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vénients. Quand ils entendent parler de connecteurs centro-ganglionnaires, de parasympathique, de système intramural, de tissu nodal ou d'enteric, les uns haussent les épaules, pour eux ce sont là des mots et rien que des mots, produits de l'imagination d'un neurologue en mal de copie; les autres pensent volontiers que ces mots désignent des « accessoires » aussi peu considérables que des striations protoplasmiques, des états moniliformes, des granulations quelconques et autres finesses histologiques, détails qu'on ne découvre qu'à travers l'huile à immersion et dont d'ailleurs on ne sait que faire quand on les a trouvés. Mais ni les uns, ni les autres ne se rendent compte qu'il s'agit de réalités presque macroscopiques d'un intérêt doctrinal capital; ces éléments sont la pierre angulaire fondamentale de toutes les conceptions actuelles sur l'importante innervation végétative double, très probablement triple, des organes splanchniques.

Pour se rendre compte du bien-fondé de notre observation, ceux qui ont suivi le mouvement des faits et des idées n'ont qu'à parcourir, dans les traités classiques de Poirier ou de Testut, le chapitre consacré à ce que l'on appelle encore pompeusement le « grand sympathique ». Ils se convaincront qu'en Belgique du moins, quelques modestes praticiens de campagne en savent parfois beaucoup plus long.

Il est entendu que les dissertations sur l'appareil de Golgi, sur le chondriome ou sur les modalités de la gastrulation, p. ex. sont très intéressantes, mais le praticien s'en passe volontiers. Il désire au contraire s'initier à connaître deux systèmes nerveux végétatifs, essentiellement différents au point de vue morphologique et dont les allures fonctionnelles sont respectivement en corrélation étroite avec l'action de l'atropine et avec celle de l'adrénaline, substances qu'il manipule tous les jours.

IVe SÉRIE. T. X.

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En outre, voici plus de trente ans que l'anatomie néglige le système végétatif pour l'étude de la partie animale de l'axe cérébro-spinal; on ne doit donc pas s'étonner de ce que, en l'absence de tout contrôle morphologique, vu la carence patente de l'anatomie classique en matière de système nerveux végétatif, des physiologistes et des pionniers de la pharmacodynamie aient eu beau jeu.

La portée considérable des brillantes recherches des physiologistes fut évidemment longtemps méconnue, mais on finit par s'apercevoir qu'elles mettaient en lumière une foule de phénomènes insoupçonnés. L'analyse de ceux-ci permit de construire un corps de doctrine qui, tout en révélant l'extrême complexité du système, ne tendait à rien moins qu'à proclamer l'innervation végétative double de la plupart des organes splanchniques. Chose paradoxale, un système morphologique s'édifiait ainsi par les ressources de la physiologie.

On devine l'attitude des anatomistes devant une doctrine à laquelle ils avaient si peu coopéré. Ce fut d'abord l'hostilité, puis l'indifférence, ensuite l'hésitation, jusqu'au jour où des morphologistes indépendants, non prévenus et vivement impressionnés par l'ampleur croissante des thèses physiologiques, eurent la curiosité de soumettre celles-ci au contrôle et de voir jusqu'à quel point s'étendait la correspondance entre les conceptions d'ordre fonctionnel et les réalités d'un substratum anatomique.

La tâche fut rude et ingrate; elle le devient de plus en plus. Car ici, mieux que partout ailleurs, s'affirme nettement l'infériorité de la morphologie. Le morphologiste ne dispose que du champ restreint de la nature morte. Le physiologiste, lui, peut multiplier indéfiniment ses combinaisons, varier les conditions de ses expériences, provoquer à loisir les réponses d'ordre fonctionnel dont il se réserve l'interprétation. Anatomistes et histologistes sont gentilshommes pauvres vivant au milieu des ruines

et des souvenirs de la splendeur et de l'opulence passées. Ils sont condamnés à discourir sur de frêles mécaniques figées dans la rigidité de la mort, à philosopher sur des apparences cadavériques. Comme de nouveaux Tantales, ils s'évertuent à saisir sous les apparences de la forme la solution du problème de la fonction: la formule convoitée tour à tour se présente, parfois se précise, pour s'évanouir et se dérober sans cesse.

Le physiologiste au contraire côtoie de plus près les énigmes de la vie.

Mais, si le morphologiste explore un champ d'action plus limité, s'il dispose de ressources plus restreintes et de méthodes moins variées, en revanche, ces dernières sont plus sûres. Elles aboutissent à des résultats plus certains, plus positifs et conduisent à des acquisitions plus stables, plus durables, parce qu'elles offrent moins de prise aux interprétations et sont par conséquent moins sujettes aux fluctuations des théories.

