) BULLETIN D'INFORMATIONS ÉCONOMIQUES, du 15 avril 1926. (4) de Tarlé, op. cit., 1926, p. 175.

(5) Aberdam, dans le Temps du 17 mars 1926.

(6) R. Picard, L'exécution du plan Dawes et la restauration économique nationale (REVUE ÉCONOMIQUE INTERNATIONALE, mars 1926, p. 583).

(7) BULLETIN D'INFORMATIONS ÉCONOMIQUES, février 1926, no 2.

Jusqu'ici ces mesures ne paraissent pas avoir produit de sensibles effets. Aussi s'étonnera-t-on moins des dégrèvements fiscaux que le Reichstag vient de voter. L'ensemble des groupes économiques qui étaient imposés en 1913-1914 pour 4.800 millions durent supporter en 1924-1925 une charge de 9 à 10 milliards, à un moment de crise aiguë. Il devient donc nécessaire d'essayer de les soulager. Les Allemands ont estimé que le point le plus important était la lutte contre la cherté de la vie. A cet effet, ils ont considérablement réduit la taxe sur le chiffre d'affaires, facteur incontestable de hausse des prix. D'autre part, pour donner plus d'élasticité à leur crédit, ils ont diminué tous les impôts levés sur la circulation des capitaux. Leur politique fiscale de 1926 s'explique donc dans une assez large mesure, ainsi que nous le laissions pressentir tout à l'heure.

Il nous faut souhaiter que l'Allemagne parvienne à triompher de cette crise économique. Notre intérêt personnel le plus étroit y est attaché. Le 1 juillet 1926, le plan Dawes entrera dans sa troisième année de vie. Le Reich devra faire face à ses échéances non seulement à l'aide de ses obligations industrielles et de chemins de fer, mais encore à l'aide de son propre budget: 110 millions de marks doivent être versés par lui. Il va sans dire qu'un déficit dans le recouvrement des recettes allemandes entraînerait une réduction de ses propres charges et par le fait même une moins-value dans nos propres revenus. L'Allemagne peut et doit payer si son économie nationale surmonte cette crise de réajustement. Mais à voir la campagne que mènent depuis quelques mois la presse d'Outre-Rhin et le grand économiste anglais Keynes, on ne peut s'empêcher d'être sceptique à cet égard.

Il est peut-être une autre leçon à tirer de ces quelques pages. L'Allemagne vient de nous précéder dans la voie de l'assainissement monétaire. Ce chemin est ardu, et

même tragique. Sommes-nous prêts à le suivre ? Il ne faut pas nous dissimuler les difficultés angoissantes qui accueilleront notre retour à la stabilité. Hausse des prix, crise industrielle et chômage, c'est ce qui nous attend demain. Il n'y aura là sans doute qu'une crise relativement passagère, mais qu'on a tout de même lieu de redouter. La presque totalité de notre population, en effet, n'y est nullement préparée. Il faudra consentir des sacrifices qui n'ont pas été demandés jusqu'ici. Moins intense peut-être que celle de l'Allemagne, parce que nous n'avons pas connu sa meurtrière inflation, la crise de demain sera probablement aussi étendue parce que nous vivons sur le sol le plus industrialisé du continent.

En guise de conclusion, je m'associerai à ces paroles de l'agent général des réparations, Sir Parker Gilbert, dans son rapport du 30 novembre dernier : « Le plan Dawes a marqué le tournant décisif qui a fait sortir l'Allemagne du désordre et de la désorganisation causés par l'inflation; mais elle n'est encore que sur la voie du relèvement et il lui reste de nombreuses difficultés à surmonter »>.

(Avril 1926).

PAUL HARSIN.

VARIÉTÉS

GEORGES GOUY (1853-1926)

I.

L'appréciation portée sur Gouy par les physiciens actuels. A certaines heures, des noms d'hommes retentissent, au souvenir desquels la société contemporaine s'étonne soudain d'avoir été comme impardonnablement oublieuse. Il faut tenir compte au bon fond de la nature humaine de ces regrets, tout tardifs et encore trop rares qu'ils soient. Il faudrait faire mieux et tirer profit de l'Histoire en estimant davantage les travailleurs modestes, consciencieux, persévérants, nul qui vaille n'y perdrait, tant s'en faut. Ceci s'applique-t-il sans atténuations aux dettes de notre époque envers le Professeur G. Gouy? Peut-être On le croirait, à lire quelques phrases écrites. récemment sur cette longue carrière de quarante années d'enseignement à la Faculté des Sciences lyonnaise. Tout le monde, pourtant, n'a pas méconnu son mérite.

Disons même sans retard qu'il est d'autant plus aisé de consacrer ici quelques lignes à sa mémoire que l'Institut de Physique, fondé en 1912 à Bruxelles sous l'initiative de M. Solvay, l'appelait, dès octobre 1913, à participer à ses réunions consultatives: c'était rendre internationale la distinction que l'Académie des Sciences de Paris venait de faire sanctionner pour la France en le désignant comme membre non résidant.

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