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Ajoutons que la Société française de Physique a heureusement réalisé, par l'organe de son président, M. le Professeur Langevin, un projet à la fois honorable pour elle-même et bien profitable à ses plus jeunes adhérents, en réservant pour la réunion de clôture de ses séances de Pâques 1926 l'exposé de l'Euvre de Gouy: sans prétendre résumer ce qu'en a montré le prestigieux causeur et le maître qu'est M. Langevin, un de ses auditeurs sera forcément un peu tributaire des impressions rapportées de la conférence: il croit d'ailleurs n'avoir ni à le cacher ni à s'en excuser.

Parler de l'Euvre de Gouy, c'est travailler à dégager de l'immense diversité de ses recherches, de l'énorme abondance de ses notes et mémoires quelque chose de suggestif (simple autant que fécond), capable de prolonger une action qui fut bienfaisante. Mais n'est-ce pas illusoire ? M. Langevin, pour s'éclairer lui-même à cet égard, reprit contact, nous dit-il, avec chacune des publications du disciple de Kirchhoff et de Helmholtz, de Desains et de Lippmann. Et il réussit à grouper autour de deux centres d'intérêt la spectrophotométrie et l'électro-capillarité les manifestations de cette prodigieuse activité professionnelle de physicien.

Serait-ce une prétention intolérable de vouloir orienter toutes ces études vers un seul centre d'attraction qui serait le mode d'utilisation de l'énergie matérielle (rayonnante, oui d'abord, mais non exclusivement)? Par souci de brièveté, du moins, qu'on nous le permette. Il semble bien, en effet, comme le souligne M. Chevassus après M. J. Becquerel, que ce soit là que tendit toujours la fidélité de ses efforts. Si on ne peut affirmer que cette unité de vues resta toujours au premier plan, il pourra paraître intéressant de montrer comme sa préoccupation est exprimée avec précision depuis ses premières notes, de 1876, aux COMPTES-RENDUS, jusqu'à la dernière, de 1923.

2. Découvertes de Gouy sur la production de l'énergie: sources de rayonnement. Sous un titre modeste, qu'il maintint d'ailleurs en tête de son grand mémoire de 1879, il avait commencé à publier dès 1876 sur les Flammes colorées une série de recherches faites par lui au laboratoire

de Desains dans la vieille Sorbonne (1). Les anomalies remarquées aux lois de Kirchhoff sur l'égalité du pouvoir émissif et du pouvoir absorbant n'avaient pas encore été interprétées, et sollicitaient son attention. Il établit donc d'après quelles conditions une flamme absorbe son propre rayonnement, puis comment plusieurs flammes successives identiques, au lieu d'augmenter proportionnellement l'éclat de la source lumineuse, tendent plutôt à donner le rayonnement du corps noir. Il marque soigneusement et l'influence de l'épaisseur de la flamme et celle de la concentration des substances intervenant pour la colorer. La citation qui va suivre sera un peu longue; mais c'est toute une méthode de travail qui se révèle ; c'est aussi, chez un jeune homme de vingt-six ans, une belle pénétration de vue qui s'affirme et qui pouvait donner encore quelque satisfaction rétrospective au vieillard, même après toutes les découvertes d'un demi-siècle de progrès.

« Comme, à épaisseur constante, le premier effet de l'accroissement de concentration est d'accroître le nombre des atomes de vapeur qui rayonnent, nous avons calculé l'effet de cet accroissement en supposant que le rayonnement de chaque atome est indépendant de la concentration. Il s'est trouvé que le calcul a représenté les mesures avec une approximation suffisante et nous en avons conclu que, pour les vapeurs très diluées dont il s'agissait, notre hypothèse était conforme à la réalité. Il en est résulté que le rayonnement d'une couche de vapeur ne dépend, à une même température, que du produit de l'épaisseur de la couche par la densité moyenne de la vapeur... Nous avons appliqué ces résultats à l'examen de la transparence d'une flamme quelconque pour le rayonnement d'une flamme de même température; puis, nous avons établi quelques propriétés que présente, au voisinage de son maximum, la fonction qui lie le rayonnement de la vapeur à la longueur d'onde, et nous avons trouvé

(1) C. R., 1876-1879.TT. LXXXIII, LXXXIV, LXXXV et ANN. DE CHIM. ET PHYS., 1879, 5a série, T. XVIII.

Nous avons rapproché des débuts la note ultime de 1923, T. CLXXVI, Sur le perfectionnement du microscope par l'emploi des rayons X. Le vétéran du laboratoire des ondes électromagnétiques fait bon accueil aux jeunes. Il ne se contente pas d'encourager, il insiste; il recommande et prédit aux chercheurs l'accroissement du pouvoir du microscope par l'utilisation de ces radiations; il a calculé et annonce une augmentation de puissance (ou de la petitesse des détails perceptibles) allant jusqu'au centuple.

IV SÉRIE. T. X.

