coton (60.000 hectares). L'exécution des deux derniers travaux a été confiée à la Banque de Vizcaya.

La construction des barrages par l'État soulève pourtant de nombreuses protestations de la part des populations intéressées. L'administration bureaucratique et l'insuffisance des crédits empêchent de pousser les travaux d'une manière intensive. En 1921, le Congrès de Valence constatait avec regret que, parmi les travaux commencés depuis seize ans, trois ou quatre seulement étaient terminés. Il y a des barrages qui sont en construction depuis 25 ans. C'est une mauvaise économie de répartir les subsides sur un aussi grand nombre d'années; le capital engagé reste trop longtemps improductif. Par ailleurs, la bonne administration des finances publiques demande une certaine constance dans les sommes inscrites aux budgets successifs. A diverses reprises on a préconisé la mobilisation anticipée des subsides promis par l'État, au moyen d'avances faites par la Banque d'Espagne ou d'emprunts garantis par les subsides à venir. La constitution toute récente de la Confédération hydraulique de l'Ebre marque un premier pas vers la réalisation de ces projets. Cette Confédération réunit les représentants de tous les intérêts agricoles et industriels du bassin de l'Ebre et s'occupe des problèmes législatifs, techniques et financiers qui s'y rapportent; le dernier point nous intéresse seul pour le moment. La Confédération estime que l'avancement normal des travaux dans le bassin de l'Ebre exigera 34.000.000 pesetas pendant l'exercice 1926/27. Puisque les subsides de l'État ne comportent que 15.000.000, on va recourir à l'emprunt pour trouver le reste. C'est une heureuse initiative, mais il n'est pas certain qu'elle soit couronnée de succès. La Confédération possédera-t-elle assez d'autorité pour assumer une super-gestion financière et pour la faire accepter par tous les membres ?

L'État ne pourrait-il pas doubler ou tripler ses sub

sides? Ne pourrait-il pas recourir à un emprunt spécial, semblable à l'emprunt ferroviaire ? Beaucoup estiment que ce serait la meilleure solution.

M. le Ministre Dn. Rafael Gasset, qui détint à plusieurs reprises le portefeuille du Fomento, a toujours été un partisan déclaré de la « politique hydraulique » et de l'intervention plus active de l'État. Lorsqu'on lui objectait la modicité des ressources du Trésor, il répondait : <<< Si nous avions été mêlés si peu que ce soit à la guerre mondiale, nous aurions dépensé sans discuter 20, 30, 40, 50 milliards de pesetas pour faire œuvre de mort et de destruction. Sera-ce trop de demander un ou deux milliards pour une entreprise qui assurera la prospérité de l'Espagne ? Voilà ma manière d'argumenter

».

COUT DES TRAVAUX ET Bénéfices de LEUR EXPLOITATION

Que coûte la construction des barrages en Espagne ? Pour faciliter les comparaisons il sera utile d'examiner le prix des travaux : 1o par mètre cube de construction; 2o par hectare irrigué; 3° par mètre cube d'eau capté. Nous empruntons ces chiffres à une étude présentée en 1913 au Congrès de Saragosse par l'ingénieur des ponts et chaussées Dn. Severino Bello. Cette étude n'a pas été complétée ni reprise depuis ; nous ne pouvons donc pas donner les prix actuels notablement supérieurs à ceux d'avant-guerre (1).

Le prix du mètre cube de construction doit être évalué en y incluant tout ce que cette construction exige de dépenses accessoires, depuis les frais d'excavation jusqu'aux accidents du travail. Distinguons entre les barrages en maçonnerie et les digues en terre. Pour l'Espagne,

(1) L'index-number des matériaux de construction (numéros 23 à 32 des matières industrielles) et l'index-number général, comprenant toutes les substances alimentaires et les matières industrielles, permettront d'évaluer jusqu'à un certain point le coût actuel des

Vue en aval du barrage en construction, situé sur la Rambla de la Viuda à 14 hm. de Castellon. Hauteur totale: 60 m. dont 22 m. pour les fondations. Construction en escaliers ayant 322 m. de longueur au sommet. Capacité: 28.000.000 m3.

l'auteur étudie 14 barrages en maçonnerie dont le coût au mètre cube est de 17.50 pesetas minimum, 32.19 prix moyen et 47.71 maximum. Il établit la comparaison avec 18 barrages étrangers avec prix minimum de 12.09 pesetas, 56.85 prix moyen et 152.94 maximum. Pour les digues en terre il obtient un coût de 3.92 pesetas au mètre cube pour l'Espagne et de 6.92 pour l'étranger. Le coût moins élevé des travaux espagnols provient surtout du bon marché de la main-d'œuvre.

Quel est le coût des travaux par hectare de terre irrigable? Treize canaux en activité en Espagne coûtèrent 125 millions de pesetas pour une étendue irrigable de 281.000 hectares; soit un coût de 74 pesetas minimum, de 446 comme moyenne et de 825 maximum. Sur 151 canaux étrangers dont 137 aux États-Unis, l'auteur obtient un coût total de 1.553.740.000 pesetas pour 2.574.400 hectares; soit 47 pesetas minimum, 604 comme moyenne et 3230 maximum.

Examinons le coût des barrages par mètre cube capté. Vingt-sept barrages espagnols retenant 368.345.900 mètres cubes d'eau coûtèrent 33.785.000 pesetas; soit au minimum 0.012 par mètre cube, 0.092 comme moyenne et 0.285 comme maximum. Pour l'étranger, 92 barrages

travaux hydrauliques. Ces chiffres sont empruntés aux publications de la Direction générale des Statistiques d'Espagne.