Il est donc intéressant de voir établir le contrôle dont nous parlions plus haut et de voir confrontés sur le terrain du système nerveux végétatif les résultats de la physiologie et de l'anatomie.

D'abord, sur un grand nombre de points, sur la plupart, peut-on dire, il y a parfait accord entre les deux sciences. Quelques thèses physiologiques sont actuellement invérifiables par voie morphologique ; l'anatomie les adopte cependant mais provisoirement et uniquement à titre de féconde hypothèse de travail. Enfin les deux sciences sont en discordance manifeste à propos de quelques questions seulement. L'anatomie démontre avec certitude que certains systèmes de fibres nerveuses ont une organisation extrêmement complexe et surtout hétérogène. En effet les fibres constituantes ont des origines, des significations et des connexions différentes. Or, la physiologie, probablement aveuglée par ses victoires et ses succès, au lieu de se renseigner sur la valeur morphologique de

son matériel d'étude, ne s'inquiète guère, ni de cette complexité, ni de cette hétérogénéité. Expérimenter sur ces systèmes, comme s'ils étaient simples et homogènes, ne peut aboutir qu'à des conclusions globales, parfois extraordinairement simplistes et, en tous cas, ne satisfaisant nullement l'esprit. L'anatomie ne peut évidemment pas suivre dans cette voie la physiologie. Que conclure, en effet, de l'excitation globale d'un système de fibres dont p. ex. les unes seraient inhibitrices et les autres excitatrices vis-à-vis d'un même organe ?

Bien que l'anatomie ne soit entrée dans le débat qu'après coup, elle a pu cependant contribuer à l'exposé des acquisitions nouvelles. Il faut s'en réjouir car, en plus de ses données positives, elle y a apporté, bien opportunément, les notes de clarté, d'exactitude et de précision qui lui sont propres. Elle n'a utilisé dans ce but que sa propre terminologie qui est morphologique ; il arrive ainsi souvent qu'à propos d'un même sujet, l'anatomie et la physiologie ne parlent pas le même langage. C'est là une source de malentendus et de multiples difficultés où s'embarrassent les débutants et les non-initiés.

Ajoutons que les notions nouvelles ont pénétré dans les milieux des pathologistes et des cliniciens. Ceux-ci les ont adoptées et les ont exploitées dans leur domaine. Pourtant, les méthodes d'investigation clinique ne peuvent prétendre à la valeur et à la précision de celles qu'on utilise en anatomie et en physiologie; il n'est donc pas aisé, actuellement, dans certains cas, de discerner jusqu'à quel point les tentatives des cliniciens furent. des innovations réellement heureuses.

Quoi qu'il en soit, une chose est indéniable sous l'impulsion magistrale de Langley, les notions concernant. le système nerveux végétatif ont été radicalement bouleversées et la conception du grand sympathique, telle que nous l'avait léguée le XIXe siècle, a été transformée complètement.

Voici, en effet, ce qu'enseignaient les classiques.

Le système nerveux comprend d'abord le système nerveux cérébro-spinal dans lequel on distingue une partie centrale le névraxe cérébro-spinal (encéphale et moelle épinière) et une partie périphérique : les nerfs spinaux et les paires craniennes.

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Il comprend ensuite le système nerveux sympathique dans lequel il faut distinguer aussi une partie centrale (!) et une partie périphérique. Une chaîne ininterrompue de ganglions, étendue depuis la base du crâne jusqu'au coccyx le long de chaque côté de la colonne vertébrale, en forme la partie centrale. De cette double chaîne ganglionnaire naissent les nerfs périphériques qui se rendent vers les organes.

Le système cérébro-spinal était considéré comme le système de la vie animale ou de relation; le système nerveux sympathique, au contraire, comme celui de la vie végétative (système nerveux splanchnique).

En d'autres termes, on se figurait l'économie du corps humain sous la dépendance de deux hiérarchies nettement distinctes la cérébro-spinale pour la vie animale et la sympathique pour la vie végétative. De plus, on envisageait la chaîne comme la partie centrale du sympathique, jouant vis-à-vis de celui-ci le même rôle que la moelle épinière et l'encéphale par rapport au système cérébrospinal.

Ces deux notions fondamentales: la double hiérarchie nerveuse et la chaîne-centre nerveux n'ont pas résisté à la tourmente soulevée par Langley; elles ne constituent plus, à l'heure actuelle, que de vénérables souvenirs historiques.

S'il est facile de démolir, il n'est peut-être pas aussi aisé de reconstruire. Heureusement tel ne fut pas le cas ici; grâce aux efforts convergents de la physiologie et de l'anatomie, un édifice plus solide a surgi sur les ruines du vieux grand sympathique.

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