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que l'élargissement des raies spectrales est une conséquence nécessaire de cette discussion. (1)

En ce qui concerne l'élargissement des raies constaté dans un spectre, à mesure qu'augmente la concentration des substances colorantes, la précision de ses mesures lui permet de placer des pierres d'attente pour les théories les plus modernes, y compris celle des quanta : ainsi, la concentration grandissante multiplie les chocs atomiques et donne l'explication du spectre continu produit quand, par le fait d'une concentration suffisante, les chocs deviennent assez nombreux ; c'est donc, à première vue, un appoint précieux en faveur de la théorie cinétique, il est vrai, mais Gouy n'est pas satisfait; car, pour rendre compte des mesures, il devrait y avoir cinquante à deux cents fois plus de chocs que ne l'indique la théorie : si bien que, pur mathématicien, il serait porté à déclarer celle-ci inadmissible; mais, physicien, il poursuit l'enquête et nous prépare ainsi à recevoir l'explication de la théorie des quanta : « dans le phénomène réel, l'émission d'un quantum dure, en effet, un certain temps », nous dit M. Langevin. Il en est de même pour l'extension de ses observations sur diverses sources lumineuses à la photosphère solaire et au renversement des raies dans le passage à travers la chromosphère : Gouy pourra généraliser la loi qu'il a trouvée de l'extrême raréfaction des sources actives rayonnantes; et, en particulier, il assignera, au nom de la spectroscopie, dans le globe solaire une sorte de stratification, selon laquelle les éléments plus lourds se manifestent distribués plus profondément que les plus légers. Les études de radioactivité ont désormais leur point d'insertion avec les recherches spectroscopiques tout préparé.

De là à l'examen de l'état critique de la matière, à l'étude du mouvement brownien, il n'y a qu'un pas; Gouy le fera franchir à son disciple curieux de connaître un peu le mécanisme parfaitement régulier de l'énergie moléculaire. Mais, dès le début, il se placera avec lui devant cette source de rayonnement électromagnétique dont il se borne pour le moment à étudier la fréquence lumineuse. Ce sont évi

(1) ANN. DE CHIM. ET DE PHYS. (loc. cit.).

demment des ondes entretenues que nous donne l'agitation successive des divers corpuscules inframoléculaires. Reste à savoir comment elles se propagent.

3. Découvertes de Gouy sur la propagation de l'énergie: milieux inégalement dispersifs. Si les milieux de propa

gation n'intervenaient aucunement pour modifier les directions et vitesses de transmission des différentes ondes, ou si les modifications des chemins ondulatoires étaient indépendantes des durées des vibrations, la vitesse de la lumière, de l'électricité et des phénomènes analogues serait. la même et dans les milieux dispersifs et dans les milieux non dispersifs ou moins dispersifs. Il en va autrement là où il y a dispersion, et dépendance, par conséquent, de la pulsation. Comment alors se propage un signal? Ce n'est pas la vitesse individuelle des ondes W, variable avec la longueur d'onde A, mais V, une vitesse de groupe, - de train d'ondes, comme on s'est habitué à dire actuellement - qui est mesurée ordinairement :

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Cette fameuse formule établie pour la première fois par Gouy ne fut pas admise sans de vives discussions (1). Lord Rayleigh devait la retrouver, un an après Gouy, par une voie indépendante. Par la vue nouvelle qu'elle exprimait, un essor nouveau était donné à la théorie des ondulations qui cessait d'être une analogie lointaine avec des faits mal connus ; il était heureux que, à l'aurore du siècle des radiocommunications, un continuateur de Fresnel se présentât pour étudier, comme Gouy le fit, les ondes sphériques de faible rayon, les convergences d'ondes vers un foyer, le rôle des substances constituant des écrans de diffraction,

(1) C. R. 1880, T. XCI, p. 877. Sur la propagation de la lumière (Extrait d'un mémoire). Il n'est pas sans intérêt de lire dans le même volume une réplique acerbe de M. Cornu à la note citée ici même. Ce que M. Bouquet de la Grye appelait en 1902 « le culte presque filial» voué par Cornu aux grands fondateurs de la théorie des ondulations, l'avait sans doute rendu trop défiant et irritable vis-à-vis des nouveaux chercheurs.

les retours ondulatoires dans des directions atteignant jusqu'à 160o de différence avec la direction incidente. Cela, c'est une grande partie de l'œuvre qui restera de lui.

D'une certaine manière nous voudrions dire : c'est toute son œuvre; car si on lui fait justement honneur de ses travaux considérables sur l'électro-capillarité, qu'est-ce autre chose, à le bien prendre, qu'un chapitre du livre qu'il vient de nous ouvrir? L'ébranlement matériel, qu'il soit électromagnétique, sismique, ou autre, est dépendant, nous dit-on, dans sa propagation, des milieux qui le transmettent. Ne faut-il pas conclure qu'il l'est des surfaces de séparation de ces milieux ? Et que sont les phénomènes électrocapillaires autre chose comme les forces de polarisation, du reste que des déplacements d'énergie, effets de surfaces de séparation de milieux, dont Gouy nous a déjà montré dans d'autres cas l'efficacité inattendue ?

Il n'est pas loisible de pousser ici plus avant cette synthèse des travaux si féconds du physicien ardéchois ni de montrer comme ce serait, semble-t-il, réalisable

que l'électrocapillarité qui occupa tant d'années de son activité ne fut pas une simple diversion aux contrariétés rencontrées en optique. C'est un monument d'une splendide unité qu'il a édifié, et qui fait partie fondamentale, indestructible, des constructions hardies, triomphales, dont nous sommes maintenant les sincères admirateurs. Aussi souscrirons-nous avec reconnaissance à l'éloge que lui décernait, le 1er février 1926, en pleine Académie, avec sa haute autorité et sa spéciale compétence, le vénérable témoin des premières passes d'armes du lutteur, M. Émile Picard, dont nous retiendrons le mot d'ordre final : « Le nom de Gouy ne devra pas être oublié dans l'histoire des théories moléculaires qui sont à la base de la Physique moderne ».

H. GAUTHIER.

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